Un ami hongrois
132 pages
Français

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Un ami hongrois , livre ebook

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Description

En livrant les souvenirs de son ami hongrois, l'auteur nous fait partager, au fil de l'Histoire mondiale, l'existence aventureuse d'un homme exceptionnel. Né dans une riche famille de Budapest où il vécut une enfance heureuse, Georges K. connut l'occupation nazie, le camp de Bergen-Belsen, avant de retrouver la liberté. Emigré en Argentine, il se lança dans le commerce international, qui le rendit légendaire à Tokyo. Dépouillé du pouvoir de l'argent, l'ami hongrois découvrit ce qu'il avait longtemps cherché : la valeur infinie de ce qui ne s'achète pas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296800175
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un ami hongrois
Du même auteur :

Contes et légendes d’Ethiopie ; Nathan 1966-réedition L’Harmattan 2006.
L’auberge des guérilleros ; Rageot, 1967.
Le grand exode de François d’Acadie ; Rageot, 1970.
Je rentrerai tard ce soir ; Rageot, 1975.
Je suis un fedayin ; Stock, 1976.
L’herbe de Bouddha ; Rageot, 1977.
La jungle de l’or maudit ; Rageot, 1978.
Contes d’Amazonie ; Hatier, 1978.
Le pays des femmes oiseaux ; Rageot, 1980.
Les cœurs rouges ; Flammarion, 1982.
Rendez-vous à Hong-Kong ; Rageot, 1983.
Le lion découronné ; Flammarion, 1983. Réedition L’Harmattan, 2006.
La reine-sorcière ; Rageot, 1989.
F… comme Farnese ; publ. Ambassade de France, Rome 1991.
L’ombre de la pieuvre ; Rageot, 1994.
Le grand dérangement ; Clovis, 1996.
Les sans-papiers de l’Eglise ; F-X de Guibert, 1996.
Le secret de la pierre qui danse ; Clovis, 1997.
Le dernier mamelouk ; Clovis, 1999.
Secrets de femmes ; Mino Tabaka-Japon, 2000.
Lepante, les galères du Christ ; Clovis, 2001.
Le témoin gênant ; Averbrode, 2002.
Femme d’ambassadeur ; F-X de Guibert, 2002.
Paris m’a dit en confidence ; Kobunsha Japon 2003.
Ouragan sur le Vatican ; Clovis, 2003.
Un esclave libre ; Averbrode, 2004.
Une femme russe ; L’Harmattan, 2004.
La tempête apaisée ; F-X de Guibert, 2006.
Retour à Bahia ; Clovis, 2006.
La maison de famille ; L’Harmattan, 2007.
Secrets de princes ; Nouvelles Editions Latines, 2009.

Prix du meilleur livre Loisir-jeunes ; prix de l’Amitié Franco-Arabe, Plaque d’argent des ed. Barco de Vapor (100000 exemplaires vendus), Prix Jean Macé (Ligue de l’Enseignement), Prix Saint-Exupéry.
Huguette Pérol


Un ami hongrois


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54099-6
EAN : 9782296540996

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
« En dehors de la Hongrie il n’y a pas de vie,
et s’il y a une vie ce n’est pas la vie »

Proverbe hongrois.
Avant-propos
Dans les années soixante, à l’époque où je l’ai connu, Georges K. était à l’apogée d’une réussite dont j’ignorais le prix. Comme l’alpiniste parvenu au sommet d’une montagne inaccessible, il s’enivrait de l’air vif des hauteurs, de l’immensité du paysage déroulé à ses pieds et semblait avoir oublié les souffrances, les doutes, les peurs dont il lui avait fallu payer cette victoire. Il m’avait dit alors : « L’argent n’a de sens que lorsqu’on en a plus qu’on ne peut en dépenser ».

C’était le temps de la Bentley gainée de cuir fauve, des tailleurs londoniens et des chemises sur mesure brodées à son chiffre, le temps des suites dans les palaces, des voyages en première classe autour du monde, des vacances de milliardaires à la mer ou à la montagne. C’était, surtout, l’hôtel de la rue de l’Élysée, vitrine de cette réussite, avec ses objets d’art, ses tableaux de maîtres, ses meubles anciens, les marbres et la robinetterie en vermeil de ses salles de bains, les mosaïques de la cour intérieure exécutées sur place par Chagall. Un personnel de service stylé, toujours aux ordres, allait de pair avec ce prestigieux décor.

