Le Bassin Pacifique

Daniel Haber, Guibert Jean-Louis

Description

Ce livre invite à prendre la mesure d'un phénomène de grande ampleur qui change le monde : la centralité du Bassin Pacifique, où se font face les deux Etats qui dominent ce XXIe siècle : les Etats-Unis et la Chine. Il raconte pourquoi les pays qui le bordent ont perçu que leur avenir se jouait dans ce nouveau centre du monde. Ces deux hyperpuissances entretiennent des relations ambivalentes. Elles échangent et se parlent mais se méfient l'une de l'autre. La France, l'Europe, sont-elles condamnées à la marginalisation ?

Sujets

• Économie
• Relations internationales
• Développement
• Diplomatie
• Géopolitique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 20 février 2018
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782140071911
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

J ean  Louis Guibert et Daniel Haber

LE BASSIN PACIFIQUE, Centre du nOuvel Ordre mOndial

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Du même auteur Daniel Haber « Fukushima, chronologie d’un désastre » (2013)L’Harmattan è « Chine-Occident, le grand malentendudu XXI siècle » L’Harmattan, 2010, avec Zheng Lu Nian « La Victoire de la Chine - L’Occident piégé par la mondialisation » ,Editions Descartes 2001 ème « La Revanche du Monde Chinois ? » -Economica ,1996 (2 édition 1999) « Le Renouveau de l’Asie » -Economica- 1999 « Les Sogo Shosha ou Comment lesSociétés de Commerce International Japonaises gèrent le monde » -Economica- 1993 « La Leçon Japonaise »Plon,1992 « L’Empire du Commerce Levant »,Editions Universitaires, 1974 Jean-Louis Guibert(ouvrage collectif) « Le Pacifique, nouveau centre du monde » 1983, Berger-Levrault/Boreal Express

© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13871-8 EAN : 9782343138718

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Six et neuf août 1945 : deux éclairs tragiques s’abattent sur Hiroshima et Nagasaki. Le rêve du Japon de créer un Empire du Pacifique sous son contrôle, dans le cadre d’une « sphère de coprospérité », s’écroule. Et pourtant la fin brutale de la Seconde Guerre mondiale marque le début de la primauté du Pacifique. A partir de ce jour, les Etats-Unis vont s’impliquer de manière de plus en plus décisive dans la façade asiatique de l’océan Pacifique : occupation et démocratisation du Japon (1945-1951), leadership, à la tête des troupes de l’O.N.U., pour maintenir une Corée du Sud indépendante (guerre de Corée : 1950- 1953), guerre du Vietnam, symbole du « containment » du communisme, stationnement permanent de 80 000 soldats au Japon et en Corée du Sud, bases navales sur le pourtour de l’Asie de l’Est. Cette « pax americana » permet l’essor économique de la région, l’émergence de toute l’Asie Orientale, l’explosion des échanges de toute nature dans l’espace Pacifique. Mais cette implication américaine ne prend tout son sens qu’en 2011 : Barak Obama et Hillary Clinton, par leurs voyages et leurs déclarations, confirment, dans de grands discours fondateurs, que, pour garder leur leadership mondial, les Etats-Unis doivent désormais donner à l’espace Pacifique la priorité dans tous les domaines. Les commentateurs parleront alors du « pivot », décrivant, par cette image, un renversement stratégique majeur de la politique globale des Etats-Unis. Ils attirent ainsi l’attention sur le fait que le Bassin Pacifique, c’est- à-dire l’ensemble formé par l’océan Pacifique et les pays qui le bordent à l’Ouest -l’Asie Orientale- et à l’Est- les Amériques- est devenu le centre principal des échanges mondiaux de marchandises et de services, ainsi que des investissements directs transfrontières. Ceci était déjà connu et documenté par nombre d’experts.

