L économie congolaise de 2003 à 2011
205 pages
Français

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L'économie congolaise de 2003 à 2011 , livre ebook

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Description

Ce livre retrace les questions économiques et les faits politiques marquant la période de 2003 à 2011 de la République Démocratique du Congo. Cinquante ans après son indépendance, la RDC reste encore "une puissance et une fragilité" en dépit de ses nombreuses potentialités et de ses ressources naturelles...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 153
EAN13 9782296485020
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’économie congolaise de 2003 à 2011
Gaston Mutamba Lukusa
L’économie congolaise de 2003 à 2011
Défis et opportunités
L’Harmattan-RDC
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96605-5
EAN : 9782299966055
Avant-propos
La RD Congo est devenue une utopie dès le 30 juin 1960, jour de son indépendance. Le pays est alors confronté à des mutineries, aux sécessions des provinces du Katanga et du Sud-Kasaï, à des conflits civils etc. Cette période d’instabilité dure jusqu’ en novembre 1964. Les troubles causèrent la mort de près de 500.000 personnes et la destruction de plusieurs infrastructures de base. Parmi ceux qui attisaient ces conflits, il y a la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, qui croyait sauvegarder ainsi ses intérêts économiques. Le contexte de guerre froide qui prévalait à l’époque, fit le reste. La RD Congo continue encore à souffrir à ce jour de sa naissance au forceps et des séquelles des conflits originels.
Autant la colonisation belge fut violente autant la décolonisation fut brutale. Les colons avaient institué l’apartheid et s’illustrèrent par le mépris des autochtones. On enseignait par exemple aux élèves belges de l’enseignement secondaire que « Les facultés intellectuelles du noir ne sont guère développées, à la suite sans doute de leur manque d’exercice et de l’absence de relations avec des races supérieures ; il parvient difficilement à abstraire et à universaliser pour s’attacher uniquement au côté matériel des objets qui l’entourent immédiatement ». A l’indépendance du Congo, le pays disposait seulement 16 diplômés du postsecondaire. Aucune élite n’était préparée ni dans des grandes écoles ni dans des universités pour prendre la relève. Dès juillet 1960, les mutineries dans l’armée, les sécessions de certaines provinces et la guerre civile se traduisirent par le départ de 10.000 cadres belges et leur remplacement par des autochtones mal préparés et peu éduqués. L’appareil de l’Etat fut complètement désorganisé. Dans ce contexte d’instabilité politique et de troubles, l’économie du Congo s’affaiblit. Elle était pourtant l’une des plus performantes d’Afrique.
Comme le dit si bien David Landes, « L’écart entre les espérances et les réalisations tint beaucoup à ce manque de préparation. Les Africains de l’ère postcoloniale n’avaient aucune expérience de l’autonomie politique et leurs dirigeants jouirent d’une légitimité fondée sur les réseaux de parenté et le clientélisme. Ces nouvelles nations se virent brutalement imposer le carcan d’une forme de gouvernement représentatif, système étranger à leurs traditions et auquel ne les avait pas préparées le paternalisme colonial. Dans certains cas, cette transition avait été précédée d’une guerre de libération qui avait mobilisé les passions et le souci identitaire. Mais l’héritage était celui du pouvoir exercé par un homme fort, incarnation autocratique de la volonté populaire, et donc assassin de la démocratie. La stabilité reposait sur la vigueur d’un homme seul, et lorsque celui-ci s’affaiblissait ou disparaissait (pas toujours de façon naturelle), il s’ensuivait une période d’anarchie propre aux éphémères coups d’Etat militaires. Les gouvernements fondés sur l’autorité de cet homme fort se sont révélés uniformément inefficaces, sauf peut-être en ce qui concerne le pillage du pays. En Afrique, les gens les plus riches sont les chefs d’Etat et leurs ministres. La bureaucratie a été gonflée pour fournir des emplois aux hommes liges, l’économie a été privée de ses surplus. Une grande partie (l’essentiel ?) de l’aide extérieure échoue dans des comptes numérotés à l’étranger . »
Le général Mobutu s’empare du pouvoir le 24 novembre 1965 sous prétexte de remettre de l’ordre. Il instaure un régime de dictature. Deux années après le coup d’Etat, une reprise économique s’amorce à la faveur de la hausse des cours des matières premières. Le produit intérieur brut (PIB) connaît un taux annuel de croissance allant jusqu’à 7 pour cent. Cette situation dure jusqu’en 1975, année aux environs de laquelle l’économie s’effondre à cause de la récession mondiale provoquée par la hausse des prix des produits pétroliers et par la mauvaise gouvernance. C’est le cas notamment de l’expropriation en 1973 des commerces et des industries appartenant aux étrangers (zaïrianisation), de la nationalisation de certaines sociétés en 1974 ainsi que du recours à la planche à billets pour financer les déficits budgétaires.
