Théorie de la monnaie et de la banque II
237 pages
Français

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Théorie de la monnaie et de la banque II , livre ebook

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Description

Si l'héritage de Schumpeter repose aujourd'hui exclusivement sur le rôle de l'innovation et de l'entrepreneur, sa contribution à l'analyse monétaire demeure plutôt méconnue. Il a pourtant consacré une part non négligeable de sa carrière à la rédaction d'un traité sur la monnaie, demeuré inachevé, mais ayant fait l'objet d'une publication posthume partielle en allemand, en 1970, sous le titre Das Wesen des Geldes. Grâce à la traduction française proposée ici dans une version complète, nous découvrons un aspect négligé de sa pensée : la monnaie comme hypothèse institutionnelle minimale à poser pour comprendre le fonctionnement d'une économie en perpétuel changement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2005
Nombre de lectures 168
EAN13 9782336281681
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cahiers d’économie politique
Collection dirigée par Jean Cartelier et Antoine Rebeyrol
Depuis plus de vingt-cinq ans, les Cahiers d’Économie Politique relient l’étude des économistes du passé aux débats actuels en théorie économique. Afin de mieux poursuivre cet objet, une collection d’ouvrages est créée. Y prendront place principalement des textes d’auteurs anciens devenus introuvables ou demeurés inédits, mais aussi des essais originaux.
Titres parus
Marquis de Mirabeau, François Quesnay, Traité de la monarchie, 1999.
Gilbert Abraham-Frois et Émeric Lendjel (présentées par), Les oeuvres économiques de l’abbé Potron, 2004.
Théorie de la monnaie et de la banque II

Joseph Aloys Schumpeter
© L’Harmattan, 2005
9782747580274
EAN : 9782747580274
Sommaire
Cahiers d’économie politique Page de titre Page de Copyright Chapitre 10. “Conséquences” Chapitre 11. La théorie du niveau des prix Chapitre 12. La théorie du processus monétaire et du fonctionnement du marché monétaire Chapitre 13. International Chapitre 14. Problèmes de la monnaie marchandise Chapitre 15. Inflation, déflation, reflation Compléments pour l’étude de la monnaie et de la banque : L’expansion du crédit BIBLIOGRAPHIE INDEX
Chapitre 10. “Conséquences”
1. La connaissance acquise sur la nature de la méthode monétaire nous conduit directement aux quelques conclusions suivantes. Elles découlent, d’une part du constat que la monnaie n’est rien d’autre qu’un instrument technique de la comptabilité sociale et, d’autre part, de la meilleure compréhension de la façon particulière dont la monnaie remplit cette fonction.

a) La monnaie n’est pas un bien ou une marchandise, sa caractéristique est de leur servir de contrepartie. Il est évident que l’unité de compte utilisée dans un système de compensation pur et dans le règlement des marchandises n’est pas une marchandise et qu’elle n’en devient pas une par le fait qu’à chaque solde seraient liées des estimations des valeurs dérivées de celle-ci. Il doit, de même, être clair que la relation entre l’unité de compte et la valeur d’une marchandise ne change rien à ce fait, même si cette unité de compte est, par exemple, matérialisée en une pièce de métal. Une telle relation n’est évidemment pas pour autant une identité logique. Cet état de fait au fond très simple est difficile à interpréter, si cette relation est considérée comme fondamentalement nécessaire, ce qui explique le peu de satisfaction ressentie à la suite des tentatives pour faire valoir le point de vue auquel on parvient dans le cadre de la théorie de la monnaie-marchandise, comme la tentative par exemple pour définir la valeur de la monnaie par analogie avec celle des moyens de production (Pareto et autres) ou pour montrer que l’estimation de la valeur des marchandises-monnaies a un point de départ historique (von Wieser).

