Handicap, double peine
22 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Handicap, double peine , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Clara est devenue tétraplégique à l’âge de neuf ans. Elle a dû se battre contre le corps médical et contre sa famille pour s’en sortir. Elle s’est reconstruite en résistant et en trouvant l’amour.

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9791029006722
Langue Français

Extrait

Handicap , double peine
Clara Roubin
Handicap , double peine
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2017
ISBN : 979-10-290-0672-2
À Jean - Marie et Grégoire
Bonsoir à tous et bienvenue dans le 330 e numéro d’« On n’est pas rendus ».
Pour m’accompagner, comme d’habitude, nous avons avec nous nos deux chroniqueurs, Neva et Yannick.
Aujourd’hui le thème de notre émission est consacré au handicap et, pour ce faire, nous recevons quelqu’un qui vient de publier un roman autobiographique dénonçant notamment certains dysfonctionnements sur le sujet. Alors , accueillons Clara Roubin avec qui nous allons passer la soirée. Clara fait son entrée sur le plateau dans son fauteuil roulant, aidée par un technicien et sous les applaudissements du public.
Il faut dire que ce plateau est totalement glissant et inaccessible et que des valides trébuchent souvent avant d’atteindre leur siège.
Roland : Bonsoir Clara, avant que vous vous présentiez nous allons accueillir les personnalités qui vont nous accompagner pour cette émission. Tout d’abord, nous recevons le cinéaste engagé, Pierre Bardeau, qui vient de réaliser un film sur l’intégration d’une personne handicapée en entreprise. Son film s’intitule « Infaisable » et il nous présentera son travail tout à l’heure. Bonsoir Pierre, installez-vous !
Accueillons également une jeune femme absolument fantastique puisqu’elle vient d’être nommée « Principal Dancer » à tout juste 20 ans. Elle arbore une technique hors du commun et parle 4 langues qu’elle maîtrise parfaitement grâce aux différentes pérégrinations de ses parents. Il s’agit de Naëlle Riva . Bonsoir Naëlle , installez-vous auprès de Yannick et merci à vous 2 d’avoir accepté de soutenir Clara pour notre soirée.
Roland est un animateur très connu dans le monde des médias. Son émission a beaucoup de succès, lui-même est très gai, il rigole fréquemment même quand les sujets sont tristes mais bon… c’est le concept qui veut ça, il faut ambiancer la soirée !
Neva est une jeune chroniqueuse d’origine russe. Elle a un petit accent chantant, elle est très belle avec ses longs cheveux blonds et ses grands yeux bleus mais elle ne s’en laisse pas conter.
Quant à Yannick, c’est un intellectuel qui fait des phrases interminables dans lesquelles il s’embrouille un peu mais il est sympathique alors on l’écoute sans broncher.
Roland : Alors Clara, pouvez-vous vous présenter au public qui ne vous connaît pas, ensuite je passerai la parole à nos chroniqueurs qui ont beaucoup de questions à vous poser.
Clara : Tout d’abord je suis née dans une famille, on va dire classique, et quand j’étais petite j’étais très vivante, très joyeuse, imaginative. Je faisais de la danse et j’étais passionnée. Tout aurait été bien si je n’étais pas née dans une famille austère et rigide. Le problème, pour mes parents, et surtout pour ma mère, c’est que j’étais rebelle, je ne voulais pas obtempérer, je voulais être libre aussi elle ne me supportait pas. Dès qu’elle le pouvait, elle m’éloignait car elle était excédée que je n’adhère pas à son grand projet éducatif. Jusqu’au jour où, vers l’âge de 8 ans, elle m’a emmenée voir une psychologue qui lui a dit que j’allais bien et qu’elle voulait la rencontrer, elle. À partir de cet instant, elle a décidé que nous n’y retournerions pas et quelques temps après il a été convenu que j’irais dans une maison de correction appelée pudiquement « maison de repos ». Cette structure était dirigée par des « bonnes sœurs » complètement sadiques. Les plus retors étaient deux dirigeantes qui, un jour, m’ont convoquée pour me demander qui, de mon père ou de ma mère, je préférais. Ne sachant quoi répondre, je leur ai dit que je