Guérir de l anorexie : Changeons de regard
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Guérir de l'anorexie : Changeons de regard , livre ebook

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Description

Une personne anorexique n’est pas condamnée à le rester. Ce livre écrit par une (ex-)anorexique guérie montre qu’il est possible de sortir de l’anorexie et d’envisager une vie sans. Pourquoi guérir de l’anorexie est-il souvent considéré à tort comme illusoire ? Pourquoi les thérapies restent-elles majoritairement lourdes, incertaines et souvent agressives ? Comment parler de l’anorexie sans préjugés et accompagner les personnes qui en souffrent ? C’est tout le propos de Camille Cellier. Son expertise nous invite à changer de regard sur les troubles du comportement alimentaire qui altèrent gravement la vie de tant de personnes. Pour que l’anorexie ne soit plus une fatalité et que les anorexiques reprennent espoir, dans le cadre de thérapies respectueuses. Camille Cellier est enseignante de lettres modernes-cinéma et doctorante. Elle aide aussi des anorexiques dans leur parcours de guérison. Elle a écrit Deux à combattre l’anorexie, avec Didier Pleux. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juin 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738156020
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , JUIN  2021
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5602-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

Tiens, un livre qui parle d’anorexie… encore !
Pas si vite, « ça » ne parle pas tout à fait de l’anorexie en tant que telle… Laissez-moi s’il vous plaît une page pour plaider ma cause et vous détromper.
Bon. Vous avez quelques minutes à perdre, vous ouvrez la « chose »… Pas de cahier photos à l’intérieur ? Non, mais des mots bien remuants, qui refusent de s’en tenir au pur « témoignage ».
Bien sûr, il s’agit d’une parole personnelle, dans la mesure où j’ai bien connu, et même un peu trop, la pathologie, mais j’en suis guérie. Et c’est là le point qui importe : l’anorexie n’est pas ce Mal chronique qui persiste sous forme de névroses résiduelles et de symptômes de mal-être qu’on nous dépeint avec force détails catastrophistes à longueur d’études, d’enquêtes et de reportages. Autrement dit, un • e anorexique n’est pas condamné • e à le rester, cela mérite d’être expliqué et développé concrètement. Certes, la « route est longue pour les humains », pour reprendre les mots de Georges Chelon, mais bien sûr qu’on peut guérir vraiment, totalement, à cent pour cent.
Cette mission nécessite une lutte argumentée (et vaillante !) contre les préjugés et les idées reçues… Car le vieux monde abat ses cartes classiques, « une hystérique », « encore malade »… Trop facile !
En outre, je souhaite dépasser la narration du moi, n’ayant pas d’appétence particulière pour l’exhibition de la vie privée. En guise d’exemple, « je » sert d’illustration à un parcours de vie hors anorexie et « je » revient aussi sur la pratique de thérapies par des usagers.
Ce qui m’importe, c’est d’organiser les connaissances que j’ai rassemblées en un récit-essai sur le scandale du soin des troubles du comportement alimentaire, encore aujourd’hui, dans bien des services hospitaliers et des cabinets libéraux, entre coercition abusive, sexisme et défaitisme. Que les pathologies soient lourdes ne justifie pas les fréquentes maltraitances, qui commencent dans les paroles lancées par des « soignants », loin d’être toujours saines. Ouvrir le débat et mener une réflexion globale sur ce sujet brûlant me paraît d’autant plus d’actualité que les troubles du comportement alimentaire « explosent 1  » depuis le premier confinement (qui est devenu un sinistre marqueur temporel, délimitant un « avant » et un « après » pour beaucoup). En outre, les cas s’avèrent plus graves (déperditions de 15 à 20 kilos plus fréquentes), les décompensations nécessitent des prises en charge en hospitalisation à temps complet. Les services se trouvent de plus en plus débordés, faisant difficilement face au doublement des cas 2 . De même, les lignes d’écoute sont submergées (30 % d’appels en plus). Un chiffre qui parle : aujourd’hui, une personne anorexique qui souhaite consulter devra supporter un délai de trois à quatre mois (à moins d’une urgence vitale). Trois ou quatre mois où la « politique » anorexique a le temps de se renforcer, de durcir ses « lois » et de ravager la personne en détresse, physiquement et psychiquement.
Je me propose d’envisager des pistes alternatives et humanistes, loin de toute adhésion à une école de pensée spécifique, inspirées de l’aide thérapeutique que je cherche à apporter : elles sont opérantes.
Cela n’était possible qu’avec de la distanciation, cet argument inattaquable d’être guérie – j’avais déjà formulé des hypothèses quand je suis sortie de l’anorexie, ces dernières ont été d’emblée réfutées, au prétexte que la « malade » ( sic ) n’a pas voix au chapitre. Eh bien si, justement ! Quelle est la philosophie de ces soignants qui croient en savoir plus que la personne qui souffre ou sont persuadés de « mieux connaître la vie » ( sic ) qu’elle ? Recueillir les récits d’anorexiques ayant subi des hospitalisations aussi pénibles qu’improductives (ou des thérapies aux influences délétères) me permet d’être au contact du « terrain », et de constater le climat vicié qui est trop souvent de mise entre les individus dits « normaux », soignants et autres, et les anorexiques. Pourquoi la figure de l’anorexique draine-t-elle tant de fantasmes ? Pourquoi la maigreur extrême déclenche-t-elle de telles réactions épidermiques, pourquoi l’anorexique est-elle ou est-il marginalisé • e, son discours méprisé, sa liberté réduite ? Le combat était allégoriquement inégalitaire pour les Maigres dans Le Ventre de Paris de Zola, il semble le rester, surtout si l’anorexique est une jeune fille ou une femme : femme, maigre, folle, l’amalgame n’est hélas pas rare. Voilà d’où doit partir la révolution de l’approche de l’anorexie.
CHAPITRE 1
On remet le couvert

