Choix, décisions et préférences
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Description

Comment prenons-nous des décisions ? Qu’est-ce qui influence notre raisonnement, nos jugements, nos valeurs ? La psychologie des préférences et du raisonnement, la psycho-économie, la théorie de la décision et l’étude du jugement, au croisement de diverses disciplines, ont accompli d’immenses progrès depuis une vingtaine d’années. Massimo Piattelli Palmarini, spécialiste notamment des illusions cognitives, expose les concepts fondamentaux, les principes et les grands problèmes de la théorie de la décision, tels qu’ils se manifestent dans les conditions de la vie quotidienne. Il décrit en particulier ce que nous savons aujourd’hui des mécanismes qui, dans notre cerveau, permettent et influencent nos choix. Fondée sur quatre conférences données au Collège de France, une synthèse précise et concise des travaux les plus pionniers dans le domaine de la décision. Massimo Piattelli Palmarini est professeur de sciences cognitives à l’Université d’Arizona, à Tucson. Il a notamment publié Le Goût des études, La Réforme du jugement et L’Art de persuader.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 avril 2006
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738188694
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , AVRIL 2006
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8869-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Remerciements

Ce livre n’aurait pas vu le jour sans l’invitation lancée par le professeur Jean-Pierre Changeux lors de sa visite à l’Université d’Arizona en 2001, et entérinée par le Collège de France. Je tiens ici à remercier, dans l’ordre, Jean-Pierre et les membres du Collège pour cette occasion unique, ainsi que pour l’accueil mémorable dont ils m’ont fait bénéficier pendant mon séjour parisien. Un public nombreux, fidèle et manifestement passionné qui a eu l’amabilité de suivre mes quatre leçons et d’animer une discussion aussi vivace que productive. Plusieurs collègues et étudiants qui m’ont fait l’honneur lors de ma visite, puis par courrier électronique, de me poser des questions très pertinentes ou de suggérer des modifications constructives de mes exposés. Beaucoup de ces contributions s’inscrivent maintenant dans la version finale de ce livre. Mon agent littéraire, Marco Vigevani, et Odile Jacob qui se sont gentiment concertés à mon insu pour assurer cette publication. Claude Fischler qui a eu la bonne idée de me mettre en contact avec Jocelyn Raude pour m’assister dans la transformation de mes notes du cours en un véritable manuscrit. Jocelyn qui a généreusement entrepris un travail d’une qualité et d’une ampleur telles qu’il peut être considéré, à tous les égards, comme mon coauteur. Je suis également redevable à Claude Fischler pour la dernière relecture critique du manuscrit et les précieux conseils de la dernière heure.
Par ailleurs, les images contenues dans cet ouvrage, ainsi que les informations contenues dans leurs explications et dans le texte, n’auraient pas pu être présentées sans la générosité de Peter Shizgal (Université de Concordia), Antoine Bechara (Université de l’Iowa), Drazen Prelec et Shane Frederic (Massachusetts Institute of Technology). Enfin, malgré les nombreux soutiens intellectuels et pratiques dont il a pu bénéficier, ce livre connaît des limites liées à la transcription des exposés. Il contient peut-être des erreurs qui m’ont échappé et dont j’assume seul la responsabilité.
MPP
Avant-propos

