La Médecine psychosomatique en question
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La Médecine psychosomatique en question , livre ebook

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Description

" Psychosomatique ", " somatiser ", " somatisation " : ces termes passés dans le langage courant nous permettent d'exprimer un certain nombre d'idées reçues. Bien des cancers, croyons-nous par exemple, surviennent à l'occasion d'un deuil ou d'une dépression, quand ils n'en sont pas la " cause " directe. Mais la réalité n'est pas si simple. Car si l'existence du fait psychosomatique est reconnue de chacun, les difficultés commencent lorsqu'il s'agit de le comprendre et l'expliquer. De sa marginalisation au sein de la communauté scientifique " respectable ", qui professe une méfiance frisant parfois l'absurde face à des phénomènes tels que l'hypnose, aux expériences les plus étranges en quête d'un peu de psychisme concret, en passant par la diversité des " chapelles " constituées par les psychosomaticiens, ce livre explore les contradictions et les ambiguïtés d'une démarche qui ne vise rien moins qu'à comprendre la cohabitation de l'esprit et du corps. Lequel gouverne l'autre ? Faut-il en dissocier le fonctionnement ou, au contraire, les appréhender comme éléments constitutifs d'une entité unique ? Selon la conception adoptée, quels traitements spécifiques offrir au malade ? En analysant l'hétérogénéité des réponses apportées à ces différentes questions, l'auteur dégage une perspective originale, fondée sur l'écoute du patient et non plus sur le seul discours scientifique : la guérison ne peut évacuer la parole du malade. En définitive, le propre de l'approche psychosomatique n'est-elle pas de faire du malade un collaborateur à part entière du praticien, et non un simple objet de savoir ?Pascal-Henry Keller est psychologue clinicien, maître de conférence à l'université Victor-Segalen (Bordeaux).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 1997
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738172785
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouvrage proposé par Édouard Zarifian
© ODILE JACOB, AVRIL 1997 15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7278-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Préface
Remerciements
Introduction
Première partie - Le foisonnement théorique
Chapitre premier - COMMENT DÉCRIRE L’INTUITION PSYCHOSOMATIQUE ?
Les premiers balbutiements
La recherche de modèles
Chapitre II - PSYCHANALYSE ET PSYCHOSOMATIQUE, DE LA FUSION À LA DÉFUSION
L’ère des pionniers
L’attrait du pragmatisme
Chapitre III - L’ÉCOLE DE PARIS
La spécificité psychosomatique selon Marty
Chapitre IV - SIMULATION, SOMATISATION ET SYMBOLISATION
Conversion et pulsion
Faut-il privilégier l’approche somato-psychique
…ou l’approche psycho-somatique ?
La position des autres lacaniens : le PPS
Chapitre V - LES « SOMATISANTS », L’AFFECT ET L’IMAGINAIRE
Le corps désaffecté : une porte ouverte à la somatisation ?
L’imaginaire, rempart contre la somatisation ?
Deuxième partie - L’intransigeance du réel
Chapitre VI - EXPÉRIMENTATION : LES LIMITES DU MODÈLE ANIMAL
La salivation « psychique » conditionnée, un fait scientifique ?
Comment faire de l’homme avec du rat ?
Chapitre VII - L’EXPÉRIMENTATION HUMAINE
Observation ou hypnose ?
Comment mesurer « l’épaisseur » du préconscient ?
Le mirage du quantitatif
Chapitre VIII - LES INFORTUNES DU « FACTEUR PSYCHIQUE »
Un concept élastique
Les origines de l’auto-analyse psychosomatique
Implications théoriques de l’auto-analyse psychosomatique
Le « facteur psychique », artefact culturel ?
Chapitre IX - PSYCHOSOMATIQUE ET SPÉCIALITÉS MÉDICALES
Cancérologie et psychosomatique
Voies respiratoires et voie psychosomatique
La gastro-entérologie psychosomatique
Psychosomatique en gynécologie/obstétrique
Ethnopsychiatrie et psychosomatique, une rencontre fortuite ?
Conclusion
Psychologie et médecine, l’ouverture ?
Bibliographie
Index
Préface

