Écriture et vie de société : Les correspondances littéraires de Louise d Épinay (1755-1783)
294 pages
Français

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Écriture et vie de société : Les correspondances littéraires de Louise d'Épinay (1755-1783) , livre ebook

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Description

Femme des Lumières, Louise d’Épinay est surtout connue pour sa correspondance avec le diplomate napolitain Ferdinando Galiani, de même que pour un long roman autobiographique et Les conver­sations d’Émilie, un dialogue mère-fille traitant d’éducation. On sait moins qu’elle a été, pendant trente ans, la collaboratrice pro­lifique de la Correspondance littéraire, l’un des plus importants périodiques clandestins de la deuxième moitié du xviii e siècle. L’analyse des pièces de cette « femme d’esprit » ayant circulé dans les feuilles manuscrites de Grimm et de Meister donne à voir l’aura de la féminité dans la presse littéraire de l’Ancien Régime et la représentation de la relation ayant pris forme entre des rédac­teurs parisiens et leurs lecteurs princiers, tenus au secret et dont le nombre n’a jamais excédé la douzaine d’abonnés.
Ce livre, le premier à proposer une critique approfondie des écrits journalistiques et épistolaires de madame d’Épinay, offre une réflexion sur les pratiques d’écriture et les pratiques de socia­bilité d’une femme de lettres et de son proche entourage, sur leur influence réciproque, mais aussi sur l’imaginaire du monde et du milieu philosophique qui fascinait l’Europe de l’époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 août 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760637832
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉCRITURE ET VIE DE SOCIÉTÉ
Les correspondances littéraires de Louise d’Épinay (1755-1783)
Mélinda Caron
Les Presses de l’Université de Montréal
Mise en pages: Yolande Martel ePub: Folio infographie Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Caron, Mélinda, 1978- Écriture et vie de société: les correspondances littéraires de Louise d’Épinay (1755-1783) (Espace littéraire) Comprend des références bibliographiques. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-7606-3781-8 ISBN 978-2-7606-3782-5 (PDF) ISBN 978-2-7606-3783-2 (Epub) 1. Épinay, Louise Florence Pétronille Tardieu d’Esclavelles, marquise d’, 1726-1783 – Correspondance. 2. Épinay, Louise Florence Pétronille Tardieu d’Esclavelles, marquise d’, 1726-1783 – Critique et interprétation. 3. Écrivaines françaises – 18 e siècle – Correspondance. 4. France – Vie intellectuelle - 18 e siècle. I. Titre. II. Collection: Espace littéraire. DC135.E7C37 2017 944’.034092 C2017-940939-5 c2017-940940-9 Dépôt légal: 3 e trimestre 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2017 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Table des matières
INTRODUCTION
Louise d’Épinay, femme de lettres des Lumières
Écriture & vie de société: quelques notions
Sociabilité
Mondanité
Imaginaire social
Représentation de soi
Les correspondances littéraires de Louise d’Épinay
Abréviations et modernisation
CHAPITRE I
Louise d’Épinay et la Correspondance littéraire
Une communauté princière et philosophique
Mme***
Louise d’Épinay journaliste
Mme***, femme aimable et femme d’esprit
Figures de la réceptrice
CHAPITRE II
Galanterie et mondanité
Un héritage littéraire et mondain: la galanterie
Représentations galantes
Poésies fugitives et vie de société
Univers pastoral et représentation auctoriale
La critique du monde
Réputation féminine et dangers de la mixité
Morale et superficialité
CHAPITRE III
La distinction
L’élitisme de la Correspondance littéraire
Distinction sociale et distinction intellectuelle
Autoreprésentation et adhésion
La femme de mérite et le public: les critiques de spectacle
Connivence et raillerie: les critiques d’ouvrage
Le rire de la philosophe
L’éloge des «gens de génie»
chapitre iv
Dialogues fictifs et conversations
Dialogues, spectacle et divertissement
Diderot et Louise d’Épinay: «Expériences intéressantes»
Meister et Louise d’Épinay: «Réflexions d’un ignorant»
Le monde du spectacle
Les déceptions théâtrales de Mme***
Le «Rêve», ou l’éducation mise en scène
Le spectacle du monde
Apparences, luxe et distinction
Frivolité et libertinage, ou «L’amitié de deux jolies femmes»
Textes dialogiques et dialogues textuels
Une leçon sur les apparences: la «Dixième conversation»
Décadence et distinction: la représentation de la féminité
CHAPITRE V
Sociabilité épistolaire
Louise d’Épinay et Ferdinando Galiani
Correspondance et vie de société
Sociabilité et épistolarité
Le Paris de Galiani
Autoreprésentations et pactes épistolaires
La distinction du «petit comité»
Connivence et fermeture
Satire et éloge des gens de lettres
«Une correspondance gaie de folies philosophiques»
Rire en marge de la bonne société
Sociabilité, rire et création
CONCLUSION
ANNEXES
Louise d’Épinay et la Correspondance littéraire
Composition des entrées
Annexe I
Annexe II
ANNEXE I
Textes et articles attribués à Louise d’Épinay entre 1756 et 1783
ANNEXE II
Lettres et vers adressés à Louise d’Épinay entre 1755 et 1783
BIBLIOGRAPHIE
Sources manuscrites
Œuvres et ouvrages des XVIIe et XVIIIe siècles
Articles et ouvrages critiques (XIXe et XXIe siècle)
REMERCIEMENTS
À Rosa et Albertine


