Au-delà de la souffrance au travail : Clés pour un autre management
125 pages
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Au-delà de la souffrance au travail : Clés pour un autre management , livre ebook

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Description

En quelques années, le « stress au travail » a envahi l’actualité. Surtout depuis qu’il a été invoqué comme l’une des grandes causes de suicide dans certaines grandes entreprises. Par-delà les témoignages et les indignations, une question demeure : est-il possible de modifier les conditions de travail pour réduire le stress dans le contexte d’une double pression des clients et des actionnaires ? Sommes-nous absolument contraints par la logique économique ? Et que faire vraiment ?Non, la souffrance professionnelle n’est pas une fatalité uniquement due à la pression de la concurrence, répond Olivier Tirmarche. Il est donc possible de transformer l’organisation du travail pour en réduire les causes. Fort de son expérience dans différents types d’entreprises, voire d’administrations, il propose ainsi des solutions globales. Olivier Tirmarche est consultant en prévention des risques psychosociaux et enseignant à l’IEP, à l’université Paris-X-Nanterre et au Celsa.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738196101
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE JACOB, AVRIL 2010 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
9782738196101
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Mélanie, pour sa relecture décisive et pour le reste.
Introduction

Souffrance au travail, risques psychosociaux, stress… autant de mots qui ont envahi l’actualité, autant de maux face auxquels nous nous sentons désarmés. Nous nous sentons désarmés pour deux raisons. D’abord parce que le sens des termes nous échappe le plus souvent. Ensuite et surtout parce que nous nous sentons incapables d’agir autrement qu’à la marge, incapables d’agir avant qu’il ne soit trop tard. D’où vient ce sentiment d’impuissance ? Il est le produit d’un état du dialogue social en France, et il est entretenu par les discours qui dominent la littérature consacrée à ces sujets.
Sur la scène nationale comme sur les scènes locales, les partenaires sociaux campent le plus souvent sur des positions apparemment inconciliables. Tandis que les syndicats de salariés insistent sur la nécessité de transformer les conditions de travail en profondeur, les représentants des employeurs rappellent les contraintes imposées par l’économie mondialisée et financiarisée. Disons-le tout de suite : aucune des parties n’a totalement tort, chacune est animée par de bonnes raisons et s’appuie sur des faits bien établis. Sommes-nous pour autant piégés ? Ne peut-on pas transformer les conditions de travail tout en répondant aux contraintes économiques ? Ce qui est sûr, c’est que la littérature française n’aide pas à sortir de l’impasse.
Dans le champ littéraire comme sur les scènes du dialogue social, deux discours dominent. Le premier discours insiste sur les dégâts causés par la logique de l’économie contemporaine. Les causes sont à chercher du côté de la recherche de productivité 1 , du culte de l’urgence 2 , de l’exigence de performance 3 , des injonctions paradoxales 4 et d’autres conséquences de l’ouverture des marchés 5 . L’exposé le plus radical du caractère destructeur de l’économie contemporaine est peut-être celui que nous propose Christophe Dejours 6 . Au fil d’un raisonnement d’inspiration psychanalytique qui ne manque pas de style, l’auteur nous dévoile comment cette économie nourrit nos conflits névrotiques et nous transforme soit en victimes, soit en pleutres, selon la position que nous occupons dans les structures d’autorité formelle (les victimes sont en bas des organigrammes, les pleutres au milieu, et tous sont soumis à la perversité du sommet). Plongés dans cette économie ravageuse, nous ne sommes libres de choisir que les mots qui désignent le mal : la concurrence, le néolibéralisme, le capitalisme sauvage ou la marchandisation du monde.
Le second discours, tout aussi répandu mais beaucoup moins audible dans le paysage français, insiste sur les moyens dont nous disposons pour adapter les individus au contexte 7 . Au centre du propos, nous trouvons cette fois un ensemble de techniques permettant de limiter les effets psychologiques et somatiques des causes relevées précédemment. Les outils dont les bienfaits sont les mieux documentés sont sans doute les techniques issues de la psychologie cognitive et comportementale. Grâce à elles, nous pouvons prendre de la distance vis-à-vis des contraintes environnementales, et modifier l’état de notre corps afin de ne pas accumuler les tensions.
Si ces deux discours ne permettent pas de sortir de l’impasse dans laquelle les partenaires sociaux sont piégés, c’est qu’ils partagent un présupposé. Dans les deux cas, la concurrence s’impose de façon mécanique aux entreprises et aux administrations. Les organisations du travail ne disposent pas d’autonomie, elles sont absolument soumises à la loi du marché, elles sont considérées comme des courroies de transmission. Une conclusion est inévitable : la seule façon de relâcher les contraintes d’adaptation est d’abattre le « système ». Hors du « grand soir », point de salut !
Certains travaux sur la santé psychologique en entreprise ne suivent pas ce raisonnement et explorent des pistes pour transformer les conditions de travail tout en répondant aux contraintes de l’économie contemporaine. Ces travaux sont rares et la plupart sont des manuels de management 8 . La vocation des manuels de management est de nous inviter à adopter de nouvelles pratiques d’animation d’équipe. Les invitations sont souvent séduisantes, mais ne manquent pas de soulever quelques questions. Qu’est-ce qui nous permet de penser que les managers disposent des marges de liberté nécessaires pour développer de pratiques saines ? Le développement de pratiques saines peut-il se tenir dans n’importe quel milieu ? N’y a-t-il pas de conditions favorables ou défavorables ? S’appuyant sur leur expérience de consultants, les auteurs des manuels de management n’abordent pas ces questions. Ils attribuent implicitement aux pratiques managériales le statut de causes (potentiellement bienfaitrices) et passent sous silence le fait qu’elles sont aussi des effets d’autres causes : des logiques de marché, des stratégies d’entreprise, des choix organisationnels. Ce faisant, ces auteurs nous exposent au risque de l’incantation managériale : l’art de promouvoir des comportements qui sont sinon impossibles du moins difficiles à tenir dans la durée, dans un contexte donné. Les représentants des salariés n’ignorent pas ce risque : ils sont à l’écoute des cadres intermédiaires et ne manquent pas de rappeler que certains d’entre eux souffrent aussi, ou se sentent prisonniers d’une dynamique qui les dépasse. Sur le terrain… non, sur le « ring » de la santé au travail, les représentants des salariés renvoient donc les consultants en management dans leurs cordes, à coups de « Mais c’est le système ! ».
L’importance des effets de système et le caractère stressant des situations concurrentielles ne sont plus à démontrer en sciences sociales. Mais ce ne sont pas des raisons pour appeler ou attendre le grand soir. Nous n’avons pas besoin d’un grand soir pour rendre le monde du travail plus agréable. Souffrance au travail, stress professionnel et risques psychosociaux désignent des réalités qui ne sont pas des fatalités. Nous savons depuis les années 1970 qu’aucun système social et économique n’est verrouillé de l’extérieur ou de l’intérieur, que chaque niveau de réalité, chaque champ d’action collective jouit d’une autonomie relative par rapport au niveau ou au champ qui l’englobe 9 . Depuis les années 1980, nous mesurons combien les réponses susceptibles d’être données à la concurrence peuvent être diverses 10 . Plus récemment, une équipe de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail a montré que la prise en compte des effets de système pouvait même nous aider à identifier et à exploiter au mieux les marges de liberté dont disposent les entreprises et les administrations 11 .
Bien des choses restent à préciser pour que notre imagination ouvre de nouvelles voies d’action. En particulier, nous devons préciser la nature des liens de causalité qui associent intensité de la concurrence et risques psychosociaux. Nous devons ensuite préciser les méthodes grâce auxquelles on peut modifier les modes de fonctionnement d’une entreprise ou d’une administration, sans réduire sa capacité de développement en milieu concurrentiel. Ce livre est une tentative d’apporter ces précisions. Pour mener à bien la tentative, la prise en compte des effets de système se révèle non seulement utile, mais encore nécessaire. La raison en est que, pour sortir les partenaires sociaux de l’impasse, nous sommes contraints de reformuler des problèmes qui sont au cœur des discussions et qui portent sur la charge de travail, sur la reconnaissance du travail accompli, sur le changement ou encore sur la qualité des relations. Sur le terrain, ces problèmes paraissent insolubles. Mais ils ne le sont pas. C’est la façon dont on les pose qui les rend insolubles. Une approche systémique est indispensable à qui souhaite reformuler ces problèmes. Une fois les problèmes reformulés, nous découvrons que chaque situation de travail, c’est-à-dire chaque mode de réponse aux exigences du capitalisme offre des opportunités d’amélioration des conditions de travail.

