Le Sentiment même de soi
236 pages
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Description

Qu'est-ce qui fait de nous des hommes ? Le privilège d'être dotés d'une conscience ? Antonio Damasio propose une nouvelle théorie permettant d'expliquer en termes biologiques le sentiment de soi. Comment le cerveau engendre t-il les structures mentales qui nous donnent à voir des images ? Comment crée t-il ce sentiment de nous-mêmes dont nous faisons l'expérience lorsque nous pensons quelque chose, percevons quelque chose, imaginons quelque chose ? Non, la conscience de soi ne tombe pas du ciel. Oui, elle peut s'expliquer, presque se montrer, et nous pouvons la connaître. Nous savons enfin ce que nous sommes et pourquoi. Une révolution.« Ce livre nous dévoile pour la première fois les fondements neurobiologiques du Soi. » Jean-Pierre Changeux « Antonio Damasio est probablement l'un des plus brillants neurologues au monde. » David Hubel, prix Nobel« Voici un livre sans équivalent » Jerome Kagan« Ce livre est une merveille qui mêle avec brio intuition poétique et précision dans l'analyse. » Peter BrookAntonio R. Damasio dirige le département de neurologie de l'Université de l'Iowa et enseigne à l'Institut Salk d'études biologiques de La Jolla, aux États-Unis. Il est l'auteur de L'Erreur de Descartes, qui a connu un très grand succès et a été traduit en dix-huit langues.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 1999
Nombre de lectures 14
EAN13 9782738196422
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Toutes les figures reproduites ici le sont avec l’aimable autorisation du Dr Hanna Damasio.
« Notes on the Reality of the Self » extrait de Materialism de Josie Graham. © 1995 Josie Graham. Reproduit avec l’autorisation de The Ecco Press.
Extrait de « Dry Salvages » dans Four Quartets , © 1941 T.S. Eliot, renouvelé en 1969 par Esme Valérie Eliot, reproduit avec l’autorisation de Harcourt, Inc.
Ouvrage initialement paru en 1999 chez Harcourt Brace & Compagny, New York, sous le titre : The Feeling of What Happens . Body and Emotion in the Making of Consciousness © 1999 Antonio R. Damasio
Pour la traduction française © ÉDITIONS ODILE JACOB, OCTOBRE 1999
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS http://www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9642-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Pour Hanna
Or the waterfall, or music heard so deeply
That it is not heard at all, but you are the music
While the music lasts. These are only hints and guesses,
Hints followed by guesses ; and the rest
Is prayer, observance, discipline, thought and action.
The hint half guessed, the gift half understood, is Incarnation.
T. S. E LIOT ,
Dry Salvages, in Four Quartets I

The question of who I was consumed me.
I became convinced I should not find the image of the person that I
was : Seconds passed. What rose to the surface in me
plunged out of sight again. And yet I felt
the moment of my first investiture
was the moment I began to represent myself
the moment I began to live — by degrees — second by
second — unrelentingly — Oh mind what you’re doing ! —
do you want to be covered or do you want to be seen  ? —
And the garment — how it becomes you ! — starry
with the eyes of
others,
weeping —
Jorie G RAHAM ,
Notes on the Reality of the Self, Materialism II
I - « Ou la cascade, ou la musique entendue si profondément / Qu’on ne l’entend plus du tout, mais qu’on est la musique / Tant que la musique dure. Ce ne sont là / Qu’allusions et conjectures ; allusions / Suivies de conjectures ; le reste étant / Prière, observance, discipline, méditation et action. / L’allusion à demi devinée, le don à demi compris est l’Incarnation. » T. S. Eliot, Poésie , Paris, Seuil, 1947, p. 201, trad. de Pierre Leyris modifiée à la demande de l’auteur.

II - « La question de qui j’étais me consumait. / Je me persuadai que je ne devais pas trouver l’image de la personne que j’/ étais : les secondes s’écoulaient. Ce qui faisait surface en moi / disparaissait de ma vue aussitôt. Et pourtant j’avais l’impression / que le moment de ma première intronisation / fut le moment où j’ai commencé à me représenter / le moment où j’ai commencé à vivre — par degrés — seconde après / seconde — sans répit — Oh mon esprit, que fais-tu ! — / veux-tu être couvert ou veux-tu être vu  ? — / Et ton habit — comme il te va bien ! — émerveillé / avec les yeux / des autres, / en pleurs —. »
Première partie
Introduction
Chapitre premier
S’avancer en pleine lumière

