Des loisirs et des banlieues
217 pages
Français

Des loisirs et des banlieues , livre ebook

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217 pages
Français

Description

Les quartiers populaires sont souvent associés aux violences et aux ghettos. Cependant les habitants y construisent des vies de loisirs riches et singulières. Cet ouvrage propose, à partir de plusieurs enquêtes, de faire état des modalités récréatives, culturelles et sportives, d'occupation des temps libres. Il analyse les degrés de structuration et de relégation, d'intégration et d'exclusion dans les activités de loisir.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296248489
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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« La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n’est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n’est jamais ce qu’on pourrait croire mais il est toujours ce qu’on aurait dû penser. » Gaston Bachelard,La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1938, p.13.
« Patience, patience Patience dans l’azur Chaque atome de silence Est la chance d’un fruit mûr. » Paul Valery,Charmes.
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INTRODUCTION GÉNÉRALE ÉLABORATION D’UN OBJET SCIENTIFIQUE ET MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE Gilles VIEILLE MARCHISET
Les banlieues françaises font l’objet d’une préoccupation médiatique, politique et institutionnelle de premier ordre. Cette mise en lumière constante détonne face aux ombres que génèrent la complexité et la diversité des situations vécues dans ces grands ensembles, pourtant perçus, lors de leur construction, comme l’avant-garde architecturale et sociale. Malgré la multitude des rapports ministériels et des recherches sur ces zones d’habitation, l’énigme des banlieues demeure : comment ces quartiers, présentés comme le fer de lance du progrès social, ont pu devenir des lieux de relégation secoués par des vagues de violence périodiques ! Certes, le chômage, le délabrement rapide des environnements, l’entassement des populations précaires et la diversité des cultures sont autant d’aspects, qui combinés, en font un cocktail explosif. Pour autant, l’exposition médiatique focalise les attentions et donne l’occasion à certains habitants d’exister dans la ville : même s’ils peuvent être assimilés à des surnuméraires de la société libérale de consommation, ces invisibles profitent de l’aubaine médiatique pour donner une image faussée de ces quartiers dits sensibles.Ils cultivent l’image délétère des banlieues et renforcent la stigmatisation de ces espaces avec la complicité des journalistes en quête de sensationnel et des hommes politiques animés par des logiques sécuritaires et par la crainte de l’autre.
Depuis près de trente ans, les pouvoirs publics tentent de contrecarrer ces effets d’étiquetage, en créant les conditions d’une vie confortable afin de pallier ce déficit endémique d’image.Rénovations urbaines, aides à l’emploi, équipements culturels et sportifs, subventions aux associations locales, animations de proximité se succèdent au sein d’une nouvelle catégorie de l’action publique : la
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1 politique de la ville. Cette intervention publique par zonage favorise l’aide de l’État pour les populations de ces quartiers dits sensibles en battant en brèche l’idéal républicain d’égalité de traitement territorial et social : les différences sont tellement visibles que l’État s’est engagé à compenser les disparités sociales, économiques et culturelles, issues d’un système capitaliste inégalitaire.En partenariat avec les collectivités locales, l’État intervient pour apporter, dans les zones dites sensibles, une aide aux exclus du travail et de la culture. Les actions publiques demeurent cependant ambiguës. Pierre Bourdieu (1993) résume la situation par la métaphore des deux membres d’un même corps : la main droite, celle des aides économiques, directes ou indirectes, ne favorise-t-elle pas les entreprises et un système libéral, qui ensevelissent les plus fragiles ? Les pouvoirs publics ne sont-ils pas alors dans l’obligation de compenser ces effets pervers en mobilisant la main gauche, celle du social, pour assurer la subsistance de ces invisibles ?CetÉtat social crée des effets contradictoires : certes, les aides massives améliorent les conditions de vie des habitants, mais en contrepartie contribuent à 2 augmenter les effets de stigmatisation , d’autant plus que les résultats de cette action publique sont contestables, notamment au niveau de la réussite scolaire (Lahire, 1994 ;Charlot, 1995), du taux de chômage (DeG;aujelac, Leonetti, 1993 Castel, 1995) et du degré de violence urbaine (Roché, 1998 ; Mucchielli, 2002).
En matière de loisirs, de nombreux dispositifs ont vu le jour, notamment à partir des années 1990.Ils sont organisés dans le cadre de contractualisations et de conventionnements entre l’État, les collectivités locales et les associations sportives ou socioculturelles de proximité (Gasparini, VieilleMarchiset, 2008).Programmes d’activités hebdomadaires, stages sportifs ou culturels, animations de quartier sont mis en place dans le cadre de financements croisés, surtout à destination des jeunes.Les activités, souvent organisées dans l’urgence, sont encadrées par des professionnels du sport ou de l’éducation populaire et par des bénévoles brièvement formés.Les moyens mis en œuvre, financiers, matériels et humains, sont conséquents.L’évaluation reste cependant approximative, autant en
1 Ànoter que laFrance est le seul pays européen qui privilégie ce mode d’intervention publique : les autres nations traitent l’indigence et l’exclusion au niveau des minorités visibles ! 2 Àl’instar deLoïc Wacquant (2006), nous pouvons relever que les banlieues françaises n’ont rien à voir avec les ghettos américains, délaissés par l’État social. 10
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