Vol au-dessus d'un viol , livre ebook

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Un soir de déprime, une femme se rend dans un bar pour y noyer ses problèmes maritaux et financiers. Elle y rencontre des hommes, dont un qu’elle connaissait, qu’elle invite chez elle pour un dernier verre. Sur place, l’un finit par partir, l’autre reste... et abuse de la situation en violant cette quinquagénaire. Ceci ne relève malheureusement pas de la fiction ; il s’agit bien au contraire de l’histoire traumatique d’Éliane Corghas, expérience au-delà du concevable, générant des lendemains oppressants, qu’elle relate dans ce témoignage qui met des mots sur l’indicible. L’impression d’être responsable du drame, l’anéantissement intérieur, le sentiment que l’on ne vous croit pas, l’horreur des faits... Ce sont ces multiples facettes du viol que décrit le texte, concis, brut, authentique, d’Éliane Corghas. Un récit qui rompt le silence dans lequel s’enferment souvent les femmes qui connaissent ce crime, qui veut leur faire partager le parcours, difficile mais nécessaire, qui commence avec le dépôt de plainte... et qui marque certainement, chez l’auteur, un début de reconstruction de soi.

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Date de parution

14 mai 2012

Nombre de lectures

10

EAN13

9782748375978

Langue

Français

Vol au-dessus d'un viol
Eliane Corgrhas
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Vol au-dessus d'un viol
 
 
 
Je dédie ce livre à Fatima, ma confidente de toujours qui sait écouter sans juger.
Je remercie mon avocat Maître Karim Benalikhoudja qui me représente dans cette affaire
 
En soutien à toutes les femmes qui ont subi un jour une agression sexuelle.
 
 
 
 
 
 
J’étais là devant les gendarmes, abrutie par les somnifères et l’alcool, à raconter ce qui m’était arrivé ; je regrettais presque de les avoir appelés.
C’était le 17 novembre 2010. Moral à zéro, je viens de divorcer il y a un mois jour pour jour, c’est dur, je suis mal, j’ai 51 ans et un enfant de 12 ans, la situation est difficile à gérer. Bientôt Noël, mon fils voudrait un ordinateur. Pas d’argent. Uniquement la pension de mon ex-mari, trois cents euros et à peine plus que le RSA. J’attends ma soulte – argent qui résulte du partage lors d’un divorce : plus de vingt mille euros, je pourrais en faire des choses avec cette somme… comme offrir un PC à mon fils.
 
J’ai envie de me vider la tête, d’oublier les soucis. La mauvaise idée me vient : je vais boire un verre au bar du coin : la F… Non vraiment, je n’avais l’intention de boire qu’un ou deux verres ! En entrant j’aperçois un homme que je connais (peu, mais je l’ai déjà croisé). Je commande un double gin tonic, je discute avec P…, je lui raconte mon mal de vivre, et avoue ma pensée de mettre fin à mes jours. Plus rien à foutre de l’existence, d’ailleurs ce ne sera pas la première fois que j’attente à ma vie.
Mon enfance fut marquée par un viol : il a commencé alors que j’avais à peine plus de 3 ans, je ne disais rien, je laissais faire. « Il » c’était mon oncle. Culpabilité de toute une vie : plus vous êtes dans l’engrenage plus vous avez honte, et puis après tout c’est votre oncle, votre parrain, ce doit être normal. Il a été arrêté en 1968, mais pas pour l’affaire qui me concerne, je garde mon secret bien enfoui, et ravale mes sentiments : honte et culpabilité.
P… me présente deux amis avec qui il est, copains de beuveries sans doute. Qu’importe ! je dois être au troisième double gin, je crois que je les ai rejoints. Je me raccroche à eux, ultimes bouées de sauvetage : je veux mourir mais je souhaite que quelqu’un m’en empêche. J’ai déjà contacté S.O.S. Amitié et d’autres associations, mais la distance qui nous sépare des interlocuteurs ne me dissuadera pas d’avaler les boîtes de somnifères et d’antidépresseurs létaux (l’espoir peut aussi faire mourir).
P… me présente R… et un autre homme dont j’oublie le nom dans la minute : l’alcool… et je ne suis pas là pour m’intéresser aux problèmes des autres, je veux qu’on m’écoute. Je reste un long moment à discuter avec eux, ils jouent au billard, ils ne m’écoutent plus. Je crois que je vais rentrer, j’ai suffisamment bu pour passer à l’acte. Dans un dernier élan d’espoir je leur demande s’ils veulent venir boire un verre chez moi. Ils sont d’accord, je nourris l’espoir de les voir arriver rapidement, il y a urgence. Je rentre chez moi, sous le poids de l’alcoolémie et de mon désespoir.
Ils ne vont peut-être pas tarder, je ne me méfie pas, de toute façon je connais au moins l’un d’entre eux. Je me sers un verre, j’attends, une heure peut-être deux. Je bois, je n’ai plus d’espoir. Je regarde dans le tiroir de ma table de nuit : seroplex, lexomil, stilnox, tout est là pour la nuit et un sommeil sans fin ; il est peut-être 22 h 30, on sonne.
 
