La Beauté sur mesure
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La Beauté sur mesure , livre ebook

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Description

Que cherche-t-on à modifier quand on recourt à la chirurgie esthétique ? Souvent, un défaut physique isolé, qui embarrasse ou suscite la moquerie — un nez trop long, un menton trop carré, des oreilles décollées. Dans ce genre de cas, l’acte chirurgical rend la vie plus belle, il améliore l’apparence extérieure en même temps que l’image du corps. Bref, il fait du bien. Que se passe-t-il, en revanche, quand la demande de transformation chirurgicale cache une insatisfaction beaucoup plus profonde, une blessure, une vulnérabilité personnelle ? Est-ce encore au chirurgien d’intervenir ? Et comment le savoir avant l’opération ?Au-delà du geste technique, tout ce qui est en jeu dans une transformation chirurgicale de l’apparence physique : l’image du corps, l’image de soi, voire carrément le sentiment d’identité. Psychiatre, psychothérapeute, Françoise Millet-Bartoli exerce à Toulouse. Elle est notamment l’auteur de La Crise du milieu de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2008
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738193391
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MAI 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9339-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Marion, Jean-Romain et Philippe
« Sous prétexte que la perfection n’est pas de ce monde, ne gardez pas, soigneusement, tous vos défauts. »
Jules R ENARD .
Introduction

Pourquoi écrire sur la chirurgie esthétique ? « C’est devenu tellement banal, ce n’est plus comme avant », m’ont dit les uns, sous-entendant qu’il n’y avait pas de quoi compliquer des choses qui n’avaient pas besoin de l’être. « Ah ! C’est intéressant, c’est un sujet très important », m’ont assuré les autres, dont certains s’étaient fait opérer et s’en trouvaient satisfaits, pleinement ou plus modérément. Ce livre n’est ni une polémique ni un plaidoyer pour ou contre la chirurgie esthétique. Il est la suite de réflexions nées d’expériences cliniques qui ont attiré mon attention sur les répercussions psychologiques de certaines interventions de chirurgie esthétique, et suscité mon intérêt pour ce qui se joue du côté du psychisme à travers les transformations chirurgicales de l’apparence physique. C’était il y a un peu plus d’une vingtaine d’années maintenant, et ces premières observations avaient donné lieu à ma thèse de médecine, après que j’eus pénétré puis fréquenté pour la cause l’univers un peu mythique des chirurgiens de la beauté et de leurs patients. Depuis cette époque, la chirurgie esthétique s’est considérablement développée et a permis de réparer de mieux en mieux le malheur de naître mal formé ou disgracieux. La demande, comme l’éventail des prouesses techniques, ne cesse de croître.
*
Stendhal disait que la beauté est promesse de bonheur. À travers la demande d’embellissement de leur corps les personnes qui s’adressent aux chirurgiens ont une attente de bonheur. Jusque-là rien d’extraordinaire : il est évident qu’il est plus agréable de vivre avec un physique avantageux, et les études désormais ne manquent pas pour le confirmer. Et il est tout aussi facile de comprendre la souffrance de ceux que la nature a dotés d’une disgrâce physique. Pourtant, à y regarder de plus près, tout n’est pas aussi simple : quand on s’intéresse plus précisément à la demande en chirurgie esthétique et aux résultats, des situations surprenantes qui sont loin d’être exceptionnelles ne manquent pas de se présenter. Concernant la diversité des demandes tout d’abord : certaines s’avèrent parfois aussi étonnantes et aussi inattendues pour le chirurgien que pour n’importe quel observateur extérieur. Une autre constatation est que des résultats chirurgicaux excellents n’entraînent pas forcément l’amélioration psychologique attendue et peuvent même s’accompagner de sévères déceptions. Quelque chose de mystérieux, un décalage, apparaît entre la réalité et la représentation du défaut allégué. De fait, nous ne nous voyons pas tels que nous sommes, et la manière dont nous imaginons notre corps fait intervenir plusieurs facteurs, à la fois individuels et sociaux.
*
Actuellement, la technologie moderne et le devoir d’apparence nous invitent à toujours plus de perfection. Notre enveloppe extérieure se doit d’être le plus irréprochable possible. Dans cette course euphorique à l’excellence esthétique, au risque de passer pour des trouble-fête, les psychiatres, parce que nous sommes amenés à écouter les déceptions de ceux que la chirurgie n’a pas rendus heureux, ont tendance à modérer certains enthousiasmes en mettant l’accent sur les risques à trop vouloir transformer le corps. En fait, nous ne faisons qu’insister sur ce que les chirurgiens savent déjà par leur expérience : à travers la demande de changement de son corps, l’individu exprime des désirs plus complexes que la seule modification anatomique de sa morphologie.
Une opération à visée esthétique réussie l’est pour deux raisons : parce que les résultats techniques le sont, et parce que le changement s’accompagne d’une amélioration de l’estime de soi et de la vie relationnelle. Pour que ces deux résultats soient réunis, il importe que le projet chirurgical soit mené en confiance, après réflexion et sans précipitation, et que le moment de l’intervention soit bien choisi. Tout cela peut sembler évident, mais l’expérience clinique montre qu’il n’est pas inutile de rappeler les précautions indispensables à un bénéfice psychique pour le patient, et pour le chirurgien à la qualité de son travail. Puisse ce livre contribuer à aider les femmes et les hommes qui décident de recourir à la chirurgie esthétique, pour modifier leur silhouette ou lutter contre le vieillissement, à laisser parler leurs hésitations s’ils en ont et à se préparer à ce que sera la nouvelle image de leur corps.
Première partie
Mon corps et moi
De la perception à la représentation

