Fractures comminutives bilatérales non opérées des calcanéums chez un patient philippin , livre ebook

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Les fractures comminutives des calcanéums sont redoutables et ont un impact sévère sur le quotidien. Malgré tout, Monsieur T. Philippin de 42 ans, issu d'un pays géographiquement lointain et spirituellement différent, refuse la chirurgie. Pourquoi ? Vaste question à laquelle il a essayé de répondre en invitant l'auteur de ce mémoire dans sa culture. Aujourd'hui les techniques ancestrales de « réparation magique » du corps basées sur la foi contrastent durement avec notre médecine technologique et légitimée par la preuve. L'enjeu dans cette rencontre délicate est de s'ouvrir aux croyances, aux représentations, aux besoins propres à l'environnement du patient. Relativiser le soin et s'éloigner des connaissances que nous tenons de notre milieu. Ainsi, cet ouvrage développe la confrontation entre l'idéal du soin porté par une étudiante masseur-kinésithérapeute et l'attente inhabituelle d'un patient imprégnée d'une autre culture.

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Date de parution

17 février 2017

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342150803

Langue

Français

Fractures comminutives bilatérales non opérées des calcanéums chez un patient philippin
Émilie Olivier
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Fractures comminutives bilatérales non opérées des calcanéums chez un patient philippin
 
Introduction
Après une chute accidentelle de trois mètres sur ses talons, Monsieur T est pris en charge pour des fractures comminutives bilatérales des calcanéums qui intéressent les articulations talo-calcanéennes. Il refuse l’opération malgré les explications du médecin.
Les fractures du calcanéum sont reconnues comme graves en raison des séquelles fonctionnelles dont elles sont responsables. « Actuellement, un nombre encore trop élevé de patients présente des suites difficiles impliquant un arrêt de travail prolongé, voire une perte définitive d’emploi et dégradation contemporaine de la sphère socio-familiale. » (Assal & Crevoisier, 2008, p. 13). Ces fractures sont souvent la conséquence d’accidents à haute énergie tels que la chute depuis un lieu élevé et malgré leur fréquence, « leur traitement représente un réel défi médical » (p. 8). La plupart des fractures du calcanéus sont articulaires, touchant une articulation fondamentale, clé de voute de la mécanique de l’arrière-pied, car servant de relais entre la cheville et le médiopied. Elles ont très mauvaise réputation, et celle-ci n’est pas sans fondement : dans la plupart des cas, les suites sont longues et difficiles.
La fracture comminutive qui intéresse l’articulation talo-calcanéenne est d’indication chirurgicale. « Le traitement vise à prévenir les complications à long terme que sont l’arthrose subtalienne et le cal vicieux extra articulaire, en évitant les problèmes cicatriciels et cutané. s » Que le traitement soit conservateur ou chirurgical, « il faut prévenir le patient qu’une fracture du calcanéus, surtout si elle est articulaire, est une fracture grave, pouvant entraîner de lourdes séquelles surtout si la réduction anatomique n’est pas obtenue » (Hélix-Giordanino, Bertani, Rochwerger, & Curvale, Fractures du calcanéus, 2010, pp. 5-6)
 
