La Théorie des cercles
412 pages
Français

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Description

L’ouvrage propose une étude très sérieuse et très constructive de l’environnement socio-économique dans lequel nous vivons. L’auteur met en relief, à travers une analyse argumentée, les carences et les laissés-pour-compte de ce système et fait un détour remarqué par la Chine. Il souligne les inégalités et les injustices en s’attaquant de façon structurelle aux données du problème. L’objet principal du livre consiste, après une réflexion sur les notions de justice sociale, de liberté et de démocratie et un rappel des "fondamentaux de l’économie", à définir des structures nouvelles que l’auteur appelle les "cercles" qui permettent en relocalisant la production de protéger les catégories défavorisées sans pour autant compromettre le développement et la prospérité de l’ensemble de la société. Ces structures fonctionneront à l’aide de "monnaies auxiliaires" qui cohabiteront avec la monnaie officielle. à une heure où se pose la question de savoir s’il faut ou non conserver l’euro, la recréation du franc à côté (et non à la place) de l’euro offre une perspective nouvelle. Un travail impressionnant et passionnant, qui prouve si l’on en doutait que des solutions existent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748369267
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Théorie des cercles
Philippe Drisin
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Théorie des cercles
 
 
 
 
Préambule
 
 
 
1 er  février 1954, sur les ondes de Radio Luxembourg: l’abbé Pierre lance son célèbre appel : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée cette nuit à trois heures. »
À la suite de cet appel, le gouvernement de l'époque mit aussitôt en place un plan d’urgence pour la construction de douze mille logements de première nécessité.
 
Décembre 2009. On annonce sur toutes les chaînes de télévision : encore un SDF retrouvé mort à… on ne sait plus où, tellement l’évènement est devenu banal.
Les gens se sont-ils habitués ? Jugent-ils qu’il s’agit là d’une conséquence inéluctable du système économique moderne ? Sont-ils devenus insensibles à la misère ? Même pas, car quelques jours auparavant, ils donnaient cent millions d’euros au Téléthon.
Ce qui était ressenti comme un évènement insoutenable il y a un peu plus de soixante ans en pleine phase ascendante des « Trente Glorieuses » est désormais perçu comme quelque chose de banal, voire une fatalité incontournable !
 
Autre « anecdote » moins dramatique : l’apparition sur un écran de télévision en novembre 2008 d’un cardinal replet et somptueusement paré, accueillant les deux candidats à la présidence des États-Unis en queue-de-pie, au cours d’un gala de charité organisé par l’Église catholique de New York ; image à la fois symbolique et inacceptable : celle d’une communauté de « riches » et même peut-on dire de « très riches » donateurs qui se retrouvent entre eux pour se pencher sur le sort des pauvres et ouvrir largement leurs portefeuilles, en veillant à ce que les sommes données soient publiques pour démontrer à quel point ils sont généreux ! Francisco Van der Hoff, le fondateur hollandais du label Max Havelaar dénonce avec force la charité, dont il estime que « c’est poser un pansement sur une plaie que l’on a soi-même ouverte, un cercle vicieux ».
Cette image de condescendance à l’égard des pauvres qu’a donnée l’Amérique d’une certaine époque, et à sa suite de nombreuses associations charitables de nantis à travers le monde, a sans nul doute contribué à motiver l’écriture de ce livre. Le fait qu’un système économique – quel qu’il soit – puisse œuvrer durablement au profit d’une seule catégorie de la population est une situation inadmissible, et les « corrections » apportées au système – même si elles fournissent des « compensations » appréciables aux autres catégories – ne suffisent pas à justifier sa pérennisation. Or ces catégories délaissées, humiliées, bafouées, sont partout, à l’intérieur de nos pays développés, comme de l’autre côté de nos frontières ou à des milliers de kilomètres de là.
 
La deuxième constatation à la base des arguments qui jalonneront le cours du livre, est relative à la prise en compte de la réalité de ce monde et de l’âme humaine.
François d’Assise a certainement fait beaucoup pour l’élévation de l’âme de ses contemporains et des générations suivantes, mais peu pour le développement économique de l’Italie du treizième siècle, en tout cas beaucoup moins que ces banquiers lombards, âpres au gain et égoïstes, dont on a presque oublié le nom aujourd’hui. L’avidité et l’âpreté au gain constituent – même si on peut le déplorer – un moteur incontestable de l’économie. Osons aller plus loin : les perversions rapportent plus à l’économie que les bons sentiments ; le luxe ostentatoire pour ne pas parler de la luxure, concourt dans des proportions infiniment plus importantes au PIB d’un pays que toutes les communautés religieuses réunies, ce qui fait dire à certains – pas forcément à tort – que sans les « riches » il n’existe pas de prospérité possible.
 
