Autopsie d un harcèlement moral au travail
126 pages
Français

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Autopsie d'un harcèlement moral au travail , livre ebook

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Description

Démarchée jusque dans sa Normandie par une société de sous-traitance informatique pour un poste basé à Orléans, Fred commence à travailler à deux cents kilomètres de chez elle. Cela ne lui permettra de rentrer chez elle que le week-end. Une situation qui durera quatre ans pendant lesquels son époux décédera. Après sa mission et un arrêt maladie d'une année, vient la reprise du travail : lorsque son employeur supprime la prise en charge des frais de transport et d'hôtel et propose d'emblée une rupture conventionnelle, c'est le début d'un long cauchemar...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 octobre 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342013115
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Autopsie d'un harcèlement moral au travail
Fred Dufresne
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Autopsie d'un harcèlement moral au travail
 
 
 
À mes enfants, mes sœurs et mes ami(e)s
Qui m’ont soutenue
 
 
 
 
 
 
 
Bonjour cher lecteur ou lectrice,
 
Nous allons commencer par faire connaissance.
 
Si vous ouvrez ce livre, c’est peut-être par simple intérêt pour un sujet de société ou alors, plus grave, parce que vous êtes ou avez été victime de ce genre de maltraitance.
 
Personnellement, je n’ai rien de remarquable ; je suis comme vous tous.
J’ai mené de front depuis mes 18 ans une vie personnelle et professionnelle bien remplie :
- une vie personnelle avec un mariage à 18 ans et l’éducation de trois adorables enfants qui sont adultes maintenant ;
- une vie professionnelle avec trois employeurs successifs avec lesquels je n’ai eu, jusqu’à ce jour, aucun problème ni avec mes supérieurs hiérarchiques ni avec les personnes que j’ai eues à diriger.
 
Rien, jusque-là, ne laissait présager que j’aurais un jour à saisir le clavier de mon ordinateur pour vous raconter mon expérience personnelle ; et encore moins sur ce sujet…
 
 
 
 
 
 
Je dois préciser, tout de suite, que j’ai un métier peu répandu :
Pilote d’exploitation mvs : en pratique, je surveille le bon déroulement des activités sur les gros ordinateurs ibm chez des clients (banques ou assurances).
Ne vous étonnez donc pas si certains termes vous paraissent obscurs, ceux-ci n’entravent en rien la bonne compréhension de mon histoire.
 
Il en découle que les lieux de travail en France, en dehors de la région parisienne, sont assez limités.
 
Une société de sous-traitance informatique – que je vais dorénavant nommer La Société – est donc venue me démarcher activement dans ma Normandie pour me demander de venir travailler à Orléans, ce que j’ai accepté, car mon dernier fils venait de quitter le nid familial.
 
J’ai donc intégré La Société en juillet 2006 et j’ai commencé à travailler à 200 km de chez moi. Je restais sur Orléans la semaine grâce à des frais de déplacement versés par mon employeur et je rentrais le week-end retrouver mon mari qui entretenait notre maison.
Cette situation a duré quatre ans et demi.
 
Pendant cette période, hélas, la vie a décidé de me priver de mon époux, et en octobre 2008 je me suis retrouvée veuve.
J’ai continué à travailler à Orléans mais la mission qui m’était affectée a pris fin le 31 décembre 2010.
Suite à ce veuvage et à cet arrêt de poste, je me suis retrouvée en arrêt maladie de janvier 2011 à février 2012.
 
Le tableau est maintenant dressé et la galère que je vais vivre et vous raconter commence dès mon retour au travail le 22 février 2012.
 
 
Pour la bonne compréhension des événements et des échanges, je vais insérer en italique certains mails sans les modifier (ni même l’orthographe), si ce ne sont les prénoms.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
I. Il tire sur la ficelle
 
 
 
 
 
 
Mercredi 22 février 2012
Voici le jour de ma reprise de travail arrivé.
 
Je pars de chez moi à 7 heures pour prendre le train et j’arrive à l’agence à 11 heures.
 
Ne connaissant plus personne, je fais la connaissance d’Anthony C., mon nouveau responsable d’agence, et de Sarah, son assistante.
 
Anthony C. me reçoit en entretien pour faire le point sur ma situation et voir sur quels postes il peut me positionner.
Il me parle des nouvelles normes pratiquées par notre société en ce qui concerne la politique de déplacement et de notes de frais.
Il me dit, donc, que mon contrat de travail (cdi) ayant été signé par l’agence d’Orléans, il estime normal de me proposer un poste sur cette région sans aucun frais de déplacement ni compensation quelconque.
Sauf s’il me trouve un emploi en « horaires postés », à savoir qui commence tôt, ou finit tard ou en 3 x 8.
Je lui explique que je suis tout à fait d’accord pour travailler mais que la situation va vite devenir ingérable pour moi, vu l’éloignement, si je n’ai pas les moyens matériels de me loger sur place.
 
Je connaissais « travailler plus pour gagner plus », mais « se ruiner la santé et les finances pour travailler » je ne connaissais pas encore !
 
