Repenser le marché de l Afrique à partir du culturel
250 pages
Français

Repenser le marché de l'Afrique à partir du culturel , livre ebook

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250 pages
Français

Description

Les auteurs de cet ouvrage jettent un regard critique sur les constructions intellectuelles forgées pour le marché de l'Afrique. S'appuyant sur diverses expériences de terrain et sur des bases conceptuelles originales, ils tentent de rendre compte des spécificités et des cohérences propres aux échanges marchands entre Africains et entre Africains et non-Africains. Ce livre donne ainsi des repères tant méthodologiques que pragmatiques, touchant l'organisation et l'ingénierie culturelles.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 19
EAN13 9782296513013
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

25,50ISBN: 978-2-336-00590-4
Sous la direction de Félix NTEP et Lambert LIPOUBOU
Repenser le marché de l’Afrique à partir du culturel
Repenser le marché de l’Afrique à partir du culturel
Illustration de couverture de Sébastien Woznica, artiste sculpteur. Maison des Artistes W121349 - Coté Drouot - 0663318181 Site internet : http://www.arborisculpteur.com/ Cotation Drouot : http://arborisculpteur.drouot-cotation-artistes-modernes-contemporains.com/ http://arborisculpteur.guidarts.com/ http://arborisculpteur.artistes-cotes.com/ Facebook : http://fr-fr.facebook.com/ArboriSculpteur © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00590-4 EAN : 9782336005904
Sous la direction de Félix NTEP et Lambert LIPOUBOU Repenser le marché de l’Afrique à partir du culturel
Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa Dernières parutions Dianguina TOUNKARA,Essai sur l’émancipation de la femme malienne. La famille, les normes, l’État, 2012 Philippe MEGUELLE,Chefferie coloniale et égalitarisme diola, Les difficultés de la politique indigène de la France en Basse-Casamance (Sénégal), 1828-1923, 2012. Hassane GANDAH NABI,Commerçants et entrepreneurs du Niger (1922-2006), 2012 Alphonse MAKENGO NKUTU,Droit constitutionnel et re e pouvoir exécutif en RDC (1 et 3 Républiques), 2012. Alphonse NKOUKA-TSULUBI,50 ans de politique extérieure du Congo-Brazzaville, 2012. Dingamtoudji MAIKOUBOU,Les noms de personnes chez les Ngwabayes du Tchad, 2012 Abderrahmane NGAÏDÉ,L’esclave, le colon et le marabout. Le royaume peul duFuladude 1867 à 1936, 2012. Casimir Alain NDHONG MBA,Sur la piste des Fang. Racines, us et coutumes, 2012.Boubakari GANSONRE,Archives d’Afrique et communication pour le développement, 2012. Angelo INZOLI,Le développement économique du Burundi et ses acteurs, xixe-xxe siècle, 2012. Djibril DIOP,Les régions à l’épreuve de la régionalisation au Sénégal. État des lieux et perspectives, 2012 Vitaly TCHIRKOV,La Guinée face au handicap. La problématique des déficiences motrices à Conakry, 2012 Mohamed Lamine MANGA,La Casamance dans l’histoire contemporaine du Sénégal, 2012. Roda N’NO et Alice ATERIANUS-OWANGA,Akamayong-Nkemeyong. Recueil de textes de rap en langue fang nzaman, 2012.Théodore Nicoué GAYIBOR (dir.),Cinquante ans d’indépen-dance en Afrique subsaharienne et au Togo, 2012. Christian Thierry MANGA,Le Sénégal, quelles évolutions territoriales ?, 2012. N’deye Maty Sene, Le commerce des produits maritimes et fluviaux au Sénégal de 1945 à nos jours, 2012.
Introduction générale
parFélix NTEP
« À lire certains textes économiques, en particulier les rapports de la Banque mondiale, on serait parfois tenté de croire que le marché est une réalité nouvelle en Afrique. L’insertion de l’Afrique dans l’économie mondiale serait même un projet d’avenir, comme si le commerce triangulaire, qui a saigné à blanc l’Afrique pendant plusieurs siècles, e n’avait pas été une séquelle de la première mondialisation, celle du XVI siècle ! Le souscontinent noir en serait à découvrir les rapports marchands et les lois de l’économie moderne… » 1 Latouche Serge La série des études composant le présent ouvrage a été conçue en fonction de l’idée que le moment semblait opportun d’appeler des chercheurs à s’inscrire dans une nouvelle réflexion sur le marché, en particulier de l’Afrique. La raison en est que l’Afrique et son possible marché sont d’office disqualifiés dans certains textes économiques.
