Tous masos ? : Arrêtez de vous faire du mal, faites-vous du bien
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Tous masos ? : Arrêtez de vous faire du mal, faites-vous du bien , livre ebook

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Description

Le masochisme est vieux comme le monde. Ses visages sont multiples et personne n’y échappe. Comment expliquer que certains se mettent régulièrement en situation d’échec, s’autopunissent en permanence ? Comment ne pas franchir la ligne rouge d’un masochisme qui se transforme en véritable torture mentale ? L’enfermement dans le masochisme n’est pas une fatalité. Il existe des voies pour s’en affranchir et alléger sa vie. C’est tout le propos de ce livre, nourri par l’expérience clinique mais aussi par de nombreuses références littéraires et cinématographiques, qui éclaire de manière très vivante ce processus interne si particulier. Pour cultiver de meilleures relations avec soi-même et les autres. François Ladame est psychanalyste et psychiatre. Il a été professeur à la faculté de médecine et chef des unités pour adolescents et jeunes adultes aux Hôpitaux universitaires de Genève. Ancien président de la Société suisse de psychanalyse, il participe à de nombreuses instances de la Fédération européenne de psychanalyse. Il est l’auteur des Éternels Adolescents. Comment devenir adulte. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782415000226
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS  2022 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-4150-0022-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
Introduction

Sommes-nous tous masos ? Eh oui ! À des degrés divers bien sûr. Le masochisme est universel. Il est notre lot à tous, nous autres humains qui avons non seulement un cerveau mais aussi un psychisme, immatériel, qui héberge notamment un juge intérieur. Ce juge profère la « loi » à laquelle chacun de nous doit se soumettre ; il a le pouvoir de censurer nos désirs et de qualifier nos actions.
Mais commençons peut-être par le début : le masochisme, qu’est-ce que c’est ? Avant d’écrire ce livre, j’ai posé la question autour de moi, à une dizaine d’amis et de connaissances qui n’ont pas de familiarité particulière avec la psychanalyse. Réponse quasi unanime : « Le masochisme, c’est le sadomaso, le bondage. » Quelques-uns ont ajouté : « C’est aussi le lot des femmes, celles qui sont toujours à se sacrifier. »
Si ces réponses ne sont pas fausses, elles n’en traduisent pas moins des lieux communs. Ce n’est pas de cela qu’il sera question dans les pages qui suivent. Précisons. Il existe effectivement une perversion de type masochiste caractérisée par un lien étroit entre la jouissance et la souffrance voire l’humiliation qui sont consciemment et systématiquement recherchées et éprouvées. Ce masochisme-là, qu’on pourrait dire « sexuel », reste un phénomène isolé, pathologique ; il est étudié par les sexologues. Quant à la tendance au sacrifice, elle est, elle aussi, une réalité. Elle est certainement l’expression d’un masochisme sous-jacent, mais elle est loin d’être dévolue aux seules femmes. Elle n’épargne pas les hommes, loin de là !
Le livre que vous avez entre les mains traite d’un masochisme que Freud a appelé « moral » dans l’idée de souligner qu’il n’impliquait aucun plaisir sexuel direct. Une définition lapidaire : un besoin de punition, voire une autotorture, en lien avec une culpabilité inconsciente. Les sujets qui en souffrent se mettent dans des situations d’échec, ils prennent des claques, ils se laissent marcher dessus, le plus souvent sans se révolter sinon pour la forme. Ils peuvent avoir le sentiment d’une sorte de sort ou de destin auquel ils devraient se soumettre. Certains battent leur coulpe et passent pour des victimes ou des martyrs ; d’autres s’accusent de mille maux, le plus souvent imaginaires, et sont dans l’autoaccusation permanente ; d’autres encore ont un profond sentiment d’indignité et basculent dans les autoreproches.
Comment une pareille poisse peut-elle donc nous tomber sur la tête ?
Pour un premier éclairage, revenons au juge intérieur. À la suite de Freud, la psychanalyse a convenu de donner à cette « instance » le nom de surmoi, un terme particulièrement approprié dans la mesure où il chapeaute le moi, qui est la partie la plus consciente de notre psychisme : il le surveille et le juge en bien ou en mal.
D’accord, me direz-vous peut-être, mais quoi de mieux que d’obéir à une loi, d’avoir une « conscience morale », le sens du bien et du mal ? Que vient faire le masochisme dans cette affaire ? Certes, dans les situations les plus heureuses, notre surmoi peut faire montre d’une relative bienveillance à l’égard de notre moi, il peut faire preuve d’humanité, mais bien (trop) souvent il se comporte en juge impitoyable voire en bourreau cruel et plein de vindicte. Dans ces occurrences, le moi est réduit à une position masochique 1 , il est à genoux devant un « sur-moi » sadique porteur d’une loi qui n’a plus grand-chose de « moral ».
Pourquoi notre for intérieur se présente-t-il comme un Janus à deux faces ? avec un visage humain et un visage diabolique ? Ce paradoxe est en lien avec les origines du surmoi. Celui-ci prend racine dans ce qui est au plus profond de notre psychisme, dans le ça des psychanalystes, qui peut être défini comme le pôle pulsionnel de la personnalité. Le ça est inaccessible à la conscience, il est connaissable par ses rejetons (cauchemars, rêves, actes manqués…) et, surtout, il est le réservoir de l’énergie indispensable à notre fonctionnement psychique. En écrivant ces lignes me vient à l’esprit l’image du chaudron de la sorcière dans le Faust de Goethe, qui pourrait être une bonne figuration de ce pôle pulsionnel de notre personnalité. C’est dans ce chaudron qu’est concocté l’élixir qui attisera les pulsions amoureuses de Marguerite et permettra à Faust de séduire la très sage jeune fille. Et c’est donc du ça que le surmoi tire son énergie, une énergie brute, en quelque sorte sauvage, qui demande à être tamisée, « humanisée », malheureusement avec des succès variables comme vous le verrez au fil de votre lecture. Pour l’heure, restons-en au principe que ce qui est le plus haut (au-dessus du moi) plonge ses racines dans ce qui est tout en bas, dans le ça, dans le chaudron de la sorcière.
Une évidence s’impose : ce surmoi qui domine le moi et qui a autorité sur lui, on aurait tort de le voir simplement comme une « autorité morale » et de le confondre avec la conscience morale dans son acception classique, car il peut se comporter à l’égard du moi sans moralité aucune. Qui plus est, nous avons parfois conscience de son impact sur notre vie, mais parfois de façon très indirecte et parfois pas du tout. Les injonctions du surmoi auxquelles nous nous soumettons peuvent donc rester parfaitement inconscientes. À l’inverse, dans son sens commun, la « conscience morale » est une faculté consciente.
Le surmoi est un fouineur ! Comme il a commencé à se développer dès la petite enfance, il ne fait pas le tri entre ce qui est conscient et ce qui est inconscient dans notre vie psychique ni entre un désir, une intention et sa réalisation. Il peut condamner l’un comme l’autre avec une égale sévérité. Nous n’avons pas de secrets pour lui, nous ne pouvons rien lui cacher. Son sadisme à l’encontre du moi est parfois terrifiant, contraignant ce dernier à des comportements masochiques qui peuvent aller jusqu’au sacrifice de soi. Les écarts du moi aux yeux du surmoi sont source de culpabilité, mais celle-ci reste le plus souvent inconsciente du sujet, contraint par ailleurs à souffrir et à se saboter sans qu’il sache véritablement pourquoi.
Nous verrons plus loin que la bienveillance du surmoi envers le moi – toute relative il est vrai – a un coût qui est loin d’être négligeable. Vers la fin de l’adolescence, le début de l’âge adulte, elle s’achète au prix d’un renoncement aux liens du passé avec les parents. Mais attention ! Le surmoi ne se laisse pas duper. Il ne s’agit pas d’opérer seulement un changement dans la réalité extérieure ; il ne s’agit pas de se contenter de prendre physiquement son envol du nid familial. Ce qui est attendu, c’est un changement psychique, un changement sans précédent à l’intérieur de soi : renoncer aux liens amoureux et hostiles à l’égard des parents de notre enfance. Ce mode d’attachement ancien cède alors la place à une identification à nos parents.
Le masochisme dont nous allons nous occuper est la chose la plus répandue au monde. Son nom – masochisme moral – est un rien ringard, je vous le concède volontiers, mais j’espère qu’il ne vous poussera pas à reposer le livre que vous tenez entre vos mains par crainte d’avoir à subir des leçons de morale. Loin de là, rassurez-vous, vous ne serez pas « sadisés » !
Le masochisme moral peut être normal comme il peut être pathologique quand il devient excessif. Il y a de « petits » masochismes, si vous me passez l’expression, courants, banals, comme il y en a de « grands », qui dans leur démesure deviennent une véritable prison pour ceux qui en souffrent. Au rang des masochismes ordinaires, je mets en bonne place la fonction maternelle (aujourd’hui peut-être serait-il plus correct de parler de fonction parentale). Quels que puissent être les plaisirs qu’elle procure, elle ne va pas sans un minimum de sacrifice. Et tout sacrifice est inévitablement sous-tendu par une position masochique : l’autre a priorité sur soi ! Sans un certain masochisme, trouverions-nous encore des médecins et des infirmiers ? des enseignants ? des psychanalystes ? Il y a cependant une ligne rouge à ne pas franchir, celle du masochisme devenu une incessante et infernale torture mentale de soi. Et un piège redoutable dans lequel il est préférable de ne pas tomber, celui où la souffrance inhérente au masochisme s’érige en raison d’exister.
Après ces quelques lignes d’introduction, entrons dans le vif du sujet.
Bonne lecture !
1 . Dans les bons dictionnaires de la langue française, seuls existent le substantif et l’adjectif « masochiste ». Cependant, l’usage s’est installé chez les psychanalystes d’utiliser le substantif et l’adjectif « masochique » quand nous parlons de personnes souffrant de masochisme moral. On évite ainsi une confusion possible avec les « masochistes », terme réservé aux personnes souffrant du masochisme sexuel. Dans la mesure où ce livre est consacré exclusivement au masochisme moral, j’utiliserai le terme « masochique ». En procédant ainsi, j’accepte le risque de m’exposer aux foudres de l’Académie !
CHAPITRE 1
Dévouement ? Sacrifice ? Libre arbitre ? Contrainte ? Quelques exemples

Dans ce premier chapitre, je vais vous présenter quelques situations de masochisme caractéristiques que j’ai regroupée

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