Les disciplines artistiques au service de la formation des adultes
138 pages
Français

Les disciplines artistiques au service de la formation des adultes , livre ebook

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138 pages
Français

Description

Marc Chevalier, natif d'Avignon, sera un des éléments de la Compagnie Grenier-Hussenot avec Yves Robert et les frères Jacques. À partir de 1962, il conduira en parallèle des actions de formation dans le cadre de l'éducation populaire, et aura pour cela recours aux disciplines artistiques. Il nous délivre ici les circonstances qui l'ont conduit à cette démarche, les moyens qu'il a utilisés pour la réaliser, et les résultats qu'il a obtenus.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 23
EAN13 9782296484672
Langue Français
Poids de l'ouvrage 41 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les disciplines artistiques au service de la formation des adultes
Travail du Social Collection dirigée par Alain Vilbrod  La collection s’adresse aux différents professionnels de l’action sociale mais aussi aux chercheurs, aux enseignants et aux étudiants souhaitant disposer d’analyses pluralistes approfondies à l’heure où les interventions se démultiplient, où les pratiques se diversifient en écho aux recompositions du travail social.  Qu’ils émanent de chercheurs ou de travailleurs sociaux relevant le défi de l’écriture, les ouvrages retenus sont rigoureux sans être abscons et bien informés sur les pratiques sans être jargonnants.  Tous prennent clairement appui sur les sciences sociales et, dépassant les clivages entre les disciplines, se veulent être de précieux outils de réflexion pour une approche renouvelée de la question sociale et, corrélativement, pour des pratiques mieux adaptées aux enjeux contemporains.Dernières parutionsBernadette ANGLERAUD, Lyon et ses pauvres, 2011. David Saint-Marc,La formation des médecins,2011. Dominique ALUNNI,Témoignages de pionniers visionnaires de la formation tout au long de la vie, 2011. Jean-Frédéric DUMONT,Les moniteurs éducateurs en formation, Le partage professionnel des émotions, 2011. Catherine DEROUTTE,Aux côtés des personnes polyhandicapées. Guide pratique, 2011 Christian MAUREL,Education populaire et puissance d'agir, 2010, Alain VILBROD,Le métier d'éducateur spécialisé à la croisée des chemins, 2010. Josette MAGNE,Quelle place pour les filles en prévention spécialisée ? Étude auprès de deux équipes de prévention spécialisée en Seine-Saint-Denis, 2010. Michel CHAUVIERE,Enfance inadaptée : l’héritage de Vichy, 2009. Alain ROQUEJOFFRE,Une « communauté » asiatique en France. Le rôle des travailleurs sociaux dans l’acculturation, 2008. Jacques QUEUDET,: un métier entre ambition et repliEducateur spécialisé , 2008. Fathi Ben MRAD, Hervé MARCHAL et Jean-Marc STEBE (sous la dir.) Penser la médiation, 2008 Francisco MANANGA,Les conditions de travail dans le secteur social. Approches juridiques d’un exercice professionnel bien particulier, 2008. Geneviève BESSON,Le développement social local, Significations, complexité et exigences, 2008. Philippe BREGEON,A quoi servent les professionnels de l’insertion ?, 2008.
Marc Chevalier Les disciplines artistiques au service de la formation des adultes33 années d’expériences pratiques (1962-1995)
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96147-0 EAN : 9782296961470
AVANT-PROPOS
1962. J’ai alors 42 ans. Ce sera l’année de ma première rencontre avec la culture ouvrière, le début d’une grande aventure qui durera une trentaine d’années et me permettra de mettre à profit les différentes expériences qui ont jalonné ma vie. Qu’il me soit permis de les retracer rapidement car elles induiront toutes les actions que j’ai menées dans le cadre de la culture populaire.
Vingt ans auparavant c’est « la drôle de guerre ». La France, coupée en deux par l’occupant. Natif d’Avignon, je réside en « zone libre ». Nanti d’un bon bagage musical, je suis affecté pendant les « chantiers de jeunesse » à une petite troupe pour la réalisation d’un spectacle sous la conduite de deux comédiens routiers : Olivier Hussenot et Jean-Pierre Grenier. Ce dernier, quelques mois plus tard, viendra s’installer à Lourmarin, petit village à proximité d’Avignon, pour créer une compagnie de décentralisation théâtrale, Le Chariot. Il me propose d’entrer dans son équipe. Je gagne ma vie en triant des lettres au bureau-gare d’Avignon. Une des caractéristiques de l’état de guerre étant la suppression de tout projet d’avenir : j’accepte !
Sous l’égide d’une association culturelle d’État, Jeune France, située à Lyon, et dirigée par Pierre Schaeffer, Jean-Marie Serreau, Maurice Martenot, nous réalisons un spectacle de variétés dans un style proche de la commedia dell'arte, se terminant par une comédie spécialement écrite pour nous par Jean Giono :Jofroi de la Maussan. Fabrication des décors, des accessoires, des masques ; éclairages, confection des costumes et vie communautaire… Nous sommes six ! Tournées en Provence durant un an jusqu’à la dissolution de Jeune France par le gouvernement de Vichy.
