La Force du désir
277 pages
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La Force du désir , livre ebook

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Description

Toute notre société semble aujourd'hui envahie par le désir. Et pourtant sait-on encore séduire ? Et surtout continuer à séduire ? Nos envies de consommation ont fini par réduire au silence la plus élémentaire de toutes, celle de se rapprocher d'autrui, de créer une intimité. Certains vivent des unions désexuées. D'autres plongent dans le monde des désirs incontrôlables et incontrôlés,qui conduisent au harcèlement, aux abus sexuels. Entre le désir irrépressible et l'absence de désir, entre le trop et le trop peu, il y a les désirs satisfaits à la va-vite par toutes les formes de commerce érotique, de l'amour au téléphone à la pilule de l'orgasme. Or le désir est bien plus qu'une pilule... Au terme d'un voyage à travers l'érotisme contemporain, Willy Pasini livre les clés d'un nouvel art d'aimer. Fondateur de la Fédération européenne de sexologie, Willy Pasini enseigne la psychiatrie et la psychologie médicale à l'université de Genève. Il est notamment l'auteur de À quoi sert le couple ? et du temps d'aimer, aux Éditions Odile Jacob. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 1999
Nombre de lectures 20
EAN13 9782738160737
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS ODILE JACOB
À quoi sert le couple ?, 1996
Le Temps d’aimer, 1997 .
Ouvrage initialement paru en 1997 chez Mondadori, Milan, sous le titre : Desiderare il desiderio. Come accenderlo, come ritrovarlo . © 1997 Arnoldo Mondadori Editore S.p.A., Milano
Pour la traduction française : © O DILE J ACOB , FÉVRIER  1999 5, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-6073-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

