Les travailleurs birmans dans le Nord de la Thaïlande

Arnaud Mailhos

Description

Deux millions de migrants birmans travaillent aujourd'hui en Thaïlande. En grande partie clandestine, leur présence massive dans certaines régions a créé un véritable pays dans le pays. Quelles raisons poussent ces populations à s'exiler et à choisir des conditions de vie souvent sordides ? Quelle est la part de complicité des systèmes de pouvoir locaux dans la création d'une zone de droit spécial à la frontière birmano-thaïe ? Quel rôle jouent les forces internationales et les ONG ?

Sujets

• Interculturel
• Immigration

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2013
• Nombre de lectures: 23
• EAN13: 9782296539846
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

ARNaUD MaîOS

Les trAvAILLeurs bIrMAns dAns Le nord de LA tHAïLAnde GéOpOîTîqUE D’UN payS caNDESTîN

DIPLOMATIE ET STRATEGIE

Les travailleurs birmans dans le nord de la Thaïlande

« Diplomatie et stratégie »

Collection dirigée par Emmanuel Caulier

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Arnaud Mailhos

Les travailleurs birmans dans le nord

de la Thaïlande

Géopolitique d’un pays clandestin

© L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-01008-3 EAN : 9782343010083

Sommaire



       



     



        
 




   


   
    


  
      
 

  

 



        




       
 


      





           
    

   
 



  




Préface Environ deux millions de migrants birmans travaillent aujour- d’hui en Thaïlande. Dans un pays où les procédures d’immigration sont compliquées et onéreuses (plus d’un mois de salaire, outre les frais de l’intermédiaire), la majorité d’entre eux contournent les pro- cédures légales, ne sont pas couverts et peuvent être victimes d’abus.

Dans la confusion, les gouvernements provinciaux du nord-ouest de la Thaïlande ont introduit de nouvelles législations qui ne font qu’exacerber le problème. Les travailleurs migrants n’ont plus le droit de sortir de la province où ils travaillent sans autorisation spéciale. Ils n’ont le droit non plus de conduire le moindre véhi- cule, fut-ce une simple motocyclette. Ils ne peuvent se joindre à un groupe de plus de cinq personnes et n’ont pas le droit de détenir un téléphone portable sans autorisation expresse de leur employeur. Cette marginalisation affecte également les enfants, le plus sou- vent exclus de toute forme de scolarisation ; soit près de400 000 enfants, selon l’enquête d’Arnaud Mailhos.

L’auteur brosse un tableau critique des procédures de régulari- sation des travailleurs migrants en Thaïlande, “chronique de l’échec”. Puis il pose les questions suivantes : pourquoi ces tentatives, pour- tant répétées, n’ont-elles en majorité pas abouti ? Pourquoi ces tra- vailleurs sont-ils prêts à faire face à une vie difficile, le plus souvent en marge de la légalité, dans un pays qui les considère avec suspi- cion, à la merci d’intérêts économiques et politiques oppressants ? Cette étude structurée et fouillée d’Arnaud Mailhos nous ren- seigne sur le manque d’opportunités économiques en Birmanie, les situations de violence que connaissent beaucoup de ces travailleurs dans leur région d’origine, l’appel d’air d’un système économique qui dépend d’une main-d’œuvre peu qualifiée et bon marché, ainsi que sur la présence de réseaux birmans au royaume de Siam. Ce livre nous permet de plonger au cœur d’un système unique au monde. Il dévoile les luttes d’influence entre pouvoir central et pouvoir local, un jeu dans lequel l’État “joue un jeu subtil, entre impulsion et retrait savamment calculé”. Il nous renseigne sur le degré de corruption des pouvoirs lo- caux, il dévoile un modèle industriel reposant sur le travail à bas

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coût, ainsi qu’un un régime légal qui renforce la précarité de la si- tuation des immigrants, face à une population locale parfois hostile. L’auteur n’oublie pas de signaler l’importance des questions po- litiques nées des deux côtés de la frontière. Enfin et surtout, il dé- nonce une exploitation érigée en système, mettant en exergue la gra- vité des situations, individuelles et familiales, de ces travailleurs mi- grants.

Arnaud Mailhos est l’ennemi de la superficialité. Comme beau- coup de monde, je croyais tout savoir, mais je me suis vite aperçu que je ne savais pas grand-chose du sort de ces deux millions d’êtres humains. Cet ouvrage documenté aux meilleures sources est à la fois exhaustif, profond, pénétrant, et choquant.

Serge Besanger est spécialiste de l’Asie, enseignant-chercheur à l’ESCE.

Introduction

: Un pays dans le pays

Si la situation des camps de réfugiés de la frontière birmano- thaïe est souvent bien connue et documentée, ne serait-ce qu’en rai- son de la prédilection médiatique pour ce genre de sujets, le phéno- mène du travail migrant clandestin dans la même zone frontalière reste peu étudié, connu seulement de quelques parties prenantes. Pourtant, c’est un phénomène-clef dans la compréhension de la situation d’un sous-ensemble régional du Triangle d’Or. Du fait des problématiques géopolitiques sous-jacentes, de la présence d’usines sous-traitant aux grands groupes internationaux, de l’action d’ONG relayant ces questions au niveau national et international, la pré- sence massive de travailleurs migrants birmans en Thaïlande, et particulièrement dans les régions frontalières, est une question qui dépasse le cadre local. La présence sur le territoire thaïlandais de plus de deux mil- lions de travailleurs birmans migrants, dont la majorité vit en si- tuation de clandestinité, suffit à établir l’importance du phénomène. Dans la seule région frontalière de Maesot, que nous étudierons plus particulièrement, ce sont200,000à300,000travailleurs birmans qui vivent en marge du pays légal. Ces personnes viennent chercher du travail en Thaïlande, poussés par de nombreux facteurs dont le plus important est le manque d’opportunités économiques en Birmanie. Ils restent quelques années sur le territoire thaïlandais, souvent sans intention de s’y fixer, afin de se constituer un pécule ou de faire vivre leur famille en Birmanie. L’étude de la situation des travailleurs migrants birmans, loin de ne présenter d’intérêt que pour des rapports d’ONG, permet de saisir de nombreuses problématiques, politiques, géopolitiques, éco- nomiques et humanitaires. Elle permet d’approcher ce qui constitue un pays dans le pays, avec, en matière économique, des lois d’ex- ception et une réalité unique.

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