Capitalisme européen : l ombre de Jean Calvin
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Description

Comme la vapeur dégagée par un fer rouge plongé dans l’eau, la crise des années 2007–2013 constitue une immersion brutale dans le capitalisme anglo-saxon. Nos communautés latines traversent un profond changement de modèle touchant à la trame de leurs valeurs collectives. Serait-il envisageable qu’un filigrane réformé se dessine encore derrière ce modèle économique anglo-saxon que nous peinons à appréhender ? Les pratiques pastorales influenceraient-elles encore les prédispositions mentales par rapport à l’économie de marché ? Il n’est pas impossible que nos communautés latines, pourtant sécularisées, subissent aujourd’hui de lointains effets collatéraux de la Réforme qui les avait épargnées au XVIe siècle. Cette réflexion approfondit la thèse séminale de Max Weber à l’aune de la finance moderne.

Bruno Colmant est ingénieur commercial et Docteur en Sciences de Gestion. Il enseigne l’économie appliquée dans plusieurs institutions universitaires belges et étrangères. Il est membre de la Classe de Technologie et Société de l’Académie royale de Belgique.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782803103799
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Capitalisme européen : L’ombre de Jean Calvin
BRUNO COLMANT
Capitalisme européen : L’ombre de Jean Calvin
PRÉFACEDEPHILIPPEDEWOOT
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0379-9 © 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 27
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique) info@bebooks.be www.bebooks.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-110-1 A propos Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Ils lui comptèrent trente pièces d’argent. Mt 26:15
Préface
La Réforme fut-elle à l’origine du capitalisme selon l’intuition de Max Weber ? Et, plus profondément, a-t-elle transformé de façon radicale la vision de la destinée et de l’agir humain ? En abordant ces questions, Bruno Colmant ne nous propose pas un traité de théologie mais une réflexion fondamentale sur les vraies dimensions de l’analyse économique : perspective historique, influence de la culture et choix des modèles de développement. Par ce bel essai, il nous invite à réfléchir aux fondements de notre action et aux défis de notre temps. La première dimension est celle de la longue durée. Le capitalisme n’est pas né de la Réforme e au XVI siècle mais il en est sorti plus légitime et plus dynamique. Comme l’a si bien montré e Fernand Braudel, il apparait dès le XV siècle à Bruges. C’est là que fut créée la première Bourse. Il se développe ensuite à Venise, puis à Anvers et Gênes et, de là, à Amsterdam et à Londres. Il est évident que les quatre premiers centres de l’« économies-monde » européenne sont nés avant Luther et Calvin. Quel fut alors l’influence du protestantisme sur l’économie ? Bruno Colmant montre avec beaucoup de finesse que son grand apport fut de donner une légitimité morale et politique à des comportements économiques, nés dans des villes maritimes ouvertes, et qui, dès l’origine, furent les vrais moteurs du capitalisme : l’esprit d’entreprise et d’aventure, la prise de risque, l’usage du crédit et le développement du change… Cette perspective est celle d’une évolution continue des sociétés humaines et de l’initiative individuelle. Par la remise en cause de l’ordre dominant, le protestantisme a joué un rôle d’accélérateur et d’accoucheur d’un modèle économique mieux adapté aux nouvelles mentalités. Appel à méditer sur l’utilité historique des mises en question et des renouvellements ! Une autre dimension de cet essai concerne l’influence de la religion et de la culture sur la pensée et l’action économiques. Bruno Colmant éclaire ce débat de manière très fine. Il nous fait voir en profondeur la transformation que l’approche protestante opère sur le comportement des acteurs économiques. Partant de concepts fondamentaux comme la prédestination, la désacralisation du temps, l’ascèse créative, il montre combien ils ont modifié le rapport à l’argent, l’attitude à l’égard du taux d’intérêt, l’investissement dans une logique d’actualisation monétaire… Ses analyses de la conception du temps et de ses conséquences sur l’investissement sont d’un très grand intérêt. Plus concrètement, cette évolution des mentalités