De la disqualification de l’Afrique… Certes, il existe une littérature sur l’objet Afrique, souvent de qualité, en témoignent les publications de Karthala et de l’Harmattan comme exemples d’éditions françaises qui constituent des sources d’instruction pour tous ceux qui veulent s’informer sur l’Afrique. On observe également une documen tation plus vaste, de statuts très divers, sur le développement de l’Afrique et sur les rôles dévolus aux acteurs de ce développement. Lorsqu’on parcourt quelques textes et surtout les rapports de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce, du Fonds monétaire international et de leurs continuateurs (Agences de développement, Agences de notation, Instituts de recherche et de développement et Organisations non gouverne mentales), on ne peut qu’être frappé par la richesse des connaissances qu’ils restituent. Il n’est pas surprenant de constater que l’Afrique est regardée pour ce qui manque. Les raisons convoquées ici et qui justifient ce manque sont multiples.
1 Latouche, 1998, p. 37 et s.
La première étant économique, car sorte de page sombre de l’humanité, l’Afrique est inscrite au dernier rang malgré ses réserves, les richesses de son soussol, et son potentiel (capital jeunesse, entrepreneurs, ses infrastructures naissantes…). Les statistiques officielles, les divers rapports et les images satellitaires ne laissent personne dans l’ignorance. Grâce à cette littérature, on sait aux chiffres près comment l’Afrique est ouverte à l’économiemonde. En 2005, la part de l’Afrique dans le commerce mondial représentait à peine 2 2 %. En 2008, sept pays africains seulement étaient classés parmi les cinq premiers producteurs mondiaux de mines et de métaux précieux (cf. table 1). Table 1 Les cinq premiers producteurs mondiaux de mines et métaux précieux er e rang pourrang pour le Chrome, l’Or et le Platine, 2 du Sud (1  l’Afrique e l’Antimoine, le Manganèse et le Titane, 4 rang pour le Diamant industriel), e rang pour le Diamant industriel),le Botswana (5 e le Congo Kinshasa (2 rang pour le Diamant industriel), e le Gabon (5 rang pour le Manganèse), e rang pour la Bauxite),la Guinée (2 e rang pour l’Uranium),la Namibie (5 e le Zimbabwe (4 rang pour la Platine). Source : World Metal Statistics Yearbook 2007 En 2010, seulement deux universités réputées d’Afrique du Sud seraient 3 classées parmi les meilleures au monde. Dans l’imaginaire collectif, ne peuvent entreprendre que ceux qui ont un capital relationnel important et maîtrisent des réseaux sociopolitiques. Pour reprendre les mots de Dufumier : «de la population africaine y46 % gagnerait moins de deux dollars par jour et ne disposerait toujours pas d’une ration suffisante pour couvrir ses besoins en calories alimentaires : 2200 calories par jour et par personne en moyenne. Les populations africaines sont ainsi fréquemment soumises à des graves périodes de déficit
2 On peut nuancer ici puisque, selon ces mêmes statistiques officielles, les réserves pétrolières africaines prouvées assuraient environ 11 % de la production mondiale (troisième région pétrolière du globe) et ses hydrocarbures couvraient 25 % des approvisionnements chinois (OMC, 2006, OCDE, 2006). 3 Jeune Afrique n° 25722573 du 25 avril au 8 mai 2010, p. 129. On peut également nuancer ici, car certaines universités non classées attirent beaucoup d’étrangers venus des pays occidentaux. Pour l’International Herald Tribune du 13 novembre 2003, les Américains qui étudiaient en Afrique étaient de cinq mille il y a six ans, de mille il y a quatorze ans. Mais quelle est la raison de la ruée des étudiants américains vers les universités de fortune ? Il suffit de lire l’article de Ricard, paru dansAfrique et Histoirede 2004), de parcourir les (Varia contenus de quelques enseignements et d’arpenter quelques couloirs des universités africaines, pour se rendre compte que l’Afrique n’est pas aussi en arrière que ce qu’on veut faire croire. Elle est en marche, en ce qui concerne la formation universitaire.
