Les Vilains Petits Canards
131 pages
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Les Vilains Petits Canards , livre ebook

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Description

Maria Callas, « la Divine », la voix du siècle s’il ne devait en rester qu’une, fut une petite fille dépérissant de carences affectives dans un dépôt d’enfants immigrés de New York... Barbara, meurtrie par un viol paternel et persécutée pendant la guerre, a su chanter sa vie et chacun la fredonne... Georges Brassens, mauvais garçon, dut à son professeur de troisième la découverte de la poésie qui donna une autre issue à sa révolte... Ces cas de résilience sont célèbres. Mais Boris Cyrulnik décrit ici ce que pourrait être chacun d’entre nous. Il nous montre comment ce processus se met en place dès la petite enfance, avec le tricotage des liens affectifs puis l’expression des émotions. Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont tous été d’immenses succès, notamment Sauve-toi, la vie t’appelle, Un merveilleux malheur et Psychothérapie de Dieu. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2018
Nombre de lectures 21
EAN13 9782738147349
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Une histoire de la folie avant la psychanalyse (dir. avec Patrick Lemoine), 2018.
Psychothérapie de Dieu , 2017.
La Folle Histoire des idées folles en psychiatrie (dir. avec Patrick Lemoine), 2016.
Les Âmes blessées , 2014.
Résilience et personnes âgées (dir. avec Louis Ploton), 2014.
Résilience. De la recherche à la pratique (dir. avec Marie Anaut), 2014.
Sauve-toi, la vie t’appelle , 2012.
Résilience. Connaissances de base (dir. avec Gérard Jorland), 2012.
Quand un enfant se donne « la mort ». Attachement et sociétés , 2011.
Famille et résilience (dir. avec Michel Delage), 2010.
Mourir de dire. La honte , 2010.
Je me souviens…, « Poche Odile Jacob », 2010.
Autobiographie d’un épouvantail , 2008.
École et résilience (dir. avec Jean-Pierre Pourtois), 2007.
Psychanalyse et résilience (dir. avec Philippe Duval), 2006.
De chair et d’âme , 2006.
Parler d’amour au bord du gouffre , 2004.
Le Murmure des fantômes , 2003.
Un merveilleux malheureux , 1999.
L’Ensorcellement du monde , 1997.
De l’inceste (avec Françoise Héritier et Aldo Naouri), 1994.
Les Nourritures affectives , 1993.
© O DILE J ACOB , 2001, 2018 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4734-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Remerciements

Ce livre n’est pas tombé du ciel, il a été écrit par plusieurs centaines d’auteurs. J’ai essayé de les citer dans la bibliographie en bas de page et dans un récapitulatif en fin d’ouvrage.
Je tiens à mettre en lumière d’autres co-auteurs discrets qui sont restés dans l’ombre et sont pourtant à l’origine de plusieurs passages de ce livre.
La Ligue française pour la santé mentale avec Claude Leroy et Roland Coutanceau a permis la réalisation d’un grand nombre de travaux, de plusieurs voyages sur les lieux du fracas, et de nombreuses rencontres entre chercheurs et praticiens internationaux.
La Fondation pour l’enfance, grâce à la bienveillante attention de sa présidente, Madame Anne-Aymone Giscard d’Estaing aidée au début de l’aventure par Marie-Paule Poilpot, a permis les échanges d’expériences entre universitaires, médecins, sociologues, psychologues, éducateurs et responsables de l’Aide sociale à l’enfance en Europe.
Madame Claire Brisset, défenseure des enfants, a bien voulu m’inviter dans son équipe et me donner l’occasion de faire vivre le concept de résilience.
Le professeur Michel Manciaux, après avoir découvert avec le professeur Michel Strauss l’incroyable phénomène de l’enfance maltraitée, travaille aujourd’hui à trouver des solutions pour prévenir cette catastrophe et aider les petits blessés à reprendre leur développement.
Stephan Vanistendael qui s’occupe si bien du BICE (Bureau international catholique de l’enfance) à Genève, a été un des premiers en Europe à travailler à l’idée de résilience et à s’engager auprès des enfants blessés.
Jacques Lecomte m’a souvent donné la parole avant de prendre à son tour la plume pour dire que le bonheur était quand même possible.
La CCE (Commission centrale de l’enfance) ne sait pas à quel point ses enfants, aujourd’hui grandis, ont participé à la résilience.
Les fondateurs du groupe d’éthologie humaine, Albert Démaret auteur du premier livre d’éthologie clinique en langue française, les professeurs Jacques de Lannoy, Jacques Cosnier, Hubert Montagner, Jean Lecamus, Claude Bensch et Pierre Garrigues ont su mettre au point les méthodes d’observations éthologiques si longues à réaliser et si faciles à raconter.
Merci aux étudiants du diplôme inter-universitaire d’éthologie de l’université de Toulon-Var et aux doctorants qui ont tant travaillé et m’ont demandé de les juger. Je les ai tellement appréciés, qu’un grand nombre d’entre eux se retrouveront cités dans le texte, ce qui est bien normal.
Merci au professeur Bernard Golse qui, en reprenant le flambeau de la WAIMH (World Association Infant Mental Health) avec le professeur Michel Soulé, poursuivra le travail du professeur Serge Lebovici qui a favorisé les échanges entre la psychanalyse et l’éthologie.
Merci au professeur Michel Lemay (Montréal, Québec) qui a découvert les pistes de la résilience depuis plus de vingt ans, au professeur Michel Tousignant (Montréal, Québec) qui a souligné l’importance des pressions sociales, aux professeurs Charles Baddoura (Beyrouth, Liban), Violetta Stan (Timisoara, Roumanie), Maria Eugenia Villalobos, Maria Eugenia Colmenares, Lorenzo Balegno (Cali, Colombie), Badra Mimouni (Oran, Algérie) et Jean-Pierre Pourtois (Mons, Hainaut, Belgique) qui ont su créer tant de belles rencontres et ont eu le courage d’aller sur le terrain pour aider les enfants blessés de l’âme.
Et merci à ceux qui, en travaillant à l’idée de résilience avec l’Association française de recherche en éthologie clinique et anthropologique, constituent un milieu d’échange intellectuel et amical si enrichissant : Jacques Colin, Roselyne Chastain, Sylvaine Vannier, Michel Delage, Claude Beata, Stanislas Tomkiewicz, Philippe Brenot, Isabelle Guaïtella, Antoine Lejeune, Dominique Godard, Angelo Gianfrancesco, Norbert Sillamy et beaucoup d’autres auxquels je pense sans les nommer.
Merci à ceux qui ont fabriqué ce livre : Florence, ma femme qui a fortement participé à ma propre résilience et Gérard Jorland qui, en accompagnant mot à mot le manuscrit a limité le nombre de fautes.
Et merci à Odile Jacob qui a veillé sur la conception de ce livre et qui s’inquiétera de son devenir.
INTRODUCTION