Dès lors, peut-on concilier deux réalités apparemment inconciliables : d’une part l’impérieuse nécessité d’offrir aux « pauvres » autre chose qu’un strapontin dans le train du développement et de la prospérité, de l’autre la nécessité de faire avancer ce train à une vitesse satisfaisante ? Les plus chauds partisans du libéralisme intégral, eux-mêmes, n’estiment pas possible d’autoriser le laisser-faire intégral au prix du sacrifice de toutes les valeurs morales. A fortiori, pour ceux qui veulent faire passer un certain nombre de valeurs morales avant le développement économique, il est inconcevable de voir bafouer certains principes. Il faudra donc sans nul doute transiger, accepter des compromis qui feront que la société se développera et prospérera moins rapidement qu’aujourd’hui, mais en emmenant avec elle tous ses citoyens. De la comparaison habituelle entre l’efficacité du capitalisme et le souci du peuple propre au communisme, il ne sort souvent rien de bien concret. Réussira-t-on un jour à sortir de l’insoutenable alternative entre, d’un côté, les magasins vides et les poches pleines de billets des citoyens des anciens régimes communistes et, de l’autre, les étals regorgeant de produits et les poches vides des citoyens défavorisés des régimes capitalistes ?
 
L’objet principal de ce livre sera d’examiner comment intégrer les catégories défavorisées d’une société dans les rouages normaux de l’économie, sans qu’elles aient à « bénéficier » de l’aide ou de la charité condescendante des autres catégories tout en prenant garde de ne pas compromettre le développement et la prospérité de l’ensemble de la société.
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Le capitalisme a-t-il changé de nature depuis son apparition dans les villes italiennes du XIII e  siècle ? Si l’on écoute le grand historien Fernand Braudel sur cette question, la réponse est non. Avant de comprendre pourquoi, il est nécessaire de prendre connaissance de la distinction particulièrement fructueuse qu’il propose dans son ouvrage «  La dynamique du capitalisme  » entre « vie matérielle », « économie de marché » et « capitalisme ». Il écrit : « Cette vie matérielle telle que je la comprends, c’est ce que l’humanité au cours de son histoire, a incorporé profondément à sa propre vie ». Lorsqu’on passe au niveau supérieur de l’économie de marché, Braudel la définit ainsi : « C’est le marché du bourg idéal, avec son commerce réglementé, loyal, transparent. C’est vrai aussi pour le commerce de grains de la Baltique où les cours d’achat à Dantzig et de revente à Amsterdam se correspondent, avec un bénéfice modéré. Mais en cas de famine (comme en 1590 en Méditerranée) des marchands internationaux détournent des cargaisons entières pour les revendre à Libourne ou à Gênes à un prix multiplié par trois ou quatre ». « Il existe deux registres dans l’économie de marché : le registre inférieur (les marchés, les boutiques, les colporteurs) et le registre supérieur (les foires et les bourses) ».
À ce stade, Braudel parle d’une économie pré-industrielle en ces termes : « Ce qui me paraît primordial dans l’économie pré-industrielle, c’est la coexistence des rigidités, inerties et pesanteurs d’une économie encore élémentaire, avec les mouvements limités et minoritaires mais vifs, mais puissants d’une croissance moderne ».
Quand on en vient au capitalisme, « on s’élève dans la hiérarchie des échanges, dès le XV e  siècle en Angleterre, le “ private market ” cherche à se débarrasser des règles contraignantes du marché traditionnel : marchands itinérants, ramasseurs, collectionneurs de marchandises visitent les producteurs chez eux (ce qui n’est pas autorisé par la loi). Il s’agit d’échanges inégaux où la concurrence a peu de place, où le marchand a deux avantages : 1/il a rompu la relation directe producteur – client et il connaît les conditions du marché aux deux bouts de la chaîne, donc le bénéfice escompté, 2/il dispose d’argent comptant, d’où de longues chaînes marchandes se créent. Ces chaînes sont efficaces, ce qui explique que les autorités ferment les yeux. Plus les chaînes s’allongent, échappent aux règles habituelles, plus le processus capitaliste émerge clairement. Le marchand choisit la destination qui maximalise ses profits. De ces gros bénéfices dérivent des accumulations de capitaux considérables. N’entre pas qui veut dans ce commerce. Le commerce des épices est dans le droit fil de l’économie monétaire ». En caricaturant, on pourrait penser que pour Fernand Braudel, l’économie de marché, c’est l’économie « honnête », à petits bénéfices, alors que le capitalisme est l’absence de concurrence, l’oligopole, voire la fraude. Les acteurs y sont limités en nombre, à la différence du commerce multilatéral et multipartenaires. Le canevas défini par Braudel est le suivant : la vie matérielle donne naissance à l’économie de marché, sur laquelle a prospéré le capitalisme.
 
On comprend mieux à présent pourquoi, pour Fernand Braudel, le capitalisme n’a pas changé de nature. C’est parce que, malgré son changement de dimension à travers les siècles, 1/« le capitalisme reste fondé sur une exploitation des ressources et des possibilités internationales, donc il existe aux dimensions du monde et cherche à reconstituer cet universalisme » ; 2/il s’appuie toujours, obstinément, sur des monopoles de droit ou de fait ; 3/il ne recouvre pas toute l’économie, toute la société au travail ».
« La répartition vie matérielle – économie de marché – économie capitaliste conserve une grande valeur de discrimination et d’explication, car à l’étage inférieur, même en Europe, il y a encore beaucoup d’autoconsommation, de services non intégrés à la comptabilité nationale, d’échoppes artisanales. À l’étage intermédiaire, celui de l’éco

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