Les Emirats du Golfe, au défi de l ouverture
172 pages
Français

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Les Emirats du Golfe, au défi de l'ouverture , livre ebook

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Description

Qui eût cru que les Emirats puissent devenir des modèles de développement au Moyen-Orient ? Le pétrole ne suffit pas expliquer leur transformation d'économies du désert en Cités-Etats ultramodernes. A l'inverse de leurs voisins, ces Etats ont préféré la tolérance au repli identitaire, la modernité aux seules traditions, l'économie de marché à l'étatisme. Ces choix ne vont pas sans heurts. Comment s'ouvrir sans perdre son identité ? Comment adapter la structure traditionnelle du pouvoir à l'heure du printemps arabe? Cet ouvrage de synthèse apporte des réponses claires à ces grandes questions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 16
EAN13 9782296473065
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Emirats du Golfe, au défi de l’ouverture
Le Koweït, le Bahreïn, le Qatar et les Emirats Arabes Unis
Comprendre le Moyen-Orient
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud

Vivi KEFALA, L’évolution du Liban, les facteurs déterminants , 2011.
R. PORTEILLA, J. FONTAINE, P. ICARD, A. LARCENEUX (dir.), Quel État pour quelle Palestine ?, 2011.
Guillaume VAREILLES, Les frontières de la Palestine. 1914-1947 , 2010.
Aline BALDINGER, Israéliens – Palestiniens. Libres paroles au-dessus du mur , 2010.
Mohamed EL BATTIUI, La Gestion de l'eau au Moyen-Orient , 2010.
François SARINDAR, Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu , 2010.
Marie-Thérèse OLIVER-SAIDI, Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991) , 2010.
André POUPART, Adaptation et immutabilité en droit musulman , 2010.
Mohammed GUENAD, Sayyid Qutb. Itinéraire d’un théoricien de l’islamisme politique , 2010.
Alireza MANAFZADEH, La construction identitaire en Iran , 2009.
Firouzeh NAHAVANDI (dir.), Mouvements islamistes et Politique , 2009.
Kazem Khalifé, Le Liban, phœnix à l’épreuve de l’échiquier géopolitique international (1950-2008) , 2009.
Barah Mikaïl, La Syrie en cinquante mots clés , 2009.
Jean-Jacques LUTHI, Lire la presse d’expression française en Égypte, 1798-2008 , 2009.
Aurélien TURC, Islamisme et Jeunesse palestinienne , 2009.
Christine MILLIMONO, La Secte des Assassins, XIe - XIIIe siècles , 2009.
Alexis Normand

Les Emirats du Golfe, au défi de l’ouverture

Le Koweït, le Bahreïn, le Qatar et les Emirats Arabes Unis

L’Harmattan
Du même auteur :
– Le Blues de la Mygale, journal d’un Blanc chez les frères paysans en Haïti , 2003, L’Harmattan













© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-55303-3
EAN : 9782296553033
Introduction
Micro-Etats richissimes au milieu de géants régionaux, les Emirats du Golfe Arabo-persique se distinguent par leur ouverture et leur modernisme. Partageant avec leurs grands voisins arabes un même ancrage bédouin, tribal et islamique, ces monarchies sont aussi traversées par les tensions politiques, économiques, sociales et religieuses liées à l’abondance soudaine de richesses au sein de sociétés traditionnelles. L’originalité des Emirats tient aux solutions nouvelles qu’ils s’efforcent d’apporter à ces problématiques, pariant sur la tolérance plutôt que le repli identitaire, l’économie de marché plutôt que l’étatisme, la diversification économique et l’insertion dans la mondialisation plutôt que l’inertie de la rente pétrolière.

Leur histoire explique en partie ce choix de l’ouverture, puisqu’ils émergent comme entités autonomes grâce à l’intervention d’une puissance étrangère, la Grande-Bretagne, contre des forces hégémoniques régionales, les Ottomans au 19 ème siècle, les Saoud au début du 20 ème siècle puis enfin l’Iran au moment des indépendances. Les Britanniques, soucieux de morceler la Péninsule Arabique, élèvent les émirs au rang de souverains en reconnaissant à leurs territoires un statut de protectorat. Dès lors, le nationalisme émirien trouve plus à s’exprimer dans le refus des ingérences régionales que dans l’opposition à l’Occident.