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En France, il a fait l’objet, il y a trente ans, d’un ouvrage, « Le Pacifique, nouveau centre du monde », écrit par l’un des co-auteurs et des membres de l’Institut du Pacifique, un centre d’observation et d’analyses spécialisé dans cette région. Il faut désormais aller plus loin et plus en profondeur. Ce livre prend en compte les changements immenses intervenus depuis la publication du livre cité, à commencer par l’installation de la puissance chinoise au cœur des nouveaux équilibres mondiaux. Et cette nouvelle puissance n’est pas qu’économique. Elle est, surtout, géopolitique. Il sera fait référence, et c’est nouveau également, aux grands ensembles maritimes du passé, ceux de la Méditerranée, de la mer Baltique et de l’Atlantique. L’espace maritime est en effet un facteur puissant de circulation des échanges et de développement humain. La mer, loin de séparer les hommes, a toujours été un moyen de les faire communiquer. Un obstacle à l’étude raisonnée de l’espace Pacifique est celui de notre difficulté d’Européen à visualiser l’ensemble du champ étudié. Cette incapacité résulte largement de la carte du monde qui nous est proposée depuis que nous allons à l’école primaire, carte montrant la France comme le centre de l’Europe et du monde et montrant un océan Pacifique coupé en deux parties, chaque partie étant un appendice lointain, occidental ou oriental, d’un autre ensemble, eurasiatique ou américain. L’objet de cet ouvrage est de présenter une vision d’ensemble des pays qui bordent l’océan Pacifique afin de montrer la centralité économique et géopolitique de cette zone. Les deux rives (« rims », en anglais) forment, avec l’océan qu’elles bordent, un bassin, le Bassin Pacifique. Celui-ci est, aujourd’hui, le centre de gravité de l’économie mondiale mais aussi le cœur des rivalités des puissances qui forgent le XXIème siècle. La Première Partie, intitulée « Le dynamisme économique du Bassin Pacifique », confirme ce dynamisme, qui se manifeste de manière écrasante, tant en ce qui concerne la démographie, la production des biens et leurs échanges, les efforts d’organisation de ces échanges, sans oublier l’intensité des investissements directs, porteurs de la délocalisation des activités économiques. Ceci est déjà connu, sans doute insuffisamment et on le précisera. Mais nos analyses portent essentiellement sur les modalités qui ont conduit les pays riverains du grand océan à se tourner progressivement vers

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l’autre rive, constituant ainsi un ensemble nouveau, centre du monde d’aujourd’hui. Cette partie parle donc essentiellement du « pivot » de chaque entité du Bassin Pacifique vers l’autre rive du Bassin. La deuxième partie, « Le retour du politique », expose la politisation progressive de cet ensemble, au point que se trouve justifié le titre du livre : c’est le Bassin Pacifique qui est le lieu du nouvel ordre, géopolitique, mondial. Cette évolution est particulièrement manifeste dans l’évolution des organisations économiques : l’APEC ou l’ASEAN sont devenus des forums de rencontre politique régulière entre les plus hauts dirigeants de la zone Pacifique. Des organisations à caractère exclusivement politique, principalement dans le domaine de la sécurité collective, ont également vu le jour. Elles s’intéressent au principal enjeu de la vie politique du Bassin, le face-à-face Chine-Etats-Unis et la question centrale de savoir s’il sera conflictuel ou coopératif. Enfin, la zone Pacifique, loin d’être seulement un lieu où se dessinent et s’affirment des relations, des interdépendances et des conflits, se présente comme le creuset d’une forme nouvelle de civilisation, une personnalité du Pacifique, encore en devenir. Il est clair que les pays qui ne sont pas dans cette région centrale du monde doivent s’interroger sur la façon dont ils peuvent se connecter à cette source de pouvoir et de dynamisme. C’est le cas de l’Europe et de la France. Heureusement, des évolutions permettent d’espérer, nous pourrons le démontrer, que notre continent, lié, physiquement et historiquement, au continent asiatique, a les ressources pour exister dans ce monde doté d’un nouvel équilibre mais qui reste uni par des perspectives et des menaces, communes. .

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