Esther Wheelwright
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Esther Wheelwright , livre ebook

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Description

« Voyez comme elle se fane, la petite rose anglaise, dit le prêtre, la vie en forêt est trop dure pour elle. Il faut la transplanter au Canada où elle s’épanouira bien mieux sous les soins de gentilles religieuses.» «La petite fleur blanche ne doit pas être arrachée, dit l’Indien, laissez-la pousser parmi les pins, et prendre peu à peu racine près du wigwam d’un jeune brave.»

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Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782895966272
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Mémoire des Amériques» est dirigée par David Ledoyen
Ce texte est extrait de l'ouvrage de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, De remarquables oubliés , t. 1, Elles ont fait l'Amérique , Montréal, Lux Éditeur, 2011.
Illustration de couverture: Francis Back
© Lux Éditeur, 2011 www.luxediteur.com
Dépôt légal: 2 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN(ePub) 978-2-89596-627-2
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
Esther Wheelwright
« V oyez comme elle se fane
la petite rose anglaise, dit le prêtre, la vie en forêt est trop dure pour elle. Il faut la transplanter au Canada où elle s’épanouira bien mieux sous les soins de gentilles religieuses.» «La petite fleur blanche ne doit pas être arrachée, dit l’Indien, laissez-la pousser parmi les pins, et prendre peu à peu racine près du wigwam d’un jeune brave.»
N OUS SOMMES LE 10  AOÛT 1703, dans le village de Wells, en Nouvelle-Angleterre. Il est neuf heures du matin, une nouvelle journée commence, pareille aux autres journées, terne, stricte et sans joie. La communauté puritaine vit ainsi, repliée sur elle-même, réglée sur les labeurs et les devoirs religieux. Que fait la petite Esther? L’a-t-on assignée à quelque corvée avec ses frères et sœurs, ou étudie-t-elle un passage de la Bible auprès de son père, John Wheelwright, un des hommes les plus influents de Wells? Outre son engagement au sein de l’Église congrégationaliste, il est capitaine dans la milice, propriétaire foncier et commerçant: un dur en affaires.
Tout est tranquille en ce bord de mer, chacun vaque à ses tâches avec la plus grande austérité. Soudain retentissent des coups de feu, des cris de guerre, des hurlements. Le village de Wells est attaqué, des centaines d’Abénaquis, d’Indiens alliés et de Canadiens entrent dans les maisons, saccagent, pillent, brûlent tout sur leur passage. Une vingtaine d’habitants sont tués, une vingtaine d’autres capturés. Parmi eux, la jeune Esther Wheelwright, âgée de sept ans. Disons-le tout de suite, elle ne reverra plus son village, ni son père, ni sa mère, ni ses frères et sœurs. Eux la reverront bien des années plus tard, sur une miniature peinte par un artiste; c’est le seul portrait qu’ils pourront jamais se faire de la petite fille devenue une femme remarquable.

À Wells, on craignait un tel assaut. Toute la colonie de la Baie-du-Massachusetts – ainsi qu’on nommait alors la région – subissait les répercussions des guerres franco-anglaises qui se jouaient en Europe. Les nations algonquiennes alliées aux Français de Québec combattaient tout ce qu’il y avait d’Anglais autour de Boston. Un an plus tôt, John Wheelwright avait écrit à Joseph Dudley, gouverneur de la colonie, pour demander du renfort, c’est-à-dire vingt ou trente hommes, ainsi que la permission de bâtir une caserne afin de protéger la communauté en cas d’une attaque des «hérétiques». De fait, tout se résumait à la religion. D’ailleurs, la colonisation anglaise de la côte nord-américaine fut un phénomène essentiellement religieux. En 1620, persécutés par l’intransigeance de l’Église anglicane, une centaine de dissidents, adeptes du calvinisme, s’embarquèrent à bord du Mayflower en direction du Nouveau Monde, littéralement la terre promise, une «nouvelle Jérusalem» où ils pourraient exercer leur culte en toute liberté et faire valoir leur éthique rigoureuse du travail et du sacrifice. Les Pères pèlerins – comme on les nommera plus tard – abordèrent au cap Cod et fondèrent la colonie de Plymouth. Des milliers d’autres immigrants anglais, fuyant les persécutions, viendront s’établir tout le long des côtes, multipliant les congrégations et propageant les valeurs puritaines.
Ces «élus» avaient une conscience aiguë du caractère sacré de leur mission. Le doute n’était pas permis, non plus que le rire; nul n’exprimait ses émotions, ses angoisses et ses fatigues. Le plaisir était suspect. D’ailleurs, tout ce qui ne faisait pas partie de leur monde l’était. Les Indiens, naturellement mauvais, de même que les catholiques, étaient vus comme de dangereux hérétiques. Quant aux sectes protestantes, chacune d’entre elles jugaient que les autres seraient damnées! De génération en génération, la famille Wheelwright évoluait au cœur de ces tourmentes intégristes. Le grand-père, un ministre protestant célèbre en Angleterre, avait été pris à partie pour ses idées originales et s’était exilé en Amérique. Un de ses amis avait été brûlé vif à Salem, un des rares hommes à avoir été jugé et condamné pour sorcellerie.

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