La France vue de la route , livre ebook

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Voici un récit du Tour de la France, le long de ses côtes et des frontières en cyclo-camping. A 20 ans, l'auteur avait l'habitude de mettre ses sacoches à son vélo, une toile de tente au porte-bagage pour s'aventurer sur les routes. Kilomètres après kilomètres, l'auteur fait défiler les paysages, des vallées du Boulonnais en passant par les plaines du Nord jusqu'aux forêts des Ardennes. 6700 kilomètres de rencontres, dans une France profonde, vraie, chaleureuse et pittoresque.
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Publié par

Date de parution

01 avril 2011

Nombre de lectures

37

EAN13

9782296801424

Langue

Français

La France vue de la route
Chez le même épiteur
Orangier, ma peluche d’infortune,2005
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
httP://www.librairieharmattan.com
piffusion.harmattan@wanapoo.fr
harmattan1@wanapoo.fr
ISBN : 978-2-296-54215-0
EAN : 9782296542150
Jean-Marc Miquet
La France vue de la route
Le tour de France à vélo, le long des côtes et des frontières
L’Harmattan
Remerciements
Une fois de plus, mon père fut mis à contriDution p our relire mon manuscrit et le corriger.
Qu’il en soit ici vivement remercié.
Je remercie très sincèrement mon ami Olivier Fély q ui m’a conseillé et encouragé.
Et puis, toujours un grand merci à mes amis de Prov ence, Lucien et Jeannine qui ne cessent de me soutenir, encore et encore.
e 1986 à 2006, 24 ans déjà d’une très Delle amitié .
imitri Piot a accepté de faire la couverture de mo n livre.
J’invite chacun à lire sa Dande dessinée puDliée au x éditions Glénat : KORYU ’EO ;
L’auteur est un jeune garçon
Dourré de talent à l’avenir prometteur.
BOULOGNE-BILLANCOURT – DIEPPE
Mercredi 14 juin 1989 – 1er jour
Jesuis parti ce mercredi 14 juin 1989 pour Dieppe ; un départ calme à 7h30 de Boulogne. J’aurais dû démarrer plus tôt afin d’être tranquille dans la banlieue, mais un oubli de pneu m’a fait revenir en arrière.
La capitale, Paris est déjà éveillée lorsque je la contourne jusqu’à la Porte Maillot. Première halte et dernier adieu à la capit ale avant de m’enfoncer dans le labyrinthe de toutes ces villes qui se sont aggluti nées autour du point névralgique de la France.
J’atteins sans trop de peine Courbevoie en suivant une jeune fille à vélo qui va probablement à son lycée. Son cartable est accroché à l’arrière. Elle semble amusée par mon chargement et ne peut s’empêcher de poser l a question qui deviendra rituelle : « où allez-vous comme ça ? »
Je n’ai pas envie de dire que je compte faire le to ur de France. Je trouve cela trop prétentieux et insensé.
– A Dieppe, dis-je brièvement. J’attends une questi on, un mot, mais rien. Puis, à un feu, je lui demande : Colombes, c’est par là ?
– Oui ! Au revoir et bonne route.
En fait, je devais attendre ces quelques mots qui m ’enchantent.
Cela me permet d’oublier l’appréhension qui m’envah issait, ce doute qui s’installait dans ma tête. Ai-je raison de quitter le confort de l’appartement, ma chambre, mon lit douillet, pour m’aventurer à nouve au sur les routes, mais seul, cette fois-ci, contrairement aux années précédentes ? C’e st à cause de toutes ces questions, que j’avais ignoré le panneau pour Colombes.
Cette jeune fille brune s’éloigne devant moi. Je la regarde partir, puis je me dirige vers la droite.
Je roule le long du trottoir, au milieu des voiture s, camions et bus. Même en m’attendant à tout ce bruit, tout ce béton, je ne m ’y fais pas. J’accélère l’allure sous les encouragements de deux ouvriers du bâtiment qui pro fitent de mon passage pour entamer leur première pause.
A un feu, alors que je suis arrêté, une vieille dam e m’adresse la parole :