Comme il n’a pas de poste à me proposer dans l’immédiat, je lui parle de la charte d’intercontrat « gestion des attentes d’affectation » qui a été signée entre la direction et les partenaires sociaux.
Celle-ci permet au collaborateur d’attendre une affectation à son domicile.
En contrepartie, elle impose à la personne concernée d’être joignable aux heures de bureau à un numéro défini en commun, de se présenter en clientèle pour un éventuel entretien et d’être à l’agence une journée par semaine pour échanger avec sa hiérarchie.
 
Cette dérogation est à la discrétion du chef d’agence et il me dit y être formellement opposé.
 
Il me dit que toutes les personnes en intercontrats viennent à l’agence faire du e-learning , soit de la formation en ligne via Internet.
 
De son côté, l’assistante s’est débrouillée pour m’avoir un rendez-vous avec la médecine du travail mais, malgré sa bonne volonté, elle n’a pas pu en obtenir un avant le lendemain matin.
 
Je demande donc à mon responsable comment je me débrouille pour la nuit.
N’ayant pas de solution – ni de gros moyens –, je lui demande si je dois coucher dehors ? Devant cet état de fait, il consent à me faire un ordre de mission exceptionnel.
À 17 h 30, je me mets donc en quête d’un hôtel le moins cher possible, ce qui n’est pas aisé à la dernière minute et en centre-ville puisque je suis venue en train.
 
Je trouve mon bonheur vers 19 h 30 et je passe une soirée étape – formule dîner, nuit et petit-déjeuner – tranquille.
 
 
 
 
 
 
Jeudi 23 février 2012
Je me rends à pied à la médecine du travail où j’ai rendez-vous à 9 h 45.
Le médecin me juge « apte à mon poste de travail sous réserve de ne pas effectuer d’horaires de nuit ».
Cet avis change mon profil professionnel : en effet, mon travail est majoritairement 7 J/7 et 24 heures/24.
 
Je lui demande de noter sur la fiche d’aptitude mon heure de sortie : 10 h 55, car, dès notre premier entretien, je me suis rendu compte que la relation allait être tendue avec mon supérieur hiérarchique.
 
J’arrive au travail à 11 h 15. Je remets ma fiche d’aptitude et nous avons un nouvel échange.
Anthony C. me parle d’une éventuelle rupture conventionnelle que je décline car je vais faire une demande de Fongecif – reconversion professionnelle – et je ne dois pas être en situation de perte d’emploi.
Il me demande de poser mes congés payés au plus vite : j’en ai cumulé plus de quarante et ceux-ci devront démarrer dès le lendemain !
Il me fait une note de frais « exceptionnelle » qui se monte quand même à 155,90 euros – sur justificatifs : A/R en train et une soirée étape dans l’hôtel le moins cher que j’ai trouvé.
Ces deux jours me permettent de me familiariser avec les nouveaux outils mis à la disposition des collaborateurs en mission chez des clients.
Je quitte l’agence à 16 heures et je rentre au bercail à 22 h 30 car j’ai dû subir une grève des cheminots à la gare d’Orléans.
 
 
 
7 heures de train ; 10 h 30 de déplacement ; 155,90 euros de frais
 
 
 
 
 
 
Vendredi 24 février 2012
Premiers signes d’un mal-être évident :
Je me réveille à 2 heures du matin… J’attends en vain le sommeil en cogitant et je décide de me lever à 4 heures pour écrire le compte rendu de ces deux jours passés à Orléans.
Je m’installe devant mon ordinateur pour deux heures de fabrication d’un mail récapitulant, de la façon la plus juste, cette reprise de travail.
J’envoie ce mail à mon responsable, son assistante, les drh et rrh de Nantes, un collègue et une personne d’un syndicat dont il m’a donné les coordonnées.
 
Bonjour Anthony,
 
Tout d’abord, je tiens à vous remercier, Sarah et toi, pour votre courtoisie et votre disponibilité pendant les deux jours que je viens de passer à Orléans dans le cadre de ma reprise de travail et qui m’a permis de faire connaissance avec vous.
 
J’ai pu voir le médecin du travail hier matin qui m’a considérée « apte à mon poste sous réserve de ne pas effectuer d’horaires de nuit », ce qui change mon profil et je laisse Sarah se renseigner sur la suite à donner en ce qui concerne les éléments salariaux.
J’ai pu profiter de ces deux jours pour voir les nouveautés mises à notre disposition (Atom, Stem) en ce qui concerne les personnes en mission, ce qui était mon cas.
Nous avons également beaucoup discuté de ma situation et des nouvelles normes dans La Société concernant la politique de déplacement et de notes de frais.
J’ai bien pris note qu’ayant été embauchée par l’agence d’Orléans, tu estimes normal de me proposer éventuellement un poste dans cette région sans aucun frais de déplacement.
 
Tu connais la situation antérieure et je t’ai bien précisé que La Société m’a embauchée en 2006 pour obtenir le contrat de La P… en sachant fort bien que j’étais propriétaire de ma maison en Normandie depuis vingt-trois ans et que ma situation géographique n’évoluerait pas.
 
J’ai donc été au régime des frais de déplacement pendant toute la durée de ce contrat soit 4,5 ans.
Maintenant, je suis tout à fait d’accord pour travailler mais on arrive à une situation ubuesque.
Pour 7 heures de travail quotidien, je dois faire soit 7 h de train A/R de gare à gare, soit 6 h de voiture de porte ...

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