Si la monnaie n’est pas un bien, alors il ne peut y avoir de besoin de monnaie, comme il y a un besoin de pain ou d’acier. C’est le fondement logique du principe ancien selon lequel, dans une économie, contrairement à la quantité absolue d’un bien, la quantité absolue de monnaie est fondamentalement indifférente, quoiqu’il soit possible, naturellement et de façon très compréhensible, de parler de besoin d’une forme particulière de monnaie, de besoin de monnaie dans le cadre de quantités de marchandises, de prix des marchandises ou d’habitudes de paiement - besoin d’encaisses et autres - donnés. On gagne cependant beaucoup plus en clarté que ce qui est perdu en commodité, quand on renonce à développer l’analogie formelle simple qui peut être faite entre besoin de monnaie et besoin de biens.
C’est pourquoi il paraît préférable de ne pas avoir recours à la loi de l’offre et de la demande pour résoudre le problème de l’estimation de la valeur de marché de la monnaie par rapport aux marchandises et de se limiter aux opérations sur le marché de la monnaie. Par prix de la “monnaie” nous n’entendrons donc que le prix qui s’exprime par le taux d’intérêt et non pas le “prix” qui est identique à la valeur réciproque du prix des différentes marchandises 1 . Dans le premier cas c’est le terme monnaie qui est utilisé dans un sens impropre et dans le second c’est le terme prix, et mélanger les deux semble alors d’autant plus absurde que l’on est certain de la confusion populaire argent bon marché = taux d’intérêt faible et argent bon marché = prix des marchandises élevés. Mais il est naturellement possible à des fins monétaires de parler d’offre et de demande de marchandise-monnaie.

b) Du fait que la monnaie n’est pas un bien et qu’elle ne sert pas à satisfaire un besoin comme le font directement les biens de consommation et indirectement les biens de production, découle la caractéristique des créances en monnaie légale par rapport aux créances sur n’importe quel autre bien et cela nous permet de comprendre la capacité technique présentée précédemment de “créer du pouvoir d’achat par le crédit”. Il est évident que, pour aucun bien, il ne peut normalement arriver que des créances portant sur des quantités de celui-ci, par exemple du blé, des chevaux, des chaussures, permettent fondamentalement la même chose que le blé, les chevaux, les chaussures eux-mêmes, de telle sorte que ces créances puissent concurrencer les biens dans leur utilisation et acquérir une valeur propre. Ce n’est possible que pour la monnaie et ce n’est que dans ce cas que certaines formes de créances en monnaie, comme par exemple les billets de banque - quelle que soit la théorie monétaire à laquelle on adhère 2 - non seulement peuvent mais même doivent être considérées comme de la monnaie. Il en résulte encore une fois que de telles créances, économiquement, ne peuvent être considérées de même nature et ne peuvent avoir la même signification que des créances sur des biens 3 . La signification normale et le sens économique d’une créance sur un bien résident dans la fourniture de ce bien. La signification d’un chèque ou d’un billet de banque par exemple n’est certes pas d’être remboursés en ce en quoi ils sont libellés. Bien plus, le système dans son ensemble est organisé pour que des créances réciproques viennent se compenser sans qu’un paiement soit nécessaire. La construction juridique ne traduit ici absolument pas la nature du phénomène comme elle le fait avec des créances sur des biens, mais elle a uniquement une signification technique et, comme nous l’avons déjà vu, de sécurité. C’est pourquoi, aussi, la suspension de l’obligation de conversion des billets de banque n’a pas les mêmes conséquences économiques qu’elle aurait si elle concernait des créances portant sur n’importe quel autre bien et elle est autre chose qu’un moratoire. Cela n’a donc pas de sens de considérer, comme le font de nombreux théoriciens anciens, le détenteur d’un billet de banque ou d’un chèque comme octroyant un crédit à la banque émettrice. Il ne transmet rien et ne renonce à rien. Il détient au contraire un “pouvoir d’achat” immédiat avec lequel il peut faire exactement la même chose, en particulier de la même façon acheter des biens de consommation, qu’avec la monnaie sur laquelle porte sa “créance” et il n’est, dans ce cas précis, du point de vue économique, qu’un bénéficiaire de crédit.

c) La quantité d’un bien, qui peut être augmentée par l’émission de créances exprimées en ce bien, apparaît comme quelque chose de tout à fait problématique. Mais pour l’instant, avant de traiter des difficultés statistiques qui ne manquent pas dans l’estimation de la quantité de monnaie légale disponible, et avant de préciser ce qui doit être comptabilisé dans la masse monétaire, il nous faut nous intéresser à une question beaucoup plus fondamentale. 4 La théorie monétaire ancienne considérait la masse monétaire comme une donnée qui détermine les autres grandeurs auxquelles elle s’intéresse, sans être elle-même déterminée par celles-ci. Comme nous le savons et ceci était connu de chaque auteur, cette conception, rien qu’en raison des effets de la production d’or sur les prix des marchandises, ne pouvait en aucune façon apparaître comme conforme à la réalité. Cependant

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