Dialogue social
193 pages
Français

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Description

L'auteur, se plaçant du point de vue de l'entreprise, ouvre son ouvrage par une dénonciation des fausses conceptions du dialogue social afin d'en dégager la véritable philosophie. Il s'interroge sur les raisons pour lesquelles les relations sociales, en France, demeurent tumultueuses, en vue de dégager les principaux obstacles à la pratique du dialogue social dans l'entreprise et de présenter des solutions innovantes susceptibles de conduire à son amélioration. Ce livre s'adresse d'abord aux différentes parties prenantes : managers, DRH et représentants du personnel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 31
EAN13 9782336382128
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
H UBERT LANDIER










DIALOGUE SOCIAL
U NE URGENCE POUR L’ENTREPRISE
Copyright

Ouvrages du même auteur :

La qualité du dialogue social; facteur de performance, e-book, HLM, 2014).
Travail et développement humain, en coll. Avec Bernard Merck (EMS, 2013)
Le management du risque social (Eyrolles, 2 ème édition, 2012).
Dix-huit bonnes raisons de détester sont entreprise (François Bourin éditeur, 2012).
Evaluer le climat social de votre entreprise (Eyrolles, 2008).
Le Guide des relations sociales dans l’entreprise (Eyrolles, 2007).
Divorce à la française, comment les français jugent les entreprises ? (Editions Dunod, col. Polia, 2006).