Séparé de la Présidence de la République par une rue étroite, l’hôtel bénéficiait de l’apparat dont s’entoure la résidence d’un chef d’État : Gardes républicains, sentinelles, policiers en patrouille le long des trottoirs, barrières de protection entr’ouvertes au passage des rares voitures que les passants suivent d’un regard curieux et admiratif. En choisissant d’habiter à cette adresse, Georges recevait une part de ce cérémonial qui entoure le pouvoir. Je pense à l’histoire de celui qui mangeait son pain à la fumée du rôti pour en avoir le goût.

Mais le temps avait passé. Seul désormais dans cette demeure devenue trop grande, Georges s’était réfugié au premier étage, dans sa chambre dont les fenêtres s’ouvraient sur l’arriére-cour d’un hôtel voisin. Les relations s’étaient évaporées plus vite qu’elles ne s’étaient engagées, exception faite d’un marchand d’œuvres d’art, d’un médecin et d’un banquier. Des visites souvent associées à des soucis.

Replié sur lui-même, il prenait peu à peu conscience d’avoir remporté une victoire illusoire et sans lendemain. L’argent lui avait tout apporté, à l’exception de ce bonheur « simple et tranquille » qui n’a pas de prix. La femme qu’il avait épousée dans sa jeunesse, qui l’avait aimé quand il ne possédait rien, ne lui avait pas donné l’enfant qu’il aurait souhaité. La Hongrie où il avait grandi, parlant et pensant en hongrois, lui était devenu étrangère. Il avait pour cette terre natale le sentiment d’un fils abandonné par une mère indigne de ce nom, puisque après l’avoir dépouillé, elle l’avait rejeté pour faire de lui un apatride. Avec les hommes d’affaires qu’il avait rencontrés aux quatre coins du monde, il n’avait jamais noué d’autres liens que ceux de l’intérêt, ayant pour langage celui du dollar, pour échelle de valeur les cours de la Bourse.

L’hôtel de la rue de l’Élysée avait cessé d’être une vitrine prestigieuse pour devenir un point de rencontre où nous prenions le temps d’échanger des mots sans importance et d’évoquer des souvenirs longtemps gardés secrets.

À la fin de chaque semaine, vers le milieu de l’après-midi, j’entrais dans le grand salon du rez-de-chaussée dont les fenêtres s’ouvrent sur le mur bien gardé de l’Élysée. Georges m’attendait, assis dans son fauteuil Louis XV, face à la porte. Il ne portait jamais le même costume – anglais – la même cravate – Hermès – et demandait sans attendre qu’on apporte le thé. Une habitude devenue un rite et que rien ne venait interrompre sinon les vacances d’été toujours passées en Suisse. Taïkun, le gentil Yorkshire qui vieillissait doucement venait parfois chercher une caresse au retour de sa promenade. Sa disparition précéda de quelques jours celle de son maître. Ma visite était prévue pour le samedi suivant, mais ce fut, après plus de dix années, le premier samedi sans Georges.

Le temps des rencontres faisait place au temps des souvenirs, la seule façon de dire que la vie continue.

Georges raconte…


Ces souvenirs ont été recueillis en prenant soin de ne rien changer aux propos de « l’ami hongrois ». Si son récit comportait quelque inexactitude, l’auteur n’en serait donc pas responsable.
1 Une enfance hongroise
Je suis né à Budapest au début des années vingt dans un pays qui avait retrouvé son indépendance et perdu les deux tiers de son territoire. Il n’y avait jamais eu un grand « feeling » entre les Habsbourg et les Hongrois, n’en déplaise à l’auteur des Sissi ! Les Autrichiens nous avaient préservés des Turcs pour mieux entraver nos libertés et tenter de nous germaniser, notamment en imposant l’allemand en remplacement de notre langue, ce qui eut pour effet d’attiser notre conscience nationale.
Quand les Hongrois sont venus de l’Oural, ils se sont installés dans le Grand Nord, là où se parlait une langue proche de la nôtre, ce qui fait dire qu’elle a pour origine le finnois, mais elle ne ressemble, en fait, à aucune autre. L’écriture est tout aussi originale que la langue parlée, les lettres qui ressemblent aux vôtres se lisent différemment, dès l’instant où on y ajoute un accent. Par exemple : votre A français se prononce O, mais il se prononce E avec un tréma et A avec un accent aigu.
Tout aussi original est le « type hongrois ». Le peuplement de la Hongrie est venu de l’Ouest comme de l’Est, mais il me semble que les Huns et les Mongols ont laissé une trace qui a résisté à tous les mélanges.
Budapest est, en fait, l’addition de deux villes séparées par le Danube : Pest, la ville commerciale, Buda, la ville résidentielle. C’est dans cette partie là qu’habitaient mes parents. Une superbe demeure qui fut perd

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