La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 janvier 2012 |
Nombre de lectures | 194 |
EAN13 | 9782296480544 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
PÔLE EMPLOI ET LES CHÔMEURS
Educations et Sociétés
Collection dirigée par Louis Marmoz
La collection Educations et Sociétés propose des ouvrages, nés de recherches ou de pratiques théorisées, qui aident à mieux comprendre le rôle de l’éducation dans la construction, le maintien et le dépassement des sociétés. Si certaines aires géographiques, riches en mise en cause et en propositions, l’Afrique subsaharienne, l’Europe du Sud et le Brésil, sont privilégiées, la collection n’est pas fermée à l’étude des autres régions, dans ce qu’elle apporte un progrès à l’analyse des relations entre l’action des différentes formes d’éducation et l’évolution des sociétés.
Pour servir cet objectif de mise en commun de connaissances, les ouvrages publiés présentent des analyses de situations nationales, des travaux sur la liaison éducation-développement, des lectures politiques de l’éducation et des propositions de méthodes de recherche qui font progresser le travail critique sur l’éducation, donc, sans doute, l’éducation elle-même...
Dernières parutions
Gilles PINTE, L’expérience et ses acquis , 2011.
Françoise HEBAUX, La pensée unique à l’université , 2010
Louis MARMOZ et Véronique ATTIAS DELATTRE (dir.), Ressources humaines, force de travail et capital humain , 2010.
Madeleine GOUTARD, L'école porteuse d'avenir, 2010.
Moussadak ETTAYEBI, Renato OPERTTI et Philippe JONNAERT (dir.), Logique de compétences et développement curriculaire. Débats, perspectives et alternative pour les systèmes éducatifs , 2008.
Gilbert TSAFAK, L’enseignement universitaire à distance en Afrique subsaharienne , 2008.
Yves ALPE et Jean-Luc FAUGUET, Sociologie de l’école rurale , 2008.
Mamadou BELLA BALDE, Démocratie et éducation à la citoyenneté en Afrique , 2008.
Claude CARPENTIER (dir.), L’école dans un monde en crise, 2008.
Claude CARPENTIER, La politique scolaire sud-africaine face aux inégalités , 2007.
Rose-Marie BOUVET
PÔLE EMPLOI ET LES CHÔMEURS
Une ethnographie de l’intérieur
Préface de Ali Aït ABDELMAKEK
L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56620-0
EAN : 9782296566200
A mes enfants
Remerciements à Patrick
PRÉFACE
Les recherches menées auprès des chômeurs ont un double objectif : dénoncer la progression, l’augmentation du taux de chômeurs, notamment chez les jeunes, et mettre en lumière la politique de l’emploi du gouvernement. On apprend ainsi, régulièrement, que « le pronostic de croissance pour l’année, vient d’être révisé à la baisse ». Ainsi, autre sujet d’inquiétude au travers des « enquêtes emploi » de l’INSEE : la légère augmentation, en 2011, du taux d’activité des plus de 50 ans s’accompagne d’une forte hausse du chômage des plus jeunes. Selon Isabelle Sargeni-Chétaud, il s’agirait des « premiers effets des réformes des retraites précédentes qui ont déjà sensiblement retardé l’âge auquel on peut quitter le marché du travail » (Revue : Pour , 146, 2010, p. 8).
On sait, aujourd’hui, le risque que dénonce le Bureau International du Travail (B.I.T.) : en 2009, 81 millions de 15-24 ans étaient sans emploi ; pour lutter contre ce véritable « gâchis », le B.I.T. a appelé les gouvernements, des pays industrialisés et des pays émergents (90 % de la population dite « jeune »), à maintenir leurs programmes de soutien pour l’emploi des jeunes (Pour, ibid. ).