Un bon discours (tout comme, d’ailleurs, une bonne introduction) ressemble à une minijupe. Il doit être suffisamment long pour couvrir le « sujet », mais assez court pour le rendre intéressant. Il en va de même du désir, qui devrait alterner entre les longues vagues et la brièveté des surprises quotidiennes. Or, aujourd’hui, le désir semble grippé ; il oscille entre le « libidogramme » plat de celui qui n’a plus d’envie et les excès compulsifs des harceleurs.
Le désir sexuel, qui devrait nous donner de l’élan et constituer notre sève, est comme assourdi par d’autres désirs concurrents : l’envie de faire carrière, d’avoir un enfant, d’acheter une nouvelle voiture ou des vêtements à la mode. On pourrait presque dire que toute notre société est désormais envahie par le désir, mais il s’agit toujours d’un désir de consommer, d’une envie d’objets – autrement dit, d’un besoin provoqué par l’extérieur. Et c’est aussi de l’extérieur que semble provenir, de plus en plus souvent, le désir sexuel, qui n’est plus une énergie liée aux émotions intimes, mais une marchandise, un objet de consommation. La publicité elle-même, en dépit de son pouvoir de condenser des messages importants en quelques images, a fini par appauvrir et salir l’éros. Pensons, par exemple, aux couvertures des hebdomadaires, avec leurs inévitables femmes nues, ou à la mode des images de plus en plus ambiguës, androgynes, à la limite de l’obscénité. Pensons aussi à l’absurdité qu’il y a à montrer un couple amoureusement enlacé pour faire la publicité d’une marque de café.
La société occidentale a fait de nous des consommateurs insatisfaits et les autres désirs ont fini par réduire au silence le plus élémentaire de tous, l’envie de se rapprocher d’autrui, de créer une intimité. Cette tendance gagne du terrain. Et l’on enregistre une augmentation croissante du nombre de personnes qui considèrent que le sexe engendre plus de complications que de satisfactions, et qu’il vaut donc mieux s’en passer.
Cette situation n’est pas l’apanage des seules personnes inhibées, malades ou se censurant pour des raisons religieuses. L’histoire de Marie est, à cet égard, emblématique, qui a renoncé très jeune à toute vie sexuelle pour préserver sa vie de famille et la sérénité de son couple. Le sexe a d’ailleurs été un véritable accident dans sa vie conjugale. Son mari, « coureur de jupons », lui a longtemps caché ses infidélités. Lorsqu’elle s’en est finalement aperçue, Marie a décidé d’accepter cette situation, notamment pour protéger ses enfants encore petits. Elle a accepté un mariage désexué, affranchi de toute préoccupation érotique et de tout motif de jalousie. Des années plus tard, en raison notamment d’une augmentation de libido assez fréquente en début de ménopause, Marie s’est comme réveillée. Elle a connu deux aventures qui lui ont apporté des satisfactions sur le plan sexuel, mais aussi bien des ennuis. Cela s’est toujours passé à l’étranger, avec des hommes qui parlaient d’amour mais ne cherchaient en réalité qu’une liaison brève et passionnée. Dès qu’elle a compris que ces histoires allaient interférer avec sa vie de couple, Marie a jugé qu’elle était incapable de faire face. Et pour la seconde fois de sa vie, elle a décidé de renoncer aux tentations de l’éros.
À l’autre extrême, il y a le monde des désirs irréguliers, incontrôlés et incontrôlables. Largement dénoncé, le harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes sur leur lieu de travail est aujourd’hui passé au second plan. Actuelle ment, c’est l’enfant qui semble devenu l’objet privilégié des abus sexuels. Dans ces différents cas, on constate une distorsion du désir, qui se confond avec un simple besoin et ignore totalement l’autre, surtout si ce dernier est mineur et ne peut se défendre. On voit donc actuellement émerger avec force le phénomène autrefois caché de la pédophilie. Il faut encore mentionner les pulsions irrépressibles des violeurs, qu’il s’agisse d’individus isolés, marginaux, de personnes fortement perturbées sur le plan psychologique comme les sadiques psychopathes ou, plus simplement, d’hommes immatures pour qui l’autre est asservi à leurs besoins.
Toutefois, ces formes de harcèlement et de violence publique ne sont que la partie visible d’un phénomène plus complexe, souvent évoqué lors des consultations : une sorte de malaise diffus, lié à la difficulté de vivre en couple. Il est encore fréquent que des femmes se plaignent d’un partenaire peu attentif et soucieux uniquement de ses propres besoins et de ses rythmes. Dans l’intimité du couple, il semble que la démocratie soit encore à construire.
Dans le même temps, on remarque un usage de plus en plus égocentrique de la sexualité, masculine ou féminine. Si autrefois les mâles utilisaient leur phallus pour faire l’amour et procréer, ou pour honorer le corps féminin, aujourd’hui l’homme pense le monde narcissiquement. Le pénis est devenu une image sociale : c’est le sceptre du roi de l’Antiquité, un obélisque, un symbole qui ne sert à satisfaire que soi-même et ne joue presque plus aucun rôle dans la relation de couple. De même, il arrive que la femme cherche davantage à exalter sa propre image qu’à favoriser l’érotisme du couple et qu’elle n’éprouve de plaisir qu’à se plaire, oubliant son partenaire qui demande souvent à être rassuré. À l’opposé de ce narcissisme, dangereux pour la vie relationnelle, on trouve la capacité d’écoute, l’attention aux rythmes, aux comportements, aux besoins de l’autre. Rares sont ceux aujourd’hui qui savent « se mettre à la place » de leur partenaire, sans aller jusqu’à se perdre eux-mêmes ou à sacrifier leur propre individualité. On peut donc dire que le secret de la stabilité du couple consiste à être à la fois ferme et souple, en évitant aussi bien l’autoritarisme que la soumission.
Un voyage dans l’érotisme moderne ne peut néanmoins se limiter à explorer l’univers du couple. Entre l’absence de désir et le désir irrépressible, il y a les désirs satisfaits à la va-vite. Je veux parler de l’augmentation paradoxale du commerce de l’éros qui, en une période où la liberté sexuelle est acquise, peut sembler difficile à comprendre. La seule explication que je trouve à ce phénomène est que chez l’homme, la tendresse et l’érotisme ne font souvent pas bon ménage et doivent, de ce fait, être scindés et vécus séparément. D’ailleurs, on a l’impression que la vie à deux favorise une forme de désir pour « l’ailleurs ». Une étude portant sur les clients des hot-lines a ainsi montré que les adeptes n’en étaient pas seulement des personnes âgées, revivant leurs souvenirs des maisons closes, mais aussi des maris au-dessus de tout soupçon et, en apparence, satisfaits.
N’oublions cependant pas qu’il y a encore peu de temps, l’homme était l’unique protagoniste du désir. Cela ne fait pas très longtemps que la femme a pris conscience d’elle-même, de son droit au désir et au plaisir. Ces trente dernières années, les rôles se sont peu à peu inversés et le désir féminin, de plus en plus exprimé, a entraîné une crise masculine dont on n’a déjà que trop parlé. Toutefois, il me semble aujourd’hui que le problème n’est plus tant le désir que sa coexistence chez les deux partenaires. La lettre d’une jeune femme illustre ce changement social manifeste. Sylvie, dix-huit ans, est bien décidée à vivre une grande histoire d’amour et à s’épanouir sexuellement avec Gérard. Ce jeune homme inquiet et peu sûr de lui se juge inapte, sentiment qu’il impute exclusivement à la taille de son pénis (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Sylvie m’a écrit). En réalité, en arrière-plan, il y a un complexe d’infériorité plus profond qui ne se limite pas au domaine érotique et qu’il faudra résoudre pour construire une harmonie à deux.
Outre cette dichotomie entre le trop et le trop peu, une autre tendance est à la dépréciation du désir, jugé dangereux et négatif, peut-être en raison d’une longue tradition judéo-chrétienne. L’attrait récemment exercé par l’Orient n’a pas changé grand-chose au problème, car les solutions offertes par les philosophies orientales prônent surtout la sérénité, l’ataraxie, par le renoncement au désir. On trouve actuellement de plus en plus d’hommes et de femmes qui souhaitent retrouver le chemin du désir, mais ne s’en donnent pas véritablement les moyens. Ce seraient sans doute les premiers acheteurs de la fausse « pilule de l’orgasme » dont on a tant parlé et dont on a attribué à tort la découverte à Barry Komisaruk et Barbara Whipple. Alors qu’ils étudiaient le fonctionnement du nerf vague, considéré comme le principal transmetteur des sensations de plaisir, ces deux chercheurs américains de Rutgers University ont vu, malgré eux, se propager dans les médias du monde entier la nouvelle selon laquelle ils auraient mis au point une pilule permettant, par voie chimique, d’atteindre l’orgasme

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