© L’HARMATTAN, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73223-7
INTRODUCTION
P arler de l’importance, voire de la nécessité du dialogue social, c’est enfoncer une porte ouverte. Reste à savoir de quoi l’on parle, trop d’arrière-pensées apportant leur lot d’ambiguïtés. Pour l’homme politique, le dialogue social constitue un gage de bonne volonté ; pour le syndicaliste, c’est une source de pouvoir ; pour le manager, une affirmation visant à se laver de toute accusation d’autoritarisme. Pour les uns comme pour les autres, il s’agit donc d’une façon de tirer la couverture à soi et d’un prélude à une mise en accusation des autres, dont le comportement ne serait pas conforme au principe du dialogue social.
Il convient également de se demander si, en France, il est seulement possible. L’État s’inspire trop souvent de sa tradition jacobine pour imposer, au nom de l’intérêt général, la volonté de ceux qui s’expriment en son nom, forts du mandat qu’ils ont reçu des électeurs. Nombre de managers, considérant que la légitimité de leurs décisions leur vient des investisseurs et qu’il n’est d’autre rationalité que celle qui résulte du calcul économique, n’y prêtent qu’une attention distraite. Et nombre de syndicalistes se consacrent d’abord à la recherche du rapport de forces qui leur permettra d’imposer ce qu’ils jugent aller dans le sens du progrès social.
Au total, il est tentant de se détourner de cette idée de « dialogue social », considérant qu’elle constitue un mot creux, une illusion ou un alibi. Et pourtant, l’idée de dialogue social nous ramène à une alternative, qui ne se limite pas à la scène des rapports de travail. Ou bien les décisions qui vaudront pour la communauté sont imposées par celui qui, disposant du pouvoir, entend qu’elles soient mises en œuvre parce que tel est son intérêt ou ce qu’il juge être bon pour les autres ; tel est le principe du despotisme. Ou bien elles font l’objet de délibérations, d’une concertation, voire de négociations entre les différentes parties prenantes, ce qui permettra ensuite à chacun de s’y reconnaître et de les tenir pour légitimes ; tel est le principe de la démocratie. Il s’agit donc là d’un choix fondamental qui relève de la philosophie politique. C’est dans cet esprit que s’inscrit le présent essai.
Il serait aisé de prétendre que le dialogue social, en France, est impossible de toute façon, compte tenu du comportement des uns ou des autres. On ne niera pas les difficultés qui en résultent. Et cependant, on refusera de s’en tenir là. De là une démarche en quatre temps :
1. que faut-il entendre, au-delà des manœuvres de récupération qu’il dissimule, par « dialogue social » ?
2. en quoi l’absence de dialogue représente aujourd’hui un handicap qui contribue à expliquer les piètres résultats de notre économie et une certaine déliquescence de la société française ?
3. en quoi le dialogue social se trouve contrarié par certaines caractéristiques politiques et sociales qui constituent un legs de notre histoire ?
4. par quelles voies celui-ci peut-il cependant s’imposer comme mode de régulation sociale, ainsi que le montre l’exemple d’entreprises et d’organisations qui en ont fait un principe d’action ?
Dans cette démarche, l’auteur se sera efforcé d’éviter toute forme de langue de bois. Il aura donc pris le risque de mécontenter, tour à tour, à peu près tout le monde. Mais il est persuadé que ce n’est qu’à ce prix, celui de l’indépendance de jugement, qu’il est possible de bousculer la tyrannie du statu quo.
I. QUE FAUT-IL ENTENDRE PAR DIALOGUE SOCIAL ?
1 – CE QUE N’EST PAS LE DIALOGUE SOCIAL
L’ invocation du dialogue social peut dissimuler, venant de quiconque s’en recommande, qu’il soit homme politique, syndicaliste ou manager, de multiples arrière-pensées.
Venant de l’homme politique, il s’agit, en mettant en avant sa volonté de promouvoir le dialogue social, de faire étalage de sa bonne volonté, de son souci démocratique de se tenir à l’écoute, de prendre en compte le point de vue des uns et des autres, de donner toute leur place aux « partenaires sociaux », d’éviter toute décision imposée et de rechercher des solutions consensuelles, donc conformes à l’intérêt général.
Venant du dirigeant d’entreprise ou du dirigeant d’une organisation patronale, il s’agit de bien faire comprendre que l’on a rompu avec l’autoritarisme de naguère, que l’on prendra en compte l’opinion exprimée par les salariés ou leurs représentants, qu’il est hors de question d’imposer un quelconque « arbitraire patronal » ou le point de vue exclusif des apporteurs de capitaux, que l’on reconnaît les droits des travailleurs, que l’on se conforme par conséquent aux principes de la responsabilité sociale de l’entreprise.
Venant du syndicaliste, il s’agit d’affirmer l’importance du rôle des « partenaires sociaux » face aux ingérences de l’État et de contredire l’idée selon laquelle le progrès social serait nécessairement fondé sur le rapport de forces entre parties aux intérêts définitivement contradictoires, à moins qu’il ne s’agisse d’un simple slogan visant à obtenir de l’employeur qu’il accepte de se prêter au jeu de la négociation en vue d’obtenir les concessions que l’on attend de lui ou d’une critique implicite de celui qui s’y refuse.
Chacun invoquera ainsi le dialogue social pour justifier sa posture et, éventuellement, pour dénoncer celle de ses interlocuteurs, quand elle ne lui convient pas. L’expression trouve en France sa signification par rapport à une histoire. Elle représente pour les uns une condamnation de « l’arbitraire patronal », tel qu’il a pu se manifester pendant une grande partie de notre histoire industrielle. Un patron ouvert au dialogue social est un patron qui se met en rupture par rapport à une conception autoritariste de la fonction patronale. Pour d’autres, il s’agit de condamner l’idée de rapports sociaux qui seraient fondés sur le principe de la lutte des classes afin d’y substituer la recherche d’un intérêt commun défini au terme d’un débat entre les parties prenantes. Un syndicaliste ouvert au dialogue est un syndicaliste qui privilégie la négociation par rapport à la menace. Qu’elle porte sur « l’arbitraire patronal » ou sur la « lutte des classes », cette condamnation revient ainsi à dénoncer, sous prétexte de leur manque d’ouverture au dialogue, ce que l’on reproche à ses interlocuteurs.
La référence au dialogue social vise ainsi à imposer implicitement le point de vue dont l’on se recommande. Il fait partie des grands mots par lesquels on cherche à se justifier et dont on recouvre volontiers les calculs intéressés que l’on ne saurait publiquement mettre en avant. Se recommander du « dialogue social », c’est chercher à s’approprier la connotation éminemment positive dont l’expression est porteuse, c’est condamner l’autoritarisme, l’arbitraire, les solutions imposées, manifester son ouverture d’esprit et proclamer sa volonté de laisser toute sa place au pluralisme des points de vue, ceci en vue de la recherche de solutions de compromis, en lesquelles l’autre – l’adversaire potentiel – puisse se reconnaître. Cette démarche, toutefois, peut relever de l’hypocrisie la plus cynique. C’est la raison pour laquelle il importe avant tout

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