préférais ma mère. Sur ce, je me suis pris une gifle car j’aurais dû répondre que je préférais mon père. Je suis ressortie de là complètement mortifiée et, avec le recul, je me dis qu’elles avaient dû étudier la psycho dans un livre du style « La psychologie pour les nuls ». Toujours est-il que dans cette institution, c’est devenu l’enfer pour moi. J’étais prisonnière, obligée d’obéir sous peine de punition mais en fait qu’est-ce que j’avais fait pour être là ? Rien , absolument rien ! Aucun soin n’était dispensé dans cette structure, d’ailleurs je n’étais absolument pas malade à l’époque et seule l’éducation à la baguette était de mise. Cela s’est avéré, en ce qui me concerne, complètement contre-productif et a même renforcé ma capacité de résistance. Au bout de six mois, je suis revenue dans ma famille sans avoir compris pourquoi j’en avais été écartée. Ma gaieté a disparu, je suis devenue méfiante, je sentais que je n’avais pas ma place, que je devais disparaître. En quelque sorte, c’est ce que j’ai fait en tombant malade, j’allais forcément m’éloigner, être prise en charge par d’autres personnes. Est -ce que je fais une relation de cause à effet ? Peut -être. En tout cas, je me suis souvent posé la question tant il est prouvé que le psychisme interagit sur le physique. Toujours est-il que je suis devenue une personne handicapée. Bien sûr je ne me définis pas uniquement par rapport à ça mais ce problème a forgé une grande partie de ma personnalité.
Roland : Qu’est-ce qui vous est arrivé ?
Clara : Vous voyez, vous me posez une question à laquelle je n’ai pas envie de répondre car qu’est-ce que ça va apporter aux gens de savoir ce que j’ai eu ? Que vont-ils en retirer ? Si c’est pour faire le buzz ce n’est pas intéressant. Les gens que je rencontre me demandent souvent ce que j’ai eu, parfois même certains m’arrêtent dans la rue car ils veulent « savoir » mais n’est-ce pas de la curiosité mal placée ? En général, je pose la question suivante en retour : « Pourquoi me demandez-vous ça ? » Question à laquelle les gens ne savent pas répondre car ils sont gênés et se rendent compte du malaise qu’ils ont créé. En réalité, je préfère que vous me demandiez ce qui me gêne dans ma vie quotidienne et comment on peut l’améliorer car tout est compliqué pour moi dès le matin et il y aurait beaucoup de choses concrètes à faire pour optimiser l’existence des personnes qui sont handicapées, je veux parler notamment de tout ce qui concerne l’accessibilité.
Roland : OK mais donnez-nous au moins quelques éléments afin que nous puissions appréhender votre situation.
Clara : Et bien, vers l’âge de 9 ans, un matin alors que je me levais pour aller à l’école, je suis tombée par terre, inerte. Une saleté de virus s’est frayé un chemin jusqu’à ma moëlle épinière et Boum ! j’étais tétraplégique ! Mes parents ne me croyaient pas car j’étais très comédienne et ils pensaient que je faisais une histoire pour ne pas aller à l’école. Seulement, mon père s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose d’anormal. Il m’a prise dans ses bras et a pu constater que j’étais « une poupée de chiffon ». La panique s’est installée dans la famille car on a pensé que j’allais mourir et je crois que je n’en étais pas loin. Ce jour-là, ma vie s’est brisée et le parcours du combattant a commencé pour moi. J’ai été hospitalisée et examinée sous toutes les coutures. Au début, j’étais en réanimation et j’ai failli aller dans un poumon d’acier ou trachéotomisée car j’avais du mal à respirer. Et puis j’ai été transportée dans une clinique de rééducation où je faisais des exercices toute la journée pour arriver à récupérer mes forces, en vain… Enfin, j’ai changé de centre de rééducation car il fallait que j’aille dans un endroit où l’école était dispensée. J’ai raté l’école pendant 2 ans et il m’a fallu rattraper mes lacunes. Les journées étaient partagées en deux : l’école et puis la rééducation qui me paraissait longue, fastidieuse, douloureuse, dans une ambiance hostile, violente, militaire et avec un personnel, pour la plupart malveillant.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents