Tahiti : une économie sous serre
196 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Tahiti : une économie sous serre , livre ebook

-

196 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

L'auteur fait le bilan des efforts de Tahiti vers l'autonomie économique depuis 1995, des réussites et des échecs, et essaie de suggérer des pistes de développement à long terme. Tahiti n'est donc plus une économie de garnison, mais est devenu une économie "sous serre": les prix y sont maintenus artificiellement élevés à l'intérieur grâce à l'éloignement et à la politique protectionniste, qui isolent complètement l'économie du système de prix mondial.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296462984
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55179-4
EAN : 9782296551794

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Tahiti : une économie sous serre
I LLUSTRATION DE COUVERTURE
Avec l’aimable autorisation de Tahiti Pacifique Magazine

MISE EN PAGE
Totem Infographie │ Tél : (687) 79 54 30 │ toteminfo@mac.com

www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

© L’Harmattan, 2011
Tous droits réservés
Bernard Poirine


Tahiti :
une économie sous serre
« Portes océanes »
Collection dirigée par Frédéric Angleviel,
Professeur des universités en histoire


C ette collection est dédiée en premier lieu à une meilleure connaissance de l’Océanie à partir de l’édition cohérente des articles épars de chercheurs reconnus ou de la mise en perspective d’une thématique à travers les contributions les plus notables. La collection « Portes océanes » a donc pour objectif de créer des ponts entre les différents acteurs de la recherche et de mettre à la disposition de tous des bouquets d’articles et de contributions, publications éparses méconnues et souvent épuisées. En effet, la recherche disposant désormais de très nombreuses possibilités d’édition, on constate souvent une fragmentation et une dissémination de la connaissance. Ces rééditions en cohérence se veulent donc un outil au service des sciences humaines et sociales appliquées aux milieux insulaires de l’aire Pacifique.
En second lieu, la collection « Portes océanes » a pour ambition de permettre la diffusion auprès du public francophone des principaux résultats de la recherche internationale, grâce à une politique concertée et progressive de traduction. Tout naturellement, elle permettra aussi la publication de colloques ou de séminaires sans s’interdire la publication d’ouvrages mettant à la disposition du public les derniers travaux universitaires ou des recherches originales.

Déjà parus

Frédéric Angleviel : Histoire de la Nouvelle-Calédonie. Nouvelles approches, nouveaux objets , 2005.
Sonia Faessel : Vision des îles : Tahiti et l’imaginaire européen. Du mythe à son exploitation littéraire (XVIII e -XX e siècles) , 2006.
Alain Moyrand : Droit institutionnel de la Polynésie française , 2007.
Mounira Chatti, Nicolas Clinchamps et Stéphanie Vigier : Pouvoir(s) et politique(s) en Océanie – Actes du XIX e colloque CORAIL , 2007.
Sémir Al Wardi : Tahiti Nui ou les dérives de l’autonomie , 2008.
Frédéric Angleviel (dir.) : Chants pour l’au-delà des mers. Mélanges en l’honneur du professeur Jean Martin , 2008.
Benoît Carteron : Identités culturelles et sentiment d’appartenance en Nouvelle-Calédonie , 2008.
Frédéric Angleviel et Jean-Michel Lebigre : De la Nouvelle-Calédonie au Pacifique , 2009.
Dumas Pascal et Lebigre Jean-Michel (dir.) : La Brousse, représentations et enjeux , 2010.
Marc Debene et Jean-Paul Pastorel : La « loi du pays » en Polynésie française , 2011.