« Je me considérais, premièrement, comme ayant un visage, des mains, des bras, et toute cette machine d’os et de chair telle qu’elle paraît en un cadavre, laquelle je désignais par le nom de corps. »
R ENÉ D ESCARTES ,
Deuxième Méditation .
Galeries de portraits.
Consultation de chirurgie plastique et esthétique, deuxième étage. Des femmes, des hommes se succèdent dans la salle d’attente. Certains reviennent voir le chirurgien après leur opération, d’autres ont envie de changer quelque chose dans leur corps. Déterminés ou venus se renseigner :
Jacques, le chef d’entreprise, voudrait ne plus avoir ces oreilles décollées qui le gênent depuis si longtemps,
Estelle, l’adolescente, veut faire refaire son nez qui la complexe depuis quelques années,
Marie, la secrétaire, trouve qu’elle n’a pas assez de poitrine,
Georges, l’architecte, ne supporte plus de voir ces poches sous les yeux, à cause d’elles on lui trouve en permanence l’air fatigué,
Jeanne espère voir disparaître ce qu’elle appelle son « tablier », qui s’est installé sur son ventre après ses dernières grossesses,
Christophe, ancien sportif de haut niveau, a l’impression que son front a changé et pense qu’un lifting lui rendrait son visage d’avant ; deux chirurgiens lui ont dit que cela ne changerait rien, mais il souhaite un troisième avis,
Isabelle est de plus en plus tentée par un lifting : elle vient voir le chirurgien, accompagnée par son mari qui se renseigne également pour lui-même,
Amélie voudrait diminuer à la fois la proéminence de son nez et celle de son menton, car elle a vu dans une émission à la télévision une jeune femme transformée par cette double intervention,
Anne aimerait se faire opérer des paupières supérieures qui « tombent » et la vieillissent, mais elle commence par s’excuser auprès du chirurgien car elle a attendu dans la salle d’attente à côté d’une maman et de son jeune fils porteur d’une volumineuse malformation du visage et se demande si sa demande à elle n’est pas un peu futile,
Irène, l’enseignante, consulte pour sa poitrine : ce qui la gêne, ce n’est pas qu’elle soit volumineuse et affaissée, non, c’est cette asymétrie, que le chirurgien peine pourtant à discerner,
Julien, qui se trouve trop chétif, se demande si on ne peut pas lui greffer des muscles : il a lu dans un magazine que c’était possible,
Giselle, ancienne meneuse de revue dans un cabaret, voudrait retrouver le visage de ses 20 ans, dont elle sort la photo de son sac à main,
Aline voudrait tout simplement ressembler « le plus possible » à l’actrice dont son ami lui a dit qu’elle est pour lui la plus belle femme du monde ; elle a apporté, elle aussi, la photographie au chirurgien…
Des nez déformés, des seins trop volumineux, trop petits, des visages défraîchis par le temps, des ventres malmenés par les grossesses, des malformations congénitales, des séquelles d’accidents, de maladies ou d’opérations… les chirurgiens en voient tous les jours et de toutes sortes. Ils reçoivent des demandes compréhensibles et d’autres, on le voit, plus obscures, inattendues, quelquefois folles, auxquelles ils n’accéderont pas forcément, même si, chirurgicalement, la technique leur permettrait d’améliorer les choses. Des galeries de portraits aussi variés et aussi étonnants qu’un inventaire à la Prévert. Car l’être humain entretient parfois avec son corps de drôles de relations. Pourquoi certains d’entre nous bougent-ils avec aisance dans un corps pourtant imparfait alors que d’autres semblent figés dans le leur, malgré des formes et des proportions beaucoup plus idéales ? Pourquoi aimons-nous ou détestons-nous certaines parties de notre corps sans pouvoir donner d’explication rationnelle ? Quelquefois, et plus souvent qu’on ne le croit, derrière un défaut physique se cache une partie de l’histoire de son propriétaire, et l’idée de l’enlever peut donner à ce dernier l’espoir de se réconcilier avec ses souvenirs.

Annabelle : un nez entre père et mère
Annabelle a pris rendez-vous avec un chirurgien esthétique parce qu’elle souhaite refaire son nez, à cause de son aspect « dévié et élargi ». Cette déformation fait suite à une chute de bicyclette mal réceptionnée à l’âge de 8 ans. Une amie d’enfance, qui juge son désir tout à fait justifié, trouve pourtant qu’elle fait une « fixation exagérée sur son nez », et lui a suggéré d’en parler « au moins une fois avec un psy », avant ou après avoir vu le chirurgien, peu importe.
Il est vrai que ce nez prend depuis peu une importance nouvelle dans la vie de cette jeune femme de 25 ans

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