INTRODUCTION
Qui était Louise d’Épinay? Une femme d’esprit amatrice de théâtre, épouse malheureuse d’un fermier général prodigue et amie intime des plus grands philosophes des Lumières, rapportent les historiens de la vie littéraire depuis le XIX e siècle 1 . Une épistolière et amie dévouée ayant entretenu une correspondance qu’on lit depuis bientôt deux siècles et qui l’aura éternellement unie à l’abbé Galiani. L’auteure d’un long roman à clefs, l’ Histoire de madame de Montbrillant , duquel on a puisé l’essentiel de sa biographie, dont le parcours éditorial posthume a passionné des générations de lecteurs et qui fait toujours l’objet de débats visant à en départager les dimensions réelles et les romanesques 2 . Louise d’Épinay, c’est aussi un nom étroitement associé à l’histoire de la vie mondaine et des salons de l’Ancien Régime. Depuis quelques décennies, il est omniprésent dans les travaux sur l’histoire des femmes, notamment grâce à ses Conversations d’Émilie , le seul de ses ouvrages qui fut publié de son vivant, et grâce aux réflexions sur la condition sociale des femmes que l’on dégage de l’ensemble de sa production, aussi bien pédagogique qu’épistolaire ou fictionnelle 3 .
Ce que l’on sait moins, cependant, c’est que Louise d’Épinay a aussi activement collaboré, et ce, pendant près d’une trentaine d’années, à l’un des plus importants périodiques clandestins des Lumières, la Correspondance littéraire . Certes, les «feuilles» manuscrites de Frederich Melchior Grimm et de Jacques-Henri Meister, qui ont été produites mensuellement et dans le secret pendant soixante ans, de 1753 à 1813, sont aujourd’hui bien connues et accompagnent depuis leur mise au jour tous les travaux portant sur la vie littéraire et philosophique de la deuxième moitié du XVIII e siècle. Toutefois, l’ampleur et la nature des contributions de leur plus proche collaboratrice restaient encore, pour leur part, à être explorées. Totalisant plus de cent trente textes, selon l’état actuel des recherches, cette participation féminine mérite pleinement notre attention, non seulement pour mieux cerner les contours de l’œuvre de cette femme de lettres, dont le nom est désormais incontournable dans l’histoire de la littérature des Lumières, mais aussi pour mieux comprendre le projet de la Correspondance littéraire elle-même.
Cet ouvrage rassemble et présente tous les écrits de Louise d’Épinay ou ayant été adressés à Louise d’Épinay qui ont trouvé place au sein de ces feuilles manuscrites. Leur analyse est complétée par celle de sa correspondance avec l’abbé Galiani, également abordée dans son entièreté, qui est indissociable de ce corpus. L’étude parallèle de ces deux ensembles de textes nous amène à porter un nouveau regard sur l’œuvre de la femme des Lumières, qui s’y révèle encore plus riche et diversifiée qu’on n’avait pu le soupçonner. Le présent livre met aussi en lumière le fait que tous les ouvrages connus de Louise d’Épinay ont trouvé un certain écho dans la Correspondance littéraire , ses contributions au périodique recoupant exactement ses années de productivité littéraire.