– Autrefois, on pouvait faire du vélo par ici, mais maintenant, on ne s’y retrouve plus. Tout a bien changé, mon pauvre monsieur, et tout ça, à cause des promoteurs !
J’acquiesce par un sourire compatissant. Continuant sa route, la vieille dame termine son monologue par de petits jurons contre c es fameux promoteurs, responsables de tous les maux de la banlieue.
J’arrive à la Patte d’Oie, où deux grandes routes s e rejoignent pour gagner Pontoise. Il y a toujours autant de monde, mais le paysage commence à s’éclaircir, ce qui m’incite à accélérer.
Après Saint-Ouen, j’aboutis, à ma grande surprise, directement dans le centre-ville de Pontoise. En fait, contrairement aux idées reçues, l’endroit est sympathique. Je contourne le château situé sur une hauteur. La viei lle ville, avec ses commerçants, fait plutôt penser à un petit village, loin de Paris, su r les bords de l’Oise. Il y règne une grande activité.
L’endroit me fait penser à Stéphanie, une copine qu e j’avais connue en Angleterre et que j’ai perdue de vue. C’est dommage car nous nous entendions bien. Elle me parlait beaucoup de sa région. Je l’entends encore parler de Pontoise. Le nom raisonne dans ma tête comme si j’étais avec elle, n on plus assis l- bas, face à la cathédrale d’Exeter, mais ici, chez elle, dans son fief. Après notre séjour dans le Devon, nous nous sommes revus une ou deux fois. Voi ci deux ans, je suis allé la voir à Nyons, dans le Dauphiné où ses parents avaient une magnifique maison avec une piscine. Je venais d’effectuer Paris – Marseille, à vélo bien sûr, avec Arnaud qui avait repris le train pour regagner Paris.
Moi, je remontais jusqu’à Bourg-en-Bresse pour une semaine fédérale, après avoir séjourné chez Lucien et Jeannine à La Capte, près de Toulon. Cette année-là, en 1987, je grimpais le Mont Ventoux par un brouillard épais qui m’empêchait de voir à dix mètres. Je n’eus donc pas la récompense du panorama .
Quelques mois après mon passage à Nyons, Stéphanie m’écrivait une lettre me disant que son père admirait mon courage et ma déte rmination. Je lisais là un beau compliment qui me touchait.
Je préfère ne pas gagner Marines directement. J’emp runte une petite route que je connais déjà, qui longe une ligne de chemin de f er. Désormais, c’est la campagne : Le Vexin. La route devient légèrement accidentée et j’aborde les premières petites montées.
Peu avant Gisors, je trouve une route qui mène aux Andelys.
Cela me rappelle l’un des cinq brevets de deux cent s kilomètres fait avant mon départ. Entre autres : Villepreux, Les Andelys, Vil lepreux. Un beau parcours effectué avec trois copains du club : Fabrice, Roger et Jean -Michel. Ensemble, nous participions à ces manifestations sportives organisées par la fé dération française de cyclotourisme la FFCT. Cela nous servait d’entraînement pour nos objectifs respectifs : moi, le Tour de France, Jean-Michel le fameux Paris-Brest Paris avec d’autres et Fabrice, lui, rêvait de compétition. Dans notre club, l’ACBB, nous étion s un certain nombre cette année-là, à avoir de hautes ambitions. Il faut dire que deux auparavant, en 1987 Stephen Roche, un ancien de la section cycliste avait gagné le tou r de France. Cela créait encore une belle effervescence et stimulait l’imagination. A c et instant, je pense à ceux qui doivent travailler.
Ma première vraie halte se fait à Gisors et cela va ut le coup. La ville est traversée par trois cours d’eau : l’Epte, l’Aunette , et la Bonde, ce qui donne de jolis canaux dont la commune prend soin en les ornant de fleurs. La cathédrale domine le tout de sa grandeur.