Heureusement, Maurice Martenot, en administrateur prévoyant, avait gardé dans ses tiroirs des demandes de collaborateurs culturels pour les écoles, les mouvements de jeunesse, les centres artistiques, etc. Je me retrouve engagé comme « meneur de jeux » (ce terme est aujourd'hui remplacé par « animateur ») dans l’école des apprentis des industries navales à l’arsenal de Toulon. Quatre cents adolescents de 14 à 17 ans, fils d’ouvriers de l’arsenal de Toulon. Répartis en ateliers de tôlerie, d’électricité, de menuiserie, de mécanique, etc. ; formés à
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ces différentes spécialités, ils assureront le renouvellement de la main-d’œuvre de l’arsenal. Toute l’animation culturelle et de loisirs est à créer. Étant donné mes compétences, je privilégie la musique, la chanson, la chorale, l’écoute des disques, selon des interventions en salles de cours ou dans le stade qui les réunit tous. Ils disposent aussi d’un foyer situé au cœur de la ville, où je conduis avec des volontaires une animation théâtrale sous forme de saynètes, de chœurs parlés, de sketches en vue de spectacles de Noël donnés à l’arsenal pour les enfants du personnel. Restent enfin les colonies de vacances en camp de toile à Embrun : jeux de plein air, compétitions diverses, feux de camp. Je suis tout seul pour mener à bien toutes ces démarches. En 1943, la situation se complique à la suite du sabordement de la flotte. Notre école se replie dans une caserne désaffectée à Jausiers, petit village des Basses-Alpes.
À deux cents kilomètres de Toulon, internat total pour les élèves, mais aussi pour le personnel d’encadrement !
La charge devient très lourde pour moi ! Heureusement, j’obtiens quelques ordres de mission pour aller me ressourcer à Paris auprès de Jean-Pierre Grenier et Olivier Hussenot qui jouentLes Gueux au Paradisau Studio des Champs-Élysées.
Cette retraite forcée va durer plus d’un an, puis retour à Toulon – c’est la Libération ! En janvier 1946, je rejoins à Paris Grenier et Hussenot, qui créent leur première compagnie avec des éléments de mon acabitrencontrés durant cette époque troublée. Ils ont pour noms Yves Robert et Les Frères Jacques, encore inconnus du grand public. Avec Orion le tueur, mélodrame comique de Maurice Fombeure, nous obtenons le prix des Jeunes Compagnies et sommes engagés par Agnès Capri dans son théâtre de la Gaîté Montparnasse. Gros succès pour ce spectacle alerte et drôle, tournées en Angleterre, en Allemagne.
La pièce suivante,Liliom,me pose un sérieux problème quant à mon avenir de comédien : mon accent provençal ! Ensuite,L'escalierd'Yves Farge sera un échec pour la troupe, qui se disperse… Je me souviens alors de mes capacités de musicien ! Je me présente au concours de professeur de musique dans les écoles de la ville de Paris. Après deux ans d’exercices pratiques dans les écoles, j’y réussis…
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Me voilà « casé » pour toute la vie !… Ce qui m’épouvante ! Alors, guitare sous le bras, le soir je hante les petits « bouis-bouis » de la rive gauche avec un répertoire puisé dans le folklore français que j’affectionne. Double vie qui débute à 8 h 30 dans les écoles et qui se termine à 2 h dans les cabarets… Cela durera dix ans ! Entre-temps, en 1947 au premier Festival d’Avignon, je retrouve André Schlesser, chanteur rencontré lors d’une tournée, qui participe à cette magnifique manifestation. Nous chantons ensemble pour nous divertir… et décidons de continuer, rentrés à Paris, sous le nom de « Marc et André ».
En 1951, nous ouvrons le Cabaret de L’Écluse, qui programmera dans ses spectacles durant près de vingt-cinq ans de nombreux jeunes talents : chanteurs, comédiens, marionnettistes, mimes.
En 1956, nous obtenons le grand prix du disque de l'Académie Charles Cros. Nous participons à de nombreuses émissions radiophoniques ; nous devenons les chanteurs du Théâtre National Populaire, avant d'entreprendre de nombreuses tournées avec notre récital de chansons françaises : « Chansons d'hier et d'aujourd'hui ».
Vingt années venaient de s'écouler depuis le début de la guerre. Vingt années qui avaient totalement changé le destin que j’avais envisagé. Souvent ballotté dans un avenir incertain, j'avais sans le savoir moissonné le hasard. Ma propre évolution m'avait apporté une expérience pratique qui allait me permettre de répondre aux problèmes que posait le développement culturel des publics populaires.
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