Inconcevable critique du travail
136 pages
Français

Inconcevable critique du travail , livre ebook

136 pages
Français

Description

Pourquoi le travail est-il aussi sacralisé ? Dans quelles mesures les interrogations sur son sens et sa finalité demeurent-elles toujours aussi stériles ? A quel point ses influences sont-elles néfastes pour l'homme et son environnement ? En écornant la rigidité du système actuel, cet essai, qui prend à contrepied de nombreuses idées reçues, tente de fournir des éléments de réponse.

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Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 42
EAN13 9782296503908
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Inconcevable criîque du travail Analyse sociologique des conséquences de l’acIvité humaine
Christophe Dargère
Inconcevable criîque du travail Christophe Dargère Analyse sociologique des conséquences de l’acIvité humaine
Inconcevable criîque du travail
Préface de Dietrich Hoss
PosFace de Claude Javeau
Inconcevable critique du travail
CollectionDes Hauts et Débats,
L’Harmattan
Dirigée par Pascal LARDELLIER, Professeur à l’Université de Bourgogne
pascal.lardellier@u-bourgogne.fr
Titres parus ou à paraître :
Serge Chaumier,L’inculture pour tous. Utopie des politiques culturelles(2010)
La nouvelle
Sarah Finger et Michel Moatti, L’Effet-médias. Pour une sociologie critique de l’information(2010)
Arnaud Sabatier,Critique de la rationalité administrative. Pour une pensée de l’accueil(2011)
Claude Javeau,Trois éloges à contre-courant(2011)
Christophe Dargère,Inconcevable critique du travail (2012)
Anne Van Haecht,Crise de l’école, école de la crise (2012)
Elise Müller,Porteurs d’encre. Une anthropologie esthétique du tatouage(2012)
Daniel Moatti,Le débat confisqué. Pédagogues et Républicains(2012)
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L'école, entre
Christophe Dargère
Inconcevable critique du travail
Analyse sociologique des conséquences de l’activité humaine Préface de Dietrich Hoss Postface de Claude Javeau
Du même auteur Si ça vient à durer tout l’été… Lettres de Cyrille Ducruy, soldat écochois dans la tourmente 14-18, Paris, L’Harmattan, 2010. Je vous écris de mon hôpital… Destins croisés de six soldats ligériens blessés pendant la Grande Guerre, Paris, L’Harmattan, 2011. Enfermement et discrimination. De l’entité médicosociale à l’institution stigmate, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2012. © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99699-1 EAN : 9782296996991
Préface
 La lutte contre le travail a commencé ! L’inconcevable est en train d’être conçu. Voilà une preuve de plus avec ce livre de Christophe Dargère, un véritable cri d’alarme contre le travail. Le « Manifeste contre le travail » deKrisistrouvé un certain intérêt au niveau a international. Cette revue et la revue ExitAllemagne, en ainsi que quelques auteurs un peu partout dans le monde comme Moïshe Postone et John Holloway se sont lancés à la redécouverte de l’authentique pensée de Marx. Il ne s’agissait pas de libérer le travail mais de s’en libérer. Son idéologie envisageait une société basée sur l’exercice des facultés créatrices des hommes, librement associés. Elle voyait dans les« Grundrisse »,brouillon du le Capital, s’annoncer une phase du développement des forces productives où la création des richesses était moins le fruit du travail immédiat que le résultat des sciences et techniques, dugeneral intellect, c'est-à-dire du niveau général culturel de « l’individu social ». Ce stade est atteint aujourd’hui. Mais à la place d’un nouvel ordre social envisagé par Marx qui reposerait sur le loisir à la place du travail, on assiste au considérable effort de toutes les entités dirigeantes du vieil ordre pour défendre ce concept comme principe de base immuable. À la marginalisation inéluctable du travail vivant comme source de productivité, suite à l’automatisation et à « l’immatérialisation » de la production, on répond par la transformation de la moindre expression vitale en travail. Ainsi, toute forme de loisir, de jeu et de divagation, tout exercice gratuit, mental ou physique, devient tendanciellement travail. La performance, l’effort extrême, la concurrence sont des critères qui régissent aussi bien le sport que les vacances, les jeux vidéo et la sexualité. Gare à ceux qui ne savent pas transformer le non-travail en
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activité auto entrepreneuriale, en auto exploitation, voire en thérapie occupationnelle ! Ils sont stigmatisés et condamnés à l’exclusion sociale en tant que chômeurs, assistés, SDF, improductifs… Effectivement, en général, ce n’est pas le travail qui est critiqué, mais le non-travail. Ce n’est pas le loisir, la rêverie gratuite, la contemplation qui sont valorisés, comme c’était le cas chez les fondateurs de notre civilisation, mais le travail sous toutes ses formes, même les plus abrutissantes et les plus aliénantes. De même, il ne s’agit plus, comme dans la tradition de l’ancien esprit du capitalisme, de glorifier le métier, la professionnalité, le travail bien fait. Désormais il convient de célébrer le gaspillage d’efforts les plus ridicules, les plus futiles et souvent les plus destructeurs pour celui qui se les inflige, comme pour ceux qui en subissent les conséquences. Même les représentants politiques et syndicaux des salariés ne sont pas capables de s’émanciper du culte du travail. Ils sont figés dans un irréalisme utopique, cantonnés dans l’espoir d’un impossible retour aux années glorieuses (garantes d’un certain équilibre de classes), et de l’illusoire domestication sociale du capitalisme. Mais la lutte contre le travail a trouvé ses premiers éclaireurs. On ne redécouvre pas seulement le Marx visionnaire de l’abolition de la forme travail et de la tradition anti-travail dans les mouvements ouvriers et révolutionnaires. Il y a le défi lancé par le texte programmatique de Paul Lafargue,Droits à la paresse, les libertaires des années vingt, tel Schuurman, cité par Christophe Dargère, ainsi que le Debord duNe travaillez jamais ! Il y a également de multiples expérimentations pratiques. Dans les années 60-70 il y avait les Beatniks, les Hippies et autres « décrocheurs » (lesAussteiger, comme on appelait les déserteurs du travail en allemand). Dans les