« Il se dirigea alors vers eux, la tête basse, pour leur montrer qu’il était prêt à mourir. C’est alors qu’il vit son reflet dans l’eau : le vilain petit canard s’était métamorphosé en un superbe cygne blanc… »
d’après Hans Christian A NDERSEN (1805-1875) Le Vilain Petit Canard

« Je suis née à l’âge de vingt-cinq ans, avec ma première chanson. »
– Avant ?
– Je me débattais.
« Il ne faut jamais revenir
Au temps caché des souvenirs…
Ceux de l’enfance vous déchirent 1 . »
L’instant fatal où tout bascule tranche notre histoire en deux morceaux.
– Avant ?
– « J’ai dû me taire pour survivre. Parce que je suis déjà morte, il y a longtemps – J’ai perdu la vie autrefois – Mais je m’en suis sortie, puisque je chante 2 . »
– Sortie ? Il y a donc une prison, un lieu clos d’où l’on peut s’évader – La mort n’est pas sans issue ?

Quand on est mort, et que surgit le temps caché des souvenirs
Genet a sept ans. L’Assistance publique l’a confié à des paysans du Morvan : « Je suis mort en bas âge. Je porte en moi le vertige de l’irrémédiable… le vertige de l’avant et l’après, l’épanouissement et la retombée, une vie misée sur une seule carte 3 … »
Un seul événement peut provoquer la mort, il suffit de peu. Mais quand on revient à la vie, quand on naît une deuxième fois et que surgit le temps caché des souvenirs, l’instant fatal devient sacré. La mort n’est jamais ordinaire. On quitte le profane quand on côtoie les dieux, et lorsqu’on retourne chez les vivants, l’histoire se transforme en mythe. D’abord, on meurt : « J’ai fini par admettre que j’étais mort à l’âge de neuf ans… Accepter de contempler mon assassinat, c’était me constituer cadavre 4 . » Puis, quand à ma grande surprise, la vie s’est réchauffée en moi, j’ai été très intrigué par « le divorce entre la mélancolie de mes livres et mon aptitude au bonheur 5  ».
L’issue qui nous permet de revivre serait donc un passage, une lente métamorphose, un long changement d’identité ? Quand on a été mort et que revient la vie, on ne sait plus qui l’on est. On doit se découvrir et se mettre à l’épreuve pour se donner la preuve qu’on a le droit de vivre.
Quand les enfants s’éteignent parce qu’ils n’ont plus rien à aimer, quand un hasard signifiant leur permet de rencontrer une personne – une seule suffit – pour que la vie revienne en eux, ils ne savent plus se laisser réchauffer. Alors, ils manifestent des comportements surprenants, ils prennent des risques exagérés, ils inventent des scénarios ordaliques comme s’ils souhaitaient se faire juger par la vie, pour se faire acquitter.
Un jour, le petit Michel a réussi à s’échapper de la cave où son père le jetait après l’avoir battu. Dehors, il s’est étonné de ne rien ressentir. Il voyait bien que le beau temps rendait les gens souriants, mais au lieu de partager leur bien-être, il s’étonnait de sa propre indifférence. C’est une marchande de fruits qui a réchauffé l’enfant. Elle lui a tendu une pomme et, sans même qu’il l’ait demandé, lui a permis de jouer avec son chien. L’animal a manifesté son accord et Michel, accroupi sous les cageots, a entrepris une affectueuse bagarre. Après quelques minutes de grand plaisir, le garçon a ressenti un sentiment mêlé de bonheur et de crispation anxieuse. Les voitures filaient sur la route. L’enfant a décidé de les frôler comme un torero se fait effleurer par les cornes du taureau. La marchande l’a injurié et lui a fait la morale en lui lançant à la tête des explications tellement rationnelles qu’elles ne correspondaient en rien à ce que l’enfant éprouvait.
« Je m’en suis sorti », s’étonnent les résilients qui après une blessure ont réappris à vivre, mais ce passage de l’ombre à la lumière, l’échappée de la cave ou l’issue du tombeau nécessitent de réapprendre à vivre une autre vie.
La sortie des camps n’est pa

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