Mutations technologiques en Afrique subsaharienne
253 pages
Français

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Mutations technologiques en Afrique subsaharienne , livre ebook

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Description

Malgré les nombreux transferts de technologie, la pauvreté gagne du terrain. Alors la technologie se doit d'être conçue pour l'Afrique ou par elle-même et non adaptée ou tropicalisée à elle, car l'adaptation suppose une prothèse qui accroît assurément la mutilation. Il n'y a certainement pas eu que des échecs dans le domaine du transfert technique et de la coopération internationale. L'auteur prône une nouvelle forme de coopération scientifique et technique basée sur une charte déontologique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 228
EAN13 9782296688322
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mutations technologiques
en
Afrique subsaharienne
Marcel Didier GBAGUIDI

Mutations technologiques
en
Afrique Subsaharienne


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10475-4
EAN : 9782296104754

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
La mutation brusque est chose toujours possible en histoire comme ailleurs ; que nul ne sait à quel stade de développement matériel eussent été ces mêmes pays sans l’intervention européenne ; que l’équipement technique, la réorganisation administrative, l'européanisation, en un mot de l’Afrique ou de l’Asie n’étaient – comme le prouve l’exemple japonais – aucunement liés à l’occupation européenne (…)
Mais l’œuvre de l’homme vient seulement de commencer. Il est place pour tous au rendez-vous de la conquête.


Aimé CESAIRE,
in Discours sur le colonialisme


A ma mère, ma merveille du monde
A ma femme, mon unique source d’inspiration

A Victorien Avossan GBAGUIDI,

notre père, nous dédions ce livre…
Avant-propos : Ce que je crois.
L ‘Afrique subsaharienne, après cinquante années d’indépendance (1960-2010) reste considérée à deux ou trois exceptions près, comme un continent sous-développé. Ce qui revient à dire que les pays africains ne satisferaient pas aux critères définis par l’économie mondiale, permettant de les tenir à la même enseigne que les pays développés, économiquement compétitifs et disposant des infrastructures modernes.
Mais à quoi se mesurent au fait la richesse et le développement d’un pays ? A son degré de développement industriel et à son indice de développement ? A ses agrégats économiques, dont le premier serait la maîtrise de la science et de la technologie ? Ou alors au rayonnement de son modèle démocratique et diplomatique ? Ou enfin à sa capacité de s’exporter, de vendre sa culture à l’échelle mondiale ?
Ainsi, bien qu’il y ait aujourd’hui une tendance observable à l’uniformisation – l’occidentalisation du monde – de la conception du développement, question que nous discuterons plus tard, la thèse centrale de cet ouvrage est d’établir que le développement d’un pays se mesure à l’aune de ses mutations technologiques et à sa capacité de s’adapter lui-même à l’évolution des sciences, des biotechnologies, des idées démocratiques et économiques. Mieux à sa capacité de jouer les premiers rôles dans la production scientifique, dans la recherche pure et appliquée.
En cela, ce livre tient que le bond prodigieux d’un continent comme l’Afrique passe nécessairement par la conquête de la science et par le développement des nouvelles technologies – réactivées par le processus de développement économique et par la construction démocratique de ses institutions. Qu’en est-il en vérité de l’Afrique subsaharienne, domaine de délimitation de notre réflexion dans cet ouvrage ?