Louise d’Épinay, femme de lettres des Lumières
Louise-Florence-Pétronille Tardieu d’Esclavelles, née le 11 mars 1726, à Valenciennes, était la fille unique de Louis-Gabriel Tardieu, baron d’Esclavelles (1666?-1736) et de Florence Angélique Prouveur de Preux (1695-1762). C’est à l’âge de dix ans qu’elle déménagea à Paris, où son père mourut peu de temps après y avoir installé sa famille. Désormais sans ressources, mère et fille allèrent vivre chez la sœur de madame Prouveur de Preux, épouse du fermier général Louis Denis de Lalive de Bellegarde, qui a pris, en 1742, le titre d’Épinay. Comme la plupart des jeunes filles de sa condition, Louise d’Esclavelles a passé plusieurs années au couvent, de 1737 à 1744, après quoi elle s’est mariée – par amour – le 23 décembre 1745 avec son cousin germain, Denis-Joseph Lalive d’Épinay (1724-1782), à l’église Saint-Roch. La vie du couple était, dans un premier temps, partagée entre Paris et le château de La Chevrette, qui se trouvait dans le Val-d’Oise. Dans l’ Histoire de madame de Montbrillant , ce long roman épistolaire à clefs, largement autobiographique, dont la rédaction fut entamée vers la fin des années 1750, Louise d’Épinay relate les infidélités de son mari, ses dépenses excessives et la dilapidation de la fortune à laquelle il s’est livré jusqu’à ce que soit prononcée une séparation de biens entre les époux, qui fut obtenue le 14 mai 1749 grâce au concours du propre beau-père de madame d’Épinay.
Mère de deux enfants, Louis-Joseph (1746-1813) et Suzanne-Françoise-Thérèse (1747-1748), elle commença bientôt à réfléchir et à écrire au sujet de l’éducation. Des échanges qu’elle aurait eus à ce propos avec Jean-Jacques Rousseau, avec lequel elle s’est liée d’amitié en 1748, trouvent d’ailleurs écho dans l’ Histoire de madame de Montbrillant . Claude-Louis Dupin de Francueil occupe aussi une place importante dans ce roman, Louise d’Épinay et lui ayant eu une liaison d’où sont nés deux autres enfants – Angélique-Louise-Charlotte, future madame de Belsunce (1749-1813), élevée à la maison d’Épinay, et Jean-Claude Leblanc de Beaulieu (1753-1825), qui, lui, fut éloigné de la famille à sa naissance et est devenu évêque. C’est quelques années plus tard qu’elle fit la connaissance de Frederich Melchior Grimm, avec qui elle partagea sa vie à compter de 1755.
Originaire de Ratisbonne, Grimm était arrivé à Paris en 1749, en qualité de précepteur du fils cadet du comte Jean-Frédéric de Schomberg. Il s’est rapidement fait un nom au sein de la société parisienne, notamment par la publication de sa Lettre sur Omphale , en 1752, suivie du Petit prophète de Boemischbroda ,

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