développa unethosconfiance compétitive, un libre jeu des intérêts particuliers, une de méfiance à l’égard de toute règlementation, une grande tolérance à l’échec, la prépondérance de l’actionnaire… Il s’agit fondamentalement de l’émancipation des jeux économiques par rapport à la tradition religieuse, à sa doctrine et à ses contraintes. L’économie devient une activité humaine à part entière. L’approche protestante contribue ainsi à la placer sous l’égide de la raison, de la liberté et de la responsabilité des acteurs eux-mêmes. Calvin et Luther lui assignent toutefois une dimension spirituelle, basée sur l’ascèse, la compassion et la charité, ainsi qu’une dimension morale, basée notamment sur la primauté du revenu du travail sur celui du capital. Bruno Colmant est très nuancé dans ses analyses. Il refuse toute détermination univoque de l’influence protestante et tout enchaînement causal unique. Il s’inscrit dans la vision de ceux qui, comme Braudel, parlent d’une croissance d’ensemble en chargeant le mot « croissance » de tous les sens possibles, comme « un ensemble indivisible…, l’ensemble des interdépendances et des libérations réciproques ». Une troisième dimension de cet essai est la comparaison des deux modèles capitalistes actuels : le modèle anglo-saxon, plus protestant, et le modèle latin, plus catholique. L’un vaut-il mieux
que l’autre pour affronter les défis de la mondialisation ? Sont-ils tous les deux dépassés et devons-nous inventer un nouveau modèle de développement ? Questions actuelles s’il en est, puisqu’elles concernent la compétitivité, l’emploi, la croissance et, sans doute, l’avenir de la planète ! Bruno Colmant constate que le modèle latin, basé sur une organisation prévisible, une certaine planification de l’économie et un souci de justice sociale, tend à se diluer dans le modèle anglo-saxon plus volatile et mieux adaptable aux aléas de la mondialisation. S’en contente-t-il ? Le modèle anglo-saxon est-il plus performant, plus désirable ? Tout en le jugeant plus conforme aux règles actuelles d’un capitalisme mondialisé, il est conscient de ses dérives et ses dérapages. Le « libre jeu des intérêts particuliers » ne conduit pas automatiquement au bien commun. Il rappelle à ce propos la prophétie de Max Weber : si l’on abandonnait l’éthique et si l’on dépouillait l’idéal ascétique de son sens spirituel, les conséquences seraient graves. Weber voyait dans la dilution du puritanisme calviniste un fourvoiement tragique de notre culture. Aujourd’hui, nous savons que la sphère économique est de plus en plus découplée de l’éthique et du politique et que son autonomie ne cesse de croître. Bruno Colmant y voit ce qu’il appelle joliment un capitalisme désenchanté. Il nous invite à réfléchir et à construire un nouveau modèle qui combinerait justice sociale et dynamisme, et qui trouverait un meilleur équilibre entre l’autorégulation et la règlementation. Il pose ainsi le problème de la finalité de l’action économique. Comme celle-ci est dotée aujourd’hui du pouvoir démiurgique de la science et des techniques, son orientation ne peut plus dépendre des seul intérêts particuliers ni des automatismes du marché. La transformation de nos initiatives et de notre créativité en progrès pour l’humanité relève d’un modèle de développement capable de rendre à l’action économique ses dimensions éthiques et politiques. Cela ne nous amène-t-il pas à inventer une gouvernance mondiale capable d’encadrer un capitalisme globalisé, à repenser l’entreprise et ses responsabilités sociétales, à définir le Bien commun d’une planète menacée ? En abordant le thème des modèles de développement, Bruno Colmant nous oblige à reprendre la question que, par-delà les siècles, par-delà Luther et Calvin, posait déjà la tragédie grecque par la voix d’Eschyle. Enchaîné à son rocher, Prométhée, le plus audacieux des entrepreneurs, s’écrie : « Mon nom est le clairvoyant, celui qui sait, Prométhée le subtil,… celui qui délivre les hommes… Écoutez les merveilles que j’ai faites pour eux… J’ai guéri les humains des terreurs de la mort. » Le chœur des Océanides, étonné par cette extraordinaire affirmation lui demande alors : « Mais quel remède as-tu trouvé pour eux ? ». Et Prométhée répond : « Un bandeau sur les yeux, l’espoir aveugle ». L’interrogation des Océanides traverse l’histoire. Cet essai nous invite à tenter d’y répondre.
