Penser la marchandisation du monde avec Karl Polanyi
175 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Penser la marchandisation du monde avec Karl Polanyi , livre ebook

-

175 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Dans La grande transformation, Karl Polanyi rappelle qu'aucune société humaine ne peut durablement exister sans qu'un système assure une forme d'ordre dans la production, la distribution et la consommation des ressources. Après avoir connu une période de recul et de contrôle sociopolitique durant la seconde moitié du 20e siècle, la marchandisation du monde semble repartie de plus belle à la faveur de la mondialisation néolibérale. C'est l'occasion de réévaluer la pertinence de l'approche de Karl Polanyi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 274
EAN13 9782336277721
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Penser la marchandisation du monde avec Karl Polanyi

Richard Sobel
Revue semestrielle publiée par la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Lille I
COMITÉ DE RÉDACTION
D. AKAGÜL, B. CONVERT, L. CORDONNIER,, V. DELDRÈVE, B. DUPONT, B. DURIEZ, A. FERRAND, F. HÉRAN, M. MEBARXI, S. PRYEN, J. RODRIGUEZ, F. VAN DE VELDE
RESPONSABLES DE LA RÉDACTION
B. CONVERT, F. HÉRAN
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
D. CORNUEL, Doyen de la Faculté des sciences économiques et sociales

ABONNEMENTS
Abonnement annuel (2 numéros) : 36,60 euros franco de port. Étranger : 45,75 euros
Le numéro : 16 euros plus 4,05 euros de port
Les demandes d’abonnement sont à adresser à : Éditions de l’Harmattan, 5-7 rue de l’École polytechnique, 75005 PARIS Le paiement est à effectuer à l’ordre de : Éditions de l’Harmattan
Rédaction de la revue : Cahiers lillois d’économie et de sociologie, Faculté des sciences économiques et sociales, Université de Lille I, 59655 Villeneuve d’Ascq cedex.
Maquette de la couverture : Denis Cordonnier Composition : Véronique Testelin
Sommaire
Page de titre Page de Copyright PENSER COMME OU PENSER AVEC KARL POLANYI ? POLANYI’S PARADOX REVISITED: A PROPOSAL FOR RECONCEPTUALIZING CAPITAL ACCUMULATION ESPACE MONDIAL ET ÉMERGENCE DE « SYSTÈMES NATIONAUX DE MARCHÉS » KARL POLANYI, LES MARCHÉS ET L’EMBEDDEDNESS - LA GRANDE TRANSFORMATION EN QUESTION LE MARCHÉ, UNE INSTITUTION ENTRE ÉCONOMIE ET HISTOIRE POLANYI ET LES ÉCONOMISTES SUR LA QUESTION DES « MARCHANDISES FICTIVES » LE MARCHÉ, UNE ÉVIDENCE À REVISITER. PARTIES VIVANTES ET EN DÉBAT DE L’ŒUVRE DE KARL POLANYI L’UTOPIE DE L’ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE Abstracts
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296038042
EAN : 9782296038042
PENSER COMME OU PENSER AVEC KARL POLANYI ? 1
Richard SOBEL 2

Depuis longtemps, l’œuvre de Karl Polanyi constitue une ressource critique 3 pour qui ne se satisfait pas de la théorie dominante lorsqu’il s’agit de rendre compte de façon pertinente du monde économique tel qu’il est. Toute une hétérodoxie « socioéconomique » s’est même largement construite à partir d’elle (Laville, 1994). Pour autant, recourir à Polanyi ne laisse pas d’être problématique. S’agit-il simplement d’afficher une posture critique en répétant, de façon quasi incantatoire, quelques formules estampillées « Polanyi » – les marchandises fictives, le Marché autorégulateur, l’encastrement, etc. -, et transformées en slogans hétérodoxes bien commodes ? Pire même : s’agit-il de répéter une nième fois les thèses de La Grande transformation , voire d’en faire une glose d’historien des faits ou des idées, en pensant naïvement que cela suffira à faire pièce à l’économisme dominant ? Et s’il s’agit, au contraire, de mobiliser véritablement Karl Polanyi, comment peut-on alors extraire un outillage conceptuel général d’une œuvre constituée pour l’essentiel d’analyses historiques précises ? Bien évidemment, le présent numéro des Cahiers lillois d’économie et de sociologie n’entend pas trancher définitivement ce problème : pour qui, aujourd’hui, ne se contente pas de penser comme Polanyi, qu’est-ce que et comment penser avec lui ? Néanmoins, les articles qui sont ici rassemblés l’affrontent explicitement et proposent, chacun à leur manière, quelques éléments de réponse. Sans vouloir les ramener à une même problématique, on peut souligner que ces articles partagent un socle épistémologique commun : l’analyse économique y est pleinement ancrée dans ce que nous proposons d’appeler un institutionnalisme radical (Théret, 2000, 2003). Avant de présenter succinctement le contenu du numéro, nous voudrions simplement ici donner un aperçu de ce socle.

