Plaidoyer pour un autre système économique
205 pages
Français

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Plaidoyer pour un autre système économique , livre ebook

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Description

Ce livre rappelle les bases de l'économie, mais de manière à faire apparaître un sens qui explique notre monde et à indiquer celui d'un monde différent. Le progrès technique et libéral qui réduit la nécessité du travail humain, seul moyen libéral de redistribution des richesses, détermine des conditions nouvelles dans l'Histoire. Au moment où le capitalisme touche à ses limites et où le communisme ordinaire les a déjà franchies, ces réflexions pourraient apporter un éclairage nouveau et permettre de penser à une civilisation nouvelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 61
EAN13 9782296684867
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Plaidoyer
pour un autre système économique
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10024-4
EAN : 9782296100244

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
André G IRARD


Plaidoyer
pour un autre système économique


Gagner sa vie ou négocier son existence


Essai


L’Harmattan
I INTRODUCTION
On a bercé ma jeunesse dans l’illusion du progrès. Illusion mais aussi, dans une large mesure, réalité, surtout pour moi dont le métier d’ingénieur démontrait à l’envi que toutes les corvées humaines, tous les travaux, et même le travail proprement dit, pourraient être bientôt laissés à la machine.
Pourtant dans ces années soixante un doute me troublait : libérés du travail qu’allions-nous faire, dans quoi allions-nous trouver un but à notre vie ? Ne sentant pas autour de moi d’écho à cette inquiétude et dans une certaine naïveté commune à cette époque j’en oubliais la question corollaire : De quoi allions-nous vivre ? C’est qu’en ces temps de « menace » communiste le problème me semblait posé autrement : Croyant alors à la prédiction de Karl Marx selon laquelle le capitalisme devrait disparaître, de lui-même ou en étant aidé, et pour laisser la place au communisme, ma préoccupation était surtout de trouver dans le communisme un visage humain.
J’étais dans cet état de conscience quand je vis sans surprise éclater mai 68 et presque sans surprise aussi la déception qui s’ensuivit et que je m’obstinais pourtant à croire temporaire. Mais l’après 68 fut l’effondrement dans la bêtise bien entretenue par le mot d’ordre implicite de cette époque : « profite et tais-toi. »
L’économie connaissait encore l’euphorie d’après-guerre, celle des « Trente Glorieuses », où l’offre et la demande s’accordaient toujours, où il suffisait d’entreprendre pour réussir.
Et depuis, d’année en année, de décennie en décennie, le « progrès » se poursuit de dégringolade en dégringolade, jusqu’à cette situation actuelle que d’aucuns trouvent impensable, où réapparaît la misère là où on l’avait crue éradiquée, où le chômage s’étend et s’incruste, où le travail que le progrès devait adoucir devient plus contraignant et même plus meurtrier que jamais, où une vie insipide et sans espoir déprime la jeunesse, où, enfin, une inégalité se creuse bientôt plus abrupte qu’aux temps féodaux, entre un peuple de plus en plus démuni et une infime minorité monstrueusement privilégiée.
C’était donc ça le « progrès » ? L’image radieuse des utopies anciennes que la science rendait enfin réaliste n’aurait donc jamais été qu’une sale farce, qu’une ignoble tromperie ?
Le complot d’une classe sociale férocement avide de privilèges et de domination qui aurait mis toute son ingéniosité à ourdir ce leurre ?
Peut-être de quoi devenir violemment révolutionnaire ?
Mais le progrès pourtant s’est fait, le vrai progrès, celui de la civilisation, qui, petit à petit, même masqué, avance en substituant la réflexion à la violence.
Nous en sommes là. Pour ne pas périr, pour ne pas nous laisser engloutir dans le chaos économique, nous devons accomplir l’effort, non pas cet effort de révolte sanguinaire que l’histoire peut-être nous suggère mais beaucoup plus, un effort énorme, l’effort sur nous-mêmes de réflexion et de dépassement.
II LES BASES DE LA REFLEXION
« Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher le libéralisme reste le moins mauvais des systèmes économiques », c’est ce que disent le plus souvent ses partisans et force est de reconnaître qu’il y a du vrai, tant qu’on ne s’est pas aperçu qu’il peut conduire au pire.
Quoi de plus simple, de plus juste en effet, que le droit qui me serait accordé de vendre ou d’acheter ce que je veux, à qui je veux, au prix qui nous convient à l’un et à l’autre si nous en sommes d’accord, sans que personne d’autre ait à s’en mêler ?
C’est pourtant par l’application stricte et généralisée de ce principe de liberté que je dois accepter un salaire me permettant à peine de payer un loyer, à peine de vivre, que tant de gens courageux sont poussés à la misère, mais que tel autre ni plus courageux ni plus instruit que moi se trouve en position de gagner cent fois plus que ce qu’il y a dans toutes mes ressources.

