II - Edelweiss
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Description

L'An Mil. On se souvient de Gaëlle, enchanteresse d'hyperborée, guérisseuse embarquée dans des conflits fratricides qu'elle résoudra à sa manière. Sa fille Edelweiss, à la puissante magie transmise de manière héréditaire, devra consolider – par ses pouvoirs divins – les acquis de ces belliqueux peuples hyperboréens, obtenus par sa mère et son père le jarl Joründ, auxquels se joindront les Inuits à la parole sacrée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2023
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414591961
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-59196-1

© Edilivre, 2022
Prologue
L’an mil.
La cime de la « Montagne de l’Ermite » – toujours dénommée ainsi malgré la mort jadis brutale de ce Devin – était constamment blanche, humide, mordue par un vent froid qui venait des brumes givrées de l’extrême-Nord hyperboréen, sifflant ses rafales entre des pins désolés. S’y trouvait encore, malgré la disparition du Mage solitaire, son ancienne demeure basse, épaisse et solide, où désormais vivaient Gaëlle et Edelweiss.
Depuis vingt ans, excellentes chasseresses, promptes à bouter le feu dans leur domicile pour créer une chaleur qui ne s’invitait jamais, recevant parfois quelques aventuriers qui ne craignaient pas la rudesse du climat, elles vivaient la plupart du temps dans une solitude glacée. Gaëlle avait atteint environ quarante ans, et des mèches blanches s’entrelaçaient dans son opulente chevelure blonde qui dansait devant l’extraordinaire douceur de ses yeux bleus ; très semblable à sa mère, aussi blonde et déliée qu’elle, âgée d’une vingtaine d’années, Edelweiss en différait cependant par un regard profondément violet, très direct, qui signifiait qu’elle se fit secrètement offrir le don de la foudre, dès sa naissance, par un dieu norrois.
***
A vingt lieues plus au Sud, le petit village de Skoljen avait bien grandi. De quelques baraques détruites par la guerre des clans, voici deux décennies, il montrait maintenant d’épais remparts circulaires, surveillés par une tour de guet aux nombreuses meurtrières. On pouvait maintenant le considérer comme un bourg ; la participation guerrière de Gaëlle à sa survie avait, à l’époque, été effective.
L’escalier qui menait au port, situé au bas de la falaise, était à présent protégé par des terrasses couvertes où l’on pouvait s’embusquer. Le long du quai solidement planté dans une mer gelée, nombre de drakkars menaçants semblaient protéger les barques de pèche qui allaient et venaient. Les défenses côtières mises à terre par le passé furent remplacées par des appentis sécurisés, et un rempart circulaire assorti d’un chemin de ronde protégé.
Joründ, Jarl largement quadragénaire de la petite cité, malgré sa fidélité sans concession aux lois et coutumes rigides du Nord, gérait adroitement les affaires de ses sujets, et avait décrété un droit de conscription qui pouvait en vingt-quatre heures réunir trois cent cinquante guerriers. Sa femme Lorejen, plus jeune, veillait à ce que la collecte des impôts lui confère par sa régularité l’obtention d’un confort indéniable, car elle venait d’une ville où tous les honneurs lui étaient dûs depuis sa plus tendre enfance.
***
A quarante lieues, au Nord-Est d’un bras de mer agité, se trouvait l’Ile Noire, nommée ainsi à cause de l’épouvantable sauvagerie de ses rares autochtones. Soumise à une neige sans véritable arrêt, à un vent cinglant, et à de fortes pluies, il paraissait difficile d’y construire quoi que ce soit de pérenne, ni d’y retenir suffisamment d’habitants honnêtes pour améliorer le seul village trapu et disparate qui s’y trouvait.
Mais le Jarl Vareg, tout entier tourné vers sa revanche sur Skoljen, où il perdit cruellement son père lors de cette même guerre des clans, avait malgré tout su attirer depuis chasseurs, bandits, et mercenaires, en leur allouant des maisons, de nombreux esclaves Inuits, et des établissements de plaisir. En battant également monnaie, et en les payant grassement tout en les fidélisant, il les rendit sédentaires et put commencer à faire reconstruire une flotte de drakkars aux Voiles Noires, monter une armée de trois cents hommes sans foi ni loi qui adoptèrent sans mal la brutalité des îliens d’origine. Enfin, il créa autour du village d’épaisses défenses et transforma le lieu en motte féodale.
***
Plus au Sud de Skoljen, si l’on n’utilisait pas la route pavée, et que l’on montait de vingt pieds sur le flanc de la colline enneigée, se trouvait un chemin resserré durant dix lieues, qui s’ouvrait ensuite pour mener au Cercle des Druides, sorte d’enceinte circulaire de pierres levées qui protégeait un petit dolmen sur la table duquel était gravé un texte sacré en runes, verdies par le climat. A côté se trouvait des abris pour les pèlerins et leurs montures.
