L Appropriation d un objet culturel
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L'Appropriation d'un objet culturel , livre ebook

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Description

Le terme « appropriation » est de plus en plus utilisé en sciences humaines, sans pour autant que l’on sache à partir de quels postulats il se trouve justifié, que ce soit pour expliquer une action ou pour en faire une méthode de recherche. Le but de ce court essai est de l’intégrer à une théorie de l’interprétation qui en révèle pleinement sa puissance, et c’est à partir du pragmatisme de Charles Sanders Peirce que cela est possible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760527355
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’appropriation d’un objet culturel


UNE RÉACTUALISATION DES THÉORIES DE C.S. PEIRCE À PROPOS DE L’INTERPRÉTATION


Fabien Dumais


2010
Presses de l’Université du Québec

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Dumais, Fabien, 1978-
L’appropriation d’un objet culturel: une réactualisation des théories de C.S. Peirce à propos de l’interprétation
(Collection Communication)
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 978-2-7605-2489-7
ISBN 978-2-7605-2735-5 (epub)
1. Esthétique de la réception. 2. Appropriation (Psychologie). 3. Pragmatisme. 4. Sémiotique et arts. 5. Culture - Philosophie. 6. Peirce, Charles S. (Charles Sanders), 1839-1914. I. Titre. II. Collection: Collection Communication (Presses de l’Université du Québec).
PN98.R38D85 2009 801’.95 C2009-942055-4

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIE) pour nos activités d’édition.
La publication de cet ouvrage a été rendue possible grâce à l’aide financière de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).



Intérieur
Mise en pages: Presses de l’Université du Québec
Couverture
Conception: Richard Hodgson Photographie: Fabien Dumais



1 2 3 4 5 6 7 8 9 PUQ 2010 9 8 7 6 5 4 3 2 1
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
© 2010 Presses de l’Université du Québec
Dépôt légal - 1er trimestre 2010
Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Bibliothèque et Archives Canada
Imprimé au Canada

NOTE AU LECTEUR
On réfère aux éditions standard des travaux de Charles Sanders Peirce par les notations suivantes (voir la bibliographie pour les notices complètes).
MS The Charles S. Peirce Papers , édition microfilm.
CP Collected Papers of Charles Sanders Peirce , vol. i-vm.
EP The Essential Peirce. Selected Philosophical Writings , vol. i-ii.
NEM The New Elements of Mathematics , Charles S. Peirce, vol. i-vi.

