Essai analytique sur la richesse et sur l impôt - 1767
183 pages
Français

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Essai analytique sur la richesse et sur l'impôt - 1767 , livre ebook

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Description

LE produit net du sol est-il la richesse essentiellement ? Pour trancher la question, j’établis deux propositions :La première, que la production du sol est richesse, même quand il n’y a point de produit net ; c’est-à-dire, quand les frais de la culture égalent la valeur de la production.La deuxième, que l’industrie, qui emploie la matière produite par le sol, est richesse intrinséquement, comme le sol producteur. Pour prouver ma première proposition, je supposerai un paysan qui « employé toute sa vie à cultiver du lin dans un champ qui lui [12] appartient, qui n’a retiré chaque année de son labeur que 100 livres, et qui a dépensé aussi chaque année 100 livres, uniquement pour nourriture et vêtement ; je veux même, pour donner encore plus de force à mon raisonnement, qu’il n’ait payé aucune imposition directement ni indirectement ; dira-t-on qu’il seroit égal pour l’Etat, que l’homme et le champ n’eussent jamais existé, parce qu’il n’y a point eu de produit net, et par conséquent point de richesses, seules utiles dans l’Etat, seules susceptibles d’en porter les charges ?Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346064359
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Jean-Joseph-Louis Graslin
Essai analytique sur la richesse et sur l'impôt
1767
INTRODUCTION
I. — ORIGINES ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE L’ESSAI ANALYTIQUE
L’origine du présent ouvrage paru pour la première fois à la fin 1 de l’année 1767 et qui n’avait jamais été réédité depuis est bien connue. A l’instigation de son président Turgot, intendant de la généralité de Limoges, la Société royale d’agriculture de Limoges 2 institua en 1766 3 un prix dé théorie économique subventionné par l’intendant lui-même 4 . Le premier sujet mis au concours fut le suivant : Démontrer et apprécier l’effet de l’impôt indirect sur le revenu des propriétaires des biens-fonds.
Un programme explicatif 5 fut rédigé, vraisemblablement par Turgot, imprimé et publié. Il supposait admise, comme une vérité hors de doute, la théorie physiocratique sur l’incidence de l’impôt : « Les personnes les plus éclairées dans la science de l’économie politique savent depuis longtemps que tous les impôts sous quelque forme qu’ils soient perçus retombent nécessairement à la charge des propriétaires des biens-fonds et sont toujours en dernière analyse payés par eux seuls directement ou indirectement.
L’impôt que le propriétaire paye immédiatement sur son revenu est appelé impôt direct. L’impôt qui n’est point assis directement sur le revenu du propriétaire mais qui porte sur les frais productifs du revenu ou sur les dépenses de ce revenu est appelé impôt indirect. »
Les concurrents avaient donc seulement à exposer les effets produits par un impôt assis sur autre chose que le produit net des terres. Adoptant comme un axiome la théorie qui vient d’être rappelée, ils devaient logiquement en arriver à conclure que les conséquences d’un tel impôt sont funestes ; ils devaient, comme le firent souvent les Economistes à commencer par leur chef Quesnay 6 , décrire la marche de ce fléau dont l’effet destructeur croît, d’après la doctrine de l’Ecole, suivant une progression géométrique.
Dix Mémoires 7 furent remis ; deux furent récompensés. L’un obtint le prix, il était dû à de Saint-Péravy qui avait fait siennes les idées des Physiocrates 8  ; lautre, qui les avait critiquées, n’obtint qu’une Mention très honorable. L’auteur de ce second Mémoire ne se fit pas connaître de la Société mais on sut bientôt dans le public que le second lauréat était Jean-Joseph-Louis Graslin, alors receveur général des fermes du roi à Nantes 9 .
Graslin nous raconte qu’au moment où parut le Programme du concours il était sur le point de publier une réfutation des « prétendues découvertes » 10 des Economistes. Il n’avait probablement encore rien rédigé, mais tous ses matériaux devaient être prêts. Seulement la donnée du sujet à traiter le gênait singulièrement. La prémisse initiale formulée par le programme constituait, à son avis, une errreur certaine ; force lui était donc de la réfuter préalablement avant d’aborder le problème à résoudre. La question, dit-il, « prise littéralement étoit insoluble ; et j’ai été obligé pour la ramener à son vrai sens, de faire à peu près comme un Astronome à qui on auroit proposé de démontrer le mouvement des corps célestes autour de notre globe ; et qui après avoir prouvé que ce mouvement n’existe pas, expliquerait les phénomènes par les mouvements diurne et annuel de la terre et donneroit ainsi la seule solution possible de la question » 11 .