Encore quelques kilomètres et j’entre en Normandie. Une première déviation rallonge ma distance. A la deuxième, je décide de p asser outre. Je poursuis donc ma route et tombe comme prévu sur des travaux. Des ouv riers sont apparemment en train de poser des canalisations et le bitume est cassé s ur quelques mètres, en profondeur. Dès qu’ils me voient, les ouvriers me demandent de faire demi-tour. Je suis donc obligé de leur expliquer que je ne tiens pas à arriver tro p tard à mon but. Deux d’entre eux viennent et m’aident à passer le vélo. Ils soulèven t l’engin. Je les regarde faire et les suis derrière en priant dans ma tête qu’ils ne cass ent rien. L’obstacle est franchi. Je les remercie et continue mon chemin. Grâce à ce barrage , je suis entièrement seul un bon moment, ce qui n’est pas désagréable.
Quarante kilomètres avant Dieppe, je fais une nouve lle halte à Neufchâtel en Bray, où je discute avec un boulanger qui semble in téressé par mon voyage, jusqu’au moment où il s’aperçoit que son chat en a profité p our quitter le logis. Je gare mon vélo et à deux, nous récupérons le fuyard caché sous une voiture. Du coup, je parle un peu de mon chat, Mistigris, que j’adore. Il joue beauco up, chasse, et…chaparde, notamment lorsque Maman doit quitter précipitamment la cuisine pour répondre au téléphone. Le matou n’hésite pas alors à se saisir du rôti ou de la volaille qui traîne sur la table. Après quelques paroles échangées, j’appre nds qu’il y a beaucoup de cyclistes dans le coin, et surtout des Parisiens.
Un quart d’heure plus tard, je poursuis ma route. L e vent d’Est se lève. La fin de la journée devient difficile. Le haut des collines est particulièrement redoutable car le souffle de ce vent me cueille littéralement. Par co ntre, sa fraîcheur témoigne de l’approche de la mer et cela me stimule. Sur la rou te, je vois au loin une dame et ses deux enfants à vélo. Soudain, la mère perd son chap eau, ce qui me donne une bonne occasion d’être galant.
En retour, me voilà rassuré car mon objectif n’est plus très loin.
Je suis fort déçu par l’arrivée sur Dieppe. Je pens ais avoir une superbe perspective sur la mer. C’est la zone industrielle qui s’impose. Je me dirige donc vers le centre ville. Là, je rencontre trois cyclo-campeurs . Par la marque de nos vélos, nous comprenons que nous avons un ami commun. De plus, i ls font aussi un tour de France, mais sont partis de Brest. J’aurais aimé camper ave c eux ce soir, cependant, ils veulent atteindre la Somme. Nous n’avons plus qu’à nous sou haiter bonne route. Le soir, après avoir planté ma tente dans un camping quasi désert, je vais me promener en ville. Le centre, les rues piétonnes, les quais, le port, la plage, les casinos, tout ceci est bien morne. Je m’assois sur un petit muret pour me laiss er envahir par la nostalgie. Je pense à cette année universitaire faite à Malakoff et tous à ceux que j’ai rencontrés cette année et qui me manquent déjà : Philippe, Cou zin (non, non, ce n’est pas mon cousin, mais bien Couzin avec un z), Frédérique, et tous les autres. Je me demande si je ne devrais pas leur passer un petit coup de fil, mais pour dire quoi, si ce n’est pour assouvir ma nostalgie ?
DIEPPE – BOULOGNE SUR MER
Jeudi 15 juin 1989 – 2ème jour
En revanche, il y a plus d’ambiance le matin et je quitte une ville assez vivante. J’entame la deuxième étape de mon voyage, mais la p remière de mon tour de France. Je monte sur un grand plateau et constate à mon gra nd étonnement que la route n’est pas tellement vallonnée. La sortie de Dieppe est, c omme hier, très industrialisée et les camions règnent en maîtres. Mais je les abandonne r apidement en prenant les petites routes.