Alors, pour éclairer ces paradoxes, il faut d’abord regarder et décrire le système libéral comme il se présente :
Avant toute entrave fiscale, de protection, de réglementation, tout ce dont nous vivons, c’est-à-dire le travail et la consommation, se négocie librement comme on vient de le décrire, sur des marchés.
Il faut produire pour consommer. Il faut donc un outil, l’entreprise, c’est-à-dire la « machine de production », comme elle a été définie au début du XIX ème siècle, comme une mise en commun des moyens :
Chacun y apporte ce qu’il peut, qui son travail l’ouvrier, qui son argent le capitaliste, pour que la machine produise au mieux, dans l’intérêt de tous, et que chacun y trouve ce dont il a besoin pour vivre, pour se développer. L’apport des moyens et la répartition du produit par le salaire ou le profit se faisant selon le principe du libre échange, on ne pouvait trouver apparemment plus efficace et plus juste, mais l’application de ce principe entraîna les pires exploitations de l’homme par l’homme, peut-être autant et plus hypocrites que par l’esclavage.

Mais sortons des paradoxes pour voir comment se présente, en général, la mécanique du système libéral :
Il y a d’abord la circulation des biens et de l’argent : le débit des échanges qu’on peut comparer à celui d’un fleuve, ou plutôt d’un réseau d’irrigation par l’argent, comme le sang dans les poumons pour le transport de l’oxygène dans tout l’organisme.
On dit que l’économie va bien quand cette circulation suit un rythme régulier et qu’elle permet sans cesse le mieux, le plus de biens à consommer, les meilleurs investissements, que tous peuvent y travailler et en tirer le profit qu’ils espèrent. Cette situation de croissance et de plein emploi est l’idéal attendu par les Etats libéraux et le but des recherches des économistes.
Toutes les études sur l’économie se focalisent sur cette santé dont les accidents sont mémorables sinon tragiques, comme la grande crise de 1929 et toutes les crises de gravités et d’étendues diverses qui ont amené l’économie à ce qu’elle est aujourd’hui. On n’attache pourtant pas assez d’importance au fait que ces crises étaient conjoncturelles alors que la situation actuelle résulte d’une déformation structurelle du système.
En suivant les théories classiques sur l’origine des crises conjoncturelles on peut en ébaucher la synthèse :

La circulation se fait par l’argent et ne se fait que par l’argent, le troc ayant une efficacité si faible pour les besoins de l’économie que nous n’avons même pas à l’envisager.
Si l’on considère que la valeur est celle de la vie et des biens dont elle a besoin, l’argent n’a que la valeur des biens et services qu’il permet d’échanger, ce n’est que le reflet de ces biens échangés. Dans ce sens la quantité totale d’argent en circulation a exactement la valeur de la quantité totale des biens et services qui s’échangent à un instant donné. Mais cette dernière est essentiellement variable, ce qui pose le problème principal de l’économie : comment trouver une stabilité en même temps qu’un effet moteur dans le rapport fluctuant des quantité des biens et services échangés à la quantité d’argent qui les mesure ?
Avant tout cette stabilité est-elle nécessaire ? Pas besoin de longs développements pour y répondre, chacun ayant sous les yeux l’inconfort, le désordre et l’injustice résultant d’une inflation excessive et mal maîtrisée, ou, au contr

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