Un chagrin d’amour peut aider à grandir
98 pages
Français

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Description

« On apprend beaucoup des chagrins d’amour. Malgré cela, la plupart des parents veulent à tout prix les éviter à leurs enfants. Seule la joie est fréquentable. Le reste, il vaut mieux l’éviter. Et pourtant… Et pourtant, celui qui se souvient de ses peines de cœur sait combien elles lui ont appris à aimer. Celui qui prend le temps de se souvenir devine aussi que c’est souvent à travers ces histoires douloureuses que son identité s’est édifiée. » B. H. Non, un chagrin d’amour n’est pas une impasse affective ou une maladie honteuse dont on ne parle pas en famille et qu’on soigne éventuellement à coups de médicaments. C’est un jalon essentiel dans l’histoire de chacun. Encore faut-il, qu’on soit grand ou moins grand, être bien accompagné pour transformer ce chagrin et mobiliser les ressources qui permettront de se relever et de mieux aimer ensuite ! Bruno Humbeeck est psychopédagogue. Spécialiste des situations de rupture, chercheur en sociopédagogie familiale et scolaire, il anime également une émission de télévision Une éducation presque parfaite en Belgique. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 octobre 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738175052
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BRUNO HUMBEECK
Un chagrin d’amour peut aider à grandir
ISBN : 978-2-7381-7505-2
© O DILE J ACOB, OCTOBRE 2012 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ouvrage proposé par Boris Cyrulnik
Avant-propos

Orhan Pamuk, le Nobel de la littérature, considère l’état amoureux comme un accident de la route, une maladie que l’on se doit de comprendre. Selon lui, l’amour n’aurait rien de doux. Selon lui toujours, il est impossible de concevoir ce qu’est l’amour de l’intérieur. Nous ne comprenons rien quand nous le vivons. Nous nous laissons emporter. C’est tout. Nous pouvons à la rigueur le décrire, jamais le radiographier. Orhan Pamuk est un romancier, un poète, pas un scientifique. Son rôle est de raconter, pas d’expliquer. D’approcher la vérité. Pas de l’affirmer.
Et les scientifiques, comment envisagent-ils l’état amoureux ? Les neurobiochimistes en font un orage hormonal. Les psychologues l’assimilent à une inflexion de la trajectoire individuelle, et les sociologues l’expliquent par un ensemble de déterminismes qui le rendent socialement plus ou moins probable. Pour eux, l’état amoureux est souvent réductible à un ensemble de causes plus ou moins clairement identifiables. C’est un phénomène de la vie, une manière certes inhabituelle d’être au monde, mais néanmoins normale qui permet de concevoir le fonctionnement du moi (pour les neurobiochimistes), d’envisager la construction du soi (pour les psychologues) et de comprendre la manière dont chacun situe sa propre trajectoire dans le monde des autres (pour les sociologues). Pour eux, l’état amoureux n’est ni doux ni dur. Il est une occurrence qui, comme tout ce que produit l’être humain, s’inscrit dans un schéma explicatif de causalité ou, à tout le moins, de corrélation. Les scientifiques ne sont pas des poètes. Ils préfèrent souvent ne pas raconter d’histoires. Ils prétendent à la vérité et affirment souvent, au moins partiellement, qu’il est possible de la détenir.
Parler ou écrire sur l’amour devrait pourtant être réservé aux poètes et aux gens qui aiment, à ceux qui, d’une façon ou d’une autre, se sont surpris à aimer. Quand la science s’empare de ce sujet, il ne reste souvent de l’amour guère plus que des pulsions, des réflexes et des comportements qu’il est apparemment possible de faire ou d’apprendre, des données biologiques, des réactions physiologiques mesurables, des réactions psychologiques que l’on peut tester, qui ressortissent bien tous au phénomène de l’amour mais avec lesquels nous ne le saisissons pas.
C’est sans doute vrai, mais, précisément, comme le soulignait Pamuk, ceux qui vivent l’amour ne sont pas véritablement en état de le comprendre, l’expérience étant trop brutale, trop dure. Ils peuvent en parler, ils peuvent l’écrire mais sans le raisonner. Alors comment faire ? Abandonner tout aux romanciers qui n’expliquent pas ? Rendre la main aux scientifiques qui expliquent trop ? C’est apparemment la quadrature du cercle et c’est probablement ce qui explique que l’intérêt de la littérature scientifique pour un tel sujet ne s’est manifesté que très récemment.
Et si la solution se trouvait dans une posture intermédiaire ? Si, pour parler scientifiquement d’amour, il fallait nécessairement être à la fois romancier et scientifique, raconter des histoires qui s’expliquent, n’affirmer que la volonté de s’approcher de la part de vérité subjective de celui qui vit l’état amoureux de l’intérieur et n’a que les mots et ses insuffisances pour le révéler ? Pour cela, peut-être faut-il être un scientifique amoureux, un poète détourné de son rôle et soucieux de vérité ou encore un romancier égaré dans le monde de la recherche qui se raconte des histoires auxquelles il voudrait se donner les moyens de croire…
C’est tout cela sans doute que dans les pages qui suivent nous essaierons d’être, de devenir ou de demeurer. C’est pour cela aussi que, dans ce livre, nous donnerons en priorité la parole à ceux qui vivent l’expérience de la rupture amoureuse, à ceux qui acceptent de s’en souvenir, pour le meilleur ou pour le pire, et à ceux qui, sans en faire un roman, en ont fait toute une histoire. Leur histoire, belle ou difficile à raconter. Nous écouterons leur récit et nous verrons ensuite si nos modèles théoriques peuvent les radiographier en comprenant ou en expliquant comment et pourquoi une expérience amoureuse, un chagrin d’amour, jamais banal, toujours édifiant, peuvent être envisagés parfois comme un argument de construction identitaire, parfois au contraire comme un vecteur d’anéantissement de soi. C’est en cela que le concept de résilience et le modèle du monde que nous lui avons associé permettront sans doute de baliser notre cheminement.
Introduction

« Une de perdue, dix de retrouvées… » Si c’est tout ce que vous trouvez à dire pour aider celui qui vient d’être quitté à se relever alors même qu’il est effondré, de grâce, taisez-vous. Votre silence parlera sans doute bien mieux que vous… L’humour suranné, ce n’est de toute évidence jamais un bon plan pour faire écho au sentiment d’errance désespérée dans lequel se trouve plongé celui qui vit le drame d’un amour qui s’est envolé.
Mais tout le monde, c’est vrai, n’ose pas le silence. Trop embarrassant face à la perte. Trop angoissant face au vide. Trop terrifiant face à l’absence. Trop peu agissant lorsqu’il est question de combler un manque. Trop rien en définitive pour compenser ce qui ressemble furieusement à un tout.
Et puis, surtout, comment se résoudre à se taire face à celui qui souffre tant ? Comment demeurer muet face à lui sans lui paraître pour autant complètement indifférent ? Comment, quand on est un professionnel du soutien psychologique, rester confiné dans un silence empathique lorsque l’autre quémande, à corps mais sans cri, des gestes ou des paroles qui soulagent ? Comment, quand on est parent, peut-on attendre là, les bras ballants, sans rien faire, renvoyé à son impuissance face à un fils, une fille, qui se désespère de ne plus être aimé(e) par celui (ou celle) qu’il (elle) a choisi(e) ?
Alors, pour ne pas rester passif, pour se donner le sentiment d’être actif, on tente à l’occasion d’agir avec des mots, en parlant… parfois maladroitement… C’est comme cela, par la parole convenue, en disant souvent tout et n’importe quoi, que l’on tente généralement d’enfermer l’angoisse dans des mots, quitte alors à mal les choisir. C’est comme cela qu’en parlant on en vient à dire n’importe quoi à défaut d’avoir osé le silence parce que celui-ci, trop embarrassé, aurait laissé à l’angoisse toute la place. Et c’est comme cela que, pour combler le vide, on en vient à balancer des « formules toutes faites », des « phrases bateaux » qui parlent pour ne strictement rien dire.
« Une de perdue, dix de retrouvées… » Voilà précisément le genre de phrases qu’il aurait mieux valu taire. Parce que, tout le monde le sait, quand on éprouve le sentiment d’avoir été abandonné, délaissé ou quitté par un être aimé, cela ne sert vraiment à rien de nous en proposer dix autres qui précisément auront tous en commun au moins cet immense défaut de ne pas être celui-là même qui, en nous quittant, nous a laissé complètement dépeuplé.
Comprendre ce qui se cache derrière un chagrin d’amour. Concevoir sa fonction dans le développement psychologique de l’être humain contemporain. Identifier les ressources sur lesquelles l’amoureux délaissé peut s’appuyer pour se relever au-delà du fracas auquel il a été confronté. En poursuivant ce triple objectif nous pourrons envisager les différents mécanismes de résilience que la rupture amoureuse est susceptible de provoquer. De cette façon, nous parviendrons, le cas échéant, à relever un ensemble de moyens susceptibles de les stimuler chez la personne en difficulté.
Cette manière de procéder permettra à tout un chacun de soutenir une personne en proie à un chagrin d’amour. Elle permettra aussi au parent qui se trouve confronté à la même situation chez son enfant d’adopter une attitude adaptée et/ou de trouver les mots appropriés, en tout cas des mots plus appropriés que cette formule inconsistante qui prétend qu’en perdant un être aimé on en obtient en compensation dix pour le remplacer.
Comment faire face au chagrin d’amour de ses enfants ? Faut-il les en préserver ? Est-ce différent pour les filles et les garçons ? Comment les aider à grandir au-delà du fracas qu’il provoque ? Comment survivre soi-même à un amour déchu ? Comment trouver les ressources pour faire face à un amour déçu ? À quoi donc peut être utile tout ce chagrin ? En quoi l’amour, même à fonds perdus, peut-il aider à grandir ? Pourquoi le chagrin et l’amour font-ils en somme si bon ménage ? Pourquoi s’emmêlent-ils si souvent ?
Pour répondre à toutes ces questions essentielles, nous tenterons dans cet ouvrage d’envisager le chagrin d’amour dans toutes ses dimensions conceptuelles. Nous montrerons ainsi ce qu’il est précisément en le distinguant notamment de ce qu’il a pu être à travers l’histoire, de la manière dont il peut être envisagé dans d’autres cultures et de tout ce qu’il n’est pas en fonction des notions qui lui sont généralement associées en philosophie, en sociologie, en psychologie, ou en poésie… Nous verrons également en nous appuyant sur les modèles éthologiques en quoi le chagrin, et

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