Métier sans frontières
296 pages
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Métier sans frontières , livre ebook

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Description

« Pour être diplomate, il ne suffit pas d’être bête, encore faut-il être poli. » Attribuée à Georges Clémenceau, cette boutade continue à faire recette. En fait, que sait-on des diplomates et consuls ? En quoi consiste leur travail, comment se déroule leur vie de nomades ? Durant près de quatre décennies, Francis Cousin, ancien ambassadeur, a exercé aux Affaires étrangères des fonctions administratives, consulaires et diplomatiques. Il donne dans ce livre un éclairage vivant du service extérieur, vu de l’intérieur. Son récit nous emmène en voyage en différentes parties du monde, mettant en exergue les moments forts et les servitudes du métier. Bien davantage qu’une autobiographie, cette narration aborde des épisodes de l’histoire contemporaine : la guerre au Viêt Nam et celles des Balkans, l’aide humanitaire et la coopération au développement, la problématique du trafic de stupéfiants et la difficile transition de régimes autoritaires vers la démocratie. Au fil des chapitres, des descriptions de pays et de leur culture agrémentent la lecture. Certains épisodes se lisent comme un polar, ainsi celui de l’enlèvement de travailleurs humanitaires jurassiens par des rebelles en Ethiopie. De nombreuses anecdotes pimentent un récit qui permet de mieux connaître, au-delà des clichés habituels, le monde diplomatique et consulaire réputé formel, voire formaliste. À cet égard, il est rafraîchissant d’observer que l’auteur manie volontiers humour et ironie, voire une pointe d’autodérision. Quelques critiques à l’administration sont subtilement distillées au passage.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782889300990
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

F RANCIS C OUSIN















M ÉTIER SANS FRONTIÈRES
40 ANS AU SERVICE DE LA DIPLOMATIE SUISSE















É DITIONS A LPHIL
Copyright
















© Éditions Alphil, 2016
Case postale 5
2002 Neuchâtel
Suisse
www.alphil.ch
Alphil Distribution
commande@alphil.ch
ISBN 978-2-88930-099-0
Photographie de couverture : © thinkstockphotos.fr – 71261046
Responsable d’édition : Inês Marques
R EMERCIEMENTS
L’auteur remercie de leur lecture attentive et de leurs conseils avisés M. le professeur et M me André Cruchaud, M. et M me Werner Gasche, Madame Inês Marques et M. le professeur Silvano Moeckli .
Dédicace











