Le Souffle du Dahra
186 pages
Français

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Le Souffle du Dahra , livre ebook

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Description

La lutte pour la libération de l'Algérie a laissé une empreinte profonde sur la génération de militants qui de 1924 à 1962 se sont engagés dans le combat anticolonialiste. L'auteur a milité aux Jeunesses Communistes dès 1924, puis au PCA dont il a été le Secrétaire général jusqu'en 1939. Les souvenirs du militant de la cause nationale sont rapportés avec netteté et précision et contribuent à l'écriture de l'histoire du peuple algérien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 163
EAN13 9782336665511
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Benali BOUKORTT






LE SOUFFLE DU DAHRA
La résistance algérienne de 1924 à 1962








Préface
Abdelkader Benarab
Copyright

© Edition Française
Le Scribe l’Harmattan
EAN Epub : 978-2-336-66551-1
PRÉFACE
« L’insurrection est un art connu des seuls initiés »
Amar Ouzegane

« Dites à mes frères musulmans que je les mets en garde contre le communisme, qu’ils suppriment et éloignent cette maudite doctrine qui impressionne les esprits faibles, sans quoi malheur à nous tous »
Yak Ishaqui Bek

A l’école, on nous apprenait que la guerre d’Algérie avait commencé en 1954 et s’était terminée en 1962. Comme si les périodes historiques précédentes, précisément depuis 1830, se passaient de commentaire et confinaient à un immobilisme consenti et à une tranquillité alcyonienne. Pourtant la campagne de pacification ne fut qu’une suite de répressions féroces contre une guérilla irréductible. Ainsi le territoire et les hommes n’ont jamais connu de paix véritable. Il ne se passe guère un temps, sans que le cours des choses ne soit émaillé de graves événements, rompant l’équilibre éphémère des trêves imposées. L’effervescence a toujours régné sous forme de lutte armée ou de militantisme politique, face à une brutalité coloniale incapable de venir à bout des foyers incandescents, sans cesse rallumés.
C’est dans ce contexte qu’intervient opportunément le livre de Benali Boukortt, Le souffle du Dahra . Il vient combler un vide entretenu par une littérature historiographique souffrante et une société presque sans mémoire pour cette période. La raison est que l’enseignement de l’histoire d’Algérie reste inféodé aux nécessités du présent politique, illustration des intérêts et des volontés régnantes.
Assumée par des acteurs qui diffusent les mêmes sources narratives truffées de récits glorieux, l’écriture officielle algérienne ne cesse d’accaparer des pans entiers de l’Histoire, pour une représentation tronquée, légitimant ainsi l’exercice de l’illégitimité.
De surcroît, malgré la difficulté d’exploiter les archives de cette époque dont l’accès reste difficile, une place de choix est donnée aux différents témoignages qui participent du débat historique et mémoriel. C’est ainsi que nous considérons avec intérêt le livre autobiographique de Benali Boukortt, combattant de la première heure, dont l’écriture, conduite d’une pensée alerte constitue un témoignage précieux pour la reconstitution de l’événement historique, et des moments forts de la genèse des mouvements nationalistes. Au moment où l’Histoire franco-algérienne se reconstruit, l’examen de cette expérience du vécu devient un matériau incontournable que l’historien utilise pour tenter de mieux comprendre la période envisagée.
Mais revenons de plus près à l’œuvre. L’engagement dans le combat révolutionnaire dû à la maturité précoce du jeune Benali Boukortt a germé dans son âme enfantine durant sa petite scolarité. Entre le village européen, Renault, et la misérable cité arabe de Mazouna s’étend la plaine du Chélif délimitant les premiers contreforts du Dahra dans un vaste tableau verdoyant. C’est là, nous dit l’auteur du Souffle du Dahra, que son enfance s’est déroulée. Il le dit si vivement qu’il nous laisse le goût d’un paradis perdu, tant l’évocation pittoresque de ces contrées fixe en nous le souvenir d’un printemps rieur dans ses parures exquises : « semées d’asphodèles, de palmiers nains, de jujubiers, de cultures de blé et d’orge », p. 23.