L’INSTITUTIONNALISME RADICAL DE KARL POLANYI
On souligne souvent que la posture institutionnaliste de Karl Polanyi ne fait pas l’objet chez lui d’une théorie systématisée mais se trouve implicitement à l’œuvre dans des analyses d’histoire économique précises. Pour autant, Karl Polanyi n’est pas sans procéder, à tel ou tel moment clé de son travail, à des remarques d’ordre général qui donnent tout le sens de sa démarche critique Cette démarche est singulière, à la fois pragmatique et radicale. Pragmatique : il ne théorise que pour autant qu’il en a vraiment besoin. Radicale : lorsqu’il théorise, la distinction conceptuelle produite va souvent au fond des choses. En particulier, il faut insister sur sa définition de l’économie qui, pour nous, désigne le point nodal de son institutionnalisme radical. Elle lui permet, d’une part, de dénoncer l’économisme des économistes propre à notre modernité occidentale – en cela on ne peut que déplorer l’ignorance, voire le refoulement, dont elle a fait et continue de faire l’objet dans le champ académique 4 – et, d’autre part, d’ouvrir véritablement le travail de l’économiste à la coopération disciplinaire avec d’autres sciences sociales de l’économie (notamment : sociologie économique, anthropologie et histoire).
Avant même la constitution du discours de connaissance du même nom, l’économie s’est toujours, selon Karl Polanyi (1986), entendue en deux sens. En un premier sens, dit « substantiel » ou encore « matériel », l’économie désigne un certain domaine de la vie sociale en général, un ensemble circonscrit de pratiques, de règles et d’institutions dont l’objet est la production, la distribution et la consommation des ressources, biens ou services, nécessaires à la vie individuelle et collective. Certes, cet ensemble de pratiques peut recevoir un contenu variable, être différemment valorisé selon les époques et les sociétés, et différemment découpé et organisé suivant les rapports sociopolitiques qui le structurent. Pour autant, aucune formation sociale ne saurait se concevoir sans économie. En un second sens, dit « formel », l’économie ne qualifie plus une sphère de la vie sociale mais une certaine disposition de l’esprit humain, que l’on repère communément en disant de quelqu’un qu’il est « économe ». L’économicité désigne un calcul portant, à fin donnée, sur l’utilisation la plus efficace des moyens disponibles dans un contexte de rareté, contexte hors duquel il n’y aurait pas le moindre sens à vouloir être économe. Être économe, c’est ainsi vouloir le plus par le moins en mesurant au plus juste sa dépense, que l’expression de celle-ci soit quantifiée en temps, en effort ou bien encore, suivant des figures plus occidentales, en argent.
Certes, l’économie au premier sens du terme ne peut se passer d’économes : on imagine mal la viabilité d’une société dont la sphère économique serait organisée autour du gaspillage 5 . Mais cette seconde définition comporte intrinsèquement un danger d’extraversion en ce qu’elle est à la fois différente et plus large que la première. L’économicité est une disposition psychique qui peut a priori objectiver n’importe quelle pratique, et pas seulement le comportement vis-à-vis des ressources nécessaires à la vie, quel qu’en soit du reste le contenu historiquement variable. En effet, n’importe quelle activité humaine, quelles que soient sa « substance » et son épaisseur historique, peut être saisie sous ce point de vue économique, c’est-à-dire décomposée en fin(s) et moyen(s) et rationalisée quant à l’usage des moyens sous la forme réductrice d’une rationalité instrumentale intemporelle (Berthoud, 1991 ; 1994). On sait que certain, à la suite de Robbins (1947), ont cru trouver dans l’axiomatique de l’économicité, encore désignée sous le vocable de rationalité instrumentale, le socle objectif et universel d’une science générale de l’action humaine, une praxéologie universelle – La Science économique. Dans cette perspective, un Gary Becker (1997) a pu ainsi faire l’analyse économique de la famille, la « recherche » du conjoint et la « programmation » des enfants sur un cycle d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents