Histoire de l entreprise et des chefs d entreprise en France
627 pages
Français

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Histoire de l'entreprise et des chefs d'entreprise en France , livre ebook

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Description

Après le temps des pionniers, une deuxième révolution industrielle va créer des métiers nouveaux et donner un second souffle à certains métiers anciens. Au début du XXe siècle la carte des industries françaises se modifie : les Vosges, la région lyonnaise, le Nord s'opposent à l'Ouest qui affiche le déclin, cependant que l'entreprise parisienne connaît le problème de l'encombrement des sites. Progressivement, les entreprises vont se déployer sur des placements étrangers plus attractifs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 452
EAN13 9782296679795
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,2100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fabrication numérique : Socprest, 2012
PERÉFACE
Le travail engagé et mené à son terme par Jean-Lambert Dansette avec cette publication d’un cinquième et volumineux tome sur l’Histoire des entreprises et des chefs d’entreprise couvrant la période de 1880 à 1914 mérite d’être salué. L’auteur, juriste et diplômé de sciences politiques, s’était déjà fait remarquer, il y a près d’un demi-siècle, lorsqu’exerçant ses talents d’historien, il avait publié un ouvrage consacré à quelques familles du patronat textile de Lille-Armentières entre 1789 et 1914. Il s’agissait d’une étude exceptionnellement documentée, reposant sur des sources d’autant plus précieuses qu’elles étaient d’origine privée. Issu lui-même d’une famille d’entrepreneur, l’auteur nous faisait partager la connaissance intime qu’il avait de ce milieu régional.

Son expérience d’enseignant, en partie aux Facultés Catholiques de Lille, l’a conduit au soir de sa vie à proposer une vaste synthèse et à étendre son enquête à l’échelle nationale pour nous offrir une somme qui, bien que située en marge des grands courants historiographiques actuels et des renouvellements des problématiques, a le grand avantage de constituer moins une recherche novatrice qu’un document et une méthode d’analyse qui est le regard d’un homme du sérail sur le milieu dont il vient.

En commençant sa vaste fresque vers 1830, Jean-Lambert Dansette fait l’impasse sur les formes d’organisation de la production industrielle qui, lors des siècles antérieurs, correspondaient déjà à l’idée que l’on se fait aujourd’hui des entreprises. Dès le XVIII ème siècle, par exemple, bien des entrepreneurs organisaient la production, maîtrisaient les techniques, percevaient l’évolution des marchés, dirigeaient la main-d’œuvre, investissaient. Dans le cadre de la première industrialisation, les héritages anciens se retrouvent et, l’auteur nous le donne à voir, la spécificité du chef de l’entreprise personnelle ou familiale est bien perceptible. Le dernier volume s’inscrit dans la même philosophie en soulignant son rôle dans les temps de crises, la recherche de l’innovation et les liens étroits avec les milieux politiques ou militaires. L’entreprise s’identifie à la Nation, mais dans un jeu de rôles ambigus dans une mondialisation déjà galopante.

En dépit des contextes variables et de l’incontournable analyse statique des forces et des faiblesses, l’auteur dans la continuité d’un Jean-Baptiste Say fait de l’entrepreneur l’acteur du progrès des sociétés. Dans de nombreuses familles patronales, l’entreprise dépassa l’horizon de vie de son chef pour servir de fondation à une construction dynastique. Porté par son habitus, Jean Lambert-Dansette n’est pas loin de cultiver une vision romanesque du chef d’entreprise qui serait avant tout un aventurier des temps modernes, porteur de progrès, dont l’idéal se substituerait à la préservation pesante des héritages et des dividendes familiaux. L’entrepreneur et l’entreprise visionnaires qui ont su se redéployer à temps…. ou plutôt pour un temps, relèvent d’une image dont l’auteur laisse entendre à demi-mot qu’elle a toujours été trahie par les politiques, les investisseurs et tous ceux qui n’ont pas compris. Il convient de se rappeler toutefois que, dès le début de l’industrialisation, loin d’être soumises à " la main invisible du marché ", les entreprises cherchèrent aussi à infléchir le jeu de la libre concurrence par des mécanismes plus ou moins occultes d’entente et que la prise de risques excluait le plus souvent qu’à leurs yeux, le salaire soit autre chose qu’une variable d’ajustement. Le livre premier de ce dernier volume de Jean-Lambert Dansette est en soi un chef d’œuvre de ce fameux tableau de bord contenant les indicateurs de bonne et de mauvaise santé de l’entreprise. Le cycle de Kondratiev est plus important que les hommes sans lesquels on a, néanmoins peine, à croire que les entreprises aient pu fonctionner, mais dont on ne perçoit l’existence ici qu’au travers de la demande dans l’industrie alimentaire. Il est vrai, pour reprendre les mots de Jean Bouvier, qu’hier comme aujourd’hui, " l’économie est une manière d’être du social ".