J’ouvre les volets de mon appartement du rez-de-chaussée. Je vois non pas trois hommes que j’attendais, mais deux. Il y a R… et celui dont j’avais oublié le prénom. Je ne les connais ni l’un ni l’autre, mais j’accepte de les laisser entrer : ils doivent éprouver de la sympathie pour venir consoler une femme qu’ils ne connaissent pas, une femme qui les a « saoulés » avec son mal-être. Ils arrivent un peu tard mais assez tôt pour m’éviter « l’accident ».
Je les invite à s’asseoir et en hôte accueillante leur propose un verre. R… boit le seul alcool qui soit en ma possession : du gin, il me semble l’avoir vu boire du Ricard à la F… mais il se contentera de boire ce que j’ai à proposer, et fera donc un mélange. L’autre me dit qu’il a assez bu, et se contentera d’un thé glacé. Tiens, au moins un de sérieux, qui ne participe pas à notre intempérance. On discute : mon divorce toujours, ma solitude encore, mes problèmes financiers. R… doit avoir la petite trentaine, quant à l’autre, je lui donne environ 40 ans. Ils manifestent tous les deux de la compassion à l’égard de mes malheurs. C’est un sentiment précieux et rare. Cela me fait du bien de parler de tout, de rien. Au bout d’environ une heure je crois, « l’autre » décide qu’il doit rentrer : boulot le lendemain.
 
Je reste seule avec R… J’arrête de boire, il est encore temps, je suis lucide mais j’ai sommeil, mes envies de suicide se sont évaporées entre le gin, la fatigue et la conversation. Je fais comprendre à R… que je veux me coucher, mais tant que je ne suis pas endormie, j’ai peur. J’étais redevenue une petite fille dans l’attente désespérée que sa maman vienne lui dire bonne nuit, en vain… J’ai besoin de m’endormir en présence de quelqu’un, il y a tous ces médicaments dans mon tiroir, on ne sait jamais !
Je vais à la salle de bains, R… m’accompagne gentiment. Puis il m’attend au salon. Je mets mon pyjama, rien d’aguichant : pantalon, chemise fermée jusqu’au cou. Je lui demande de fermer mes volets, trop fatiguée ! Je prends mon portable – quand mon fils est chez son papa, je garde le téléphone près de moi, on ne sait jamais, s’il tombe malade dans la nuit, je veux être joignable.
R… me suit, paternel ce garçon, j’ai vraiment de la chance. Je me couche, sans oublier de prendre ma petite peluche, mon petit panda, témoin de mes nuits de tristesse, de ma solitude ; problèmes d’enfance non résolus ? Là, tout va bien, j’avale quand même mon antidépresseur quotidien, et mon somnifère, je m’endormirai plus vite. Je suis bien, R… peut partir, il a joué le père ou le frère d’un soir. Mais il ne s’en va pas, il s’assoit sur le bord de mon lit, va-t-il me dire bonne nuit ?
Non. D’un geste brutal il saisit mon visage à deux mains, il veut m’embrasser, je sens sa bouche se coller à la mienne j’ai du mal à me dégager, l’alcool et le somnifère me laissent sans force, tout va si vite : ce n’est plus un père ou un frère, mais un homme simplement, qui ne contrôle plus ses bas instincts. Je sens la peur monter en moi, avec le dégoût, la colère ; pourquoi ai-je fait confiance ?
Il est jeune et j’ai 51 ans. Je lui dis d’arrêter, il ne m’entend pas, il est déjà dans son

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