Comme on parle de pays développés, on parle aussi, par opposition, de pays pauvres, de pays sous-développés. Même si l’on peut raisonnablement douter de la pertinence d’un tel découpage qui peut paraître par endroits arbitraire, voire manichéen et dogmatique. Et que la conception mécanique et instrumentale de la pauvreté soit une donnée suffisante pour qualifier tout un continent et le déterminer comme tel à tout jamais, sans tenir compte de sa complexité, la grandeur de son histoire, les potentialités réelles de ses richesses, ses options propres, et surtout la possibilité de sa propre évolution, de ses avancées.
De la sorte, la qualification de « pays développé » et « sous-développé » reste assez faible, globalisante, mêlée d’amalgames, et travaillée par deux préjugés tenaces : l’unicité linéaire de la conception du modèle de développement occidental et la conception dogmatique et immobiliste de la notion de sous-développement, avec tout ce que cela comporte comme injonction mimétique, idéologie de la hiérarchisation des modèles, reproduction des valeurs…
Par ailleurs, lorsque même on concèderait qu’un pays ou un continent est sous-développé, il y aurait toujours au moins une exception comme par exemple l’Afrique du sud, le Nigéria, un pays du Maghreb comme la Libye… Ou même des pays évoluant vers des monarchies constitutionnelles comme le Maroc…
En effet, l’expérience sud-africaine est singulière, son parcours technologique, opposé à celui d’autres pays d’Afrique, est exceptionnel. Ainsi, en est-il en un sens du Nigéria, dont la résistance à la domination économique et politique étrangère, la volonté de se maintenir dans son indépendance réelle, qui sont de loin des marques de la puissance… C’est pour cela que nous rejetons ce terme de « sous-développement », chargé de manichéisme et barré par le réflexe de hiérarchisation, par l’immobilisme. Mais nous maintenons les critères scientifiques et technologiques comme suffisants pour établir qu’un pays est développé ou pas.
Cela dit, les raisons objectives du ralentissement économique et scientifique des pays d’Afrique sont multiples. Elles sont d’abord historiques. La Traite des Nègres, la Colonisation et l’Etat néocolonial ont constitué un puissant frein au développement de l’Afrique, même si, celle-ci comporte elle-même des raisons endogènes pour expliquer cette défaillance. Ce que l’on qualifie habituellement de « retard du continent » n’en constitue pas moins un élément qui est à l’origine de nombreuses polémiques et de la variation des grilles d’analyses selon les appartenances, les bords politiques ou les divers courants de pensée des analystes, allant du réactionnaire au panafricaniste, du tiers-mondiste au néo-libéral, du pessimiste à l’afro-optimiste.
Pour tenter de corriger les défaillances culturelles du continent, notamment ce qu’il est convenu d’appeler les lourdeurs des traditions et des coutumes , les experts ont inventé la coopération multidimensionnelle, incluant la coopération scientifique et technique dans un domaine en mouvement incessant, qui constitue, à bien y regarder, l’un des traits majeurs de l’évolution de la consommation des Etats.
Le point d’orgue de cet ouvrage porte sur le transfert des technologies et les problèmes qui l’accompagnent à un niveau où peuvent être assurées la nécessaire cohérence et la poursuite des missions bilatérales.
Certes n’y a-t-il pas eu que des échecs dans le domaine du transfert des technologies et de la coopération internationale. Force est cependant de constater que les innombrables déplacements d’experts et les missions répétées en matière de technologies sur le continent africain dessinent une chorégraphie dont le rythme et la teneur sont jugés à l’étalon de l’aggravation actuelle et de la permanence d’un déficit de développement accusé ou déclaré. Mais plus souvent quantifiable à travers des statistiques.
Après tant d’années d’efforts, de contraintes économiques draconiennes (notamment avec l’adoption et l’application des différents programmes d’ajustement structurel (PAS), les politiques rigides de redressement économique et financière (la Dévaluation du franc CFA en 1994), tant de désir et de volonté de changement exprimé et manifesté par de multiples acteurs économiques et politiques, la question naturelle qui vient à l’esprit est alors celle de l’involution de l’Afrique, après tous ces transferts convoyés par des experts dûment mandatés ? Une telle question a traversé l’esprit d’un conférencier, lors de la Rencontre Internationale organisée par l’UNESCO le 9 février 1999, intitulée « Science et Technologie en Afrique : un défi pour le 21è siècle ».
Certes les gardiens de l’ordre économique, correcteurs de déséquilibres mondiaux sont-ils présents sur la scène internationale pour réguler les réseaux de circulation, éviter le dérapage des économies, nous dit-on en général. Pourtant, on pourrait se demander si cette présence n’a pas été à dessein érigée pour faciliter le passage des cortèges prestigieux, des économies riches fragilisées elles aussi par un certain désordre inhérent à l’ordre économique et monétaire mondial. Un désordre ordonné – à la manière du chaos – pour reprendre l’expression indiquée du professeur Joseph Tchundjang Pouemi {1} et la trame de la théorie économique radicale développée par le professeur Samir Amin, le père de la théorie du centre et de la périphérie et de la déconnexion {2} subséquente.
Si l’Afrique ne devait pas se résoudre à travers une volonté titanesque à définir elle-même son modèle de développement pour surmonter ses handicaps internes en fournissant les biens de consommation et de production dont elle a le plus besoin pour son industrie, son sort serait indissolublement lié à la pauvreté et à ce que l’on nomme le « sous-développement » , contrairement à sa croissance et à sa stabilité lors des siècles passés, où elle a connu un degré de prospérité économique et d’essor politique qu’elle n’a jamais plus égalé depuis lors, notamment avec des pays phares comme le Ghana…
Le vocabulaire diplomatique en cours dans les chancelleries n’évoque que la correction des déséquilibres, presque jamais ceux du nouvel ordre économique mondial dans lequel l’Afrique pourrait retrouver sa place. Comme si sa cause était définitivement entendue et son avenir à jamais scellé. Ce qui montre que l’équilibre actuel d’un monde mondialisé, vieux de plus d’un demi-siècle, malgré les bouleversements majeurs survenus en Europe de l’Est, demeure acceptable , et qu’il n’y a pas lieu dès lors de rechercher une autre forme de stabilité, une combinaison des forces jugées plus justes, par-delà l’équilibre géopolitique stratégique en vigueur. Et c’est seulement quand cette répartition présente des signes de faiblesse et des carences qu’il faudrait intervenir pour en corriger les écarts et les excès les plus observables.
La coopération devient ainsi un impératif du fait de la mondialisation. Mais le Nord et le Sud dans cette alliance ont-ils suffisamment consci

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