Dans la même direction, parallèlement, si l’on suivait cette fois-ci la route pavée qui menait à des villages au climat plus tempéré, on trouvait la ville d’Erskebor, éminemment fortifiée, forte de quatre cents guerriers surentraînés, dont les remparts reposaient sur le roc et baignait dans des douves profondes piégées par des flèches de fer en croisillons. Son Jarl était Reidavik, qui se faisait maintenant vieillissant, père de Lorejen déjà citée, et d’Alman, fils de 18 ans, garçon secret, sournois, et froid. La femme du Jarl était alors morte en couches. Après la guerre d’il y a vingt ans avec les Voiles Noires, qui avaient attaqué Erskebor en vain grâce à la détermination de Gaëlle, de Joründ et du Jarl de la ville, celle-ci se releva instantanément ; elle devint alors rapidement le point de jonction entre le bourg du Nord, qui négociait sa pêche, contre les produits agricoles qui provenaient des hameaux du Sud et du Sud-Ouest, échanges rendus paisibles par cette fameuse route, fraîchement réhabilitée, et surveillée par des hommes d’armes de la ville principale de la côte.
***
Mais revenons à Skoljen, épicentre de notre récit. Pour sceller une amitié raisonnée avec son voisin du Sud Reidavik, Joründ, cependant fou amoureux de Gaëlle depuis toujours, avait épousé la fille aînée du Jarl du Sud, comme nous l’avons déjà vu ; il accepta en fait ce mariage pour des raisons politiques, et une fidélité sans faille au chef de la ville d’Erskebor.
Las, ce mariage de raison, comme si le destin avait eu son mot à dire, se termina stupidement, sur les escaliers des nobles appartements de la Jarlesse : celle-ci venait de se faire coudre une nouvelle robe longue, confectionnée par ses tisseuses et couturières qu’elle menait brutalement, au détriment de la qualité des ouvrages. C’est lorsqu’elle descendit la volée de marches qui menait à la salle commune de Skoljen, que l’ourlet bâclé de sa robe se défit, emprisonna son pied et la fit chuter ; elle tourna trois fois sur elle-même en criant, mais se tut brusquement lorsque sa nuque se brisa sur le dernier poteau des escaliers. Du rez-de-chaussée, la cour assemblée hurla d’horreur et d’aucuns se précipitèrent pour prévenir le Jarl du bourg. Un cavalier sauta sur-le-champ sur son cheval pour galoper jusqu’à Erskebor et avertir le père de l’infortunée Jarlesse décédée.
De magnifiques funérailles débutèrent le lendemain. On plaça le corps de Lorejen sur un drakkar, entourée par ses dames de compagnie qu’on avait sacrifiées pour l’accompagner dans son voyage vers La Prairie Eternelle du Temps Immobile. On mit ensuite le feu au vaisseau, comme il se devait dans les terres d’Hyperborée, et l’on attendit que ce dernier sombre avant que ne s’élève un concert de cornes de brume. Ensuite, Joründ s’imposa la coutume qui lui intimait de respecter un an de deuil, pendant lequel il ne pouvait convoler en de nouvelles justes noces. Pour le reste, ses écarts seraient tolérés – pourvu qu’ils restent discrets.
Ainsi vite prévenu, Reidavik d’Erskebor, père inconsolable, mais buveur impénitent, jouisseur notoire, et atteignant une soixantaine très bedonnante, succomba aux « esperis qui venaient du cuer », comme l’on disait autrefois, c’est-à-dire à un fulgurant infarctus du myocarde. C’était en fait sa fille chérie qui venait de disparaître ! Les distances empêchant les voyages rapides à l’époque, son fils Alman, devenu d’un coup Jarl de la ville, ne put monter une délégation, et se contenta d’envoyer un émissaire choisi parmi la noblesse, qui arriva trop tard, malgré qu’il fut un expert du grand galop.
Partie 1
1
Ce jour là, une neige collante, tombant régulièrement, nappait la Montagne de l’Ermite. Elle recouvrait souches et rocs. Un vent glacé sinuait toujours entre les arbres nus, aux bourgeons cuits par les gels successifs. Des nuages épais et rapides naviguaient bas, sombres et menaçants.
Gaëlle et Edelweiss avaient déjeuné de manière fort carnée, près du feu ronflant, allumé dans la cheminée de la demeure basse qui fut celle du devin, voici vingt ans. Elles finissaient le pichet de cervoise en devisant à bâtons rompus, profitant de la chaleur et d’un moment de calme, entre ces quatre murs de pierres sèches.
Soudain Edelweiss se figea, sourcils froncés, et resta immobile, semblant écouter quelque chose qui n’existait que dans sa tête.
— « Qu’est-ce qu’il y a ? » S’enquit sa mère, subitement alertée par ce changement de comportement.
— « Je devine l’arrivée de guerriers. Six hommes en raquettes, et huit chevaux tenus à la bride. Ils sont à deux cents pas d’ici. »
Gaëlle ne remit pas en cause une seconde la prémonition précise de sa fille. Alors, seules à des lieues à la ronde dans cet abri solitaire, devant éventuellement se protéger, elles se saisirent de leurs arcs et flèches ; elles ouvrirent vivement les fentes des meurtrières disposées dans la porte et les fenêtres, et regardèrent à l’extérieur par ce biais. Quelques crépitements blancs parcoururent les bras d’Edelweiss ; ils étaient légèrement sonores, et dégageaient une forte odeur d’ozone. Elle n’en souffrait pas. Gaëlle, maternelle, lui conseilla :
— « Surtout ne découvre pas tes dons, ma chérie. Ils pourraient envenimer les choses. »
Edelweiss ne répondit pas. Sa mère ne la laissait pas souvent se servir de ses pouvoirs, sans doute avec raison, mais elle s’en trouvait frustrée. Elle décida d’obéir, et fit cesser cett

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