Histoire du néoconservatisme aux États-Unis
214 pages
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Histoire du néoconservatisme aux États-Unis , livre ebook

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Description

Le néoconservatisme explique-t-il à lui seul la guerre en Irak et doit-il s’y résumer ? Certainement pas. Voici l’ouvrage qu’il faut lire pour comprendre un pan essentiel de la vie politique américaine depuis des années. Après plus de sept ans de recherches en profondeur, Justin Vaïsse propose le premier exposé historique d’ensemble du néoconservatisme à expliquer clairement ses origines et sa diversité depuis les années 1960. Écrit par un expert du système politique américain, il apporte un éclairage essentiel sur la présidence de George W. Bush et fait comprendre par quel cheminement des intellectuels au départ plutôt hostiles à l’intervention de l’État en sont venus à prôner cette formidable opération de volontarisme étatique que fut la guerre d’Irak. Avec son échec, sont-ils appelés à disparaître ? Rien n’est moins sûr. Raison de plus pour les connaître mieux. Justin Vaïsse est directeur de recherche à la Brookings Institution de Washington. Agrégé et docteur en histoire, spécialiste de la vie politique américaine, il a enseigné à l’IEP de Paris et enseigne actuellement à l’Université Johns-Hopkins. Il a notamment publié L’Empire du milieu. Les États-Unis et le monde depuis la fin de la guerre froide (avec P. Melandri), Washington et le monde. Dilemmes d’une superpuissance (avec P. Hassner), et La Présidence impériale. De Franklin Roosevelt à George W. Bush (avec D. Lacorne).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2008
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738192974
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JUSTIN VAÏSSE
HISTOIRE DU NÉOCONSERVATISME AUX ÉTATS-UNIS
Le triomphe de l’idéologie
 
Le lecteur désireux de poursuivre l’exploration des thèmes abordés dans ce livre peut se reporter au site www.neoconservatisme.vaisse.net. Il y trouvera notamment des documents originaux et des illustrations, des analyses complémentaires et des indications bibliographiques.
© Odile Jacob, octobre 2008 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-9297-4
www.odilejacob.fr
Table