À paraître
Nathalie Cartacheff : La vie quotidienne à Maré – Tome I : au temps des vieux.
Michel Wauthion : Langues et identités à Vanuatu.
Collectif : Franconesia. Études anglophones.
Collectif : Franconesia. Études italiennes.
Claire Laux et Céline Borello : Histoires religieuses d’Océanie.
Introduction
La Polynésie française est un archipel de 121 îles, dont 76 habitées, très isolé au milieu de l’Océan Pacifique Sud, à 17 000 km et 23 h d’avion de Paris, 6 200 km de Los Angeles, 8 800 km de Tokyo, 5 700 km de Sydney. La Polynésie française est à la fois très petite (la moitié de la Corse en superficie de terres émergées : 3 500 km 2 ) mais aussi très grande (l’archipel s’étend sur une superficie océanique de la taille de l’Europe, la zone économique exclusive dépasse 5 millions de km 2 ).
C’est une collectivité d’outre-mer (COM), dotée d’un statut de très large autonomie (un président, un drapeau, un hymne, une assemblée, des compétences élargies : seuls la monnaie, le crédit, la défense nationale, la police, la justice et l’enseignement supérieur restent compétences de l’État).
Au début des années soixantes, la population n’était que de 100 000 habitants, dont la plupart vivaient modestement de pêche, de la récolte de la nacre et du coprah, de la culture du café et de la vanille pour l’exportation, et de l’extraction du phosphate (dans l’île de Makatea). Aujourd’hui la population compte 250 000 habitants, le produit intérieur brut par habitant est proche de celui de la Nouvelle-Zélande (17 210 euros), le SMIG atteint 1 141 euros et la grande majorité de la population travaille dans le secteur tertiaire, dont une grande partie dans le secteur public, dans ce qui ressemble à une économie postindustrielle moderne.
Entre 1965 et 1985, en l’espace de vingt ans, l’archipel est donc passé d’une économie préindustrielle, équilibrant ses importations de produits manufacturés par ses exportations de produits de base (huile de coprah, nacre, phosphate, vanille, café), à une économie postindustrielle. Une évolution qui ailleurs a demandé 300 ans s’est produite en Polynésie française en vingt ans seulement.
À l’origine de cette grande mutation en l’espace de si peu de temps, le « boom » du CEP (Centre d’expérimentations du Pacifique), qui s’installe en 1964 pour mener des expériences nucléaires aériennes, puis souterraines, dans des atolls déserts des Tuamotu et ferme ses portes effectivement en 1996, avec l’arrêt définitif des essais nucléaires décidé par Jacques Chirac.
Les sommes dépensées par les militaires étaient énormes, à l’échelle du petit territoire peuplé de 100 000 habitants que représentait la Polynésie française à cette époque. En 1966 les dépenses du CEP représentaient les deux tiers du PIB. Cette manne irriguait l’économie à travers les nombreuses embauches de personnels civils et militaires, recrutés pour bâtir puis entretenir les installations à Tahiti et sur les sites d’expérimentations des Tuamotu (Moruroa, Fangataufa, et l’atoll de Hao qui servait de base logistique).
L’arrivée du CEP coïncide avec l’ouverture de l’aéroport international de Tahiti Faaa, qui va ouvrir la Polynésie aux échanges et au tourisme, et avec l’épuisement du phosphate de Makatea, qui marque le début d’une longue régression des exportations traditionnelles du Territoire, tandis que les importations s’envolaient avec l’apport énorme de pouvoir d’achat que représentaient les soldes des personnels civils et militaires employés par le CEP et l’armée.
À partir de 1974, le premier statut d’autonomie engendre une croissance de la fonction publique locale, en raison des nouvelles compétences dévolues au Territoire. Le second statut d’autonomie renforcée de 1984 engendre une croissance encore plus rapide de cette fonction publique locale, dont les traitements ont été alignés, au milieu des années soixante-dix, sur ceux des fonctionnaires expatriés, qui bénéficiaient à l’époque d’une majoration de 104 % de leur traitement métropolitain. Jusqu’en 1996, on avait donc une économie « de garnison », la principale ressource étant les dépenses civiles et militaires de l’État, dont l’effet multiplicateur sur l’économie locale était maximisé par le recours à une politique de plus en plus protectionniste, permettant à la fois d’augmenter les recettes fiscales du Territoire sans instituer d’impôt sur le revenu ou la fortune, et de protéger l’industrie locale de la concurrence des importations. Le taux moyen des taxes sur les importations passe ainsi de 17 % en 1974 à un maximum de 42 % en 1996, ce qui constitue à l’époque un quasi-record du monde (cela sans compter les mesures de protections quantitatives, telles que l’interdiction d’importation de la charcuterie, du café torréfié, et les quotas d’importation de fruits et légumes).
Avec le départ du CEP à partir de 1996, une nouvelle ère s’ouvre, et la Polynésie française, suivant les objectifs du Pacte de Progr&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents