Quand la mère est absente : Souffrance des liens mère-enfant
156 pages
Français

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Quand la mère est absente : Souffrance des liens mère-enfant , livre ebook

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Description

Comment expliquer que certaines femmes peinent ou ne parviennent pas à devenir des mamans, c’est-à-dire des figures d’attachement protectrices pour leurs enfants ? Dans quelles circonstances cette défaillance maternelle peut-elle conduire à des actes graves de négligence, d’abus ou de maltraitance ? Quelles conséquences pour tous ces enfants qui grandissent en ne pouvant pas compter sur leur mère et qui en souffrent ? Et, surtout, comment les aider à guérir de leurs blessures et à se construire malgré tout pour vivre pleinement leur vie ? Dans cet ouvrage, Hélène Romano aborde, avec bienveillance mais lucidité, la question dérangeante des violences maternelles, quelle qu’en soit la forme, afin de nous aider à mieux comprendre et soigner la souffrance des liens qui peut exister entre un enfant et sa mère. Hélène Romano est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Spécialiste du traumatisme, experte reconnue sur le sujet, elle est l’auteur de nombreux ouvrages sur la question des blessures psychiques, notamment quand elles impliquent des enfants et des adolescents. Elle a notamment publié Quand la vie fait mal aux enfants. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738155825
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, JUIN 2021 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5582-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
Il y a des livres aux thématiques faciles, consensuelles, où le sujet abordé ne vient pas bouleverser plus que cela nos représentations, nos valeurs, nos certitudes. Ils sont rassurants, ils nous donnent l’illusion d’une vie sans trop de heurts ou de bouleversements ou bien ils nous apportent, en cas de difficulté, des moyens d’agir en apparence facile. Comme si la vie était douce, simple ou tranquille, et que tout était surmontable.
Et puis il y a la réalité ou, disons, certaines réalités qui dérangent, que l’on préfère ne pas connaître et ignorer, s’imaginer rarissimes ou taire, alors qu’elles sont vécues par de très nombreuses personnes qui, elles, restent seules avec leur désespoir, leur sentiment d’étrangeté et qui ne se reconnaissent pas dans tous ces ouvrages qui édulcorent la vraie vie. Car si l’existence est faite de bonheurs et de moments merveilleux, elle a aussi sa part d’ombre et de violence. Ce que nous oublions souvent et qui explique notre désarroi quand nous y sommes confrontés. Il y a, par exemple, les secrets de famille, les mensonges « pour notre bien », les tabous dont nos sociétés ne parlent pas, comme si le fait de ne pas les énoncer pouvait nous en préserver. Mais si c’était le cas, cela se saurait…
La question des mères qui blessent leur enfant fait partie de ces thématiques qui dérangent autant qu’elles fascinent. Être mère, cela paraît si simple, si facile, voire naturel ou inné. Dans nos représentations collectives d’Occidentaux, une femme qui devient mère, naturellement ou par adoption, doit éprouver nécessairement des affects positifs à l’égard de son enfant et connaître presque instinctivement les gestes et les mots adaptés pour lui permettre de grandir sereinement. Elle sait d’emblée changer une couche, faire des soins, donner le bain, nourrir et apaiser son bébé quand il a du chagrin, l’endormir sans difficulté, l’aider à apprendre, être patiente pour lui expliquer le monde qui l’entoure puis, quand il grandit, répondre à ses inlassables questions. Bref, pas besoin de mode d’emploi, de guide ou de livre de recettes pour la maternalité : être mère, c’est une évidence, accessible à chacune. Les mères savent. Elles savent faire face à ce tout-petit totalement dépendant d’elles. Et tout ce qui, plus tard, lui permettra de plonger ses racines dans la vie, de trouver du sens à son existence et de se projeter dans l’avenir découle de la force de ce lien qu’elles créent si naturellement en tant que premières figures d’attachement.
Si, au pays des Bisounours, une telle perspective est envisageable, dans la réalité, le quotidien est tout autre, même s’il demeure difficile à faire admettre malgré toutes les études publiées sur le sujet. Dans les faits, en effet, être mère, c’est voir sa vie bouleversée, profondément et définitivement, par ce petit être qui devrait théoriquement en être désormais la priorité. Certes, la majorité des femmes souhaitent pour leur bébé le meilleur et espèrent pouvoir lui apporter et lui donner tout l’amour, toute l’attention, la protection, la compréhension, la reconnaissance dont il a besoin. Mais au-delà des bonnes intentions, il n’est pas facile d’être parent, car cela renvoie au plus intime de notre histoire, au cœur de ce qui nous constitue et on peut, bien inconsciemment, se retrouver à répéter avec son enfant le seul mode de relation qu’on connaisse et qu’on a vécu soi-même en tant qu’enfant. Or il faut être disponible quand son petit est ronchon ou malade, passer des nuits blanches pour s’en occuper, ne pas s’énerver quand il pleure alors qu’on ne parvient pas à l’apaiser, mettre de côté ses loisirs et ses activités d’adulte pour se caler sur ses rythmes à lui, supporter le deuil du bébé imaginaire qu’on avait rêvé et qui est si différent parfois de celui de la réalité, s’assurer qu’en grandissant il ne risque pas de se blesser ou d’être agressé, savoir décrypter ce qu’il ne parvient pas à nous dire, mais qu’il exprime dans ses maux…