Légendes anorexiques
J’avais été interpellée sur Internet par le commentaire sans appel du docteur Alain Meunier, président de l’association La Note bleue : « Tout ce qui se dit sur l’anorexie est à peu près faux ! » C’est tellement vrai… Il s’en dit beaucoup (trop), sur l’anorexie !
Tenez, ne serait-ce que dans la quiétude d’une salle de TD de psychologie niveau licence à l’université. Entre les murs vénérables d’une salle de classe, une trentaine d’étudiants accrochés à leur ordinateur comme les moules au rocher boivent les paroles du vieux maître sûr de son fait : « L’anorexie, ça a quelque chose à voir avec la mère, le père, l’attachement. » Et la petite troupe d’immortaliser cette sortie au traitement de texte. Pas question de subir une telle désinformation, de telles vues orientées !
La figure mythologique de l’anorexique a encore de beaux jours devant elle, avec de telles assertions. On prête, entre autres, des traits d’instabilité durable à une ex-anorexique. À révéler à un proche d’un soir que j’avais connu l’anorexie, l’interlocuteur a réagi en me demandant si j’avais pour habitude de « m’enfermer dans la salle de bains pour pleurer et hurler », car il « savait bien ce que c’était ».
L’après-anorexie est un sujet encore plus terra incognita  : impensé dans le monde universitaire et tout aussi confidentiel chez les chercheurs et les soignants. La pensée commune se résume en « si elle a repris son poids de forme, elle retourne dans la nature , end of the story  » mais « gare aux rechutes en cas de choc ». Les anorexiques ne sont pas les « malades » préférées des équipes soignantes, loin s’en faut, je développerai cela. Prenons seulement l’avis du neuropsychiatre Stanislaw Tomkiewicz 1  : « L’anorexique […] a l’art et la manière de susciter des pulsions agressives. » Je citerai aussi A., qui m’a raconté son calvaire avec une de ses infirmières qui arrivait dans le box en maugréant : « Je n’aime pas les anorexiques. »
Je mets à profit ma connaissance intime de l’anorexie en rétablissant des vérités. Je ne mène pas seulement une croisade antibillevesées, j’ambitionne aussi de faire progresser les lumières sur l’anorexie : qu’on change enfin de regard sur elle, qu’on cesse de la fixer comme inaccessible et incompréhensible.
Je m’attarderai sur les lieux communs erronés – maman responsable, papa absent, problèmes en lien avec la féminité, car ces fadaises servent encore bien souvent de base de travail avec les anorexiques (alors qu’elles-mêmes souhaiteraient souvent moduler ces axes de travail, qui ne les concernent pas personnellement).
Intellectuellement, j’ai toujours été d’avis que la déraison domine souvent la thérapie de l’anorexie.

Anorexie de A à Z : toute une littérature…
Un livre sur l’anorexie, encore un, soupireront critiques et libraires. De fait, la pathologie « anorexie mentale » couvre des rayonnages entiers (on parle de « littérature anorexique », c’est dire), s’invite dans la presse, ricoche à l’infini : sémiologie, traitement(s), témoignages, illustrations de la maigreur, débats entre pro- et anti- ana , etc. Bref, il existe une palette inépuisable d’ouvrages socio-anthropo-historico-psycho-médicaux sur l’ anorexia nervosa … Ainsi que le soulignent C. Eliacheff et G. Raimbault dans Les Indomptables , on a autant écrit sur l’anorexie que sur Hamlet, Dom Juan et Antigone, et le mouvement est exponentiel.
Alors, plus rien à dire sur cette thématique resucée jusqu’à plus faim ?
J’étais lassée d’entendre la même question récurrente : « Maintenant que tu as du recul, tu as trouvé LA cause, alors, de cette anorexie ? » Comment expliquer aux gens que l’origine de la pathologie m’indiffère (et relève du domaine personnel), que ce qui a de la valeur pour moi, c’est surtout de faire mentir l’avis général « c’est inguérissable » ? Que cesse ce « conte des origines » : je n’ai pas été battue, traumatisée, etc. Rien de très apparent… ni de très inconscient « n’explique » à chaque fois l’anorexie.
Pour faire court, j’esquive d’un « oh, c’est un faisceau de petites choses qu’on se raconte intérieurement, qui se mettent à boucher l’horizon, qui mènent à cette fausse solution d’enfer artificiel ». Un chagrin violent, la fin du cycle du lycée, la quête de sens à donner à la suite, la fin d’une enfance, le tétanisant mot « avenir » devant soi… C’est un amoncellement de ce genre de dissonances, combiné avec des racines anxieuses, dépressives et l’horreur de l’absurdité du monde qui m’ont fait dévaler la pente des kilos… entre autres… peut-être…
Cette réponse personnelle ne

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