J’ai toujours été intrigué par ce moment si particulier où, assis dans le public, nous voyons tout à coup le rideau s’ouvrir et un artiste s’avancer en pleine lumière, ou bien, en adoptant l’autre perspective, par ce moment où l’artiste, tapi dans une semi-obscurité, voit lui-même ce rideau s’ouvrir, révélant les lumières, la scène et le public.
Je me suis rendu compte, il y a de cela quelques années, que la qualité émouvante de ce moment, quel que soit le point de vue auquel on se place, vient de ce qu’il incarne une sorte de naissance, le franchissement d’un seuil, ce qui sépare l’abri sûr, mais restrictif du monde du possible et du risque qui se trouve au-delà et plus avant. Mais en introduction à ce livre, tandis que je réfléchis à ce que j’ai écrit, je me rends compte que le fait de s’avancer en pleine lumière est aussi une puissante métaphore pour la conscience, pour la naissance de l’esprit connaissant, pour l’apparition simple, et néanmoins considérable du sentiment de soi dans le monde du mental. Comment nous nous avançons dans la pleine lumière de la conscience, tel est précisément le sujet de ce livre. J’écris sur le sentiment de soi et sur la transition qui va de l’innocence et de l’ignorance à l’état de connaissance ; mon but spécifique est d’examiner les circonstances biologiques qui permettent cette transition cruciale. I
Aucun aspect de l’esprit humain n’est facile à étudier. Ceux qui souhaitent comprendre les sous-bassements biologiques de l’esprit considèrent que la conscience est le problème capital, même si sa définition peut considérablement varier d’un chercheur à l’autre. Si élucider l’esprit constitue l’ultime frontière pour les sciences du vivant, la conscience apparaît bien souvent comme le dernier mystère dans l’élucidation de l’esprit. Certains le tiennent même pour insoluble.
Pourtant, on peut difficilement songer à un défi plus séduisant pour la réflexion et la recherche. La question de l’esprit, en général, et de la conscience, en particulier, permet aux êtres humains d’exercer, jusqu’à plus soif, leur désir de comprendre et leur appétit d’émerveillement sur leur propre nature, qu’Aristote tenait pour l’apanage de l’humanité. Qu’y a-t-il de plus difficile à connaître que la manière dont nous connaissons ? Qu’y a-t-il de plus étourdissant que de s’apercevoir que c’est le fait même d’avoir une conscience qui rend possibles et même inévitables nos questions sur la conscience ?
Bien que je ne tienne pas la conscience pour le pinacle de l’évolution biologique, je la considère comme une plaque tournante dans la longue histoire de la vie. Même lorsque nous avons recours à la définition simple et courante qu’en donne le dictionnaire — à savoir la connaissance immédiate que possède un organisme de soi et de ce qui l’environne —, on peut aisément imaginer comment la conscience a probablement ouvert la voie, dans l’évolution humaine, à un nouvel ordre de créations qui n’auraient pas été possibles sans elle : la conscience morale, la religion, les organisations sociales et politiques, les arts, les sciences, et la technologie. Peut-être même la conscience est-elle la fonction biologique cruciale qui nous permet de connaître la douleur ou la joie, de connaître la souffrance ou le plaisir, de ressentir de l’embarras ou de la fierté, de nous désoler de la perte d’un amour ou de la vie. Qu’on en fasse l’expérience ou qu’on l’observe à titre individuel, le pathos est un sous-produit de la conscience, tout comme le désir. Aucun d’entre nous ne connaîtrait jamais le moindre de ces états personnels sans la conscience. Ne blâmez pas Ève de connaître, blâmez la conscience, et remerciez-la aussi.
J’écris ces lignes du centre de Stockholm. Par la fenêtre je peux observer un vieil homme frêle en train de se diriger vers un ferry qui est sur le départ. Le temps presse, mais son allure est lente ; ses pas sont heurtés, à cause de l’arthrite dont il souffre aux chevilles ; il a les cheveux blancs ; son manteau est râpé. Il pleut sans discontinuer, et le vent le fait légèrement ployer tel un arbre perdu en plein champ. Il finit par atteindre le navire. Avec difficulté, il grimpe la haute marche qu’il lui faut franchir pour arriver sur la passerelle et commence à descendre vers le pont, effrayé à l’idée de prendre trop de vitesse sur la pente, tournant vivement la tête, à droite, à gauche, contrôlant ses arrières, cherchant des points d’appui, comme si tout son corps sem blait dire : est-ce bien cela ? Suis-je au bon endroit ? Où dois-je ensuite me rendre ? Les deux hommes présents sur le pont l’aident alors à retrouver son aplomb, ils le font gentiment entrer dans la cabine avec des gestes chaleureux et le voilà, semble-t-il, en sûreté, là où il doit être. Mes inquiétudes sont dissipées. Le bateau s’en va.
À présent, laissez votre esprit vagabonder et songez à ceci : sans la conscience, la gêne et peut-être l’humiliation du vieil homme lui seraient tout bonnement restées inconnues. Sans la conscience, les deux hommes sur le pont n’auraient pas réagi avec empathie. Sans la conscience, je ne me serais pas senti concerné, et je n’aurais jamais pensé : un jour peut-être, je serai comme lui. J’aurai la même démarche hésitante, je ressentirai le même inconfort. La conscience amplifie l’impact de ces sentiments dans l’esprit des personnages de cette scène.
La conscience est, en effet, la clé qui nous ouvre les portes d’une vie soumise à examen, pour le meilleur et pour le pire, et c’est notre premier droit d’accès à tout ce que nous savons de la faim, de la soif, de la sexualité, des larmes, du rire, des coups de pied, des coups de poing, du flux d’images que nous appelons pensée, des sentiments, des histoires, des croyances, de la musique et de la poésie, du bonheur et de l’extase. À son niveau le plus simple et le plus fondamental, la conscience nous permet de reconnaître un désir irrésistible de rester en vie et de développer un intérêt pour soi. À son niveau le plus complexe et le plus élaboré, la conscience nous aide à développer un intérêt pour d’autres Soi et à améliorer l’art de la vie.

Absent sans avoir pris congé
Il y a trente-deux ans de cela, un homme se trouvait là assis en face de moi, dans une salle d’examen étrange, entièrement circulaire, et peinte en gris. Le soleil de l’après-midi brillait sur nous à travers une lucarne tand

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