Selon les principes généraux de la Charte du patient hospitalisé, « un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient » . M. T bénéficie alors d’un traitement non invasif fonctionnel habituellement destiné aux fractures simples et non déplacées. La consolidation osseuse se fait donc en l’état. Dans ce contexte, la rééducation de Monsieur T en kinésithérapie ne suit donc aucun protocole connu. Le refus catégorique d’intervention chirurgicale devant de telles fractures conduit à s’interroger sur les influences culturelles du patient philippin. Si une approche transculturelle du soin s’impose, comment se comporter quand la posture d’un patient influencé par sa culture heurte les principes fondamentaux du clinicien ? Jusqu’à quel point peut-on entendre et respecter ses croyances pour concilier nos objectifs a priori très différents ?
1. Eléments anatomiques et principes de la chirurgie proposée
1.1. Le système suro-achilléo-calcanéo-plantaire
« Le tendon d’Achille appartient au système suro-achilléo-calcanéo-plantaire, système de propulsion essentiel à la marche humaine. » (Grignon & Mainard, Imagerie du tendon d'Achille, 2011, p. 4). Ce système réalise une continuité fibreuse depuis l’extrémité distale du fémur jusqu’à l’avant du pied, il met en jeu un muscle puissant, le triceps sural.
1.1.1. Le triceps sural
Maillon de la chaîne d’extension, le muscle triceps sural est constitué des muscles gastrocnémiens et du muscle soléaire. Le chef médial du gastrocnémien s’insère sur l’épicondyle médial du fémur, le tubercule supra-condylien et la coque condylienne médiale. Le chef latéral a les mêmes insertions coté latéral. Les fibres charnues des vastes se terminent sur une longue lame aponévrotique qui s’étend sur presque toute la hauteur de la jambe. Le soléaire est mono-articulaire, il s’insère en haut sur le tibia et la fibula, ses fibres charnues s’insèrent, en arrière du muscle, sur la lame aponévrotique. En distal, les deux lames vont progressivement fusionner en s’épaississant dans le plan sagittal, et en se rétrécissant dans le plan frontal pour constituer le tendon calcanéen (Grignon & Mainard, Imagerie du tendon d'Achille, 2011) (Drake, Vogl, & Mitchell, 2009).
Ce muscle permet la marche, la montée d’escaliers et la descente par action frénatrice mais aussi le saut et la course. Sa contraction s’accompagne de muscles synergiques eux même en rapport étroit avec l’aponévrose plantaire (cf. paragraphe 3.1.3 : Aponévrose plantaire) : le court et long fléchisseur des orteils. Ensemble ils soulèvent le poids du corps. C’est le muscle qui nous élève sur la ½ pointe des pieds (Lacôte, 2013). Ces actions sont :
- Flexion plantaire du pied sur la jambe avec bascule du pied en varus.
- Stabilisation et équilibre du segment jambier sur le pied portant par action frénatrice pendant la marche en terrain plat : muscle soléaire
- Impulsion, propulsion pour la marche en côte, les sauts, la course : muscles gastrocnémiens
1.1.2. Le tendon d’Achille
Descendant dans la région postérieure de la cheville en arrière de l’articulation talocrurale, le tendon d’achille est une structure fibreuse, verticale, à légère concavité antérieure. Cylindre aplati de section ovale, il fait en moyenne 9 cm de hauteur, 12 mm de largeur et 6 mm d’épaisseur. «  C’est le tendon le plus volumineux et le plus puissant de l’organisme  » et son élasticité permet l’accumulation de l’énergie pendant l’appui qu’il restitue lors de la propulsion du pas (Grignon & Mainard, Imagerie du tendon d'Achille, 2011, p. 4). Les fibres du tendon s’insèrent sur la tubérosité du calcanéus dans sa partie moyenne. Mais certaines fibres superficielles se poursuivent avec l’aponévrose plantaire. (Grignon & Mainard, Imagerie du tendon d'Achille, 2011, p. 3)
1.1.3. L’Aponévrose plantaire
L’aponévrose plantaire est la portion centrale du fascia plantaire, elle sépare les muscles superficiels du panicule adipeux plantaire. Nacrée, elle est épaisse et résistante. Sa rigidité, « la plus forte du corps humain », assure un soutènement de la voûte et la propulsion sur l’avant pied (Dufour & Pillu, 2006, p. 254). Elle nait du tubercule médial de la tubérosité du calcanéum. Elle reçoit quelques fibres du tendon d’Achille et des tendons plantaires. Elle s’étend ensuite en éventail en avant pour aller s’insérer in fine sur les têtes des métatarsiens (Lazennec & Trabelsi, Anatomie topographique du pied, 1999, p. 2). Elle participe à la biomécanique de la marche comme dernier maillon du complexe suro-achilléo-calcanéo-plantaire qui constitue une unité anatomique et fonctionnelle. Ce complexe a un rôle de propulsion, d’amortissement et d’équilibre.
1.1.4. Le calcanéum, véritable rotule du système
Le tarse se compose de sept os...

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