Manie Tobie : Femme du Manitoba
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Description

René Juéry parle de Marie-Thérèse Goulet-Courchaine, de ses ancêtres prestigieux, de sa jeunesse, de sa riche expérience et de son destin cruel. Certains textes de Manie Tobie traitent des coutumes du pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 mai 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896118762
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Manie Tobie: femme du Manitoba
Couverture de Marcelle Lemaire
Manie Tobie: femme du Manitoba

Les Éditions des Plaines
C.P. 123, Saint-Boniface Manitoba R2H 3B4
ISBN - 920944-01-9
PS 8526 A5A6 C840 M278m
La reproduction d’un extrait quelconque de cette édition, notamment par photocopie ou par microfilm, est interdite sans l’autorisation écrite des Éditions des Plaines.
© Ottawa 1979 par les Éditions des Plaines
Dépôt légal — Bibliothèque Nationale d’Ottawa
4 e trimestre 1979.
Présentation et choix de textes par René Juéry
Cette étude a été rendue possible
grâce à l’aide financière du Conseil
de recherches en sciences humaines
du Canada et à la collaboration du CEFCO
au Collège universitaire de Saint-Boniface.
Reconnaissance
Ce petit recueil est l’aboutissement d’un projet de recherche qu’a bien voulu me confier le Conseil de recherche du Collège universitaire de Saint-Boniface. Que ses membres en soient, ici, vivement remerciés.
Mes remerciements s’adressent également à Jacqueline Marion Hamshyer. Grâce à sa collaboration, j’ai pu avoir des entretiens aussi cordiaux que passionnants avec Mme Agnès Charette, belle-soeur de Manie Tobie, Mme Cécile Piédalue, petite cousine de Manie Tobie qui, toutes deux, ont bien connu le poète.
Je remercie tout particulièrement les enfants de Manie Tobie, Claudette Ek, Patricia Fines et Roger Courchaine qui ont bien voulu évoquer longuement le souvenir de leur mère.
Enfin, ma gratitude va à Annette Saint-Pierre, directrice du CEFCO, qui m’a guidé dans le choix du projet, éclairé de ses conseils et n’a cessé de me prodiguer ses encouragements.
Biographie de Manie Tobie
1. Les ancêtres prestigieux
Vers la fin de sa vie, Marie-Thérèse Goulet-Courchaine attachait beaucoup d’importance à la reconstitution de l’histoire de sa famille. L’intérêt qu’elle y prenait était tout d’abord direct: il provenait de son insatiable curiosité et du souci de se situer à chaque instant de la durée. Mais une telle activité était également pour elle un témoignage de piété filiale. Elle avait eu beaucoup d’admiration pour son père, homme instruit, cultivé, qui fut inspecteur des écoles et représentant du Ministère de l’Education au Manitoba. “Je suis fière de mon papa” s’écrie-t-elle au cours d’une conférence donnée sous l’égide de la Société historique de Saint-Boniface le 12 mars 1966 à l’Institut collégial Saint-Joseph.
Ce document ainsi que de nombreuses notes éparses tant en français qu’en anglais attestent que Marie-Thérèse Goulet- Courchaine a utilisé les recherches généalogiques effectuées par son père et les a continuées.
Nous apprenons ainsi que la branche paternelle remonterait à un certain Jacques Goulet né en France en 1615, originaire de Normandie et venu s’établir à L’Ange-Gardien au Québec en 1645. Les fils et petits-fils de cet ancêtre firent plusieurs voyages vers l’Ouest jusqu’à ce que l’un deux, Jacques, probablement troisième du nom, s’installa aux environs de la rivière Rouge et y fit souche après avoir épousé une demoiselle Germaine Beignet. Il eut un fils, Alexis, dont Monseigneur Provencher fut le parrain. “C’est avec lui, dit Marie-Thérèse, que commence notre sang mêlé”.
En effet, Alexis se maria à son tour à Josephte Siverigth, fille d’un Écossais et d’une Métisse du nom de Josette Roussin. Le couple Alexis-Josephte eut de nombreux enfants dont certains firent de brillantes études, tel Roger né en 1834. Annie, née en 1842, fut, paraît-il, la première soeur grise de l’Ouest originaire de Saint-Boniface. Elle parlait couramment le sauteux et le cri et ses talents lui valurent d’occuper plusieurs postes importants dans sa congrégation. Elle mourut à la Maison vicariale de Saint-Boniface. Autre enfant d’Alexis qui touche de près à l’histoire, Sarah, qui épousa Elzéar de la Gimodière, cousin germain de Louis Riel et membre du conseil de guerre mis sur pied par le gouvernement provisoire pour juger Scott le 3 mars 1870. Le grand-père de ce Lagimodière, Jean-Baptiste, originaire de France, avait été choisi par les Métis en 1816 pour avertir Lord Selkirk des menées sourdes des “Bourgeois” de la Compagnie du Nord-Ouest qui tentaient d’ameuter les Métis contre sa rivale, la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ce serait lui qui aurait épousé Marie- Anne Gaboury, première femme blanche ayant vécu dans l’Ouest.
Il faut encore signaler, parmi la progéniture d’Alexis Goulet, Maxime, né en 1855, qui devint député et ministre de l’agriculture. Mais c’est Elzéar, le second, qui retiendra notre attention. II est le grand-père paternel de Marie-Thérèse Goulet-Courchaine dont elle était fière et dont elle eut à coeur de défendre la mémoire. Elzéar Goulet est célèbre pour avoir été lieutenant -gouverneur de l’assemblée provisoire entre 1869-1870. II est aussi connu en raison des circonstances tragiques qui ont entouré sa mort. Marie-Thérèse les relate dans un article publié dans La Liberté que nous avons reproduit dans le recueil.
Nous rapporterons ici un autre témoignage de la sollicitude de Marie-Thérèse à l’égard de son grand-père. Au cours de la causerie que nous avons mentionnée, elle relève un trait d’humanité d’Elzéar Goulet alors qu’il accomplissait son service de transporteur du courrier entre Fort-Gary et Pembina. Il aurait sauvé un missionnaire, le père Goiffon , en danger de mourir gelé. La conférencière extrait cet épisode du livre, The Frozen Missionary, de Margaret McLeod.
Elzéar Goulet eut six enfants. Roger, l’aîné et le père de Marie-Thérèse, né en 1867 à Pembina (Dakota du Nord), mourut à Montréal en 1946. Autres enfants: Alfred, Élise, Albert, Sarah et Elzéar né à Pembina après la mort de son père.
2. La jeunesse
Roger, le fils aîné du noyé de la rivière Rouge, épousa Lumina Gauthier “de pure souche canadienne-française“ dont la mère, Mme J.-B. Gauthier, enseigna dans le district scolaire de Lorette et fut, dit-on, la première institutrice rurale. Le couple Roger-Lumina eut douze enfants dont le dernier, Marie, ne vécut que le jour de l’armistice de 1918.
Marie-Thérèse était la neuvième par ordre de naissance et la première d’une troisième série de quatre dont le prénom eût dû commencer par la lettre A. En effet, quelqu’un avait prédit à Lumina - ou tout simplement l’avait-elle souhaité ardemment - que l’un de ses enfants entrerait dans les ordres. Dans la perspective probable d’infléchir le destin, elle avait recomposé le sigle AMDG avec les noms de baptême de chacun de ses quatre premiers enfants: Armand, Maurice, Denis et Germain. Or, ce sigle n’est autre que celui de la devise des Pères Jésuites “Ad Majorem Dei Gloriam” (Pour la plus Grande Gloire de Dieu).
La conviction de l’efficacité d’une telle forme de prière, peut-être un peu trop incantatoire, magique, en tout cas naïve, paraît avoir abandonné Lumina Goulet après le deuxième né de la deuxième série qui était constituée d’Armande, de Martial, de Bernard, d’Hélène, la troisième ayant compté Marie-Thérèse, Cécile, Roger et Marie. Ce trait curieux peut être rattaché à la propension de Manie Tobie à faire naître la chose en la nommant, fait que nous retrouverons à plusieurs reprises au cours de l’analyse des oeuvres . Marie-Thérèse aurait donc hérité de sa mère la croyance en la puissance du verbe. Il est vrai que I’on peut y voir également un procédé mnémotechnique astucieux.
En tout cas, Marie-Thérèse semble avoir été élevée dans une tendre chaleur familiale et dans une atmosphère de piété religieuse particulièrement développée chez sa mère. Dans un article , Le Carmel, paru dans La Liberté du 10 juin 1970, elle évoque les visites fréquentes que sa mère faisait à l’austère institution et auxquelles, étant toute jeune, elle devait, bon gré mal gré, participer. Le spectacle éblouissant du “grand cadre de Sainte-Thérèse de Lisieux peint de vives couleurs qui (lui) donnait la plus vive distraction” ne semble pas avoir compensé dans son esprit la grisaille des murs, le dépouillement général du lieu et les visages cireux des carmélites. Bref, Marie- Thérèse, elle le dit elle-même, n’était faite ni pour les privations, ni pour les sacrifices, ni pour la vie contemplative.
L’enfance, quoique insouciante et heureuse, s’est déroulée là où elle est née à Saint-Boniface, dans la petite rue Masson située à deux pas de la cathédrale. Elle a été rythmée de bonne heure par les pratiques religieuses et par le travail scolaire. Ici se manifeste le partage entre les deux influences parentales: la mère développant chez ses enfants l’aspect spirituel, le père favorisant le côté plus strictement intellectuel. Des dispositions naturelles chez Marie-Thérèse ont probablement accentué l’influence paternelle.
Le ménage Roger-Lumina semble avoir été heureux et avoir vécu dans une relative aisance. Toutefois, le père a dû être absent assez souvent si l’on en croit sa propre “introspection” faite à l’âge de 79 ans, texte que Marie-Thérèse reproduit dans la causerie déjà citée. Il parle de voyages en Europe, de concours sportifs, de chasses, etc. Mais si le père était le pôle intellectuel, la mère a été, selon les paroles de Marie-Thérèse, “le phare conducteur, la lumière de notre famille... ” Elle ajoute “son souvenir et son nom sont synonymes pour moi de courage et de résignation”. Enfin, dernier héritage du côté maternel, une forte personnalité, comme en témoigne cet hommage toujours puisé à la même source: “elle sculptait notre pensée et nos plans comme elle le voulait”.
Marie-Thérèse fit d’excellentes études primaires à Saint- Adolphe au couvent des Filles de la Croix et des études secondaires à l’Institut collégial Saint-Joseph de Saint-Boniface. En 1927, élève de onzième année, elle reçut une bourse de 59 dollars de la province du Manitoba pour avoir obtenu la meilleure note en français. Un brevet en éducation de l’École normale du Manitoba lui permit de se consacrer à l’enseignement.
3. La riche expérience
Marie-Thérèse enseigna durant 20 ans: dix ans au service provincial de l’Instruction publique, dix a

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