En mai et juin 2002, j’ai eu l’immense privilège de donner quatre leçons au Collège de France. J’aimerais ici exprimer ma profonde gratitude à Jean-Pierre Changeux, professeur au Collège, scientifique de renommée internationale, savant à la culture encyclopédique et surtout un vieil ami qui est à l’origine de cette invitation. L’importance du champ de recherche que j’allais présenter au Collège, et qui se trouve maintenant exposé dans ce livre, ne lui avait pas échappé. Elle devait trouver, au mois d’octobre de la même année, une confirmation majeure avec l’attribution du prix Nobel d’économie à Daniel Kahneman. Je ne cache pas une certaine fierté d’avoir prédit, dès 1993, que ce prix serait décerné, tôt ou tard, à Daniel Kahneman et à Amos Tversky – qui était encore vivant à cette époque ( La réforme du Jugement ). Ce prix Nobel justifie largement l’enthousiasme de ceux qui, comme moi, travaillent sur ces problèmes, et permet également d’ouvrir de vastes possibilités d’applications pratiques.
Le domaine que nous esquissons ici a été caractérisé, au cours de son histoire, par différentes étiquettes : la « théorie de la décision comportementale » ( Beha-vioral Decision Theory ), qui permettait de la différencier de la théorie normative de la décision, la « psychologie des préférences », ou plus récemment la « science de la décision ». Aujourd’hui, la dénomination la plus consensuelle est sans doute celle de « jugement et prise de décision » ( Judgment and Decision Making , que l’on désigne souvent par l’acronyme JDM). Nous adopterons néanmoins ici un point de vue particulier sur ce domaine, à travers la présentation d’un important courant d’analyse et d’expérimentation connu sous le nom d’« heuristiques et biais » ( heuristics and biases ) et développé par ses fondateurs, Daniel Kahneman et Amos Tversky.
Le titre de ce livre est emprunté à un courant « internaliste » des sciences cognitives qui m’est cher et sur lequel nous reviendrons plus largement. Dans le domaine de la grammaire générative, il est devenu de plus en plus incontestable, notamment grâce aux travaux de Noam Chomsky, que l’objet d’étude n’était pas (quoi qu’en disent les béhavioristes) le comportement linguistique, ni les causes de ce comportement, mais plutôt les connaissances dont dispose le locuteur-auditeur de sa langue maternelle, c’est-à-dire un système complexe de représentations internes abstraites et de règles dérivationnelles. La pertinence de cette approche est apparue encore plus évidente après la publication en 1986 de l’ouvrage majeur de Chomsky Knowledge of Language , qui a eu un retentissement très important au sein de la communauté scientifique 1 .
Une évolution similaire s’est également manifestée dans le domaine dont traite ce livre : le jugement et la prise de décision. Comme nous venons de le préciser, ce domaine portait autrefois le nom de « théorie de la décision comportementale » qui permettait de le distinguer de la théorie normative de la décision. La promotion de la notion de « préférences révélées » avait pour but de souligner l’importance de l’observation des choix réels, au détriment des états internes. On tendait à donner une plus grande importance explicative aux comportements manifestes, à enregistrer et à mesurer des réactions de choix « publics », plutôt que les déduire de prédispositions ou d’inclinations spécifiques aux sujets.
La prégnance du béhaviorisme et la conviction – à mon avis erronée – qu’il vaut mieux éviter l’étude des états mentaux, persistent parfois en ce domaine. Les choses avaient commencé à changer lentement mais inéluctablement avec le développement de la théorie prospective (Prospect Theory ) , sur laquelle nous reviendrons plus largement dans ce livre. Cette théorie repose en effet sur des imputations spécifiques dans les représentations mentales des décideurs. Les bases de cette théorie sont, comme nous le verrons, les évaluations subjectives des probabilités et les comparaisons, tout aussi subjectives, des pertes et des gains par rapport à des points de repère mentaux. Grâce aux travaux précurseurs de Tversky et Kahneman, le domaine du jugement et de la prise de décision pouvait revendiquer, dès la fin des années 1970, un puissant pouvoir explicatif des représentations et des calculs mentaux, qui ont pris leur place, de manière ouverte et fructueuse, dans ces théories.
Quelques années plus tard, grâce aux travaux conjoints de Richard Thaler et Daniel Kahneman sur lesquels nous reviendrons largement dans ce livre, le domaine des sciences économiques cognitives fut reconnu en tant que tel, le prix Nobel d’économie 2002 ayant consacré ce domaine au regard de la communauté scientifique internationale.
Le titre de ce livre met d’ailleurs explicitement l’accent sur cette nouvelle perspective. Nous nous efforcerons de présenter dans ce livre les principaux résultats des travaux de recherche sur les représentations mentales et les calculs mentaux, qu’ils soient conscients, semi-conscients, ou « tacites » (au sens de la linguistique scientifique moderne), qui structurent nos préférences, nos choix et nos décisions dans des domaines qui relèvent des sciences économiques et qui touchent en grande partie à notre vie quotidienne, comme par exemple le choix d’une assurance, d’une carrière professionnelle, de l’épargne et de la dépense, ou les décisions concernant notre santé.
Un ensemble de distinctions subtiles et pertinentes nous permet ici d’aborder une dichotomie traditionnelle sous un nouveau jour : les préférences sont-elles primaires, c’est-à-dire qu’elles structurent nos choix de manière causale, ou nos choix et nos actions sont-ils primaires dans la mesure où ils sont les seuls que nous pouvons concrètement observer et mesurer ? Cette question fondamentale est au cœur de ce livre. Nous n’en proposerons donc une solution argumentée, internaliste et sélectiviste qu’en conclusion. Heureusement, il est devenu inutile de justifier le recours aux représentations mentales, calculs mentaux, états internes et prédispositions comme facteurs explicatifs des phénomènes que nous analyserons. Désormais, le succès des sciences cognitives dans de nombreux autres domaines légitime en effet pleinement cette approche internaliste.
Massimo Piattelli Palmarini Tucson, Arizona, août 2004

1 - Dans le domaine de la sémantique des langues naturelles, grâce aux travaux pionniers de Chomsky, de James Higginbotham, de Richard Larson, de George Segal et de beaucoup d’autres, l’accent a été mis sur « la connaissance des significations », plutôt que sur la signification elle-même.
Introduction

En matière scientifique, les recherches les plus fécondes relèvent bien souvent de domaines limités, qui se caractérisent par des problèmes centraux étroitement liés les uns aux autres, structurés par des concepts précis et des modèles clairs, et fortement associés à des méthodes expérimentales reproductibles. D’une manière générale, les objets, les concepts et les problèmes qui nous intéressent indépendamment de la science ont souvent trait à notre vie quotidienne : ils sont donc gén

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