Le scandale commerce équitable

Ndongo Samba Sylla

Description

Alors qu'il est censé rétablir un regain de justice dans les relations commerciales Nord-Sud, l'auteur montre que le commerce équitable contribue à reproduire les mécanismes du système international. En somme, si le commerce équitable parle au nom des pauvres, il bénéficie en réalité aux pays riches. Le marketing de la pauvreté au service des riches, serait-ce là l'aboutissement de cette énième entreprise de rédemption du système capitaliste ?

Sujets

• Développement
• Économie
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 janvier 2013
• Nombre de lectures: 116
• EAN13: 9782336286570
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions
Chez L’Harmattan-Sénégal
(Catalogue en ligne sur harmattansenegal.com)
GOUDIABY Pierre Atépa, Oser. 12 propositions pour un Sénégal émergent , essai, décembre 2012.
WADE El Hadji Madické, El Hadji Momar Sourang. Un grand notable de Saint-Louis et fervent mouride , Collection « Mémoires et Biographies », novembre 2012.
KÉBÉ Amadou, Les reformes institutionnelles dans le secteur parapublic au Sénégal. Le cas du chemin de fer , essai, novembre 2012.
BADIANE Louis Ange, Mon chemin vers Dieu , octobre 2012.
FALL Marouba, Casseurs de solitude , roman, « Nouvelles Lettres Sénégalaises », octobre 2012.
NDAW Aly Kheury, Les Sénégalais de New-York , essai, octobre 2012.
CAMARA Mame Famew, Si loin, si près , Poèmes, collection « Rimes et prose », septembre 2012.
DIARRA Malick, Le poème de Saint-Louis du Sénégal, L’île de Ndar, fiancée de son âme (869 – 1364 – 1659), septembre 2012
TRAORÉ Alain Édouard, BURKINA FASO. Les opportunités d’un nouveau contrat social. Facteurs et réalités de la crise, collection « Zoom Sur », septembre 2012.
ROQUENTIN Antoine, Mes premiers regrets, Grands aphorismes et poèmes, septembre 2012.
NDOYE Soda, Un homme infidèle et parfait, roman, « Nouvelles Lettres Sénégalaises », septembre 2012.
LY Aicha, Ivres délices , poèmes, collection « Rimes et prose », septembre 2012.
DIOP Moustapha, La voie d’un musicien , roman, « Nouvelles Lettres Sénégalaises », septembre 2012.
Titre
NDONGO SAMBA SYLLA






Le scandale Commerce équitable
Le marketing de la pauvreté au service des riches
Copyright

© L’HARMATTAN-SÉNÉGAL, 2013
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR

http://www.librairieharmattan.com
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EAN Epub : 978-2-336-28657-0
DÉDICACE
À mon père, El Hadji Sylla, qui a fait de moi ce que je suis.
Je ne te dirai jamais assez « merci ».
REMERCIEMENTS
Je souhaite exprimer ma gratitude à trois de mes anciens professeurs qui m’ont insufflé la passion de la recherche, ont encadré plusieurs de mes travaux et m’ont toujours encouragé à explorer des perspectives qui sortent de l’orthodoxie. Je pense notamment à Henri Nadel (Université Paris VII Denis Diderot), Jean-Claude Barbier (Université Paris I Panthéon Sorbonne) et Jacques Charmes (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines et Institut de recherche et de Développement). Cet ouvrage est dans une certaine mesure le produit de cette rencontre. Mes remerciements vont ensuite à Mactar Sylla et David Castle (Pluto Press) dont les remarques ont permis d’améliorer certains aspects de ce manuscrit. Mention spéciale à mon ami Moustapha Lo (Illinois, Chicago), commentateur infatigable qui veille à ce que j’aie les bouquins qu’il faut, qui s’est toujours intéressé à l’évolution de mes recherches et qui m’a encouragé à les faire publier. Je joins à ces remerciements Cheikh Mbacké Sokhna et Moussa Bassel.
Cet ouvrage a été publié avec le concours du Bureau Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxemburg (FRL). Je remercie son directeur Dr. Claus Dieter König ainsi qu’Arndt Hopfmann, le directeur du département Afrique de la FRL qui a pris le temps de lire et de commenter des versions antérieures de ce manuscrit. Merci enfin aux Éditions L’Harmattan-Sénégal qui n’ont pas ménagé d’efforts en vue de la publication de cet ouvrage.
Bien évidemment, les vues exprimées ici n’engagent que son auteur, et en aucun cas les personnes ou institutions citées.