« Mon ouvrage, dit encore Graslin, fini et totalement imprimé avant que Messieurs de la Société de Limoges eussent prononce leur jugement, je le leur ai fait passer tel que je le donne au Public 12  ». Il semble donc que l’auteur fit imprimer son œuvre (sans la mettre en circulation) avant de la soumettre aux juges du concours ; il est vraisemblable cependant, sinon certain, que ce fut un manuscrit qu’il leur remit : Turgot dans ses Observations et Du Pont dans ses Notes, la Société d’Agriculture de Limoges dans son procès-verbal ne mentionnent pas qu’il s’agit d’un ouvrage déjà imprimé et fort probablement ils n’auraient pas manqué de signaler cette singularité ; et sans doute l’œuvre imprimée n’aurait pas été admise à prendre part au concours. Le jugement rendu, Graslin modifia certains passages de son livre avant de le mettre en vente. C’est lui-même qui l’avoue 13  ; candidat au prix, il avait cru devoir user de précautions oratoires à l’égard de ceux qu’il contredisait ; évincé, ou à peu près, il estima qu’il n’avait plus à ménager des juges qu’il n’avait pu convaincre et dont il n’avait plus rien à attendre 14 . Il dédia son Essai à la Société royale d’agriculture de Tours dont il était membre depuis 1761 15 et qui avait rejeté la « science nouvelle ».
Il s’en faut que cet ouvrage soit composé suivant un ordre rigoureux. Sans doute le plan général très simple en est fort clair. Deux grandes parties se détachent très nettement : la première qui a pour titre De la richesse est consacrée aux principes les plus généraux de la théorie économique élaborée par l’auteur ; la seconde traite de l’impôt. Mais à l’intérieur de chacune de ces parties les développements ne se suivent pas d’après un ordre très logique, on peut s’en convaincre rien que par la lecture de la Table des Chapitres ; l’auteur abandonne une question, traite d’une autre, puis revient à la précédente ; il y a lieu de s’en étonner étant donné l’esprit mathématique dont tout le livre est imprégné.
Sans doute Graslin affirme que l’Economie Politique est une « science toute de faits » 16  ; il lui arrive aussi d’invoquer « l’observation des faits et l’expérience de tous les temps » 17 D’autre part, comme Quesnay et ses disciples, et c’est la l’un des rares points où il se rencontre avec eux, il proclame que la « science économique ramenée à ses vrais éléments est, par elle-même, susceptible d’exactitude et de démonstration, comme les sciences mathématique 18  ». En un autre endroit, d’ailleurs, il indique, en termes très justes la portée limitée du calcul appliqué à l’Economie politique : « Les calculs ne sont que des raisonnements rendus sensibles par le moyen des signes sur lesquels on opère. Mais comme les raisonnements les plus exacts ne concluent rien, s’ils ne sont appuyés sur des principes évidents, de même les calculs les plus justes ne prouvent qu’autant qu’ils sont des conséquences de quelque vérité déjà connue. Ainsi calculer, en matière de science, ce n’est rien moins que combiner des signes abstraits. suivant une loi donnée ; c’est chercher, par une méthode abrégée, les résultats de principes analysés avec précision ; c’est comparer les rapports de quantité qui sont dans les choses ; rapports que le calcul suppose, mais qu’il ne produit pas 19 . »
Ce sont là des déclarations de principes, comme il arrive aux auteurs d’en faire, et par lesquelles sans doute ils ne se croient pas très liés. En fait, la méthode de Graslin est exclusivement déductive ; plus que les Physiocrates encore il abuse du raisonnement. On a voulu voir en lui un « précurseur d’Adam Smith » ; il serait plus exact de l’appeler un ancêtre de Ricardo. Il est abstrait et abstrus comme Karl Marx. Les faits sont absents de son livre, la lecture en est pénible. Mieux encore, il est un peu un ancêtre de l’Economie politique mathémathique ; son Essai analytique est une géométrie économique mal ordonnée. Il faut lui reconnaître, d’ailleurs, une logique vigoureuse, impitoyable, qui cependant est forcée de se faire quelquefois par trop ingénieuse et subtile pour rester d’accord avec elle-même.
La matière qu’embrasse l’Essai analytique est beaucoup plus vaste que celle du sujet mi

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