Th. Lebrun
Président-Recteur
de l’Université Catholique
de Lille

J.Heuclin
Professeur d’Histoire
Doyen de la Faculté des Lettres
et Sciences Humaines
de l’Université Catholique de Lille
Livre premier LA CASSURE KONDRATIEV
Chapitre premier LA DÉCÉLÉRATION
" Aux mines métalliques (d’Aubin), la situation est bonne. Mais, en raison de la baisse du cours des métaux, il convient de rechercher toutes les améliorations possibles du prix de revient ; aussi, M. Taragonet est d’avis d’exiger huit heures de travail à la Baume au lieu de sept, pour le même prix de journée. Ce résultat n’ayant pu être obtenu par persuasion, il conviendrait d’en faire une exigence. Le conseil et M. le directeur étant absolument de cet avis, M. Taragonet est autorisé à prendre cette mesure ".
Cet extrait de procès-verbal des conseils d’administration de la Société des Aciéries de France, rendant compte de la séance du 23 novembre 1893, témoigne éloquemment du climat d’incertitude qui, à la fin du siècle, affronte l’entreprise.
Un enjeu crucial interpelle le patronat et suscite son combat. Discuté dans sa magistrature sociale au sein de l’entreprise ; contesté dans la Cité, dans la Nation où, se gardant des places et conservant des rôles, il n’est plus, pour autant, le seul à exercer ceux-ci ; défendant – malaisément parfois – des " valeurs " consubstantielles à sa propre existence et dont la sauvegarde lui paraît primordiale, l’entrepreneur français doit encore mener cet extrême combat : surmonter les marées contraires (des forces économiques celles là) qui perturbent son trajet.
I. LA " CRISE " : MODALITÉS
Dans l’histoire économique du XIX ème siècle, il est possible de repérer, à la suite des travaux de l’économiste russe Kondratiev et du Français Simiand, une césure majeure. À la phase dite " A ", d’expansion quasi continue, caractérisant la période 1848-1873, succède une phase " B ", d’allure dépressive, dont la pente se prolongera jusqu’à la fin du siècle. Vers 1880, le patronat français est depuis peu d’années confronté à cette inversion de tendances qui, par sa généralité, s’impose à l’entreprise, et à l’histoire de l’entreprise, comme un phénomène de première grandeur.
Il faut cependant préciser. Il s’agit, globalement, d’une décélération et non d’une récession. Une cassure se fait jour dans le rythme d’expansion qui marque le monde économique pendant un quart de siècle. Le taux de croissance annuel de la production industrielle garde une valeur positive, mais fortement diminuée : de 1, 96 % pour la période 1870-1875, le taux de croissance passe à 1, 91 % de 1875 à 1880, à 1, 32 % pour les années 1880-1885, remontant à 1, 94% de 1885 à 1890 ; s’il n’y a pas globalement rupture de pente, il y a changement de pente très nettement marqué.
Mais l’influence du " Kondratiev " transcende largement le poids de toute donnée chiffrée. Pour certains secteurs de l’économie, la dépression sera crise violente : ravageant des bilans, conduisant à la mort de très grandes entreprises, elle emmène des pans entiers de l’appareil productif, sans que, par ailleurs, la situation revienne – ex post – à l’état antérieur. En effet, pour certaines industries et pour certaines régions (la sidérurgie du Centre et du Sud-est, l’industrie lainière du Sud-ouest), la dépression a, pour partie, des causes structurelles et représente un point d’absolu non-retour. Enfin, et peut-être surtout, à une époque pionnière gorgée d’espérances susceptibles de nourrir les anticipations les plus hardies (le taux de croissance annuel de la production industrielle, de 1855 à 1864, avait été de 3 %…), succède un quart de siècle de faibles performances, une conjoncture relativement étale, une sorte de faux plat dont on ne perçoit guère la fin, qui n’incite les dirigeants qu’

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