Au Tréport, je descends voir le port… Je me devais de connaître cet endroit, car mon club organisait régulièrement une randonnée Bou logne – Le-Tréport. Nouvelle pensée pour ceux avec qui je roule tous les dimanch es matins dans la vallée de Chevreuse. Le port est relativement petit mais il n e manque pas de charme. Il est situé dans un cul-de-sac, au fond d’une vallée.
Huit kilomètres après Rue, dans la Somme, le paysag e est plus étendu. De Berck au Touquet, je traverse des contrées quasi dé sertes, recouvertes de sables. A ma gauche, il y a ces fameuses plages qui font plus ieurs kilomètres de long. Le vent a sans doute sévi ces derniers temps car par certains endroits la route est vraiment submergée de sable, à tel point que je crois m’être trompé de chemin. Un automobiliste me rassure en ignorant le phénomène naturel. Il con tinue à rouler tout en dérapant un peu. Je me retrouve totalement seul. Je change de v itesse en mettant un développement plus petit pour avoir plus de souples se et je m’engage sur les traces de pneus de la voiture. Au début, c’est un peu pérille ux, mais j’arrive à me tirer d’affaire.
La route est très étonnante car les dunes de sable la dominent complètement. C’est comme l’antichambre de la mer : j’entends le son de l’océan, mais je dois monter sur ces dunes pour le voir.
Tout en roulant, j’écoute son bruit sourd ainsi que celui du vent.
Puis, je change de paysage. La route se fait plus a ccidentée alors que je pénètre dans la forêt d’Hardelot. Je sais que des amis de m es parents ont une maison dans le coin, mais je ne m’y arrête pas. Il ne semble y avo ir ici que des villages de vacances et des parcs d’attraction. Or, en ce jeudi du mois de juin, les gens sont plutôt au travail. Seuls quelques touristes anglais et hollandais se p romènent décontractés.
A Hardelot, je rencontre dans un café des marins pê cheurs, tout à fait typiques : casquette noire portant l’ancre marine, le pull bla nc à rayures bleues, le kabic noir et la pipe qui sert de passe-temps. A leur demande, je le ur explique mes intentions de voyage. L’un reste perplexe tandis que l’autre plai sante :
– Je préfère plutôt pour toi que pour moi ! me dit-il en rigolant.
– Question de goût.
C’est la seule réponse qui me vient à l’esprit. Je n’ai pas envie de lui développer le plaisir que je prends à réaliser ce voyage.
Après cette courte pause, je reprends la route. La densité de la circulation m’indique que l’arrivée à Boulogne-sur-Mer est proc he. Apparemment, je tombe sur une sortie de lycée. Au port, un bateau venant d’Anglet erre a accosté. Je regarde les voyageurs descendre, puis je gagne le camping situé à l’autre extrémité de la ville.
– Continuez tout droit, me dit un jeune garçon, direction Wimereux.
C’est une chance car c’est la route que je prendrai demain.
Sur place, quelques gens du Nord se reposent aux po rtes de leur caravane. Les propriétaires du camping me laissent choisir l’empl acement. Je me hâte d’installer la tente et pars, à pied cette fois-ci, pour visiter la ville.
Le port contribue à l’ambiance de cette ville du Pa s-de-Calais. Il fait chaud et les terrasses des cafés sont remplies. Je me balade dan s le centre ville et regarde les vitrines. J’aime bien, après une bonne journée de v élo, traîner à pied dans les rues, sans but précis et sans penser à ma machine. Je gue tte un spectacle, quelque chose hors du commun, une petite distraction. Je m’engage dans des rues où aucun touriste n’aurait idée d’aller. Je cherche à saisir l’atmosp hère de la ville. Enfin, je remonte au camping, fatigué de ma journée.
Le soir, du haut de la falaise, je profite d’un sup erbe coucher de soleil sur la mer. Au loin, un bateau s’en va pour une destination qui m’est inconnue. La nuit est étoilée ; demain, il fera beau.
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