Ne vous y trompez pas, lecteur, ce livre marquera une date dans l’histoire des relations entre les médecins et leurs malades. Le malade, l’usager du système de santé, le futur consommateur de médecine doit savoir comment il veut être considéré, s’il veut être écouté, et décider s’il a vraiment quelque chose à dire qui lui appartient en propre.
Les progrès techniques de la médecine ont pu faire oublier que l’on ne traite pas seulement des organes malades, des diagnostics, mais des êtres humains doués de parole, de représentations personnelles de leur souffrance et possédant un savoir unique sur celle-ci. Le savoir du médecin doit s’allier à celui du malade sur sa maladie pour que les traitements envisagés soient plus efficaces. On ne soigne pas un être humain sans tisser avec lui une alliance qui passe nécessairement par la parole et la capacité à entendre ce qui est réellement dit. On ne soigne pas un être humain sans lui ou contre sa volonté. Un malade n’est pas un objet, mais un sujet capable de parler de sa souffrance et de renseigner le médecin sur ce qu’elle représente pour lui.
Ce qui gouverne la spécificité de nos vies psychiques et affectives, ce qui en façonne le caractère unique et définit ainsi notre identité, est lié à ce que permet la parole. La parole autorise le sens et donne valeur au symbolique. C’est bien le sens que chacun d’entre nous donne aux événements de sa vie, du fait le plus concret à la situation la plus symbolique, qui nous caractérise comme être humain. Qu’il y ait des homotypies frappantes entre les gènes de la mouche à vinaigre et ceux de l’être humain, qu’il existe une cartographie génomique en grande partie commune à tous les primates, cela ne change rien à l’affaire.
Les animaux et les molécules qui composent ceux-ci servent efficacement à la science pour comprendre comment fonctionne l’être humain dans sa matérialité concrète, objective et quantifiable. Ces modèles animaux n’ont aucun intérêt – et aucun sens – pour comprendre un être humain unique, qui possède sa parole propre, qui n’est pas celle du voisin, lorsqu’il exprime sa dimension subjective et qualitative. Des hormones communes aux animaux et aux êtres humains déterminent les comportements sexuels des animaux comme ceux des hommes. Ces hormones ne permettent pas de comprendre pourquoi deux êtres humains sont amoureux l’un de l’autre à l’exclusion de tout autre partenaire et pourquoi un jour cela peut s’interrompre.
Lorsque l’on exprime de la souffrance psychique par la parole, c’est par l’écoute de cette parole, par l’analyse du sens dont elle est porteuse que l’on peut être soulagé. La subjectivité que l’on exprime par une souffrance doit rencontrer une autre subjectivité – celle du soignant – pour que s’opère l’alchimie complexe de la relation soignante. Toute relation humaine est intersubjective. On n’observe pas le psychisme d’un être humain comme on regarde un objet au microscope. Être au contact de la subjectivité d’un sujet souffrant qui s’exprime en disant : « Je souffre, j’éprouve, je ressens… », c’est mettre en œuvre sa propre subjectivité. L’indépendance de l’observateur à l’égard de la souffrance de l’autre est impossible. L’utilisation de ce que l’on appelle les « échelles de comportements » ne change rien à la situation. L’observateur d’un patient anxieux qui quantifie l’anxiété exprimée par des paroles sur un graphique ou qui attribue une valeur de 0 à 5 à une liste de mots décrivant l’anxiété s’appuie pour le faire, d’abord et avant tout, sur sa propre subjectivité.
Ce que nous dit clairement – et pour la première fois – Pascal-Henri Keller dans son livre, c’est que tout malade, grâce aux représentations personnelles de sa propre souffrance, possède un savoir sur sa maladie qui n’est pas le savoir purement technique du médecin. Découvrir ce « savoir du malade » doit être mérité par le soignant. C’est une entreprise complexe que la relation thérapeutique. Elle demande une ouverture d’esprit, une disponibilité, une chaleur humaine qui permettent petit à petit au soignant d’entendre ce qui est réellement exprimé par le malade.
Ce partage du savoir du malade avec le soignant, cette mise en commun de ce qui était alors seulement détenu par celui qui souffrait, crée une alliance thérapeutique. Cette alliance est le gage d’une optimisation des résultats attendus car le savoir du malade sur sa maladie devient pour le soignant l’indispensable valeur ajoutée à son savoir technique.
C’est dans cette perspective que Pascal-Henri Keller permet de comprendre de nombreux échecs de la médecine. Il montre aussi que certaines positions « psycho-somatiques » qui se limitent à ne considérer que le sens du symptôme sont erronées. En effet, le traitement du seul symptôme – que ce traitement soit médicamenteux ou psychologique – néglige le savoir du malade sur sa souffrance. Or la disparition du symptôme n’implique pas la guérison psychique. C’est cette évidence fondamentale que développe Pascal-Henri Keller. C’est une nouvelle voie qui s’ouvre dans la relation entre soignant et soigné. En effet, toute pathologie, du corps ou de l’esprit, entraîne toujours chez l’être humain une souffrance psychique qui lui est personnelle.
Édouard ZARIFIAN
Remerciements

Entreprendre de rédiger un livre comporte une indiscutable dimension narcissique. Raison de plus pour rappeler la part « plurielle » de l’aventure qu’a été la rédaction de celui-ci.
Si les encouragements amicaux et généreux d’Édouard Zarifian ont été pour moi le véritable point de départ de cette aventure, la vigilance toute professionnelle de Christophe Guias et la méticulosité tenace d’Hélène Fiamma en ont assuré la forme définitive.
Sans la rencontre avec chaque patiente et chaque patient, m’obligeant jour après jour à d’incessantes allées et venues entre leurs pensées, intimes, singulières, et les constructions enseignées par les théories, quelle inspiration aurait animé cette recherche ? Mais sans l’« équipement » théorique que m’ont transmis mes maîtres de l’université de Bordeaux II – Georges Reddé, Alain Laflaquière – aurais-je vraiment pu m’engager dans une telle expédition ?
Sans l’incessant travail sur la rigueur auquel m’ont toujours amicalement convié Michel Amouretti, Claude Béraud et Patrice Couzigou, quelles idées auraient mérité d’être défendues ici ? Mais sans l’intérêt que Jean-Louis Pedinielli a bien voulu porter à quelques-unes de ces idées, me serais-je décidé à les faire connaître ?
Quant à mes amis et collègues du LAPS 1 et du GEFMA 2 , sans leur fidélité et leur soutien, mon enthousiasme serait-il resté intact tout au long de la route ? Il ne m’est pas possible d’oublier ici mes rencontres avec Tobie Nathan, Christophe Dejours, Jean Guir, Jean-Pierre Gazaix ou Sylvain Mimoun.
Les débats que je mène depuis des années avec ces professionnels préoccupés par les questions que soulève l’approche psychosomatique, médecins et chirurgiens, psychologues et psychanalystes, psychomotricien(ne)s, kinésithérapeutes, puéricultrices, sages-femmes, assistantes sociales, éducateurs(trices) ou sociologues, ces débats ont nourri en permanence ma réflexion, jusqu’au seuil de l’aventure. Marie-Louise Abiet a sans doute été de ce point de vue la psychologue la plus motivante.
Sans qu’elles amènent toujours à un surcroît de lucidité

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