Chapitre premier. PROLOGUE
Le néoconservatisme existe-t-il ?
Le premier âge du néoconservatisme
Le deuxième âge du néoconservatisme
Le troisième âge du néoconservatisme
Le rôle des idées dans la politique étrangère américaine – et la guerre en Irak
Ce que le néoconservatisme nous dit de l’Amérique
Chapitre 2. DE LA GUERRE FROIDE À L’IMPLOSION DU LIBÉRALISME AMÉRICAIN
Trois figures importantes : Sidney Hook, James Burnham et Max Shachtman
Début de la guerre froide et naissance du « centre vital »
Passion de l’anticommunisme
Les périls d’un libéralisme trop large
Pendant ce temps, à droite, la naissance discrète du conservatisme
Années 1960 : la montée en puissance de la Nouvelle Gauche
Berkeley 1965 : une première naissance du néoconservatisme
Les déchirements de l’ADA, symptôme de l’implosion du libéralisme
Chapitre 3. LE PREMIER ÂGE DU NÉOCONSERVATISME
1965, fondation de la revue The Public Interest  : « savoir de quoi l’on parle » pour mieux agir
Mieux agir… ou moins agir ?
Pat Moynihan, néoconservateur emblématique du premier âge du néoconservatisme
1967 : Les juifs américains pris entre deux guerres
L’affaire d’Ocean Hill-Brownsville (1968) et la rupture entre juifs et Noirs
1967-1970 : le tournant néoconservateur de Commentary
De la guerre entre Commentary et la New York Review of Books au tournant de juin 1970
« Néoconservatisme », naissance d’un label politique
Les sept piliers de la sagesse néoconservatrice
Chapitre 4. LA COALITION FOR A DEMOCRATIC MAJORITY ET LE DEUXIÈME ÂGE DU NÉOCONSERVATISME
La commission McGovern et le bouleversement du Parti démocrate, 1968-1972
La femme du machiniste de Dayton ne se sent plus démocrate… et ne vote pas pour McGovern
7 décembre 1972 : lancement de la Coalition for a Democratic Majority
L’identité de la CDM et ses premiers pas en politique intérieure
La contre-offensive de la CDM au sein du Parti démocrate
Le tournant de la CDM vers la politique étrangère
Le rôle moteur d’Eugene Rostow, pourfendeur de la Détente
Les raisons du basculement vers la politique étrangère et le cas d’Elmo Zumwalt
Chapitre 5. L’INVENTION D’UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE NÉOCONSERVATRICE
Scoop Jackson, un leader politique pour les néoconservateurs du deuxième âge
L’amendement Jackson-Vanik, fondateur d’une tradition politique
Le bureau de Scoop Jackson, une pouponnière de néoconservateurs
Pat Moynihan, néoconservateur emblématique du deuxième âge du néoconservatisme
Campagne de 1976 : les hésitations des néoconservateurs au sujet de « Jimmy Who ? »
L’affaire de la nomination de Paul Warnke
Les néoconservateurs et Jimmy Carter : un divorce croissant
Le petit déjeuner avec Carter le 31 janvier 1980 : un moment fondateur du néoconservatisme
L’importance de la démocratie dans la vision néoconservatrice
Second volet de la vision néoconservatrice : la défense des droits de l’homme
Les autres volets : la puissance militaire, Israël et la méfiance de l’ONU
Chapitre 6. ALERTER L’AMÉRIQUE : LE RÔLE DU COMMITTEE ON THE PRESENT DANGER
Albert Wohlstetter, prophète du néoconservatisme nucléaire
L’épisode de la Team B
Aux sources du Committee on the Present Danger : Eugene Rostow et Paul Nitze
11 novembre 1976 : lancement du Committee on the Present Danger
« Les Russes font trois mètres de haut » : publications et exagérations du CPD
Le CDP invité à la Maison Blanche de Jimmy Carter
Les limites de l’influence des néoconservateurs sur Jimmy Carter
La campagne victorieuse du CPD contre le traité SALT II
Chapitre 7. RONALD REAGAN : LES NÉOCONSERVATEURS AU POUVOIR ?
La grande migration politique de 1980
Le Reagan néoconservateur a-t-il gagné la guerre froide ?
La doctrine Reagan et le refoulement de « l’empire du mal »
Quand les faucons se déchirent
Ronald Reagan, un néoconservateur à temps partiel
La progressive fossilisation des « génies du froid »
La persistance du premier âge néoconservateur et la création d’un establishment composite
La persistance des démocrates centristes au cours des années 1980
Néoconservateurs et « nouveaux démocrates »
Épilogue – L’administration Clinton et les démocrates centristes : victoire ou répétition de 1976 ?
Chapitre 8. LE TROISIÈME ÂGE DU NÉOCONSERVATISME
À la fin de la guerre froide, les germes du renouveau
Le profil du troisième âge du néoconservatisme
L’approche néoconservatrice du monde
Une Europe faible, une Chine inquiétante, mais pas de menace terroriste à l’horizon
George W. Bush, de la méfiance à la divine surprise
La très néoconservatrice doctrine Bush
Les tambours de la guerre
Néoconservateurs et néolibéraux
De la remise en question à la persistance
Triomphe de l’idéologie
INTERPRÉTER LE NÉOCONSERVATISME
NOTES