À Margrith
L ISTE DES ABRÉVIATIONS
ACMV
Ateliers de constructions mécaniques de Vevey
AELE
Association européenne de libre-échange
AFP
Agence France Presse
AVS / AI
Assurance vieillesse et survivants / Assurance invalidité
CDDH
Conférence diplomatique sur la réaffirmation et le développement du droit international humanitaire applicable dans les conflits armés
CEA
Commission économique (des Nations Unies) pour l’Afrique
CEE
Communauté économique européenne
CIA
Central Intelligence Agency
CICR
Comité international de la Croix-Rouge
DDC
Direction de la coopération et du développement
DFAE
Département fédéral des affaires étrangères
EEE
Espace économique européen
EMSD
État-major de soutien défense
FMI
Fonds monétaire international
FPLT
Front populaire de libération du Tigré
GATT
General Agreement on Tariffs and Trade
GESTAPO
Geheime Staatspolizei (Police secrète d’État)
GRECO
Groupe d’États contre la corruption
GRP
Gouvernement révolutionnaire provisoire
HLM
Habitation à loyer modéré
INRO
International Rubber Organisation (Organisation internationale sur le caoutchouc naturel)
ISEAL
Institut suisse d’études albanaises
OEA
Organisation des États américains
OIF
Organisation internationale de la Francophonie
OMC
Organisation mondiale du commerce
OSCE
Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe
OTAN
Organisation du Traité de l’Atlantique nord
RDVN
République démocratique du Viêt Nam
SPLA
Sudanese People’s Liberation Army
SPLM
Sudanese People’s Liberation Movement
UÇK
Ushtria Çlirimtare e Kosovës – Armée de libération du Kosovo
UE
Union européenne
UNICEF
Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (United Nations of International Children’s Emergency Fund)
URSS
Union des Républiques socialistes soviétiques
WEF
World Economic Forum
I NTRODUCTION
« P our être diplomate, il ne suffit pas d’être bête, encore faut-il être poli » . Attribuée à Georges Clemenceau, cette boutade continue à faire recette, comme le constate l’ambassadeur Gérard Errera , ancien secrétaire général du Quai d’Orsay 1 . S’il est vrai que les diplomates sont censés être parfaitement courtois, un cliché tenace les présente aussi comme des habitués des ronds de jambe dans les salons, rompus aux énoncés phatiques (en anglais small talk ) . On les dit polyglottes, mais aussi xyloglottes, car à en croire l’ancien Premier ministre britannique Edward Heath , « un diplomate est une personne qui réfléchit deux fois avant de ne rien dire… ».
Indéniablement, mesurer le poids des mots est essentiel en diplomatie. On ne résout guère des problèmes en usant de l’hyperbole. Quant à la fréquentation des salons, participer à la vie sociale fait certes partie du métier, mais ce n’est qu’une facette d’une profession qui en compte bien d’autres.
Les activités d’un diplomate sont variées et complexes, englobant principalement la politique, l’économie, le droit international public, les droits de l’homme, la culture, la science, les relations avec les médias, les questions d’environnement, de sécurité, de développement et d’aide humanitaire. Dans le domaine consulaire, l’aide aux touristes en difficulté, les questions de migration et l’octroi de visas, les fonctions notariales, les affaires d’état civil, de droit privé et de nationalité, l’assistance sociale et, plus généralement, les relations avec les concitoyens résidant à l’étranger sont autant de tâches qui exigent également de solides compétences relationnelles et interculturelles, alliées à une bonne connaissance du terrain. Travailler dans une ambassade ou un consulat implique, suivant les circonstances, une disponibilité de sept jours sur sept, voire de vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Vies privée et professionnelle s’imbriquent de façon récurrente.
Qui donc, parmi ceux qui raillent la profession, serait prêt à changer complètement d’environnement tous les trois ou quatre ans, à s’astreindre à la flexibilité que requiert une vie de nomade ? À intervalles réguliers, il faut se séparer de son cercle de connaissances et d’amis, recommencer à la case départ ailleurs dans le monde : nouvel environnement, nouveau défi professionnel, nouvelle école pour les enfants, souvent une nouvelle langue… Impossible de s’enfermer dans un cocon douillet, bercé par les habitudes. Les privilèges liés aux fonctions diplomatiques font volontiers jaser, alors que l’extrême difficulté que rencontrent souvent les conjoints du personnel diplomatique et consulaire à exercer une activité lucrative à l’étranger est largement ignorée. Quant à l’immunité diplomatique, elle ne met pas pour autant à l’abri des climats extrêmes, des risques liés à l’insécurité, au manque d’hygiène et aux infrastructures médicales sommaires dans maints pays. Tout n’est pas toujours rose derrière les sourires qu’arborent les diplomates. Mais n’est-il pas gratifiant de servir son pays tout en devenant citoyen du monde ?
Cet ouvrage retrace des expériences professionnelles et de vie durant une période de quatre décennies, principalement dès 1972. Il n’a d’autre ambition que de donner un aperçu, à l’aide d’exemples tangibles, de l’existence de « nomade fonctionnarisé » de celles et de ceux qui sont au service de leur pays à l’étranger pour le représenter, y protéger ses intérêts et ceux de ses ressortissants.
Que ce récit puisse vous emmener en voyage et vous distraire, amis lecteurs ! 2 L’indulgence est sollicitée de celles et de ceux qui, étant du métier, peuvent tout aussi bien livrer ce genre de témoignage. Plusieurs l’ont d’ailleurs déjà fait sous une forme ou sous une autre. Même s’ils ne sont pas cités nommément dans cette narration, d’excellents collègues et amis s’y reconnaîtront.


1 « Les diplomates ne sont pas des incapables », Le Monde , 15.02.2011. http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/15/les-diplomates-ne-sont-pas-des-incapables_1480436_3232.html .

2 Pour alléger le texte, le masculin est employé à titre épicène.
I
« Le mieux serait qu’une autobiographie se détourne de son auteur, si cela était possible. Il faut qu’il prenne l’apparence d’un témoin oculaire – témoin des événements et de lui-même. Ce qui ne gâche rien. »
Heinrich Mann 3
U N TÉLÉGRAMME CHEZ L’ O NCLE S AM (1972)
C’ était à Los Angeles , en automne 1972. La Californie était alors gouvernée par celui qui allait devenir, neuf ans plus tard, le quarantième président des États-Unis : Ronald Reagan . La première puissance mondiale restait engluée au Viêt Nam dans un conflit dont le tribut en vies humaines pesait chaque jour davantage. Je vivais alors dans le confort de la vie californienne, sans me douter que la situation au Viêt Nam, thème central de la campagne pour les présidentielles américaines cette année-là, allait bientôt monopoliser aussi mes pensées.
Sept ans plus tôt, j’étais entré aux Affaires étrangères, aiguillé par le goût de l’altérité, de la découverte d’autres cultures, de l’humanité dans sa riche diversité, intéressé aussi aux rapports économiques entre pays du Nord et du Sud. Cadet d’une famille modeste, devenu tôt orphelin de père, j’avais dû très jeune me tourner vers le monde du travail, impératifs économiques obligent. En ce temps-là, entamer un cursus universitaire n’était pas évident en pareille situation. J’avais d’abord songé à m’orienter vers le journalisme, mais à l’école professionnelle, un enseignant m’avait parlé des Affaires étrangères. Ce fut le déclic. Encore fallait-il s’assurer des atouts pour réussir le concours d’entrée. Dans ce but, j’avais effectué un stage bancaire à Düsseldorf (Allemagne) pour parfaire mon allemand, puis étais allé approfondir mes connaissances de la langue anglaise à Cambridge (Royaume-Uni). En parallèle à une brève activité dans le secteur privé, ma préparation avait aussi été complétée par le biais de cours du soir.
Ayant réussi l’examen d’admission au service consulaire, j’avais été envoyé en stage à l’ambassade de Suisse à Madrid . Découvrant ainsi le monde hispanophone, j’entrepris de lire la saga du paysan Alonso Quijano, alias Don Quijote de la Mancha, une initiative plutôt ardue lorsqu’on sait que la langue espagnole a évolué depuis l’époque de Cervantes. À Madrid , la fenêtre de mon bureau donnait sur la rue de Caracas . Rien d’étonnant dès lors que les services du personnel à Berne , qui ont le sens du changement dans la continuité, aient résolu de me transférer au Venezuela au terme de mon stage en Espagne. J’allais alors rester quatre ans en poste dans ce beau pays tropical et en garder une certaine nostalgie. En la seconde moitié des années 1960, c’était l’un des premiers pays sud-américains à expérimenter la démocratie, suite au coup d’État qui avait mis un terme à la dictature de Marcos Pérez Jimenez en janvier 1958. Certes, la caste militaire y était encore influente et ménagée par le pouvoir civil, car sous ces latitudes s’appliquait l’adage : « Mieux vaut un mécontentement général qu’un général mécontent . » Sans doute la prospérité économique apportée par la manne pétrolière n’était-elle pas étrangère à la relative stabilité que connaissait le pays, encore que de larges segments de la population ne bénéficiaient guère des fruits de cette richesse. Il est connu que les «

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