Ndongo Samba Sylla
Dakar, le 23 novembre 2012
LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
BIT : Bureau international du travail
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
ESP : Estimation du soutien aux producteurs
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation
FLO : Fairtrade labelling organizations international (Fairtrade international)
FMI : Fonds monétaire international
FT : Relatif au commerce labellisé Fairtrade/Max Havelaar
GATT : Accords généraux sur les tarifs douaniers et le commerce
GFN : Global footprink network
OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
OMC : Organisation mondiale du commerce
OMD : Objectif (s) du millénaire pour le développement
ONG : Organisation (s) non gouvernementale (s)
OXFAM : Oxford committee for famine relief
PIB : Produit intérieur brut
PMA : Pays les moins avancés
PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement
PPE-Manufactures : Principaux pays exportateurs d’articles manufacturés
PPE-Pétrole : Principaux pays exportateurs de pétrole
PPTE : Pays pauvres très endettés
Prix FOB : Prix franco à bord (qui inclut les frais jusqu’au port d’embarcation)
UN-Comtrade : Base de données des Nations Unies sur les statistiques du commerce des marchandises.
WFTO : World fair trade organization
INTRODUCTION
« Les alternatives économiques existent », nous dit-on. 1 Un « capitalisme à visage humain » est possible. L’on peut moraliser le capitalisme. L’économie de marché peut être mise au service des pauvres. La quête de profits et la marchandisation universelle de tout peuvent être utiles à l’humanité et à son environnement, pourvu que les bonnes mesures soient prises. Autrement dit, si l’on en croit ce que certains pourraient considérer comme un nouveau « socialisme utopique », le capitalisme peut être rendu responsable, et cela, pour le plus grand bonheur des classes laborieuses de la planète. La microfinance nous avait fait cette promesse en apportant beaucoup de garanties. La plupart d’entre nous l’avaient crue sur parole. Les résultats se font toujours attendre malgré la générosité démocratique de l’idée (Bateman, 2010). De nos jours, avec les nombreuses crises bancaires et financières qui n’ont pas fini d’ébranler des centaines de millions de vies, l’on commence également à nous parler de placements financiers responsables. De plus en plus, il s’agit donc de « responsabiliser » un système global dont la particularité est qu’il ne tolère aucune borne déontologique.
Dans ce projet de rédemption du marché, plus que de mise en place d’une mondialisation alternative, le Commerce équitable est sans doute l’initiative qui a semblé la plus révolutionnaire et la plus porteuse pour les travailleurs des pays les plus pauvres de la planète. Ses partisans veulent mettre fin à l’échange inégal entre le Nord et le Sud. Ils souhaitent que les travailleurs pauvres du Sud puissent bénéficier de prix décents pour les produits qu’ils vendent aux pays riches. Ils comptent pour cela sur l’activisme militant, notamment les campagnes de sensibilisation, et la solidarité des consommateurs des pays du Nord. En principe, en acceptant de payer un peu plus cher certains biens dont la matière première a été produite dans le Sud, ces derniers contribuent à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs du Sud par l’entremise des réseaux de Commerce équitable.
Que le Commerce équitable ait eu des impacts significatifs dans certains endroits du globe est difficilement réfutable. Mais, quelques succès isolés et ciblés ne permettent pas de dire que c’est un outil qui a fait ses preuves lorsqu’il s’agit de réformer le capitalisme. Tout au contraire, comme nous allons essayer de le montrer dans le cadre de cet ouvrage, le Commerce équitable est une nouvelle itération de la logique de marché et non une alternative à l’économie de marché. Le Commerce équitable, contrairement à l’opinion de certains de ses détracteurs de sensibilité libérale, est une continuation de la logique libre-échangiste et non un remède à ses défauts. La raison à cela est pourtant simple. Peut-on combattre les dérives de l’économie de marché tout en utilisant ses principes et ses méthodes ? Peut-on vouloir limiter l’emprise du marché sur les vies humaines en promouvant plus de marché, quand bien même il s’agirait d’innovations ? La réponse est certainement négative. Or, le Commerce équitable cherche à changer le monde en étendant davantage l’empire de la marchandise. Comment ? C’est la pauvreté elle-même qui devient une marchandise. La pauvreté reçoit un label. Grâce au lab