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céréalier, au cours desquelles les gouvernements sont contraints, pour éviter 4 les disettes, de faire appel à l’aide alimentaire internationale. » Dans le même registre, le rapport de la Banque Mondiale de 2009 note que la paupérisation de l’Afrique est consécutive et relative aux barrières sociales, aux conflits fratricides et frontaliers. Elle est également associée à son éloignement des aires transactionnelles occidentales et asiatiques, ceci empêchant du coup, le développement des échanges locaux et inter nationaux. Ce rapport est éloquent : «l’Afrique subsaharienne souffre aujourd’hui du triple inconvénient de la faible densité, de la longue distance et de la profonde division, qui constitue un important désavantage pour le continent en termes de développement. Ces dimensions spatiales réduisent la proximité entre les agents économiques au sein de l’Afrique subsaharienne et entre l’Afrique et le reste du monde. La causalité cumulative de ces forces combinées retient de nombreux pays subsahariens dans un piège de 5 proximité. » Cette Afriquelà, des chiffres, est horsjeu dans l’économiemonde. Elle n’existe qu’à travers l’image satellitaire. Cette dernière, relayée par les médias à travers les informations, le spectacle télévisé des génocides, des conflits ethniques, des luttes tribales, des coups d’État militaires, des sécheresses récurrentes, des famines quasi endémiques, de la démographie galopante, des pandémies avec bien sûr le spectre du sida, est, note Serge 6 Latouche, à l’aune des chiffres et renforce leur aridité objective ». En dépit des tentatives malheureuses de « recadrage » de son économie, à travers les vagues néolibérales imposées par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les ONG de développement, cette Afriquelà, officielle, des 7 images, reste en « marge » de l’économiemonde.
4  2007, p. 5. Un tel cliché, forgé pour la circonstance, est à la mode. Issu de l’imaginaire individuel ou collectif, mêlant souvent le vrai et le faux, ce cliché est dans toutes les têtes. Il se répand partout pour diffuser un prêtàpenser collectif auquel même des observateurs sérieux de la scène africaine n’échappent. 5 Banque mondiale, 2009, p. 284. 6 Latouche,op. cit., p. 11. 7  Il existe plusieurs actions de recadrage imposées à l’Afrique. En voici quelquesunes : programmes d’ajustement successifs des années 80, 90 et 2000, dévaluations successives des monnaies nationales des années 90, allégement des dettes bilatérales et multilatérales sous conditions, assainissement des budgets des fonctions publiques, modèle orthodoxe du libre échange au sein de chaque union douanière africaine, le codéveloppement, les droits de l’homme et la démocratie, la bonne gouvernance. Le codéveloppement étant une invention paradoxale française du développement partagé qui, à la lumière des résultats mitigés au Mali et au Sénégal en 2006 et 2007, a été boiteuse. Il supposait, en pratique, nous rappelle Aminata Traoré, « que des immigrés désireux de retourner dans leur pays ou ayant reçu une invitation à quitter le territoire français (IQTF) présentent des projets de création d’activités, puis qu’ils soient aidés financièrement et épaulés localement par une ONG spécialisée ainsi que par l’Office des migrations internationales (OMI). » (2008, p. 247)
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