Avec la fin de la guerre froide en 1989 et l’avènement de la pérestroïka en Russie, la contestation politique s’amplifie dans le pays. Elle est aussi alimentée par la crise économique et la misère sociale. Suite à des pressions tant intérieures qu’extérieures, le président Mobutu décrète, le 24 avril 1990, la libéralisation de la vie politique et l’instauration d’une période de transition d’un an à l’issue de laquelle une nouvelle constitution devait être promulguée et des élections générales organisées. Mais à la fin de la période de transition politique, aucune élection n’est organisée. Suite à une répression sanglante des étudiants de Lubumbashi en mai 1990 ainsi que des retards dans le processus de démocratisation, la communauté internationale décrète l’embargo politique, diplomatique et économique contre le régime du président Mobutu. La plupart des bailleurs de fonds suspendent leur coopération formelle et limitent leurs interventions à l’aide humanitaire. Des programmes de santé, d’éducation et des projets agricoles financés les coopérations étrangères sont subitement abandonnées.
Les années 1991 et 1993 se singularisent par de nouvelles mutineries. Celles-ci débouchent sur des pillages systématiques des commerces, industries et habitations à Kinshasa et dans les grandes villes du pays. En vue de mettre fin à l’impasse politique, la Conférence nationale souveraine est convoquée le 15 juillet 1991. Après plusieurs rebondissements, ses travaux prennent fin le 6 décembre 1992. Mais la plupart des actes et résolutions qui ont été votés ne connaîtront jamais un début d’exécution.
Au cours des années qui suivent, l’activité économique se caractérise par un ralentissement très marqué. Ceci est consécutif au gaspillage des ressources, à la baisse des investissements et à l’amenuisement des moyens de paiement extérieur dans un environnement marqué par la baisse des cours de certaines matières premières traditionnellement exportées. Cette dégradation atteint son paroxysme avec la destruction des infrastructures industrielles et commerciales durant les pillages de 1991 et 1993.
Pour sortir de la crise, des programmes d’ajustement sont mis en œuvre avec l’accord du FMI et de la Banque mondiale.
Ces programmes se traduisent par des résultats peu concluants. Par manque de volonté politique la plupart des réformes préconisées ne sont pas appliquées. En conséquence, le pays connait l’hyperinflation, le chômage, la pénurie de billets de banque et la stagnation.
Pour combler le vide laissé par le secteur officiel, un secteur informel prend forme. C’est une réaction de survie de la population. Un rapport de la Banque centrale du Congo signale qu’en 2000, les employés du secteur formel représentent seulement 3,1% de la population active.
Le 1er octobre 1990, des coups de feu retentissent à la frontière entre le Rwanda et l’Ouganda. Des Tutsis rwandais réfugiés en Ouganda depuis une génération veulent regagner leur pays par la force. Une guerre civile meurtrière s’ensuit entre les Hutus et les Tutsis. C’est le début de la déstabilisation de toute la région des Grands Lacs.
En avril 1994, l’avion transportant les présidents rwandais, Habyarimana et burundais, Ntaryamina est abattu par une roquette. Il ne subsiste aucun survivant parmi les personnes se trouvant à bord de l’avion. Cet attentat est le prélude au génocide rwandais.
Les tensions à l’Est du pays s’exaspèrent avec l’arrivée massive au Congo des réfugiés rwandais et burundais. Les massacres de représailles perpétrés au Rwanda, suivis de la victoire des rebelles sur l’armée régulière rwandaise poussent les militaires hutus ainsi que les réfugiés civils à traverser la frontière en masse. Les militaires amènent avec eux des armes et des munitions, des camions, des tanks et même des hélicoptères. Les Interahamwe et les ex-Forces Armées Rwandaises qui se sont installés non loin de la frontière s’organisent et lancent des attaques sur le Rwanda pour reconquérir le pouvoir.
Les réfugiés rwandais au Kivu plongent la région dans l’insécurité et exacerbent les tensions déjà existantes (sociales, foncières et ethniques).
En octobre 1996, une coalition constituée des soldats du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et même de l’Erythrée envahissent plusieurs villes frontalières. Sous leur protection, un mouvement rebelle appelé AFDL fait jour. Il se donne comme objectifs de renverser le régime de Mobutu et d’instaurer un Etat de droit. Démoralisée, l’armée nationale bat en retraite. Les camps des réfugiés rwandais sont démantelés. Les réfugiés sont obligés de rentrer dans leur pays d’origine. Le régime de Mobutu s’effondre. Le 17 mai 1997, Laurent Kabila arrive au pouvoir.
La guerre reprend à nouveau le 2 août 1998 dans l’Est du pays. Les insurgés qui sont soutenus par le Rwanda affirment qu’ils ont repris les armes pour se défendre de la dictature et du régime arbitraire qui s’est installé à Kinshasa. La faction rebelle prend le nom de Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Plus tard, en septembre 1998, une autre faction rebelle va naître avec l’appui de l’Ouganda. Il s’agit du Mouvement pour la démocratie du Congo (MLC). Cette guerre se transforme en une guerre régionale avec l’implication directe de nombreux pays africains, à savoir le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola, le Zimbabwe, le Tchad et la Namibie. A ceux-ci se joignent des groupes armés étrangers et lo

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