Maison Menier, de la droguerie au chocolat
166 pages
Français

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Maison Menier, de la droguerie au chocolat , livre ebook

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Français

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Description

L'entreprise Menier reste associée à la célèbre affiche montrant une petite fille espiègle « taguant » sur un mur le nom du chocolatier français. On peut encore voir, à Noisiel, en Seine-et-Marne, les bâtiments de ce qui fut, au XIXe siècle, l'une des plus importantes chocolateries européennes. On sait moins que cette spécialisation de l'entreprise fut relativement tardive et que Menier débuta dans la droguerie pharmaceutique, révolutionnant profondément le secteur. Ce livre souhaite revenir sur l'histoire de cette entreprise et sur les origines de l'industrie pharmaceutique française.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336838564
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Nicolas Sueur





La maison Menier,
de la droguerie au chocolat

1816-1869

Aux origines de l’industrie pharmaceutique en France



Préface d’Olivier Faure
Copyright
Du même auteur

La Pharmacie centrale de France :
une coopérative pharmaceutique au XIX e siècle ,
Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2017.





© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-83856-4
PREFACE
Agrégé d’histoire en lycée, Nicolas Sueur est un de ces jeunes chercheurs talentueux et tenaces qui contribuent de façon décisive à la connaissance historique alors même, qu’enseignants dans le secondaire, ils ne reçoivent aucune aide et doivent prendre sur leur temps et leur argent pour mener leurs recherches. Espérons que l’université ou le CNRS sauront reconnaître leurs travaux ou, qu’à tout le moins, ils ne se décourageront pas.

Depuis quelques années, les enquêtes de Nicolas Sueur sont tout entières tournées vers l’histoire du médicament, de sa production et de sa commercialisation. Si l’histoire des officines n’est désormais plus un mystère et si l’industrie pharmaceutique est bien connue depuis la fin du XIX e siècle, il restait encore à explorer sa protohistoire. C’est ce à quoi se consacre notre auteur. Après une thèse, qui vient juste d’être publiée, consacrée à la Pharmacie centrale de France (PCF) 1 , cette entreprise fondée par les pharmaciens pour se libérer de la dépendance des droguistes, Nicolas Sueur en vient tout logiquement à étudier ces derniers, ces ignorés et ces mal aimés de l’histoire de la pharmacie. Comme dans l’ouvrage précédent, il le fait par le biais d’une monographie, celle de la maison Menier, de sa naissance jusqu’à sa spécialisation dans la fabrication du célèbre chocolat qui porta si longtemps son nom et la cessation de ses activités pharmaceutiques au profit de la PCF (1869).

Pendant la majeure partie de son existence étudiée ici, la maison Menier se confond avec la personnalité de son fondateur Jean-Antoine Brutus (1795- 1853). Fils de commerçant, élève en pharmacie, il sait parfaitement flairer le vent et mobilise à son profit toutes les opportunités qui s’offrent à lui dans tous les domaines. Avant le chocolat, son coup de génie consiste à repérer un créneau porteur, celui de la pulvérisation des substances utilisées sous cette forme en pharmacie mais qui exigeait du pharmacien (ou de ses aides) un travail long et répétitif dont le résultat n’était pas garanti. Pour obtenir une pulvérisation parfaite, Menier utilise des pilons et des meules sans cesse plus perfectionnés et successivement mus par l’homme, le cheval et enfin la force hydraulique. Pour s’offrir ces équipements, Menier mobilise d’abord son petit capital familial puis utilise toutes les formes de sociétés en nom de personne (il ne faut pas perdre le contrôle de l’entreprise) que lui offre le droit commercial. Produire ne suffit pas. Il faut aussi vendre. Pour cela, mais il n’est pas le seul, Menier édite des catalogues constellés de médailles obtenues dans les expositions qu’il fréquente assidûment, inonde la presse de publicité. La réussite, éclatante, est au rendez-vous. Pourtant, devenir millionnaire (il le devient) n’est pas son ambition. Comme d’autres, hier comme aujourd’hui, il rêve d’être reconnu autrement que par la fortune. Un peu contraint et forcé, il obtient, à 43 ans, un diplôme de pharmacien, écrit quelques articles et sa femme se démène en vain pour lui obtenir la Légion d’honneur.

