La Cité Joseph Staline (1941 - 1959)
277 pages
Français

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La Cité Joseph Staline (1941 - 1959) , livre ebook

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277 pages
Français

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Description

Les deux parties de ce livre racontent l'enfance et la jeunesse de l'auteur. On y trouve des réminiscences de la deuxième guerre mondiale, les échos des faits marquants qui ont parcouru la Quatrième République, le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 et son retrait de la vie politique onze ans plus tard, ainsi que les événements de mai et juin 68 que l'auteur a vécus loin de Paris, en Lozère. Avec ce livre se terminent momentanément les 5 volumes de mémoires de l'auteur qui couvrent les années 1941 à 1999.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 220
EAN13 9782296930520
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Cité Joseph Staline
1941-1959
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’EcoIe polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10372-6
EAN : 9782296103726

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Claude Chaminas


La Cité Joseph Staline
1941-1959


suivi de


Au temps du général de Gaulle
1959-1969


L’Harmattan
- I - LA CITE JOSEPH STALINE 1941-1959


A mon père et à ma mère,
qui ont eu le courage d’espérer
quand tout ne semblait que désespoir.
Portrait
à la manière de François Duc de La Rochefoucauld

Je suis d’une taille moyenne, pas grand, plutôt petit mais pas trop, bien proportionné. J’ai le teint plutôt blond, le front d’une raisonnable grandeur, les yeux bleus, et les sourcils qui sont devenus broussailleux avec l’âge. Pour le nez, il serait tout à fait anodin s’il n’était légèrement tordu de l’extérieur, et beaucoup plus de l’intérieur. J’ai la bouche moyenne, et les lèvres normalement rosées. J’ai les dents blanches et passablement bien rangées en haut, un peu plus en désordre en bas. Le menton ne se fait pas remarquer, sauf que j’y ai une cicatrice, suite à une chute que j’ai faite sur le sol glacé à Saint-Chély-d’Apcher en 1968. Pour le tour du visage, est-il rond ou ovale, il me serait fort difficile de le dire. J’avais les cheveux châtain, plats, mais ils sont devenus gris et blancs et inexistants sur le sommet de la tête.
Je porte la barbe en collier depuis plusieurs années, depuis 1988, me semble-t-il. Elle était noire au début, elle est devenue avec l’âge blanche en presque totalité. Ce n’était pas la première fois que j’avais gardé la barbe, une photo de 1958 me montre avec cet accessoire masculin. Je l’avais quand je me suis marié en 1961, et je l’ai coupée l’été suivant en 1962.
J’ai quelque chose de fier et de dur dans la mine : cela fait croire à la plupart des gens que je suis méprisant et sérieux, quoique je ne le sois point du tout. J’ai l’action fort aisée, et même un peu trop, et jusqu’à faire beaucoup de gestes en parlant.
Voilà naïvement comme je pense que je suis fait au dehors, et l’on trouvera, je crois, que ce que je pense de moi là-dessus n’est pas fort éloigné de ce qui en est. J’en userai avec la même fidélité dans ce qui me reste à faire de mon portrait ; car je me suis assez étudié pour me bien connaître, et je ne manquerai ni d’assurance pour dire librement ce que je puis avoir de bonnes qualités, ni de sincérité pour avouer franchement ce que j’ai de défauts.
Premièrement, pour mon humeur, je suis la plupart du temps gai, et j’aime chanter mon répertoire qui est fort étendu, allant des cantiques religieux aux chansons paillardes, en passant par la chansonnette, les chants de marche, l’opéra, l’opérette, sans oublier quelques chants en langues étrangères.
J’ai de l’esprit, et je ne fais point de difficulté pour le dire, car à quoi bon façonner là-dessus ? Je possède assez bien ma langue, j’ai la mémoire heureuse, et pourtant j’exprime souvent assez mal ce que je veux dire.
Les conversations des honnêtes gens sur des sujets sérieux tels que décrire par le menu tous les problèmes de santé de beaucoup de gens, dire du mal des voisins, dire des banalités, évoquer les problèmes de biens immobiliers, m’importunent au plus haut point. En revanche, j’aime la conversation de ceux qui savent s’élever au-dessus du quotidien sans nier la réalité visible tous les jours.
J’écris bien en prose, je sais faire quelques vers. J’aime la lecture en général ; celle où il se trouve quelque chose qui peut façonner l’esprit et fortifier l’âme, et celle qui permet de rétablir des vérités à l’encontre de certitudes établies depuis longtemps, sont celles que j’aime le plus. Surtout, j’ai une extrême satisfaction à partager mes lectures avec une personne d’esprit ; car de cette sorte on réfléchit à tout moment sur ce qu’on dit ; et des réflexions que l’on fait, il se forme une conversation la plus agréable du monde et la plus utile.
Je juge assez bien des ouvrages de vers et de prose que l’on me montre ; mais j’en dis peut-être mon sentiment avec un peu trop de liberté. Je soutiens d’ordinaire mon opinion avec trop de chaleur ; et lorsqu’on défend un parti injuste contre moi, souvent, à force de me passionner pour la raison, je deviens moi-même fort peu raisonnable.
J’ai les sentiments vertueux, les inclinations belles, et une si forte envie d’être tout à fait honnête homme, que mes amis ne me sauraient faire un plus grand plaisir que de m’avertir sincèrement de mes défauts. Ceux qui me connaissent un peu particulièrement, et qui ont eu la bonté de me donner quelquefois des avis là-dessus, savent que je les ai toujours reçus avec toute la joie imaginable et toute la soumission d’esprit que l’on saurait désirer.
J’ai les passions peu douces ; on m’a souvent vu en colère, mais je n’ai pas de haine pour personne. Je suis incapable de me venger, mais je méprise ceux qui passent leur temps à mépriser tous les autres.
L’ambition ne me travaille plus. Je ne crains guère de choses, et ne crains aucunement la mort. Je suis sensible à la pitié, tout en constatant que certains courent après leurs problèmes.
J’aime mes amis ; et je les aime d’une façon que je ne balancerais pas un moment à sacrifier mes intérêts aux leurs.
J’ai naturellement fort peu de curiosité pour la plus grande partie de tout ce qui en donne aux autres gens. Je suis fort secret, et j’ai moins de difficulté que personne à taire ce qu’on m’a dit en confidence. Je suis extrêmement régulier en ma parole ; je n’y manque jamais, de quelque conséquence que puisse être ce que j’ai promis ; et je m’en suis fait toute ma vie une loi indispensable. J’ai une civilité fort exacte envers les femmes. J’aime encore mieux converser avec elles qu’avec les hommes ; on y trouve une certaine douceur qui ne se rencontre point parmi les personnes de mon sexe. Pour galant, je l’ai été un peu autrefois, présentement je ne le suis plus, quelque jeune que je sois resté ; j’ai renoncé aux fleurettes, et je m’étonne seulement de ce qu’il y a encore tant d’honnêtes femmes qui souhaiteraient que je le sois encore.
J’approuve extrêmement les belles passions ; elles marquent la grandeur de l’âme. Mais l’excès en tout est un défaut, et il faut savoir raison retrouver. Et moins on aimera avec trop de passions sur terre, plus facilement on quittera ce monde, tout en l’ayant siroté avec délice sous toutes ses formes.

