L’entrepreneur et le politique en Russie post-soviétique
112 pages
Français

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L’entrepreneur et le politique en Russie post-soviétique , livre ebook

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Description

Partant du postulat que l’émergence d’entrepreneur est étroitement liée à un milieu en particulier, il s’agit ici de s’interroger sur la genèse des entrepreneurs des économies postsoviétiques. Entre 1991 et 1999, le nombre d’entreprises enregistrées a été multiplié par 10 en Russie. À la tête de ces entreprises, il y a des personnes issues de la nomenklatura comme du reste de la société soviétique. Ils se distinguent par leurs comportements de révolutionnaires, d’innovateurs, de calculateurs, d’opportunistes, de prédateurs ou de marginaux. Ces entrepreneurs sont-ils (vraiment) nés dans la transition économique ? La période de transition institutionnelle a-t-elle été un catalyseur du processus entrepreneurial ou juste un processus d’institutionnalisation d’une pratique communément connue et mobilisée par les agents économiques pour s’adapter aux dynamiques évolutives des organes de planification ? Comment les acteurs d’une organisation productive soviétique s’affranchissaient d’entrepreneurs pour innover ? En l’absence de travaux théoriques sur les milieux favorisant la démarche entrepreneuriale dans les économies centralement planifiées, la question mérite un intérêt particulier pour comprendre les dynamiques d’innovation soviétiques et postsoviétiques. Dans cet ouvrage, les entrepreneurs sont conceptualisés comme les acteurs-clés d’une impulsion socio-économique localisée. Sous cet angle, il s’agit de réanalyser le milieu institutionnel qui donne corps aux entrepreneurs dans le contexte de la transformation systémique des économies centralement planifiées, à savoir ici, autant l’économie soviétique, la période de transition, que l’économie postsoviétique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304049947
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guillem Achermann
L’entrepreneur et le politique dans la Russie postsoviétique
Une analyse territoriale des dynamiques d’innovation
Magna Carta
é ditions Le Manuscrit Paris


ISBN 9782304049947
© Mai 2021


La collection
Au carrefour entre géographie et économie, la collection Magna Carta explore un monde en permanente reconfiguration. La mondialisation bouleverse non seulement les délimitations, mais la définition même des territoires et des entreprises, indissociablement liés. L’heure est à la redistribution des pouvoirs et des ressources selon une détermination nouvelle des frontières, en perpétuelle évolution.
Les ouvrages de la collection établissent un nouveau type de cartographie, faisant de la pluridisciplinarité un outil dans l’étude des dynamiques territoriales des entreprises au sein de la mondialisation.


Dans la même collection
Programme Minimum d’Intégration de l’Union Africaine , Patrick Ndzana Olomo, 2021
Les performances des territoires , Denis Carré et Nadine Levratto, 2011
L’entreprise dans la mondialisation, Dimitri Uzunidis, Blandine Laperche et Sophie Boutillier, 2011


Préface
François Facchini Professeur agrégé des Universités Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CES.
Par son livre L’entrepreneur et le politique dans la Russie postsoviétique , Guillem Achermann invite à revenir sur l’événement probablement le plus important du xx e siècle, l’échec de la transition forcée vers le socialisme d’un bloc entier de pays et, finalement, la mise en œuvre d’une transition vers un régime politique hybride dominé par un État rentier. Il propose une explication non finaliste de la transition qui permet de comprendre pourquoi le capitalisme démocratique n’a pas triomphé en Russie postsocialiste.
Au cœur de l’explication se trouvent l’entrepreneur et une boucle de rétroaction. L’entrepreneur donne à la volonté humaine et au contingent sa place dans l’écriture de l’histoire alors que la boucle de rétroaction introduit l’apprentissage, ce que les agents apprennent des faits et la manière dont ils y réagissent. Sur cette base, on peut expliquer pourquoi la Russie n’a pas transité du marché à l’économie centralement planifiée, mais d’une économie dirigée à une forme hybride d’économie de rente ou de démocrature 1 de connivence.
Cette préface se propose de replacer la thèse du livre dans l’histoire longue du socialisme et des débats qu’il a suscités et de la présenter dans un second temps dans ses grandes lignes.
Traiter aujourd’hui de l ’entrepreneur dans la Russie postsoviétique c’est revenir sur l’un des événements les plus marquants et les plus instructifs pour les économistes du xx e siècle parce que l’échec du modèle soviétique i) confirme la thèse de l’impossibilité du socialisme défendue par Mises-Hayek au début du xx e siècle, ii) montre qu’un consensus entre les économistes n’est pas suffisant pour assurer la vraisemblance des savoirs défendus et iii) rappelle que rien n’est jamais écrit. La thèse de l’impossibilité du socialisme ne cesse d’être illustrée par l’histoire. L’échec du projet égalitariste en Amérique du Nord dans l’Etat de Géorgie entre 1732 et 1752 en a été probablement un premier exemple (Sweet 2001 2 ). L’échec économique de la Corée du Nord aujourd’hui en est aussi la confirmation. À l’inverse le succès économique de la stratégie du Parti communiste chinois qui a abandonné le socialisme pour un régime autoritaire reconnaissant le droit de propriété (lois de 2002 et du 16 mars 2007) et favorisant une sorte d’actionnariat populaire dans les grands groupes industriels comme Huawai . L’effondrement de l’Union soviétique et l’incapacité avérée des économies dirigées à fonctionner sans marché noir, gris ou brun sont évidemment aussi la preuve de la pertinence de cette thèse.
Le socialisme reste fondamentalement utopique alors qu’un grand nombre d’intellectuels (Winock 1992 3 ) et de citoyens ont vu dans le collectivisme soviétique, le fascisme italien et le National-Socialisme allemand des alternatives crédibles à la démocratie libérale naissante (Rémond 1974 4 , p.122-140). Ludwig von Mises soutenait dès 1920 5 , sur la base de la méthode déductive, qu’un système économique sans prix de marché et sans propriété sur le capital était voué à l’échec. Pour contrer cet argumentaire, les tenants du socialisme de marché comme Oskar Lange (1939 6 , 1967 7 ) et H. D. Dickinson (1939 8 ) ont mobilisé le modèle de l’équilibre général et donné au planificateur la fonction du commissaire-priseur. Cette défense a inspiré la critique d’Hayek ([1935] 1939 9 ) et la construction d’une théorie réaliste des processus de coordination à l’œuvre sur les marchés, grâce au travail de l’entrepreneur. Hayek montrait ainsi l’irréalisme de la théorie de l’équilibre général et annonçait avec Mises, sur des arguments vrais a priori , l’échec du socialisme réel (Vaugh 1980 10 ). Ces critiques de la théorie de l’équilibre général et du socialisme de marché n’ont cependant pas été entendues par la plupart des économistes qui ont, au contraire, défendu l’idée qu’il y aurait convergence entre les régimes de planification et de marché et que l’État devait se donner pour mission de corriger les défaillances du marché en présence d’externalités, de biens collectifs, d’asymétrie d’information et de concurrence imparfaite. Paul Samuelson annonçait, graphique à l’appui, qu’il était possible que l’écart existant entre les niveaux de vie des pays occidentaux et de l’Europe de l’Est se réduise dans l’avenir comme ceci a été le cas entre les pays occidentaux industrialisés (Samuelson [1980] 1982 p.692 11 ). Alvin Hansen (1961 12 ), le conseiller économique du Président Kennedy et le père du modèle ISLM, vantait l’efficacité productive de l’URSS en affirmant que l’URSS réussissait mieux parce qu’elle était capable d’affecter à l’investissement une plus grande partie de ses ressources. Le sociologue américain P.A., Sorokin 13 , dans son article Mutual Convergence of the United States and the USSR to the Mixed Sociocultural Type, introduisait le concept de convergence des systèmes dans les débats autour du socialisme. Les positions d’Hansen et de Samuelson se plaçaient dans ce cadre et rejoignaient les croyances d’un autre économiste éminent du xx e siècle, Jan Tinbergen (1961 14 ).
Ces erreurs indiquent qu’un bon économiste ne doit pas s’en tenir à ce qui est ou ce qui a été. Il doit avoir une bonne théorie pour mettre de l’ordre dans l’histoire. Ces erreurs rappellent aussi les biais de perception que peuvent induire les statistiques. Les statistiques produites par les autorités soviétiques avaient, en effet, réussi à faire croire que, durant la période 1928-1940, le produit matériel net de l’URSS avait été multiplié par cinq. De nombreux observateurs attentifs à la manière dont ces statistiques avaient été construites savaient qu’elles étaient probablement fausses et produites pour convaincre les masses que le socialisme réel était viable et supérieur aux économies de marché. Les statistiques soviétiques étaient fausses, d’une part, parce que les unités de production avaient intérêt à gonfler leur chiffre pour éviter les sanctions de la non-réalisation des ordres du plan et, d’autre part, parce qu’elles étaient victimes d’un effet Gerschenkron 15 . Dès qu’un comptable utilise une structure de prix de référence et une méthode d’agrégation, il s’expose à ce type d’effet. Alexandre Gerschenkron (1951 16 , 1962 17 ) montrait dès les années cinquante que la croissance économique de l’URSS était principalement due à un biais d’indice. L’effondrement du modèle soviétique n’aurait donc pas dû être une surprise. Les économistes disposaient de faits et d’arguments a priori solides pour comprendre ce qui allait se passer, mais ils les ont négligés pour des raisons méthodologiques et idéologiques. Ils utilisaient le succès apparent de l’Union Soviétique pour justifier le dirigisme économique dans les démocraties capitalistes. Ils transformaient un fait en prescription pour agir et faire de la convergence un fait. L’effondrement du modèle soviétique réalisé, un moment libéral de courte durée a eu lieu. La fin de la guerre froide marquait la victoire des économies sociales de marché, du capitalisme démocratique (Fukuyama 1989 18 , 1992 19 ). Il est vrai que la chute du mur de Berlin a provoqué une augmentation du nombre des nations démocratiques à la fin du xx e siècle et un réel mouvement de libéralisation. La consultation des indicateurs de libertés politiques et éc

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