Notes
1 . Clot Y., Le Travail sans l’homme ? Pour une psychologie des milieux de travail et de vie , Paris, La Découverte, 2008.
2 . Aubert N., Le Culte de l’urgence. La société malade du temps , Paris, Flammarion, 2003.
3 . Linhart D., Pourquoi travaillons-nous ? , Toulouse, Érès, 2008.
4 . Volkoff S. et al ., Des passeurs hors du commun. Stress et souffrance chez les agents de l’ANPE, Paris, Syllepses Éditions, 2002.
5 . Linhart D., Rist B., Les Déchirures au travail , Toulouse, Érès, 2002.
6 . Dejours C., Souffrance en France , Paris, Points, 2009.
7 . Légeron P., Le Stress au travail , Paris, Odile Jacob, 2003 ; Angel P. et al. , Développer le bien-être au travail. Stress, épuisement, harcèlement… Une réponse innovante. Les programmes d’aide aux salariés , Paris, Dunod, 2005 ; Rodet P., Le Stress. Nouvelles voies , Paris, Éditions de Fallois, 2007 ; Chapelle F., Monié B., Bon stress, mauvais stress. Mode d’emploi , Paris, Odile Jacob, 2008 ; Peters S., Mesters P., Le Burn-Out. Comprendre et vaincre l’épuisement professionnel , Paris, Marabout, 2008.
8 . Albert E., Emery J.-L.,

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