Au-delà de ce récit palpitant, le travail nous en apprend beaucoup, et pas simplement sur l’industrie pharmaceutique. A propos de cette dernière, l’auteur affirme et démontre que « l’industrie pharmaceutique plonge ses racines dans le négoce des drogues » plutôt que dans l’officine et la chimie comme on le dit habituellement. A vrai dire, le livre montre que cette industrie mêle indissociablement dès le départ le médical et l’alimentaire. Mieux, le livre suggère que ce secteur médico-alimentaire joue un rôle majeur dans la naissance d’une première société de consommation déjà repérée en Angleterre au siècle précédent. Si elle n’a rien à voir en intensité avec celle dans laquelle nous vivons, elle partage avec elle les mêmes mécanismes (production industrielle, publicité etc…). Sans être exhaustif sur les apports du livre, on soulignera l’importance que N. Sueur accorde aux procédés de fabrication, aux machines. Il ne se contente pas de les décrire et de les analyser clairement mais il montre la fascination qu’elles pouvaient exercer sur de larges secteurs de la société, la confiance et même l’espoir qu’elles inspiraient. Ici, l’auteur mêle harmonieusement l’histoire des techniques et celle des représentations.

Au-delà de ces apports et de ces pistes, le livre est aussi une défense et illustration de la biographie. On sait qu’après avoir été victime d’un long ostracisme – on se souvient de l’illusion biographique dénoncée par P. Bourdieu – la démarche revient en grâce et en force, particulièrement en histoire de la médecine, et désormais de la pharmacie. Menée comme elle l’est ici, la démarche me paraît supérieure à des approches en apparence plus globales mais finalement plus pauvres. Elle montre comment des individus savent se mouvoir dans des univers variés, combiner des logiques différentes et ne se laissent pas facilement enfermer dans des catégories définies. Ainsi, Menier fut-il tout à la fois et pleinement : un droguiste, un chocolatier et un pharmacien ; un homme d’affaires, un industriel, un technicien et un publicitaire. A lire la biographie de Menier, on se convainc que les frontières que nous établissons entre les secteurs économiques et les catégories professionnelles sont artificielles et témoignent surtout de notre incapacité à penser la complexité du fonctionnement social. Le livre de Nicolas Sueur au contraire nous y aide et c’est la principale raison de le lire.

Olivier Faure, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Jean Moulin, Lyon III.
1 Nicolas Sueur, La Pharmacie centrale de France : une coopérative pharmaceutique au XIX e siècle , Tours, Presses universitaires François -Rabelais, 2017, 411 p.
INTRODUCTION
Depuis les années 80, les recherches sur l’industrie pharmaceutique n’ont cessé de se développer, insistant notamment sur les racines officinales du secteur 2 . « Si l’histoire de la pharmacie comme profession a fait l’objet de nombreux travaux de recherche historique (…), l’histoire de l’industrie pharmaceutique française, qui est issue de l’officine, a été peu traitée » écrit ainsi Michèle Ruffat en 1995 3 . Le lien généalogique exclusif qui relierait l’industrie à l’officine est ainsi formulé comme une évidence. « Les entreprises pharmaceutiques, plus couramment désignées sous le terme de laboratoire pharmaceutique, sont issues pour la plupart de l’officine et sont apparues à partir des années 1850 » écrit quant à elle Sophie Chauveau dans l’invention pharmaceutique 4 . Filles de l’officine, « les entreprises industrielles de la pharmacie sont comme la transposition à une plus grande échelle des conceptions et des pratiques de l’officine », quoique avec quelques différences 5 . Les XIX e et XX e siècles sont ainsi marqués par la « longue prépondérance de l’officine » 6 . Si quelques travaux mentionnent le rôle et l’importance des maisons de droguerie, celles-ci occupent néanmoins une place périphérique dans l’histoire de l’industrie pharmaceutique. La droguerie est un secteur que les historiens de la santé ont quelque peu délaissé. « La distinction classique qui veut que l’industrie pharmaceutique française soit née à la fois de l’officine et de l’industrie chimique est factuellement vraie », mais elle « oublie le rôle de la droguerie » écrit notamment Olivier Faure 7 .

Dans son sens actuel, la droguerie évoque la fabrication, le commerce de produits d’herboristerie, d’hygiène, de toilette, d’entretien et de ménage 8 . Au début du XIX e siècle, la droguerie est associée à la vente de drogues. Là encore, le vocabulaire contemporain ne nous est pas d’un grand secours puisque le terme est accolé à des produits qualifiés d’addictifs, de nocifs pour la santé (cannabis, cocaïne, héroïne, drogues de synthèse etc…). Cette connotation négative du mot drogue n’est pas absente des dictionnaires de la fin du XVIII e siècle. Pour Féraud, la drogue désigne en effet « des choses mauvaises en leur espè

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