Il n’existe pas de mode d’emploi qui serait « livré » avec le bébé à sa naissance, et chacun va devoir faire avec ce qu’il est, avec son histoire, son passé, son présent, ses ressources ou ses failles. Devenir parent, qu’on soit une femme ou un homme, c’est changer de statut. Cela ne s’improvise pas facilement, mais implique, au contraire, de profonds remaniements psychiques et affectifs qui seront au fondement des liens établis avec son enfant. Du côté des mères, puisque c’est notre sujet, chacune doit apprendre, comme elle le peut, ce rôle de mère, cette fonction essentielle et complexe. Être mère et être femme ne sont pas synonymes et si, par le passé, l’existence de relais familiaux pouvait être une aide pour les jeunes mamans, les femmes sont aujourd’hui de plus en plus seules pour apprendre ce « devenir mère », pour gérer l’ambivalence de leur amour pour leur enfant ou pour supporter les processus psychiques qui sont à l’œuvre en elles et qui reflètent ceux que traverse leur bébé.
À une époque où la « perfectitude » est de mise, il n’est pas de bon ton de questionner l’amour des mères, leur bienveillance naturelle ou leurs compétences innées. Nous pourrions leurrer le lecteur et proposer un énième ouvrage sur le bonheur maternel, en idéalisant la fonction et en béatifiant le statut. Ce serait facile, mais moins utile que de décrire ce qu’est la réalité de milliers d’enfants qui n’ont pas la chance d’avoir une « maman de catalogue » ou, simplement, une maman qui veille sur eux et qui en prend soin. Notre propos n’est pas de juger ou d’accabler les mères qui sont psychiquement absentes et qui font du mal à leur enfant. Mais de chercher à comprendre pourquoi elles n’ont pas pu établir de lien constructif avec lui et d’envisager comment accompagner au mieux les enfants.
Si la naissance est universelle, porter la vie et la donner est le propre des femmes et engage des enjeux bien spécifiques. Parce qu’être mère n’est pas si simple et qu’il peut exister une vulnérabilité maternelle, nous avons choisi de consacrer cet ouvrage à la façon dont une femme devient psychiquement mère et aux difficultés, parfois très graves, qui peuvent s’exprimer dans la relation d’une mère avec son enfant. Nous avons décidé d’aborder sans tabou ce sujet, au plus près de ce qu’il est : un processus vécu différemment selon les femmes, avec ses moments de grands bonheurs et de plénitude, mais aussi des périodes d’incertitude, de difficultés, voire de souffrances qui peuvent conduire à des conséquences de toutes sortes, dont des maltraitances, voire des meurtres d’enfant.
Ce livre ne traite donc pas de la maternalité en général, mais de certaines relations mère-enfant bien spécifiques, celles qui conduisent à des mises en souffrance de l’enfant et, dans certains cas, à des maltraitances graves. Cela dit, nous commencerons par évoquer brièvement l’évolution de la place des mères dans notre société, puis par décrire ce qu’est être mère au niveau psychique et comment les liens s’établissent entre une femme et son enfant. Nous pourrons alors mieux voir ce qui peut mettre à mal ces liens mère-enfant quand certaines épreuves viennent bouleverser la vie. Nous ne ferons pas l’impasse sur une autre réalité, moins fréquente, mais qui existe pourtant, celle des mères qui blessent leur enfant intentionnellement, qui le malmènent, le maltraitent, voire le tuent. Ce sont des situations qui dérangent et qui sont très rarement abordées, alors qu’elles sont vécues par des milliers d’enfants qui, un jour, deviendront peut-être parents et seront alors submergés par ce passé de souffrance qui s’impose à eux, sans qu’ils puissent en parler ou connaître les raisons de ce qu’ils ont subi. Enfin nous aborderons ce qui peut servir de supports de résilience pour ceux et celles qui n’ont pas eu la chance d’avoir une mère « suffisamment bonne ». Une précision : toutes les situations rapportées ici sont réelles, seuls les prénoms des personnes concernées ont été modifiés.
Quand une mère a blessé son enfant, celui-ci doit apprendre à vivre avec et grandir malgré tout. Certains y parviennent plus ou moins facilement, d’autres, en revanche, vont souffrir durablement de ce mal de mère. Heureusement, le suivi psychothérapeutique d’enfants mal-aimés ou maltraités permet aujourd’hui de savoir qu’il y a une vie au-delà des souffrances endurées. L’objectif ultime de ce livre est d’aider tous ceux qui se sont trouvés dans leur vie en « mal de mère », tous ceux qui n’ont pas eu de maman, absente psychiquement, aimante et protectrice, à concevoir que cette vie est possible. Et pour cela, ils ont besoin de comprendre pourquoi leur mère a été incapable d’établir ce genre de relations avec eux. Ils en ont besoin pour pouvoir se dégager de la culpabilité qui les ronge si souvent, pour s’autoriser enfin à vivre et, pourquoi pas, devenus adultes, pour avoir des enfants à leur tour.
Aucun enfant ne saurait réparer ses parents. Seuls les adultes peuvent éviter de faire souffrir leur enfant, en particulier s’ils parviennent à réparer l’enfant en souffrance qu’ils ont pu être, mais ils doivent pour cela le pouvoir et le vouloir.
CHAPITRE 1
Naître mère

Selon la définition du Larousse, une « mère

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