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Épilogue
INDEX
REMERCIEMENTS
Du même auteur chez Odile Jacob
Chapitre premier
PROLOGUE
« Ici, à l’American Enterprise Institute, se trouvent certains des plus brillants cerveaux de notre pays. C’est parce que vous faites un si bon travail que mon administration a recruté vingt d’entre vous 1 . » Ainsi débutait le discours du président George W. Bush ce 26 février 2003, moins d’un mois avant l’invasion de l’Irak. Il s’exprimait devant les experts de l’AEI, un centre de recherche néoconservateur de Washington où ont travaillé Irving Kristol, Richard Perle, Jeane Kirkpatrick, Paul Wolfowitz et tant d’autres figures du néoconservatisme. Comme s’il voulait souligner lui-même leur influence sur sa politique étrangère.
« En Irak, poursuivait Bush, un dictateur construit et dissimule des armes qui pourraient lui permettre de dominer le Moyen-Orient et d’intimider le monde civilisé – nous ne le laisserons pas faire. Ce même tyran a des liens étroits avec des organisations terroristes, et pourrait un jour leur fournir les moyens de nous attaquer – l’Amérique ne le laissera pas faire… Battre en retraite devant un dictateur aujourd’hui garantit qu’il faudra faire des sacrifices encore plus grands demain. » Le discours même de Bush, largement destiné à justifier l’intervention imminente en Irak, est empreint de références au néoconservatisme. L’exagération de la menace, de son urgence comme de sa gravité, est un leitmotiv des néoconservateurs depuis les années 1970. Tout comme l’analogie implicite avec la politique « d’apaisement » d’Adolf Hitler par les démocraties dans l’entre-deux-guerres, soulignée par une mention de Winston Churchill un peu plus loin dans le discours. Aux yeux des néoconservateurs, comme à ceux du président Bush, la leçon du Vietnam n’a jamais remplacé celle de Munich, bien au contraire. Plus tôt on fait preuve de détermination contre les dictatures, plus on démontre sa force, plus on garantit la sécurité de l’Amérique – et la paix du monde. Mais la sécurité n’est pas qu’une affaire de rapports de force.
« Un Irak libéré peut démontrer le pouvoir qu’a la liberté de transformer cette région vitale, en apportant espoir et progrès dans la vie de millions d’habitants… Un nouveau régime en Irak servirait d’exemple spectaculaire aux autres pays de la région… Le monde a un intérêt évident à voir se répandre les valeurs démocratiques, parce que les nations libres et stables ne nourrissent pas d’idéologies meurtrières – elles encouragent la quête pacifique d’une vie meilleure. » Avec cet espoir des « dominos démocratiques », George W. Bush trouve ici des accents wilsoniens et missionnaires. Il s’agit de rendre le monde sûr par la démocratie. La théorie sous-jacente est celle de la paix démocratique, selon laquelle deux démocraties ne se font jamais la guerre 2 . Il suffirait donc – pour simplifier – de transformer toutes les dictatures en démocraties afin d’assurer la paix universelle, la fin des « idéologies meurtrières » et du terrorisme. Le meilleur exemple est peut-être la Palestine : « Sans soutien extérieur aux terroristes, les Palestiniens qui œuvrent à se réformer et espèrent la démocratie seront en meilleure position pour se choisir de nouveaux leaders », ce qui permettra de négocier sérieusement avec Israël et de conduire à un « État palestinien viable ».
Mais la démocratie est-elle adaptable partout ? « À une époque, beaucoup d’observateurs disaient que les cultures japonaise et allemande étaient incapables de nourrir des valeurs démocratiques. Eh bien, ils se trompaient. Et c’est la même chose pour l’Irak aujourd’hui. » L’universalisme de la démocratie est un autre credo des néoconservateurs adopté par Bush. À l’opposé des réalistes qui préfèrent s’accommoder des régimes autoritaires en place et considèrent souvent la culture comme un facteur retardateur, voire bloquant, dans la capacité d’un pays d’évoluer vers la démocratie, les néoconservateurs sont des universalistes de stricte obédience. La comparaison avec les Jacobins de la Révolution française est ici éclairante. On retrouve chez eux ce mélange ambigu d’universalisme et de nationalisme : le progrès, qu’il prenne la forme de la Raison et du Code civil ou bien de la démocratie et des élections, s’avère, comme par magie, spontanément compatible avec les intérêts stratégiques et la prépondérance de la puissance qui le promeut – « la grande nation » française ou de « la nation bienveillante » américaine…
On sait ce qu’il advint. Pour toute sa brutalité envers sa propre population, Saddam Hussein ne menaçait la paix du monde ni par ses liens – inexistant

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