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années 90, un peu partout dans le monde, apparaissent les « chômeurs heureux », les squatteurs, les créateurs de systèmes d’échanges locaux et d’autres formes d’économies de subsistance et d’entraide. L’Américain Bob Black proposa un slogan unificateur pour cette nouvelle mouvance : « No one should never work. Workers of the world… Relax ! » Dans les contextes du travail même, naissent des initiatives du genre « travaillons autrement ! » Les «désobéisseurs » et les réfractaires d’un travail octroyé, offensant l’éthique d’un engagement pour une cause humaniste, pédagogique, médicale, scientifique, culturelle, s’organisent pour redonner du sens à leur activité. Des « anonymous » créent une communauté internationale de détourneurs du travail informatique et de communication. Face à l’irréalisme utopique rétrograde commence d’émerger un utopisme réaliste cherchant à développer les bases conceptuelles et pratiques d’une sortie de la société du travail. Saluons donc le livre de Christophe Dargère, qui est une contribution à cet objectif !
Dietrich Hoss Professeur émérite de sociologie Université Lumière Lyon 2
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« L’activité productive du travailleur est rentabilisée sous tous ses aspects et dans toutes ses phases et sa vie quotidienne toute entière est soumise au calcul de rentabilité : les assurances vie, le déficit de la sécurité sociale, l’espérance de vie, la probabilité des accidents du travail ou de la route, les temps de transport ou le temps de sommeil, tout est calculé et intégré dans une compatibilité générale des coûts et des dépenses. Tout se chiffre, tout se mesure, y compris les manques à gagner des handicaps, les arrêts de travail, la durée des loisirs et le prix de la mort. Les conséquences de ce système industriel totalitaire peuvent aisément se lire après cent cinquante ans de « progrès capitaliste ». La première, en général soigneusement passée sous silence par les thuriféraires du capital, concerne les « pertes humaines », la production massive d’invalidités de toutes sortes dues à la pénibilité du travail. (…) De ce point de vue la production capitaliste est fondamentalement uneanti-production, une production de blessés et de morts, avec son cortège de nuisances, de pollutions, de dilapidations et de destructions. Les accidents du travail, souvent mortels et dont le nombre n’est pas négligeable, illustrent la nature cannibale de la production capitaliste, d’autant que ces accidents ne sont que la partie visible d’un immense iceberg de destructions mortifères : maladies professionnelles graves et chroniques, pathologies industrielles diverses, mutilations et incapacités plus ou moins importantes. La machinerie capitaliste broie littéralement les corps ouvriers et l’on comprend que Marx ait pu évoquer ce « mécanisme terrible […] fournissant, avec la régularité des saisons, son bulletin de mutilations et d’homicides industriels ». À cela il faut ajouter les multiples nuisances qui accompagnent le travail lui-même (bruit, atmosphère polluée, stress divers, arbitraire patronal, harcèlement et autoritarisme de l’encadrement). On saisit sans peine par conséquent que dans ces bagnes que sont les entreprises, bureaux, ateliers et chantiers capitalistes l’individu se sente prisonnier d’une logique aliénante à laquelle il ne peut échapper. La fatigue physique et nerveuse, la monotonie de la division du travail, l’ennui profond engendré par des tâches répétitives, l’usure précoce ont pour conséquence que le travailleur finit par se résigner au labeur comme contenu saturant son existence. Au bout de nombreuses années de travail au service du capital il s’est étiolé, détérioré, brisé, au même titre que les instruments sur lesquels il a usé sa santé. Son départ à la 1 retraite n’est alors qu’une anticipation de la mort. »
1  - Jean-Marie BROHM,Figures de la mort, Perspectives critiques, Paris, Beauchesne, 2008, pp. 147-149.
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À mes amis Claude, Dietrich et Fabien.  Je leur dois ce petit murmure…
« Murmurer, c’est résister. C’est dire, même si personne ne veut l’entendre, qu’on n’accepte ni le Big Mac ni le club Med, ni le triomphe du couple Bill Gates-Walt Disney, et pas davantage le tout-football ou le tout-rock n’roll. Qu’il y a des choses qui sont sérieuses et d’autres qui ne le sont pas : parmi celles-là, la famine, la misère, l’exploitation, le chômage, la violence des banlieues, l’école, la recherche scientifique, la création artistique ; parmi celles-ci, les deuils à la Cour d’Angleterre, les Coupes du Monde de tel ou tel sport, les amours des vedettes du show business, les pantalonnades du président 1 des Etats-Unis. »
1 - Claude JAVEAU,Le petit murmure et le bruit du monde, Fribourg, Academic Press Fribourg, 2010, pp.74-75.
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