En France, le ministère du Travail avait encore débloqué plus de 500 millions d’euros d’aides aux entreprises recrutant des apprentis mais sans grand succès : pas de quoi pavoiser, disent les syndicalistes sur la politique du gouvernement ! Le Revenu de Solidarité Active « Jeunes » est composé d’un « R.S.A.-Socle » et a remplacé le R.M.I ; il complète de faibles revenus du travail. Les jeunes de moins de 25 ans peuvent le demander, mais ils devront avoir travaillé l’équivalent de deux ans au cours des trois dernières années, mission quasi-impossible dans le contexte d’un chômage massif ! On sait, aussi, qu’une croissance trop faible ne permet pas d’envisager une véritable reprise d’emploi.
La plupart des analyses sociologiques de ce problème, de ce « fléau » qu’est le chômage (structurel et non conjoncturel), tendent à privilégier les techniques, les méthodes et les interprétations quantitatives et statistiques. L’ouvrage de Rose-Marie Bouvet privilégie une autre méthodologie, beaucoup plus qualitative ; son travail de chercheur est micro-sociologique et ethnographique. En effet, l’un des intérêts de l’ouvrage nous semble être méthodologique : l’analyse ethno-sociologique de l’institution (Pôle-Emploi), qui est le résultat d’une « participation observante » autant que d’une observation participante, est centrée avant tout sur l’étude des procédures par lesquels les acteurs (ici, les chômeurs) construisent le sens des situations et le donnent à voir. Le chômage comme « fait social » ne pouvait donc être conçu et étudié comme une « réalité transcendante », mais bien comme un « accomplissement pratique », toujours dépendant d’un contexte. Rose-Marie Bouvet a ainsi privilégié l’enquête de terrain, et ce, pour une assez longue période, et emprunte à la problématique compréhensive en raison de l’importance qu’elle accorde aux personnes, à leurs interactions et aux discours qu’ils tiennent 1 . L’auteure refuse aussi, à juste titre en ce qui concerne son « objet », la notion de rupture épistémologique : il n’y a pas, dans son propos, de différence de nature entre son analyse de chercheure et les autres discours sociaux ; seuls, montre-t-elle de manière convaincante, les chômeurs – comme acteurs sociaux – sont compétents pour comprendre le sens des situations qu’ils produisent avec et dans « Pôle-emploi ». Comme « membre » de l’Institution, elle a pu accéder à cette compréhension. Cette perspective théorique dite « ethno-méthodologique », chère à Alfred Schütz et à Talcott Parsons en sociologie, à Patrick Boumard en ethno-sociologie de l’éducation…, s’inspire aussi du constructivisme social et de l’interactionnisme symbolique.
Ainsi, le mode d’écriture et le langage utilisés par Rose-Marie Bouvet s’inspirent directement de Howard Becker, tel que celui-ci l’avait expliqué dans Les ficelles du métier : « il fallait s’exprimer le plus simplement possible. Peut-être l’apparente simplicité avec laquelle je m’efforce de m’exprimer est surprenante. Cela a été longtemps très différent, je crois, en France, où l’abstraction et l’absence d’implication personnelle du chercheur étaient les règles de la discipline. Sans cesse, j’ai voulu montrer en quoi la manière de raisonner du sociologue était proche ou éloignée de la manière de raisonner des non-sociologues » 2 .
Le livre de l’auteure, Docteure en Sciences de l’Education, prend ainsi la forme d’une monographie, d’une belle étude ethnographique portant sur une composante des sociétés modernes : la recherche d’emploi. On se souvient qu’en France, c’est Marcel Mauss qui avait introduit cette discipline, en 1926 dans son Manuel d’ethnographie 3 ; pour Claude-Lévi-Strauss, « l’ethnographie consiste dans l’observation et l’analyse de groupes humains considérés par leur particularité et visant à la restitution aussi fidèle que possible, de la vie de chacun d’eux ».
On découvre aussi, en pénétrant avec Rose-Marie Bouvet, « dans le chaudron », qu’il n’est vraiment « pas facile de pousser la porte de l’A.N.P.E., la première fois, pour le nouveau chômeur » (p.22). En effet, son entrée est « furtive, timide, empruntée » ( ibid. ). L’auteure a passé des journées à accueillir des gens, a découvert des files d