Paradis perdu, dis-je, car ces terres furent violemment arrachées aux musulmans par le sénatus-consulte et la Loi Warnier de 1873 qui ont ruiné les paysans au profit de colons spéculateurs et d’affairistes immobiliers. La violence de l’histoire coloniale a plongé la population arabe dans un incommensurable abîme que n’épuisent pas même les conséquences visibles de sa paupérisation croissante. Le jeune Benali né en février 1904 est un témoin privilégié de son siècle. Il est idéalement exposé à cette peine impondérable de la tragédie algérienne, pour nous relater ce qui le tenait à cœur : les ravages de la colonisation. Jeune enfant, il arpente les chemins laborieux pour ne pas manquer les premières leçons à l’école dont il savait la valeur pour la réussite.
« Je n’avais même pas de lumière pour travailler, faire mes devoirs du soir et apprendre mes leçons », p. 35.
Cet épisode de la première innocence me fit penser au jeune Fouroulou, anagramme de l’écrivain Mouloud Feraoun, contemporain de Boukortt et qui présente la même détermination, au milieu d’une indicible pauvreté. Volonté de réussite et de dépassement des travers d’une existence malheureuse. Fouroulou se consacre tous les soirs à ses devoirs sous la maigre lumière d’une bougie, afin de devenir plus tard instituteur. Et le jeune Benali veut suivre la même voie.
Là s’arrête la comparaison entre les deux auteurs. Traumatisme innommable de cette nuit coloniale. Feraoun passe le choc sous silence, c’est peut-être ici la raison pour laquelle la critique a retenu contre lui les soupçons d’une indéniable complaisance. S’il dresse un tableau saisissant des mœurs villageoises, dans la tiédeur d’une proximité européenne quasi bienfaisante, Boukortt, au contraire, animé d’un élan fougueux, cache mal la veine patriotique d’où jaillit le cri de sa révolte, contenue dans une patience froide, rapportée à travers cette biographie militante.
Les chemins de l’école montrent souvent ceux de la liberté. Équation axiomatique qui n’a pas échappé au collégien Benali Boukortt dont la curiosité braquée sur la situation sociale et politique de son pays, lui fit découvrir le journal L’Ikdam , animé par l’Émir Khaled, neveu d’Abdelkader et dont les articles exhortent les lecteurs au soulèvement.
« Cet organe eut sur moi une influence déterminante. Il dénonçait vigoureusement l’arbitraire, les abus, le servage entretenus par le régime colonial », nous dit-il, p. 38.
Pourtant, si considérables que soient ces raisons, l’auteur hésite à parler de lui-même.
C’est ce qui explique cette confession tardive. Il s’est mis à rédiger son parcours de militant en évitant soigneusement l’étalage d’une existence livrée à l’attendrissement indulgent de l’âge entamé.
Le livre de Boukortt prend naturellement place à la juste mesure d’une histoire franco-algérienne qui reste encore à écrire, sans l’antagonisme d’une narration passionnée. « Plusieurs de mes amis m’avaient demandé d’écrire mon autobiographie », nous précise-t-il dans l’introduction du Souffle du Dahra , « j’avais toujours hésité à le faire parce que je n’aime guère parler de moi-même, il a fallu qu’on me bouscule pour que j’écrive ces pages. J’ai dû l’exposer car elle est intimement liée aux événements qui ont débouché sur l’indépendance de l’Algérie. » Indépendance ! Voilà le fin mot d’une tragédie où s’inscrit l’acharnement de l’auteur à témoigner d’une époque ineffaçable de sa mémoire.
Loin d’une confession narcissique, le souffle du Dahra se présente comme une page riche d’enseignements à verser au dossier de l’Histoire de la résistance algérienne. Une contribution importante pour tenter de comprendre une partie de l’histoire complexe liée au fait colonial.
Les années vingt furent décisives pour la formation et l’orientation politique du jeune Boukortt. Les premières oppositions politiques surgissent en Algérie et les échos anticolonialistes de la République Rifaine d’El Khattabi, ses mises en garde contre le pouvoir espagnol de franchir le Rubicon rifain, l’Oued Amekrane, ont résonné profondément dans la conscience de la jeunesse algérienne.
De l’Euphrate jusqu’au Maroc, un vent anti-impérialiste anima d’enthousiasme le cœur de l’Algérie. Mais la misère grandissant

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