Texte établi à partir des Œuvres complètes de François Duc de La Rochefoucauld, publiées à Paris Chez A. Belin, imprimeur-libraire, Rue des Mathurins St-J., hôtel Cluny, en 1820.
Les HBM de Bollène
Lorsque vous prendrez l’autoroute du soleil, vous verrez la sortie 19 entre Orange et Montélimar-sud : Bollène. Prenez-la, sortez de l’autoroute et dirigez-vous plein sud. Vous traverserez la rivière le Lez à Bollène. A un kilomètre de ce bourg, sur la route de Mondragon, vous apercevrez sur votre gauche une petite cité, près du stade municipal.
Aujourd’hui, les constructions publiques et privées forment un tissu continu entre le centre ville et le stade. Mais, en 1941, au moment de ma naissance, la cité était séparée du bourg par un grand champ de blé et d’oliviers. A cette époque, les gens de Bollène appelaient cette cité les H.B.M. (habitations à bon marché), ou plus simplement les Bons marchés. Ses habitants l’appelaient entre eux le Quartier ou la Cité.
En 1949 ou 1950, la municipalité communiste de Bollène décida de baptiser cette cité du nom de Joseph Staline. A cette époque, quel était le nom le plus glorieux, le plus vénéré, celui qu’aimaient le plus tous les travailleurs de la planète, qu’ils soient opprimés par le capitalisme ou libérés par le socialisme, si ce n’est celui de Joseph Staline ? Le baptême officiel par la municipalité et le parti communiste eut lieu au cours d’une fête avec discours, flonflons, apéritif, bal populaire. Ce fut une vraie fête pour ce quartier, qui était trop petit pour en organiser une lui-même et qui ne connaissait comme réjouissance propre que le feu de la Saint-Jean. Je ne pus participer à ce baptême, car j’étais alors pour sept mois à l’aérium de Saint-Lambert, près d’Apt dans le Vaucluse.
La direction vauclusienne des Habitations à bon marché n’apprécia pas cette initiative de la municipalité et le fit savoir au maire de Bollène lors de la prochaine réunion du conseil d’administration. Le maire répondit q

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