Paroles d Oranais
213 pages
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Paroles d'Oranais , livre ebook

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Description

Parti d’Oran à l’âge de cinq ans, l’auteur a passé toute son enfance et son adolescence en Bretagne. Ces années d’insouciance et de bonheur intense ont gravé à jamais son cœur et sa mémoire de séquences de vie, de moments forts et surtout de visages, d’odeurs, de sensations, qui ont forgé l’homme qu’il est devenu. Néanmoins, rien n’a jamais pu remplacer son profond ancrage à la terre qui l’a vu naître, ni son attachement viscéral, indéfectible et éternel à son identité, partagée entre les deux rives de la méditerranée.


Il a entrepris d’écrire ce livre après avoir ressenti le besoin impérieux et urgent de mettre noir sur blanc les souvenirs de certains membres de sa famille ainsi que ceux de nombreux autres compatriotes. À travers leurs récits authentiques, il vous invite à voyager dans le temps et l’espace, et surtout à ressentir les émotions (souvent heureuses, parfois douloureuses) encore vivaces dans les cœurs et les esprits de tous ceux qui ont vécu cette période de notre histoire commune, afin que jamais ne s’éteigne la flamme de l’âme et de l’identité pied-noir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782381537184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Paroles d’Oranais

La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.

Frédéric Sarboni
Paroles d’Oranais
et autres compatriotes et amis de l’Algérie Française
Tome 1
 
 
De l’Algérie, on ne guérit jamais.
Albert Camus
Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture, ressemble à un arbre sans racines
Marcus Garvey
 
 
 
Hommages
Je dédie cet ouvrage à mon fils Thomas, parti cette année, à l’âge de 38 ans, rejoindre nos ancêtres. Je le sais à présent : l a perte d’un enfant est la pire épreuve qu’un homme puisse subir au cours de sa vie. Notre peine nous a anéantis et aujourd’hui nos cœurs sont vides ; nous avons tant pleuré que nos yeux sont secs et brûlants.

Repose en paix mon fils et garde-moi une place auprès de toi au paradis.
Avec ce livre, je voudrais également rendre hommage à mon oncle André Sarboni, qui s’en est allé retrouver sa sœur et ses frères, le jour de ses 97 ans, au moment même où j’écrivais les premières lignes de cet ouvrage.

C’est évidemment une énorme perte pour la famille, et notre tristesse est d’autant plus immense qu’il était le dernier survivant de la fratrie à laquelle appartenait mon père Alfred. C’est donc tout un pan de notre histoire familiale qu’il emporte avec lui.
De nombreux pieds-noirs, parmi nos anciens, nous quittent chaque année (six depuis un an, dans notre seule famille !) il m’est donc apparu plus qu’urgent, nécessaire même, de collecter les « petites » histoires de ceux encore parmi nous, jamais très éloignées de la « grande » histoire, celle sur laquelle les historiens ont encore tant de mal à s’accorder.

 
Remerciements
Je dédie cet ouvrage à mes enfants et petits-enfants, si chers à mon cœur, et à mon épouse Dominique, qui a su, jour après jour, m’apporter son indéfectible soutien et son infinie patience, durant les longs et (trop) fréquents moments où j’ai dû la délaisser pour me consacrer à la conduite des entretiens et à leur mise en forme.
Je remercie également quelques-uns de mes chers parents et amis, dont on retrouvera au fil des pages qui suivent, les souvenirs personnels si précieux (le plus souvent heureux) que j’ai eu tant de plaisir et d’émotion à recueillir.
J’en appelle dès à présent à l’indulgence des lecteurs qui décideront de parcourir cette modeste production. Je ne prétends nullement ici à l’appellation d’ œuvre littéraire, mais plutôt à celle d’ essai de participation volontaire à un travail de mémoire , destiné à la communauté à laquelle j’appartiens, à ses descendants et à celles et ceux qui voudront bien s’intéresser à nos us et coutumes, à notre mode de vie d’avant 62 et surtout à notre identité passée, présente et éternelle.
Je remercie enfin tout particulièrement celles et ceux qui ont accepté de me consacrer un peu de leur temps, sans qui cet ouvrage n’aurait évidemment pas vu le jour.
Dans l’ordre où vous les retrouverez dans ce livre :
Suzanne Claire FHIMA,
Georges MARTINEZ,
Jacqueline CURNIE MURAT,
Jean-Claude RODRIGUEZ,
Bernard LACHKAR,
Robert ROQUES,
Jean-Paul de HARO,
Pierre BOYER,
Serge TIMSIT,
Bernard BONNAVE-MARRAT,
Michèle LOPEZ,
Henri OLIVER,
Roland BUTON,
Martine PEDEMONTE,
William Élie KOUBBI,
Monique OLANDA,
Paul SANCHEZ,
Jean-Pierre BAROLLE,
Jean-Paul VICTORY,
Claude LE ROY,
Christiane GARCIA,
Francis CANDELA,
Yves JALABERT,
Claude GARCIA,
Claude ACHARD,
Alain HOURY,
Marcel MORVAN,
Monique PEREZ,
Pierre GUIBERT,
Josette CANDELA,
Claude LORENZO,
Georges SARBONI,
Marie-Louise BUSCADA,
Jean-Michel LAMARCHE,
Annie SARBONI,
Jean-Pierre BADIA,
Jean-Louis GIMENEZ,
Jaime VALDES,
Cathy RODRIGUEZ,
Frédérique DUBITON,
Josée MIRA,
Georges GEORGOPOULOS,
Jean NAVARRO,
Antoine SARBONI,
Laurent ESPOSITO.
Je présente ici toutes mes excuses à certains de mes compatriotes, dont je n’ai pu, faute de place, reproduire ici les souvenirs (cet ouvrage aurait fait plus de mille pages !). Qu’ils ne s’inquiètent pas, ils retrouveront dans le tome II, à paraître prochainement, la suite des entretiens réalisés et quelques surprises.
 
 

Avant-propos
L’idée de ce livre m’est venue après m’être récemment entretenu avec plusieurs compatriotes oranais. Le sentiment général que je percevais (vis-à-vis du destin tragique vécu par le peuple pied-noir) variait selon les situations. Cela allait de la déception résignée à la rancœur la plus radicale, en passant par l’amertume, le dégoût, la colère, la rage, et j’en passe.
J’ai donc décidé de me lancer dans cette aventure, et ce pour plusieurs raisons et autant d’objectifs.
D’abord recueillir auprès des plus anciens les précieux témoignages :
- de leur profonde tristesse d’avoir dû abandonner, bien contre leur gré, leur terre natale, à laquelle ils étaient si attachés, mais aussi, et surtout,
- de leur bonheur d’avoir eu le privilège de partager la destinée de ce peuple pied-noir qui a tant de raisons d’être fier de ce qu’il a accompli.
Ensuite questionner également la « jeune génération » composée de celles et ceux, nés là-bas, mais partis si tôt (comme l’auteur de ces lignes) qu’ils n’ont pas eu le temps de graver dans leurs mémoires enfantines les solides souvenirs qui leur auraient permis de ressentir mieux et plus fort ce dont témoignent les plus anciens, et ainsi de mieux les comprendre. Il y va pour beaucoup d’une question existentielle sur leur identité propre de pieds-noirs et descendants de pieds-noirs.
Telle est mon ambition, témoigner à ma modeste échelle, en rapportant dans ce livre des souvenirs et des anecdotes, contés par des pieds-noirs de toutes les générations, de toutes origines et de toutes confessions.
Et il m’est apparu urgent de le faire, car cette identité complexe, près de 60 ans après l’exode, s’est muée petit à petit en un régionalisme sans terres, aux accents surannés, qui rejoint insidieusement, et presque sans bruit, le cimetière des folklores et des traditions perdus.
Le risque est réel, et pourtant la culture pieds-noirs est encore là et bien là. L’accent chantant, par exemple, prête à rire il est vrai, ou pour le moins à sourire, lorsqu’on revoit les célèbres sketches de Robert Castel et Marthe Villalonga, mais pour combien de temps encore ?
On peut, il faut , encore y croire, mais il y a urgence à entretenir notre « mémoire collective », car lorsque la mémoire nous échappe, il ne reste plus que les émotions.
On compte bien sûr sur les plus âgés d’entre nous (les « anciens » comme ils se désignent souvent entre eux) même s’ils ont parfois comme des absences, les pauvres. Le regard rivé sur l’horizon, plein sud, ils s’échappent, le temps d’une anisette, pour retrouver au fond de leurs yeux fatigués et embrumés de mélancolie, leur quartier, leur école, leurs amis d’enfance, leurs plages préférées, leur bonheur perdu ou plutôt volé. Des trémolos dans la voix, des silences chargés de sens, un mal-être que rien ne pourra plus adoucir… jamais.
La mémoire individuelle n’est cependant pas éternelle, elle nous trahit parfois. À mesure que les années passent, les souvenirs se font de plus en plus flous, et les anciens de plus en plus rares, mais le sentiment de profonde tristesse est intact, comme au jour du grand départ.
Les senteurs de sardines grillées à La Marine, les ambiances de pique-nique aux Andalouses, le mordant du soleil de midi Place des Victoires, la lumière intense sur celles et ceux qui faisaient le boulevard, rue d’Arzew, la saveur des figues, des choumbos* ou de la calentica* au marché Karguentah, tout cela est définitivement gravé au fond de nos cœurs.
La nostalgie nous tenaille, depuis toujours et pour toujours. Nous ne l’oublierons jamais, cette terre tant aimée et la vie qui allait avec.
Bien sûr il y a eu les événements, la guerre, la trahison, l’exode.
Mais ce peuple désormais sans terres, coupé de ses racines, reste porté par cette force sans égale qui le caractérise. La résilience des pieds-noirs n’est plus à démontrer. Car il en a fallu de la force, du dynamisme, du courage, de la ténacité, de la persévérance, voire de l’obstination, mais aussi du sang et des larmes, pour transformer une terre ingrate, voire hostile, en un généreux jardin où se sont développés, grâce à leur travail acharné, les oliviers, la vigne, les fruits et les légumes qui ont nourri des générations d’habitants, européens et autochtones (Arabes et Berbères).
De très nombreux pionniers ont laissé la vie dans cet enfer. Les moustiques, les conditions de vie épouvantables, ont fait des ravages et ont décimé les premiers arrivants. Durant des décennies, la mortalité infantile a atteint des sommets. C’est en effet dans la douleur, la sueur et le sang que ce peuple, pauvre, souvent analphabète, mais à l’esprit noble, s’est forgé une identité aussi unique qu’attachante.
Dès le début du 19e siècle, un fort courant migratoire composé d’Italiens, de Maltais, de Majorquins, de Corses, d’Alsaciens, etc., mais surtout d’Espagnols entraîne un peuplement rapide de la ville et des campagnes environnantes. Dans toute l’Oranie, la proportion d’Espagnols est considérable et représente près de 50 % des Européens vers la fin du siècle. Plus précisément à Oran ils sont deux fois plus nombreux que les Français, trois fois plus à Sidi Bel-Abbès et quatre fois plus à Saint-Denis-du-Sig !
Ce peuple bigarré, aux origines diverses, élabore progressivement un parler spécifique, résultant du mélange des vocables d’origine de chaque constituant de la population. Ainsi naît le Pataouète* .

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