Philippe de Woot, Membre de la Classe Technologie et Société
C1HAP ITRE
Contexte de la réflexion
N OUVELLE RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE Nos communautés occidentales traversent un bouleversement d’une saisissante amplitude car la  . A MONDIALISATION ÉCONOMIQUE INDUIT UN MONDE MULTIPOLAIRE ET COMPLEXE PRÈS LES DEUX  , 1780 PREMIÈRES RÉVOLUTIONS INDUSTRIELLES CELLE DES ANNÉES QUI A PORTÉ SUR LES SCIENCES ET  , , TECHNIQUES DU TEXTILE DE LA MÉTALLURGIE ET DU TRANSPORT FERROVIAIRE ET CELLE QUI A DÉBUTÉ DANS LES  1880 ’ , ’ , ANNÉES AVEC L APPARITION DU MOTEUR À EXPLOSION DE L ÉLECTRICITÉ DE L AUTOMOBILE ET DE LAVIATION,NOUSPÉNÉTRONSDANSUNETROISIÈMERÉVOLUTIONÉCONOMIQUE,CELLEDELAMOBILITÉDU capital et de l’information. C . L ETTE TROISIÈME RÉVOLUTION MODIFIE LA TYPOLOGIE DU PROGRÈS E DÉVELOPPEMENT DES SCIENCES  ’ ET DES TECHNIQUES SE PROPAGE DÉSORMAIS AU RYTHME DE LA TRANSMISSION DE L INFORMATION ET DE LA  . C - . E FLUIDITÉ DES CAPITAUX ETTE MONDIALISATION ÉCONOMIQUE ALTÈRE LES ESPACES TEMPS LLE EST GLOBALE ET DISSOCIE LA GÉOGRAPHIE DE LA FORMATION DU SAVOIR DES LIEUX DE LEUR commercialisation. LASYNCHRONISATIONDESTEMPSSOCIAUXDEVIENTPLANÉTAIRE. DÉSORMAIS,LAPLUPARTDESHOMMES , , . L PEUVENT INDIVIDUELLEMENT OU COLLECTIVEMENT ÊTRE EN CONTACT DE MANIÈRE SYNCHRONE A RÉVOLUTIONDELATRANSMISSIONDELINFORMATIONINDUITELLE-MÊMEUNSENSDELHISTOIREINSTANTANÉ, ’ - - . E , , C EST À DIRE UN RAPPORT AU TEMPS DIFFÉRENT LLE CRÉE DES COMMUNAUTÉS ÉPHÉMÈRES TRANSITOIRES PROMPTESÀSTIMULERLÉCHANGE,LACRÉATIVITÉETLÉCHANGECOMMERCIAL. CETTENOUVELLERELATION  ’ ’ , DE L HOMME À L INFORMATION ENGENDRE DES ASSOCIATIONS HUMAINES ÉLASTIQUES MOBILES ET DONC multiloculaires.
M / - / ODÈLES LATIN CATHOLIQUE ET ANGLO SAXON PROTESTANT CETTETRANSFORMATIONSOCIÉTALEREPOSESURUNMODÈLEPARTICULIER,LÉCONOMIEDEMARCHÉ,  - , ’ . B IMPARFAITEMENT QUALIFIÉE DE CAPITALISME ANGLO SAXON QU ELLE ENTRETIENT IEN QU ÉTANT , ’ - - ’ , MONDIALISÉE C EST À DIRE DISSOCIÉE D UNE ORIGINE GÉOGRAPHIQUE PARTICULIÈRE LE MODE DE commerce s’est imprégné de ce modèle anglo-saxon. L’ - ’ ’ ADJECTIF ANGLO SAXON RELÈVE D UN ABUS DE LANGAGE PUISQU IL SE RÉFÈRE ORIGINELLEMENT AUX e  ’ V A . N PEUPLES GERMANIQUES QUI S INSTALLÈRENT AU SIÈCLE EN NGLETERRE OUS L UTILISONS , , ESSENTIELLEMENT SOUS SON ACCEPTION CONTEMPORAINE À LA CARACTÉRISATION DU MODÈLE AMÉRICAIN ET . C -ANGLAIS E MODÈLE SOCIO ÉCONOMIQUE ENTRETIENT PLUS DE VOLATILITÉ MARCHANDE CAR IL ABSORBE LES  . C ALÉAS CONJONCTURELS DE MANIÈRE PLUS IMMÉDIATE ET INSTANTANÉE ETTE VOLATILITÉ ET CETTE INSTANTANÉITÉ SEMBLENT SE JUXTAPOSER À UN RAPPORT AU TEMPS DIFFÉRENT QUI CARACTÉRISE LA révolution économique que nous traversons. LARÉFLEXIONDECETOPUSCULERESTREINTLECHAMPDANALYSEDECEBOULEVERSEMENTSOCIÉTALEN  ’E LE CONFINANT À NOS COMMUNAUTÉS D UROPE CONTINENTALE ET À LA MUTATION DU MODÈLE USUELLEMENT  « ( ) » QUALIFIÉ DE LATIN OU ROMAIN ET CONSTRUIT SUR LA GESTION COLLECTIVE DU PROGRÈS ET LA SOLIDARITÉ . C , ’ SOCIALE E MODÈLE LATIN BASÉ SUR UNE ORGANISATION PRÉVISIBLE ET PLANIFIÉE DE L ÉCONOMIE ET UNE croissance stable, semble se diluer au profit du modèle anglo-saxon.
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