La nécessité vitale de former des alliances extrarégionales, en particulier avec les Etats-Unis, se renforce après les indépendances avec l’essor de l’économie pétrolière. Îlots de richesse extraordinaire dans une région peu développée, les Emirats ne peuvent survivre sans appui extérieur. Avec une population cumulée d’environ 3 millions de nationaux, et de 12 millions en comptant les travailleurs expatriés, le Bahreïn, le Koweït, le Qatar et les Emirats Arabes Unis (EAU) ne pèsent pas lourd face aux 23 millions de Saoudiens, aux 30 millions d’Irakiens et aux quelque 70 millions d’Iraniens 1 .

Leurs trois grands voisins n’affichent-ils pas chacun à leur manière des tendances hégémoniques : l’Arabie Saoudite en tant que forteresse de l’Islam, l’Irak comme chantre du panarabisme, ou l’Iran, dont la Révolution islamique a voulu prendre la tête des chiites de la Péninsule ?

Gage de stabilité extérieure, l’ouverture sur le monde est un facteur de succès économique et de rayonnement culturel, plaçant ces micro-Etats au cœur des interdépendances régionales. Mais le choix de la mondialisation est aussi source de tensions internes. Il force les Emirats à se poser les mêmes questions que le Japon à l’heure du Meiji. Comment s’ouvrir sans perdre son identité ? Comment adapter la structure tribale du pouvoir à la modernité ? Comment tenir compte des exigences démocratiques, qui bouleversent déjà le Bahreïn ?

Aussi, la question de la soutenabilité du modèle de développement de ces Etats est centrale. Leur stabilité intérieure dépend de leur capacité à offrir un projet d’avenir à leurs citoyens, notamment en garantissant une amélioration continue des conditions de vie, et donc une croissance suffisante. Or, celle-ci est encore largement tirée par la richesse pétrolière et les investissements extensifs qu’elle permet. De plus, ce modèle s’est traduit par l’afflux systématique de travailleurs expatriés, qui forment désormais une majorité de la population.

Cette seule pression démographique oblige les Emirats à repenser non seulement leur modèle économique, mais aussi à redéfinir leur contrat social, et ce malgré l’insolence des réserves en hydrocarbures 2 . A l’heure où le « printemps arabe » bouleverse les rapports entre les peuples et leurs dirigeants à l’échelle régionale, interrogeant les fondements de la légitimité du pouvoir, cette redéfinition est devenue un gage essentiel de stabilité et de développement durable pour les Emirats.
I - L'émergence des pétromonarchies du Golfe
« Sujets aux flux et aux reflux des conquêtes, les vastes espaces désertiques qui forment les Emirats passent sous la domination successive de diverses tribus bédouines au cours des siècles. Il faudra attendre l’entrée en scène des Britanniques au 19 ème pour figer ces positions. En se plaçant sous leur tutelle, les tribus abdiquent leur souveraineté extérieure, mais obtiennent en échange la reconnaissance de leur mainmise sur les terres intérieures. »
L’histoire des Emirats débute longtemps avant leur émergence comme entités distinctes au 19 ème siècle. Il est utile d’en rappeler les grandes lignes pour comprendre leur ancrage géopolitique et culturel, car la partie arabe du Golfe Persique participe sans discontinuité aux bouleversements du monde depuis la Haute Antiquité jusqu’à nos jours. Au cours de cette longue histoire, ces territoires interagissent successivement avec les puissances de Mésopotamie, d’Arabie Centrale au début de l’ère islamique, puis avec l’Empire ottoman, pour être enfin confrontés aux appétits européens à partir du 16 ème siècle, quand les Portugais entament la conquête des Indes. Le champ géographique de ces interactions ne cesse de s’étendre jusqu’à nos jours.
A- Des territoires intégrés aux grands mouvements du monde
1. De la route de la soie à la route des Indes
La civilisation antique de Delmon

Une première civilisation nommée Qalat-Al-Bahreïn ou Delmon émerge autour des troisième et second millénaires av. JC 3 . Centrée sur l’île du Bahreïn, elle s’étend du Sud de l’Irak au Nord du Sultanat d’Oman actuels. Carrefour commercial pour l’échange du cuivre produit par le royaume de Majan en Oman, Delmon assure le lien entre la civilisation sumérienne, en Mésopotamie et l’Empire élamite, ancêtre de la Perse 4 . Les écrits de l’ancienne Babylone désignent Delmon comme « le lieu d’où provient le pétrole » 5 , qui est utilisé depuis la Haute Antiquité comme combustible et pour le calfatage des bateaux 6 .
L’éclatement en une multitude de royaumes de l’Empire sumérien d’Akkad en 2004 av. JC entraine le déclin de Delmon avec celui de l’activité commerciale. Des artefacts babyloniens mentionnant le roi Nabuchod

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