Venezuela : pétrole et rébellion des managers
103 pages
Français

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Venezuela : pétrole et rébellion des managers , livre ebook

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Description

L'industrie pétrolière vénézuélienne a subi une paralysie presque totale consécutive à un arrêt de travail de ses propres managers. Cette rébellion des managers pourrait-elle être imputée à la force exercée sur la société contemporaine par la "pensée" managériale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 255
EAN13 9782296690851
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Venezuela :
pétrole et rébellion
des managers
La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler,
Jacques Poulain , Patrice Vermeren

Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de récriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l’argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.

Dernières parutions

Luc LEGUERINEL, Enjeux et limites des théories contemporaines de l’action . De la praxéologie à la pragmatique , 2009.
Jad HATEM, Schelling. L’angoisse de la vie , 2009.
Sous la direction de S. FOISY, C. THERDEN et J. TREPANIER, L’expérience esthétique en question , 2009.
Sinan EVCAN, La politique à travers Lautréamont , 2009.
Irma Julienne ANGUE MEDOUX, Richard Rorty, Un philosophe conséquent , 2009.
Jorge DÁVILA


Venezuela :
pétrole et rébellion
des managers


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10823-3
EAN : 9782296108233

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
PREFACE


C’est au XXème siècle. Un pays qui évoque la richesse facile, celle qui provient d’un produit fait par la nature et dont la machine mondiale de production a un besoin insatiable. Le Venezuela, le pétrole. Une société bouleversée par cette richesse pétrolière. Elle passe d’une vie de groupements sociaux éloignés les uns des autres (et chacun éloigné de ses propres racines culturelles), pourtant réunis depuis la guerre d’indépendance autour de l’espoir de façonner un État moderne, à une société dont la pauvreté et la misère deviennent le présent et le futur certain de près de 80 % de la population. Là-bas à la fin du vingtième siècle le tableau est pathétique : un simulacre d’État disposant d’une énorme richesse et une société marquée par l’ambition d’une petite classe très riche contrôlant tout pouvoir par l’imposition d’un grotesque simulacre d’économie et de culture. La politique ? Son jeu était une caricature de démocratie par l’intermédiaire d’un engrenage de partis oxydés mais bien graissés par l’huile de l’État. La population semblait hors-jeu dans la mesure où tout l’espoir politique chanté par la classe dominante se réduisait au chant de l’efficacité et de l’efficience nécessaires pour s’inscrire dans la globalisation. La machine de production de la richesse vénézuelienne fut la cible de ce discours qui se substituait à la politique.

Et voilà une surprise : arrivé par voie d’élection, un nouveau gouvernement promet une révolution. Il s’y tient. Deux ans après, la réaction éclate dans le sein de l’industrie pétrolière. En décembre 2002 les managers vont aller jusqu’au bout : ils paralysent l’industrie en se donnant pour but la chute du gouvernement. Une rébellion ?

À l’époque, l’auteur de ce texte était en France. Il l’a rédigé en essayant de s’en tenir surtout à sa condition d’amoureux de la philosophie. Six ans après avoir écrit cet essai, qui a aussi été publié en version espagnole en 2006, il considère que sa lecture pourrait intéresser le public français, pas seulement pour la compréhension de la révolution bolivarienne, mais surtout pour celle de la question du pouvoir.

Assistons-nous dans ce siècle naissant à la scène d’un pouvoir dépourvu de discours ? Mais, si l’on parle des discours des hommes politiques, ils crient avec des forces inédites, dirait-on. Et si ces cris cachaient un autre discours qui affiche un désintérêt pour le pouvoir ? Quelle sorte de discours est celui-ci ? Et pour quelle sorte de pouvoir ?

Ce texte propose plutôt une réflexion autour du phénomène de l’invasion de plus en plus visible du discours managérial dans la vie ordinaire de la société contemporaine. Peut-être donc le lecteur français y trouvera-t-il d’autres occasions de s’interroger sur ce mouvement constant de la société contemporaine : ce qu’on lui propose ici, c’est de suivre le fil de la profusion du discours managérial.


Paris, octobre 2009
*


L’auteur remercie l’Université de Paris XII et son Département de Philosophie, de son accueil comme professeur invité pendant l’année 2002-2003 et encore cette année 2009-2010. Ce texte fait partie des recherches qu’il a pu y poursuivre en pleine liberté. Les remerciements vont particulièrement, pour leur soutien amical, aux collègues : Alain Gigandet, Frédéric Gros, Paul Mengal, Patricia Pol. Aussi à Patrice Vermeren, de l’université de Paris VIII, qui a fortement stimulé l’édition de ce texte.


*
INTRODUCTION
La rébellion n’est pas compatible avec le management. Une phrase comme celle-ci doit pouvoir se trouver dans la littérature du management, tellement elle est vaste. Dans ce travail nous nous proposons d’interroger la véracité de l’affirmation qui soutient qu’entre management et rébellion il y a incompatibilité. Pour cela nous aurons recours à l’analyse d’un cas très particulier : le comportement du management de la compagnie de production pétrolière du Venezuela.

Il se trouve que dans le corpus de la littérature du management on ne met presque jamais l’accent sur des thèmes comme celui de la rébellion. Nonobstant, comme cette littérature constitue un domaine où il est possible de faire référence à pratiquement tout l’éventail des connaissances, le langage politique n’a pas échappé au champ des connaissances propres au management. A partir des années quatre-vingt au moins, apparaît l’usage de la notion de rébellion et d’autres notions semblables. Dans cet usage, les termes rébellion et management se font compatibles en donnant au premier, et toujours dans le contexte du deuxième, un sens métaphorique. C’est ainsi qu’on peut rappeler qu’on a catalogué Bill Gates comme "rebelle", lui aussi bien que ses collègues, pendant leur jeunesse, au moment où ils ouvraient les premiers chemins des ordinateurs personnels. L’usage de l’adjectif rebelle était métaphorique, évoquant ceux qui bouleversaient la manière d’organiser la production dans le but de rendre l’organisation encore plus productrice. Le meilleur témoin en est maintenant le capital accumulé par ce jeune "rebelle".

Il est bien entendu que cet usage métaphorique se trouve depuis longtemps généralisé dans plusieurs contextes. Du sens métaphorique de la notion de rébellion il y a un usage tout à fait banal qui se réfère au refus d’obéir à certaines

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