INTRODUCTION
De nombreuses expériences de la vie quotidienne ne captent pas suffisamment notre attention pour qu’on y réfléchisse. Elles passent sans bousculer nos manières de penser ou d’agir. Mais quand l’une de ces expériences ne se laisse pas facilement appréhender, lorsqu’elle se fait énigme, l’esprit part alors à la recherche d’une réponse; quand le doute nous prend, on recherche l’apaisement. Cela demande assurément un certain effort, et c’est de cet effort dont il sera question dans cet essai Mon propos portera plus précisément sur l’effort d’interprétation qui a cours pendant et suite à l’expérience d’un objet culturel, ce qui englobe de façon générale film, pièce de théâtre, roman, sculpture, peinture, etc. Si l’expérience de chacun de ces objets comporte des particularités qu’on ne saurait nier, il reste qu’une connaissance théorique de l’acte d’interpréter un objet culturel en général soit tout à fait envisageable [1] . L’objectif direct est d’abord de comprendre ce qu’il en est de l’acte d’interpréter, et pourquoi on ne peut pas disjoindre l’interprétation d’un objet culturel de celui qui accomplit cet acte. Ainsi, l’hypothèse générale qui guidera cette réflexion suggère que l’effort d’interprétation peut se décrire comme une appropriation, c’est-à-dire ce qui résulte d’une plus ou moins grande tension entre être affecté par un objet culturel et lui attribuer une signification.
Le but premier est de dresser un portrait de l’appropriation dans ses multiples facettes. Quelles en sont les conditions de possibilité? Que peut-on retirer d’un tel effort? Quelle logique inhérente en permet le déploiement? Quelle est la forme du résultat obtenu? Comment se déroule cet effort? Puisque le concept d’appropriation concerne l’interprétation d’un objet (ici, culturel), il est nécessaire de s’appuyer sur une théorie de la signification qui rend compte, d’une part, de l’expérience d’un tel objet et, d’autre part, de l’hypothèse selon laquelle une signification est attribuée à cet objet La théorie pragmatiste du philosophe Charles Sanders Peirce (1839-1914) est de mise pour étudier ces deux éléments. Père fondateur du pragmatisme américain - avec William James et John Dewey -, Peirce propose de considérer quels sont les effets pratiques concevables pouvant résulter d’une conception prise comme hypothèse, car la somme de ces effets constitue selon lui «[...] la signification totale de cette conception» (CP 5.9). Autrement dit, l’idée que l’on a d’un objet n’est toujours qu’une hypothèse, mais elle en constitue néanmoins sa signification. En concevant les conséquences possibles de cette hypothèse et en expérimentant, par la pratique, la pertinence de ces conséquences, on en vient à statuer provisoirement de la signification de cet objet. Voulant rendre compte à la fois de la réalité des infinies possibilités, des faits bruts dont on fait l’expérience et des idées (ou faits généraux potentiels), il s’est alors donné la tâche d’élaborer une théorie phénoménologique (sa phanéroscopie) afin d’ancrer solidement ces trois «catégories» comme base du pragmatisme; ainsi pourra-t-on comprendre la relation nécessaire entre l’expérience et l’attribution d’une signification. Sa phanéroscopie sera donc fort utile pour expliciter les conditions de possibilité générales de l’appropriation d’un objet culturel. Bien que Peirce ait fait du pragmatisme une méthode d’abord scientifique, je montrerai qu’en faisant la part des choses, rien ne nous empêche de l’appliquer à l’interprétation d’objets culturels.
Depuis 1990, quelques théoriciens québécois, que l’on peut associer à une école de pensée émergente nommée dans cet essai nouvelles théories de la lecture et de la spectature, ont concentré leurs travaux sur l’expérience de la lecture et de la «spectature» (Lefebvre, 1997; 2007) - néologisme employé pour décrire l’acte de «regarder» un film, d’une façon analogue à l’acte de lire un livre -, et ce en considérant cet acte comme une appropriation. On résumera parfois le nom de ces théories par le vocable «nouvelles théories». L’ouvrage-clé se nomme Théories et pratiques de la lecture littéraire (2007), mais on s’y réfère aussi au cinéma. Pour réduire toute ambiguïté, j’ai cru bon enlever l’adjectif «littéraire» pour démontrer l’applicabilité générale de ces théories à tout objet culturel (expression d’ailleurs utilisée par Thérien [ idem, p. 12]). En ce sens, j’ai sciemment éludé la référence au «texte» dans certaines citations pour la remplacer par «objet culturel». Ces théories étant encore peu connues, et puisqu’elles tiennent à se démarquer jusqu’à un certain point des précédentes théories de la lecture, il m’a semblé de bon augure d’y associer l’adjectif «nouvelles».
S’ils se sont ouvertement inspirés des théories de Peirce, les auteurs des nouvelles théories prétendent surtout «[...] s’appuyer sur sa propre pensée pour voir autrement les questions sémiotiques» (Thérien, 2007, p. 12). Je montrerai par ailleurs qu’en décrivant l’interprétation d’un objet culturel comme une appropriation, les nouvelles théories ne se distancient pas du pragmatisme peircéen, mais en réactualisent plutôt le propos. On remarque en outre que les nouvelles théories se situent bel et bien dans le champ des études sémiotiques, entendu que la sémiotique est «[...] la discipline [ doctrine ] de la nature essentielle et des variétés fondamentales de toute sémiosis possible» (CP 5. 488); la sémiosis (ou sémiose) étant «[...] une action ou influence qui est, ou implique, la coopération de trois sujets, tels qu’un signe [ou representa-men ], son objet et son interprétant, cette influence trirelative n’étant en aucune façon réductible à des actions entre paires» (CP 5. 484). Il est à noter que ces trois fonctions

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